Seth Grahame-Smith, en écrivant le roman Abraham Lincoln : Chasseur de vampires, avait surement eu l’une des meilleures idées qui soit : mélanger deux mythes. La finesse de l’écriture du roman avait permis une véritable symbiose entre le fait et l’imagination, l’auteur avait su totalement s’approprier l’histoire et l’agrémenter du nécessaire syndical et un peu plus pour réaliser sa propre version du politicien.
Le sachant au scénario de l’adaptation réalisée par ce cher Timur Bekmambetov, notamment réalisateur de Night Watch et Day Watch, véritables perles du cinéma russe contemporain, malgré la faiblesse des visuels présentés jusqu’à présent, une petite lueur d’espoir continuait à nous faire espérer qu’une once de bon goût pouvait naitre de ce film. Mais non, il n’en est rien, Abraham Lincoln : Chasseur de vampires est une véritable purge. Et avec une certaine perfection, sur tout les niveaux. Car avec la dernière réalisation de Tim Burton, Grahame-Smith avait démontré qu’il n’avait pas la même finesse lorsqu’il s’agissait de narrer un récit trop condensé pour son imagination.

Véritable représentation d’un mauvais gout visuel indéniable, doté d’une 3D à vous faire exploser la rétine par son exagération, tourné avec un matériel datant surement d’une époque bien lointaine, il n’y a dans Abraham Lincoln : Vampire Hunter rien de bon.  On est en droit de se demander où est parti la totalité du budget dépassant les 50 millions de dollars, tout cela venant de la poche de Tim Burton.

Alors que d’habitude nous serions plus enclin à insister sur le fait que résumer la vie d’un homme en un film d’un peu moins de deux heures est de base, impossible, ici, c’est avec un remerciement sincère que nous acclamons ce format et jetons des fleurs à la production, car quelques dizaines de minutes de plus n’aurait fait, au final, qu’assoir un peu plus la nullité scéanaristique dont fait preuve Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires. Le film fait preuve d’une niaiserie indéniable, tant son scénario repose sur une suite de coïncidences aberrantes rendant caduques chaque ersatz d’argument mis en avant. L’amourette pas crédible pour un sous, n’est ici que le cadet de nos soucis, car si une fascination peut naitre, c’est bien dans le don dont ce cher Lincoln semble être doté: celui de faire que son arrivé à un endroit déclenche automatiquement la suite des évènements.

Et ce n’est pas en nous re-fourgant un faux Liam Neeson en la personne de Benjamin Walker, qu’une quelconque magie risque d’opérer. Abraham Lincoln était peut être un homme de mot, mais il était aussi un homme de charisme, chose que notre ami semble ne pas avoir une seconde mis en application, les rares passages de tirades semblant n’avoir de rôle que celui de bouche-trou, sans le moindre intérêt. Car le personnage de Lincoln est constamment déchiré en deux le rendant totalement invraisemblable. En quelques secondes, il devient le père d’une nation, puis le vieux bûcheron dont les moulinets inutiles ne forcent ni le respect, ni l’admiration, mais bien la pitié.

Car c’est bien son manque de leitmotiv qui nous empêche de croire une seule seconde au personnage, et il est bien sur inutile de préciser que tout les autres personnages ne sont que de vulgaires carcasses sans le moindre intérêt. On se demande constamment si le réalisateur prend véritablement au sérieux le récit qu’il raconte. Si le fait d’assumer ce côté délirant peut paraitre normal avec le bonhomme qu’est Timur Bekmambetov, et encore, ces dernières sont trop « propres » et artificielles afin d’éviter de saborder une partie de son public potentiel par une classification trop sévère, les scènes pseudo-passives ne sont que l’ombre de ce qui aurait pu être fait à partir de l’œuvre originale.

Il est bien triste de voir que là où Bekmambetov avait su démontrer sa véritable folie sur les deux premiers épisodes de la saga Watch, à savoir sur un aspect visuel totalement délirant, kitsch à souhait, ce dernier se perd totalement sur Abraham Lincoln : Chasseur de vampires. Véritable fouilli visuel bien trop bordélique pour être lisible, si la scène du train arrive à convaincre un tant soit peu le spectateur par sa décomposition, nullement par sa crédibilité, il s’agit bien là de la seule exception. Tout le reste n’est que brume et particules venant rendre l’action encore plus incompréhensible.
Il n’y a plus qu’à espérer - même si cela ne fait aucun doute - que l’adaptation de la vie du personnage par Spielberg sera bien glorieuse, le tout porté par un Daniel-Day Lewis qui n’aura lui surement aucune difficulté à incarner avec charisme le personnage.

Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires pourrait bien sonner le glas pour ce réalisateur russe plein d’ambition qui comptait percer dans l’industrie américaine. A la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour lui, cette opportunité pourrait lui permettre de revenir dans sa mère patrie et de refaire ce qui rendait son cinéma aussi original et unique.
Titre Français : Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires
Titre Original : Abraham Lincoln : Vampire Hunter
Réalisation : Timur Bekmambetov
Acteurs Principaux : Benjamin Walker, Dominic Cooper, Anthony Mackie
Durée du film : 01h45min
Scénario : Seth Grahame-Smith d’après son œuvre.
Musique : Henry Jackman
Photographie : Caleb Deschanel
Date de Sortie Française : Sortie le 8 Août 2012

A propos de l'auteur

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011. Raconte des bêtises sur @noxkuro

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