Certaines séries à rallonge ne font que s’enfoncer peu à peu dans un principe d’idées prolongées sans grand intérêt, le tout étant de trouver simplement une nouvelle histoire un tant soit peu crédible pour relancer un nouveau public sur une franchise qui fonctionne déjà. Mais heureusement, après deux volets franchement peu entrainants, et un dernier ne laissant de bons souvenirs que sur notre cher Scrat et un personnage secondaire, L’Âge de Glace 4 : la Dérive des Continents se rattrape avec brio là où beaucoup se seraient écrasé avec majesté. Alors oui, ce volet n’est pas exempt de défauts, loin de là, mais il a le mérite d’apporter une incroyable fraicheur après les aléas maladifs du troisième épisode. Afin de partir avec le plus de chance possible sur cet épisode, on recommence tout et on change l’équipe, les producteurs de la série (Carlos Saldanha entre autres, qui était aux commandes des deux précédentes aventures) ont eu la bonne idée de faire appel à deux nouveaux réalisateurs : James Palumbo et Mike Thurmeier, respectivement réalisateur et directeur de l’anim sur Horton, les deux se connaissent déjà donc, et ne sont pas étrangers au monde de L’Age de Glace, le second ayant co-réalisé l’épisode précédent et scénarisé le premier. On trouve aussi avec un peu plus d’étonnement David Ian Salter, monteur ayant contribué sur des films tels que Toy Story 2 ou encore Némo.

Le scénario part sur une base habituelle, qui a fait la patte de la saga : revisiter un événement préhistorique tout en accusant Scrat d’en être la cause, comme d’accoutumé. Cette fois-ci c’est de la dérive des continents qu’il s’agit - comme son titre l’insinue avec subtilité - un scénario somme toute plutôt banal, mais qui apparemment n’a pas été infranchissable pour nos deux réalisateurs qui semblent avoir eu plus d’ambition que leurs prédécesseurs.

A partir de cette petite histoire, Palumbo et Thurmeier nous amènent loin, bien plus loin que tous les autres épisodes. Loin de prendre la grosse tête, ces derniers entament leur épisode de la même manière que l’ont toujours été fait les autres, Scrat est introduit, et c’est l’hécatombe. Certes, ils ne peuvent empêcher l’existence de personnages secondaires totalement inutiles et surtout totalement dispensables, ainsi que les scènes qui en découlent, notamment toute la première partie du film où l’on retrouve Manny et sa fille (l’introduction même du personnage de Louis ne s’explique pas tout au long du film, les rares instants où le personnage semble prendre un ersatz d’importance sont bien trop brefs pour être appréciés). Mais cela n’empêche pas nos deux réalisateurs de nous offrir de véritables scènes de bravoure, grâce à un parti pris stylistique et une volonté de rattraper les lacunes de mise en scène qu’avaient transportés les précédents épisodes. Là où une mise en scène sobre était de mise, nous voilà face à une œuvre clairement sevrée par le cinéma pop-corn mais aussi moins récent, une certaine référence d’un certain film avec Mel Gibson est loin de passer inaperçue, alors qu’au même instant divers autres hommages sont dévolus aux genres cinématographiques qu’ils abordent.

Et le reste de l’équipe a fait un travail remarquable pour appuyer cette réalisation, mettant de coté plus ou moins volontairement les personnages cités plus hauts, de base voués à une existence quelconque – les beaufs à crête mammouth – ils s’investissent d’avantage dans des personnages avec un plus grand potentiel humoristique dans ce véritable chaos. L’apparition du personnage de la grand mère de Sid, doublé originellement par Wanda Sykes, et de Gutt le primate pirate doublé par Peter Dinklage, sont de véritables trouvailles approfondies à travers des passages et des instants qui leurs sont propres.

L’Âge de Glace 4 : La Dérive des Continents ne s’arrête pas là, après toutes ces bonnes choses, c’est le travail de David Ian Salter qui prend place peu à peu au fil du récit, si il est évident qu’un tel travail de mise en scène peu facilement amener un fil narratif brouillon et peu clair, son travail sur le rythme et la cohérence des plans est affolant. Nous sommes pris de part et d’autre du récit sans un instant de répit, du délire par ci, du délire par là, encore une fois coupé par quelques scènes dont on se serait habilement passé, la crise d’ado n’est, ici, pas ce qui aurait du être mis en parallèle à la trame principale. Tout au contraire, Scrat prend et gagne en présence, bien sûr toujours au second plan, mais constamment présent, et au final, véritable ancre du récit, car si pour la troupe principale l’histoire prend vite la forme d’une survie en haute mer, pour Scrat il s’agira d’une odyssée l’amenant à croiser des canons de l’art et du cinéma.

Loin de se présenter comme un message d’espoir humaniste comme avait pu le faire Happy Feet 2, il n’empêche qu’une joie de vivre certaine et inéluctable déteint sur nous au fil du récit, semblerait-il que les films d’animations se soit passés le mot. Non pas au tour de l’amitié et du travail en équipe, étrangement peu présents tout long du film, mais sous la forme d’une petite ode en l’espoir, et celui qui nous l’introduit est paradoxalement Sid, qui, de manière candide et naïve dit : - Ma mère m’a dit une fois que les mauvaises nouvelles étaient simplement de bonnes nouvelles déguisées -. Il est évidement inutile de revenir sur l’humour du film, totalement maitrisé et contribuant constamment à dresser notre sourire sur le coin de la figure.

L’Âge de Glace 4 : La Dérive des Continents s’en sort donc avec brio, loin de se plonger dans une énième suite comme on aurait pu s’y attendre, ce quatrième opus nous propose une solution plus que viable, qui in fine, malgré de sérieux défauts de scénario, amène cet épisode en première place face à tous ceux qui l’on précédé.
Titre Français : L’Age de Glace 4 : La Dérive des Continents
Titre Original : Ice Age 4 : Continental Drift
Réalisation : Steve Martino, Mike Thurmeier
Acteurs Principaux : Ray Romano, Denis Leary, John Leguizamo
Durée du film : 01h34min
Scénario : Michael Berg, Mike Reiss, Jason Fuchs
Musique : John Powell
Date de Sortie Française : 27 Juin 2012

Une réponse

  1. FredMJG

    Scrat scrat scrat (mantra qui donne immanquablement envie de se scratter)
    PS. Elle était difficile la multiplication du jour, j’ai eu du mal à utiliser tous mes doigts

    Répondre

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