?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » CINEMA http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Heritage : L’Impasse (Brian De Palma) /heritage-limpasse-brian-de-palma/ /heritage-limpasse-brian-de-palma/#comments Fri, 28 Jun 2013 15:09:20 +0000 /?p=8285 L'Impasse 2Dix ans après la sortie de Scarface, Al Pacino retrouve Brian De Palma pour notre plus grand plaisir. Le moins que l’on puisse dire c’est que nous sommes en présence d’une œuvre atypique du cinéaste qui ne laissera personne insensible, comme en témoigne la réception plus que mitigée lors de sa sortie en salle en 1993, tant le film a pu diviser aussi bien la critique que le public. Pourtant il est aujourd’hui clair que L’Impasse est devenu l’une des œuvres majeures de la filmographie de Brian De Palma; il aura fallu près de deux décennies pour réhabiliter ce chef-d’œuvre du film noir.

Comment expliquer un tel revirement alors que le film, accablé par les critiques, semblait destiné à rester dans l’ombre de son illustre aîné : Scarface ? C’est le soutien d’un grand nombre de défenseurs qui va amorcer le retour au premier plan du film, et qui va rendre justice au travail exceptionnel sur certaines scènes magnifiques tant par la maîtrise technique que par la manière dont le cinéaste traite de façons différentes l’univers de la pègre : là où Scarface dépeint un milieu ultraviolent et malsain, L’Impasse semble plus posé et surtout plus oppressant. Pourtant, malgré cette opposition évidente, les deux films semblent se faire écho. En effet, il est difficile de ne pas faire un lien entre Tony Montana et Carlito Brigante, l’un étant dévoré par l’ambition, l’autre n’aspirant qu’à la rédemption. Le scénario est signé David Koepp, à qui l’on devra notamment ceux de Jurassic Park, Spider-Man ou encore Hypnose (Stir of Echoes), le tout porté par un casting impeccable avec Al Pacino, Sean Penn ou encore Penelope Ann Miller.

L’intrigue nous entraine à New York dans les années 70, Carlito Brigante (Al Pacino), ancienne figure emblématique de la pègre, vient d’être libéré après 5 ans de prison par son avocat véreux David Kleinfeld (Sean Penn), et aspire à une vie rangée loin du monde de la pègre. Il retrouve Gail (Penelope Ann Miller), la femme qu’il aime, et désire mener une existence paisible avec elle loin de New York. Mais Carlito va se rendre compte à ses dépens qu’il ne sera pas facile de tourner le dos à son passé…

Le film démarre par un générique sublime en noir et blanc, où Carlito est grièvement blessé par balles sur le quai d’une gare sous les yeux terrorisés de celle qu’il aime. Alors proche de la mort, il se remémore pendant son transport aux urgences les évènements qui l’on conduit à cet instant tragique. Dès le début, le cinéaste reprend un procédé déjà utilisé dans certains classiques du film noir américain, où la fin nous est dévoilée dès le commencement. On peut notamment citer comme référence Boulevard du Crépuscule (Sunset Blvd)  de Billy Wilder. Le plus surprenant dans cette séquence d’introduction est le mouvement de la caméra qui s’incline et tourne sur elle-même, prenant des angles excessifs qui confèrent à la scène une dimension presque surréaliste, à la manière d’un rêve. Nous assistons à la scène à travers les yeux du personnage, puis progressivement nous nous détachons de lui pour terminer sur son visage, comme pour convier le spectateur à pénétrer l’âme du personnage. Ainsi le scénario se présente sous la forme d’une boucle où le spectateur assiste à l’histoire de Carlito à travers ses pensées, rendant son récit plus intimiste; se crée alors un suspense presque hitchcockien, nous amenant tout au long du film à espérer la rédemption tant attendue par le personnage.

Impasse_1_Carlito

La force du récit réside aussi dans sa construction : on assiste à une véritable tragédie humaine où le personnage, animé par une volonté sans faille de s’arracher de cet univers sombre, ne peut échapper à la main du destin. Le personnage interprété par Al Pacino est un ancien malfrat fatigué qui ne sait plus où se trouve sa place dans un monde qu’il ne reconnaît plus; son seul désir est de mener une vie paisible mais l’environnement dans lequel il évolue ne cesse de lui rappeler son passé, inspirant crainte et admiration.

1511201212467596Carlito n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été, il erre tel un mort-vivant dans un monde où les codes ont changé, où les malfrats n’ont plus aucun sens de l’honneur, ce qu’illustre la séquence de la fusillade dans la salle de billard où Carlito est obligé d’avoir recours – contre son gré – à la violence afin de sortir de ce piège. L’idée dans cette séquence est de jouer avec la tension du spectateur en introduisant le premier moment de suspense du film : Carlito accompagne son cousin qui effectue un deal avec l’un des trafiquants mais quelque chose ne tourne pas rond et il commence à échafauder un plan. Le moment-clé intervient avec un gros plan irréaliste sur les lunettes d’un des trafiquants, où l’on voit le reflet d’un individu armé. Le reste de l’action est extrêmement rapide : Carlito neutralise les malfrats proches de lui. L’affrontement contre le leader est très dynamique dans sa mise en images : un travelling latéral vers la gauche suit Carlito alors qu’un mouvement de caméra en sens inverse accompagne son adversaire, montrant ainsi que son instinct et ses réflexes sont toujours aussi affutés. La suite de la scène, en dehors du bar, résume assez bien le combat que le personnage aura à mener tout au long du film lorsqu’il dit : «Je ne cherche pas les merdes, elles me tombent dessus, je me sauve, elles me courent après, il doit bien y avoir un moyen de les semer».

cpt-2011-08-21-10h57m49s1291La symbolique du « piège », c’est bien là que le film prend sa dimension unique. Alors que l’on partage avec Carlito la joie de sa libération, tout retombe rapidement, laissant place à une inquiétude croissante qui peut se lire sur son visage à mesure que l’on avance dans le film. Carlito est partagé car sa détermination de changer se heurte à un passé qui ne cesse de le harceler sous toutes ses formes, à commencer par son ami David Kleinfeld, interprété par un Sean Penn méconnaissable mais tout à fait sublime dans le rôle de l’avocat véreux carburant à la poudre et sombrant progressivement dans une paranoïa qui aura pour conséquence une descente aux enfers presque irréversible pour Carlito. Un plan du film montre cette dualité du personnage qui oscille entre le bien et le mal lorsque Carlito somme Benny Blanco, un jeune malfrat qui le porte en admiration,  de ne plus jamais mettre les pieds au night-club ; la caméra filme en gros plan son visage, une partie est sombre tandis que l’autre baigne dans la lumière.

La mise en scène particulièrement réussie de Brian De Palma, en plus de nous tenir en haleine, a la particularité de nous faire ressentir cette impression d’étau se refermant peu à peu sur le personnage. Le fait de vivre les évènements du point de vue de Carlito influe directement sur notre jugement, certainement une manière de mieux comprendre sa nature à travers ses états d’âme. Comme lui, nous nous sentons oppressés et nous nous débattons pour nous en sortir, rendant ainsi le personnage interprété par Al Pacino plus humain et plus attachant, au point d’espérer un dénouement heureux alors que tout semble déjà acté.

L'impasse 7Pour mieux accentuer l’aspect dramatique du film, Brian De Palma intègre une romance au cœur de son récit entre Carlito et Gail, une danseuse interprétée par Penelope Ann Miller, qui sera en quelque sorte la motivation nécessaire au personnage pour ne pas succomber à ses anciens démons. Le cinéaste aura su en capter toute l’intensité sans pour autant que cette romance en devienne kitch, le tout s’articulant tellement bien avec l’intrigue. La séquence la plus remarquable est certainement le moment où Carlito, dans l’embrasure de la porte (léger clin d’œil à Shining ?), entrevoit le reflet de Gail se déshabillant dans le miroir, l’invitant à briser la chaîne retenant la porte qui les sépare, ce qu’il fait aussitôt. A ce moment précis la caméra opère un mouvement rotatif autour des deux amants, comme pour symboliser le transport des sentiments dans un tourbillon de passion sur la musique You are so beautiful de Joe Cocker faisant presque penser à une autre séquence romantique célèbre du cinéma entre Patrick Swayze et Demi Moore dans Ghost, sorti trois ans plus tôt.

L'Impasse 8

La partition musicale composée par Patrick Doyle est d’ailleurs l’un des moteurs essentiels de la mise en scène. Il s’agit de la première collaboration du compositeur avec Brian De Palma, pour un résultat de très bonne facture puisque la musique semble parfaitement s’accorder à chaque situation du film ; on a vraiment l’impression que chacun des thèmes musicaux a été pensé pour mieux dépeindre les sentiments et émotions des protagonistes. On distingue d’ailleurs deux types de musique, la première étant celle que je viens d’énoncer, s’avérant nécessaire à encadrer les moments forts de la mise en scène, et la seconde reprenant simplement des classiques de la musique disco représentative du monde de la nuit dans les années 70.

L’intrigue du film bascule au moment où Carlito, se sentant redevable de David pour sa remise en liberté, décide de lui porter secours quand celui-ci est contraint de faire échapper de prison un grand ponte de la mafia new-yorkaise à qui il a dérobé une énorme somme d’argent, au risque d’anéantir définitivement ses chances de respectabilité. La séquence du bateau sur le fleuve, aux alentours de la prison flottante de Rikers, teintée d’un bleu nuit presque irréel et emprisonnée dans la brume, symbolise le moment précis où Carlito n’aura plus la moindre emprise sur un destin qui irrémédiablement lui échappe. David se débarrasse du chef mafieux et de son fils devant un Carlito totalement décontenancé car il se rend compte que les actes de David viennent de les condamner : «Quand on franchit une certaine limite, on ne peut pas revenir en arrière. Le point de non-retour, Dave l’avait franchi, et moi avec, ce qui veut dire que je suis du voyage.» Dès lors, la machine implacable du destin est en marche, précipitant les évènements à un rythme effréné, où chacun des protagonistes aura des comptes à rendre.

carlitosway

Le point culminant de L’Impasse intervient avec la séquence finale où s’exprime tout le savoir-faire de technicien de Brian De Palma pour faire monter la tension des spectateurs. Carlito devient la cible de tueurs à la solde de l’une des puissantes familles mafieuses (dont le chef a été tué par David comme énoncé précédemment). Cette poursuite haletante débute dans le métro new yorkais où la caméra suit les déplacements de Carlito de wagon en wagon, talonné de près par ses poursuivants; la scène est entrecoupée de plusieurs plans extérieurs qui accentuent l’aspect confiné de l’espace, laissant un champ de manœuvre restreint à Carlito pour semer les tueurs.

template 2

De Palma introduit dans cette séquence une autre action en montage alterné où Gail attend Carlito à la gare ; on observe que le cinéaste choisit de cadrer la pendule avant de venir se placer sur elle, ce qui n’est pas anodin car la pendule symbolise la course contre la montre dans laquelle Carlito est engagé. Alors qu’il est quasiment piégé à une station, un groupe d’officiers de police fait son entrée et l’action est momentanément suspendue au profit d’un suspense redoublant en intensité. La suite de la poursuite nous amène au Grand Central Terminal de Manhattan où l’on retrouve d’autres procédés techniques que le cinéaste affectionne particulièrement. En effet, la scène se décompose sous la forme de plusieurs plans-séquence d’une fluidité parfaite lorsque Carlito tente de se cacher dans la gare, impliquant le spectateur à suivre tous ses déplacements. Le cinéaste utilise même toutes les possibilités du décor à sa disposition pour représenter plusieurs actions simultanément en incorporant plusieurs cadres dans l’image. 900_carlitos_way_blu-ray7xL’action se poursuit avec la scène de l’escalator où se déroulera la fusillade peu de temps après. On notera aussi le placement de la caméra dans certains plans – par exemple le cinéaste nous offre la possibilité de suivre l’action d’un autre point de vue en filmant la scène d’en haut, procédé qu’utilisait Alfred Hitchcock dans certains de ses films, notamment Les Oiseaux (The Birds) où la caméra adopte le point de vue des oiseaux qui surplombent la ville. La scène de fusillade dans l’escalator fait d’ailleurs écho à un autre film de Brian De Palma, Les Incorruptibles (The Untouchables), sorti quelques années plus tôt, avec la fameuse scène de l’escalier (étant déjà une référence du chef-d’œuvre de Sergueï Eisenstein Le Cuirassé Potemkine). Bien que nous connaissions déjà le dénouement, le film tente de nous le faire oublier. En effet, le cinéaste nous implique tellement sur le plan dramatique que l’on n’imagine pas un instant que Carlito ne puisse pas s’en sortir ; nous savourons comme lui la perspective de l’avenir tant espéré qui lui tend enfin les bras. Mais nous voilà revenus au point de départ de notre récit, et la vision qui s’offre à nous semble prendre un tout autre sens : l’introduction noir et blanc conférait un aspect presque onirique à la séquence, alors que la vision de cette même séquence, cette fois-ci en couleur, agit sur nous comme un retour brutal à réalité. Le film s’achève sur une image paradisiaque qui s’anime sous les yeux de Carlito, seul vestige d’une réalité que le personnage n’aura pas l’occasion de connaître : «J’ai eu une nuit difficile. Je suis fatigué, mon amour, fatigué…».

L'Impasse 12


Brian De Palma réalise un drame humain à la beauté somptueuse et intemporelle, dont la mise en scène remarquable délaisse totalement l’aspect baroque de Scarface pour aller vers une forme de classicisme auquel le cinéaste ne nous a pas forcément habitué. L’Impasse est ainsi son œuvre la plus forte et la plus attachante, où il laisse une nouvelle fois éclater tout son génie et sa passion. Pourtant le succès ne fut pas immédiat, beaucoup de spectateurs et de critiques, encore marqués par le souvenir de Scarface, s’attendaient à voir un film dans la même lignée et il aura fallu du temps pour le réhabiliter et le considérer à sa juste valeur.


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    Le Blog : Webzine n°3 – Spring Breakers /le-blog-webzine-n3-spring-breakers/ /le-blog-webzine-n3-spring-breakers/#comments Wed, 06 Mar 2013 19:15:05 +0000 /?p=7955 Après une absence d’un mois, nous revoilà avec le Webzine du mois de Mars !
    (Pour récupérer le PDF, faites un clic-droit sur l’image, « Enregistrer sous… »)

    13-03

    Pixagain – N°3 : Spring Breakers

    Au programme : la critique complète de Spring Breakers, et qui arrivera ensuite sur le blog d’ici une semaine.
    Je ne vous en dis pas plus, le reste est dans l’edito et le contenu !

    N’hésitez pas à nous donner vos avis, idées & commentaires.

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    Héritage : Nos Années Sauvages (Wong Kar-Wai) /heritage-nos-annees-sauvages/ /heritage-nos-annees-sauvages/#comments Sat, 09 Feb 2013 12:37:47 +0000 /?p=7783 afficheSi le cinéma hongkongais était bien plus connu pour son incroyable violence, ou pour le renouveau du Wu Xia Pian par la Shaw Brothers, Wong Kar-Wai fut la nouvelle nuance dans cet océan rouge sang. Seul son premier film, As Tears Go By (1988), s’approcha plus de cet engouement général hongkongais où l’on trouvait, sur une facette, le puissant duo Tsui Hark – John Woo, et sur une autre la tradition représentée par Yuen Woo-Ping et Patrick Tam – producteur du film -. Cette époque fut aussi incarnée par l’apparition d’une nouvelle génération de réalisateurs tels que Ringo Lam ou encore Johnnie To. Mais malgré ce respect pour les codes du cinéma hongkongais, dont il ne se préoccupera de nouveau qu’avec Les Cendres du Temps (1994) cette fois-ci en mettant en œuvre le Wu Xia Pian, Wong Kar-Wai commence dès lors à esquisser une certaine esthétique du montage, du cadre, et surtout du rythme, qu’il ne délaissera alors plus jamais.
    Vint ensuite son second film: Nos Années Sauvages (1990). Alors que la même année, John Woo, signa son film le plus noir: Une Balle dans la tête (1990), contrairement à son homologue, Wong Kar-Wai confirma plutôt cette volonté, présente au second plan dans son premier film, à vouloir montrer sa fascination pour la beauté émotionnelle plutôt qu’au sang, quitte à prendre alors le spectateur au dépourvu.
    Par ce principe fort, Nos Années Sauvages symbolise le premier volet de cette trilogie chimérique dressée par les spectateurs, complétée plus tard par In the Mood For Love (2000) et enfin 2046 (2004). Malgré son approche déstructurée du récit, entrechoquant histoires et amours, cet acharnement à ne pas identifier l’un de ses personnages comme un, ou une héroïne, à ne pas les faire rentrer dans un quelconque canevas conventionnel, par cette intimité perturbante et éphémère dans laquelle l’anodin devient l’humain, Wong Kar-Wai nous offre une œuvre d’une nostalgie et d’une finesse sans précédent.
    Adieu le milieu de la mafia, dans Nos Années Sauvages, Wong Kar-Wai nous met face à un personnage plus ordinaire, modèle du personnage animé par la recherche identitaire : Yuddy, interprété par Leslie Cheung. Elevé par une mère adoptive, il grandit sous le joug d’une éducation stricte. Ce poids incessant va d’autant plus attiser sa curiosité concernant sa vraie mère, mais va aussi développer chez lui un caractère particulier l’empêchant de considérer au jour le jour les qualités d’une femme.

    Nos Années Sauvages 4

    Par ces simples considérations précédemment relevées, si il est déjà dur de décrire par l’analyse un film par un choix arbitraire de quelques scènes, cette idée est d’autant plus vraie quand il s’agit d’une œuvre telle que Nos Années Sauvages, ou plus simplement, d’un long-métrage de Wong Kar-Wai, où l’approche globale du film justifie chaque scène et lui donne sens. Prenons par exemple cette scène où Tony Leung fait son apparition. Située à la fin du film, seule, elle n’est que la bribe d’une histoire qui peut nous paraître incomplète. Mais, mise en relation avec ce qui l’a précédé, il est alors aisé de comprendre que Wong Kar-Wai, par cette intervention isolée, s’affranchit alors de la limite matérielle universelle de n’importe quel film: sa durée , donnant pour cela l’occasion à une nouvelle histoire de heurter sa fresque.

    Nos Années Sauvages 6

    Cette fresque, consacrée au hasard de la vie, aux infortunes rencontres, desquelles peuvent naître l’amour, Wong Kar-Wai s’amuse à la nourrir continuellement, nous empêchant d’emettre une opinion à la fois morale et personnelle sur ces personnages qui vont et viennent, se croisant et s’ignorant.
    Cette scène, où le personnage de Leung Fung-Ying (Carina Lau) passe sa première nuit avec Yuddy, juste après que Su Lizhen (Maggie Cheung) l’ai quitté est particulièrement illustrative de ce rapport que les personnages portent entre eux, semblable à un manège dans lequel ils ne font qu’échanger leurs places in fine, se croisant sans se connaître, indifférents au fait de possibles amitiés entrecroisées. D’emblée, alors que la bâtisse où vit Leslie Cheung semble imposante, les personnages paraissent confinés, coincés entre deux murs, prédestinés par l’architecture à un contact plus intime. Et pourtant, un inconnu, interprété par Jackie Cheung, entre, il ne se présente pas, il ne fait que briser cette relation encore inexistante avant de repartir de la même manière, et pourtant par cette seule intervention et malgré tout ce que pourra dire Carina Lau, l’on arrive à définir le personnage qui pourtant ne se dévoilera jamais plus. Mais là où Wong Kar-Wai nous prend de nouveau au dépourvu, c’est en nous montrant cette horloge à la fin de la séquence, nous rappelant à quel point le temps est d’une importance capitale ici, et que pourtant, il ne se passe jamais une seconde sans que nous nous demandions l’heure où se déroule l’histoire.

    Nos Années Sauvages 1

    Mais une œuvre de Wong Kar-Wai ne peut se limiter seulement à une approche scénaristique, aussi brillamment soit-elle tissée. C’est là qu’entre en jeu le travail de Christopher Doyle , directeur de la photographie. Véritable artificier de ce que l’on pourrait appeler la « touche Wong Kar-Wai », son travail a permis de concrétiser la vue si atypique de son réalisateur. Tout spectateur, quel qu’il soit, ne peut rester indifférent face à cet aspect si singulier accompagnant les histoires de Wong Kar-Wai. Qu’il ai aimé ou non, soit resté hermétique ou en admiration par cette composante de son œuvre, cette impression découle du fait, qu’en plus de nous amener à voir un sentiment, une idée, il nous la fait sentir par sa fabrication. C’est cette ingéniosité qui rend l’image aussi émettrice et riche que ses acteurs. Cette logique que Wong Kar-Wai nous force à accepter n’est pas sans conséquence, rendant son long-métrage fascinant ou ennuyant aux yeux d’un spectateur, l’entre-deux n’est pas permis.
    On trouvera tout de même différents niveaux d’utilisation de ces procédés. Par exemple, cet aspect nocturne du récit, à première vue simple souci temporel, englobant Nos Années Sauvages n’est pas uniquement utilisé de manière à nous faire ressentir une certaine tristesse contagieuse et omniprésente. En tant que spectateur, en voyant cette nuit infinie coupée brutalement par le rayon du soleil, intuitivement, nous décelons une rupture du récit, quelque chose va changer, nous allons de nouveau bifurquer violemment de cette paix insolente.

    Nos Années Sauvages 7

    Vient par exemple ce plan-séquence proche de la fin. Celui-ci fait directement écho à une scène précédente où Leslie Cheung se perdait, éloigné de tous dans un repos musical solitaire. Seule scène se déroulant au crépuscule, elle peut aussi être interprétée comme la véritable et unique rupture du récit. Si tout cela se voit avant tout par les évènements que nous donne à interpréter Wong Kar-Wai, seule tache de violence durant ses 90 minutes, c’est aussi par son approche technique qu’il nous prépare à l’anéantissement de cet univers jusqu’alors si pur. Une simple charrette avance, tel un admoniteur et nous invite à suivre le point de vue de la caméra, alors trop fluide et trop rapide pour être image de la vision humaine. Le grand angle et l’absence de limite visuelle, de remparts créés par les artifices du cadre (à l’inverse de la scène précédemment citée), nous amène pour la première fois à observer les personnages avec une certaine distance, loin de l’intimité que Wong Kar-Wai nous imposait continuellement. En parallèle, c’est la musique, malgré ses nuances subtiles, qui prend le relais, dernière ancre inchangé pour le spectateur. Contrastant par sa lenteur, par la brutalité soudaine de son montage : la mafia n’apparaît de manière saccadée, la violence se fait par à-coups, le sang qui ne transparait que sur les gros plans, cette séquence devient alors un enchaînement de plans uniques par rapport au film, au sein d’une durée si courte.

    Nos Années Sauvages représente sûrement l’un des travaux les plus épurés de Wong Kar-Wai, et surtout le changement définitif, et déjà accompli de celui-ci, avant qu’il ne commence à utiliser de manière dominante la musique comme nouveau véhicule des sens. C’est ici une fable qui prend forme, où les personnages ne changent jamais mais se découvrent eux-mêmes peu à peu, en se comprenant à l’aide d’un amour candide et éphémère, donnant naissance à ce romantisme qu’il affectionnera tant. Ce contraste si violent explique aussi sans peine l’échec global du film en salles, alors beaucoup trop ambitieux, mais réhabilité à sa juste valeur plus tard . Attendons désormais son retour, avec The Grandmaster, narrant l’histoire de Yip-Man, maître du Wing Chun Kung Fu (déjà mise en scène par Wilson Yip il y a quelques années) et traitant par ailleurs la période dans laquelle il a vu le jour.
    Ce nouveau film signe aussi le retour d’un chorégraphe dans son équipe: le grand Yuen Woo-Ping et nous rappelle aussi l’attente interminable des dix années qui ont suivi son dernier film.


    Titre Français : Nos Années Sauvages
    Titre Original : A Fei jing juen (阿飛正傳)
    Réalisation : Wong Kar-Wai
    Acteurs Principaux : Leslie Cheung, Jacky Cheung, Maggie Cheung
    Durée du film : 01h33minutes
    Scénario : Wong Kar-Wai
    Musique : Xavier Cugat
    Photographie : Christopher Doyle
    Date de Sortie Française : 6 mars 1996

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    Bilan Cinéma 2012 : Nox /bilan-cinema-2012-nox/ /bilan-cinema-2012-nox/#comments Mon, 31 Dec 2012 17:05:07 +0000 /?p=7511 Nox - Top 1 copie

    Il est temps de revenir sur le cru de l’année 2012, avant de commencer en beauté l’année 2013. A titre personnel, cette année a symbolisé beaucoup de changements : contre une quarantaine de films vus l’année passée, je peux compter plus de 200 films cette année. Dans les deux cas, en y incluant films sortis l’année même et ceux sortis bien avant où même, quand j’en ai la chance, sortis l’année suivante.
    Ce nombre conséquent m’a d’abord fait croire que tant de films m’ont empêché de déceler les vrais chefs-d’oeuvre de l’année, mais à fortiori, il m’est devenu évident, comme pour la plupart de mes confrères que cette année n’est pas ce que l’on pourra appeler une grande année. De bons films, oui, des films extravagants, oui, tel que Martha Marcy May Marlène, les Bêtes du Sud Sauvage, Moonrise Kingdom ou encore le magnifique Holy Motors. Ces films, même s’ils n’apparaissent pas en tête de liste, font sûrement partie des plus beaux moments de cinéma de cette année.
    De leur coté, Twixt et Cogan on su partager la critique et le public autant que mon esprit en deux, m’entraînant sur des terrains inconnus.
    Mais cette année, qui s’ouvra sur Millenium, avec un David Fincher au sommet, se rattrapa grandement sur ce mois de décembre. Le petit plaisir coupable du Hobbit ouvrant la danse et laissant place au somptueux et envoûtant Anna Karenine, L’Odyssée de Pi venant ensuite clôturer ce top.

    L’odyssée de Pi
    Anna Karenine
    Millenium : Les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes
    Moonrise Kingdom
    Cogan : Killing Them Softly
    Martha Marcy May Marlène
    Le Hobbit : Un Voyage Inatendu
    Twixt
    Holy Motors
    les Bêtes du Sud Sauvage

    Nox - Top 2

    Comme d’accoutumé, il est dur de boucler le bilan d’une année par une simple liste de dix titres. Alors que certains films m’ont échappé, qu’Amour ou Go go Tales, n’ont, à l’heure actuelle, pas eu le temps d’êtres vus, il est important de s’attarder sur ces autres films qui clôtureront la face positive de ce bilan.
    Sans s’attaquer à ces derniers dans un quelconque ordre, il s’agit globalement de films qui ont pour moi tentés chacun à leur tour certaines choses avec plus ou moins de succès au cours de l’année:
    On peut ainsi compter le dithyrambique Tabou, œuvre majestueuse de Miguel Gomes, à la fois envoûtant et hermétique, fascinant et égoïste. Film auquel on pourra rapidement attacher Cosmopolis, nouvelle œuvre phare de David Cronenberg, huis-clos bavard porté par la prestation magistrale de Robert Pattinson.
    Côté animation, l’année s’est avérée bien décevante. Pixar et son Rebelle est bien trop mitigé pour véritablement plaire, Disney et Les Mondes de Ralph n’ont été que promesses non tenues. C’est du côté de Dreamworks qu’il faudra se tourner cette année, avec Les Cinq Légendes, ode à l’imaginaire. L’Étrange pouvoir de Norman a lui su remonter le niveau de l’animation image par image face à un Tim Burton se complaisant dans sa chute. Le Japon, suivant de près avec Les Enfants Loups, signe une fable amère sur la famille. Skyfall et The Dark Knight Rises seront les deux films décriés mais qui resteront pour moi de beaux films, œuvres majeures dans leurs mythologies respectives, la photographie et le recul du premier, l’essence du spectacle dans le second.
    Du côté des films vraiment atypiques, on comptera notamment le dérangeant Kill List, le brillant La Taupe et l’improbable Killer Joe. On saluera enfin l’effort de John Carter, arrivant malheureusement trop tard et qui, malgré toutes ses ambitions, ne réussit qu’à se heurter sur le mur du temps.

    Nox - Flop copie

    Si l’on pourra dire que trouver le grand film de l’année fut chose ardue, trouver les grands mauvais films n’est pas sans grosse difficulté, l’année nous ayant offert un très beau lot de déceptions et autres mauvais films.
    Les russes semblent s’être donnés le mot, et surtout Timur Bekmambetov, signant directement, ou seulement sur le papier, deux des plus mauvais films de l’année, Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires et l’incohérent The Darkest Hour. En tête de liste se trouve néanmoins le très mauvais God Bless America, sorte de mauvais Defendor ou Super, allant jusqu’à être ce qu’il dénonce.
    Passons en vitesse sur le nullisime Silent Hill : Révélation, réduisant à néant l’espoir qui nous avait été offert avec le premier volet, ou Blanche Neige et le Chasseur, dont l’existence même est une énorme question. Sector 7 m’a appris que les coréens ne font pas tous de bon films. Et sur La Piste du Marsupilami, The Amazing Spiderman et Hunger Games ne sont que d’autres super productions dont le succès m’échappe encore.
    Enfin, une Nouvelle Chance s’avère lui être une véritable déception. Totalement hermétique sur son sujet, là où Le Stratège avait su briller, le passage de flambeau de Clint Eastwood se fait en catastrophe.

    God Bless America
    The Darkest Hour
    Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires
    Silent Hill : Revelation 3D
    Blanche Neige et le Chasseur
    Sector 7
    Sur la piste du Marsupilami
    The Amazing Spiderman
    Hunger Games
    Une Nouvelle Chance

    Nox - Attente 1

    Ne traînons pas trop sur les attentes de 2013, beaucoup trop nombreuses pour êtres détaillées. Mais avant tout, un petit mot sur deux films que j’ai eu la chance de voir. The Master de Paul Thomas Anderson, aurait très bien pu figurer en tête de mon premier top, sa finesse d’écriture et son esthétisme incroyable en font une œuvre majeure. Il en est de même avec Samsara, véritable odyssée rêvée de la vie.

    JANVIER
    The Master (Paul Thomas Anderson), Django Unchained (Quentin Tarantino), Lincoln (Steven Spielberg), Zero Dark Thrity (Kathryn Bigelow)

    FEVRIER
    Gangster Squad (Ruben Fleischer), Antiviral (Brandon Cronenberg), Passion (Brian de Palma), Möbius (Eric Rochant)

    MARS
    Samsara (Ron Fricke), Cloud Atlas (Andy & Lana Wachowski), A la Merveille (Terrence Malick), Spring Breakers (Harmony Korine), Stocker (Park Chan-wook), Promised Land (Gus Van Sant), The Place Beyond the Pines (Derek Cianfrance)

    AVRIL
    Oblivion (Joseph Kosinski), Upside Down (Juan Solanas), Le Monde Fantastique d’Oz (Sam Raimi), Mud (Jeff Nichols), The Grandmaster (Wong Kar-Wai), The Land of Hope (Sono Sion), Effets Secondaires (Steven Soderbergh), Insaisissables (Louis Leterrier), L’Ecume des Jours (Michel Gondry)

    MAI
    Only God Forgives (Nicolas Winding Refn), Mama (Andres Muschietti)

    Nox - Attente 2

    JUIN
    Man of Steel (Zack Snyder), World War Z (Marc Forster)

    JUILLET
    Pacific Rim (Guillermo del Toro), Wolverine : Le Combat de l’Immortel (James Mangold), Mad Max : Fury Road (George Miller)

    AOUT
    Elysium (Neill Blomkamp), Riddick 3 (David Twohy), Pain & Gain (Michael Bay), This is the End (Seth Rogen, Evan Goldberg)

    NOVEMBRE
    La Stratégie Ender (Gavin Hood)

    DECEMBRE
    Le Hobbit : La Désolation de Smaug (Peter Jackson), 47 Ronin (Carl Erik Rinsch), The Two Faces of January (Hossein Amini)

    SANS DATES
    Gravity (Alfonso Cuarón), Man of Tai Chi (Keanu Reeves), Le Transperceneige (Joon-ho Bong), The Nightingale (James Gray), A Field in England (Ben Wheatley), Filth (Jon S.Baird), The Flower of War (Zhang Yimou), Portrait de Jimmy P. (Arnaud Desplechin), Film sans titre pour l’instant (Lisandro Alonso)

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    [BLOG] Le petit plus de la semaine #6 /blog-le-petit-plus-de-la-semaine-6/ /blog-le-petit-plus-de-la-semaine-6/#comments Mon, 09 Jul 2012 20:36:28 +0000 /?p=5440

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    [BLOG] Le petit plus de la semaine #5 /blog-le-petit-plus-de-la-semaine-5/ /blog-le-petit-plus-de-la-semaine-5/#comments Mon, 02 Jul 2012 18:18:10 +0000 /?p=5223

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    [BLOG] Le petit plus de la semaine #4 /blog-le-petit-plus-de-la-semaine/ /blog-le-petit-plus-de-la-semaine/#comments Mon, 04 Jun 2012 19:49:23 +0000 /?p=4984 Et ouais je suis allé voir « Moonrise kingdom » et je peux vous dire que c’est une perle. Pourquoi ? Parce que Wes Andersen sait nous raconter des histoires incroyables de façon très ordinaire. Les acteurs sont formidable de justesse et sont très touchant. Donc un conseil allez le voir.

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    [COMPTE-RENDU] HIMYB #6 : Awards /compte-rendu-himyb-6-awards/ /compte-rendu-himyb-6-awards/#comments Sat, 07 Apr 2012 18:42:23 +0000 /?p=3737 Il y a quelques temps,  nous avons assistés pour la seconde fois à un événement répertorié HIMYB.
    Car cette soirée était légèrement différente, cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’une soirée se déroulant de la même manière que la 5ème saison dans un petit endroit familial et dédié à la discussion.
    Ce soir là, place au sérieux, à un sujet qui nous autres blogueurs nous tient à cœur : la remise de prix. Et ce fut donc la naissance des HIMYB Awards, un rêve de gosses qui prend forme grâce à une poignée de blogueurs qui ont eu les tripes de lancer l’idée et d’avoir plusieurs centaines de blogueurs (environ 300) derrière eux pour supporter le concept par le vote.

    L’idée est bien sur d’espérer avoir des résultats plus justes, choses pour laquelle l’on se bat constamment avec des cérémonies telles que les Césars… et un peu moins les Oscars avec certaines bonnes choses il faut l’admettre. La chose n’est pas bien sûr d’imposer les résultats des HIMYB Awards comme une vérité irrévocable qui « sort de la bouche du spectateur », mais quelque chose reposant sur des fondements accessibles par quelques clics aux spectateurs des résultats livetweeté, et des drôleries qui les ont accompagnés.

    PALMARES

    Film de l’année : DRIVE

    Acteur de l’année : RYAN GOSLING (DRIVE)

    Actrice de l’année : Natalie Portman (Black Swan)

    Réalisateur de l’année : Nicolas Winding Refin (DRIVE) (qui a transmis à son représentant par pigeon voyageur ses remerciements)

    Film d’animation de l’année : Les Aventures de Tintin – Le Secret de la Licorne

    Révélation de l’année : Jessica Chastain (The Tree of Life)

    Direct-to-video de l’année : Super

    Mauvais film de l’année : Green Lantern

    Scène marquante de l’année : DRIVE

    Bande originale de l’année : DRIVE

    Scénario de l’année : La Piel que Habito

    Affiche de l’année : The Artist

     

    Et pour une première session, ce n’est pas mécontent que l’on en ressort, l’évidence de la réhabilitation de Drive était prévue, non sans déplaire à certains. Mais c’est aussi dans les petite catégories inédites, tels que les pires films, ou le meilleur DTV que l’on s’autorise à marginaliser ces résultats dans le bon sens du terme.
    Nous sommes donc en attente des résultats de l’année prochaine, mais aussi de la prochaine sessions des HIMYB tout court, plus axée sur la rencontre entre blogueur, ce qui manquait cruellement à cette session.

    Et pour finir en beauté, l’intro de la cérémonie, simplement épique!

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    [L'Acteur du Mois] Janvier – Andy Serkis – L’homme sans visage /lacteur-du-mois-janvier-%e2%80%93-andy-serkis-l%e2%80%99homme-sans-visage/ /lacteur-du-mois-janvier-%e2%80%93-andy-serkis-l%e2%80%99homme-sans-visage/#comments Mon, 16 Jan 2012 21:42:06 +0000 /?p=2994 Si nous vous avions donné comme indice celui-ci : « Une lettre lui a été fatale » à la fin du deuxième article concernant Peter Sellers, et que certains y ont deviné le personnage de M le Maudit et donc par conséquent Peter Lorre, il s’avère que suite à des lacunes de notre côté et le fait de ne pas pouvoir aborder de manière assez complète sa filmographie et ses prouesses, nous nous sommes rabattus sur un autre acteur.
    Ce dernier à marqué l’année qui vient de s’achever d’une manière assez atypique. Parfois méconnu voir inconnu du grand public, nous nous sommes dit qu’un petit dossier sur cet acteur ne ferait pas de mal.
    Je vous parle d’Andy Serkis, acteur dont j’ai abordé les qualités brièvement dans notre dernier dossier bilan et qui, grâce à Peter Jackson à travers de nombreux films, mais surtout en 2001, a su trouver peut être pas sa seule voie, mais en tout cas celle où il va exceller à travers le peu de films où il s’impliquera, celle de la motion-capture.

    Si jusqu’à ses trente ans il a cumulé les rôles anodins, sans grande saveur, et n’allez pas croire qu’il a joué dans l’un des premiers films de Nolan : Insomnia, il s’agit en réalité d’un court réalisé par Andrew Gunn, il faudra attendre le Prestige pour que les deux bonshommes se côtoient, il lui a fallu attendre le début des années 2000 afin de pouvoir accéder au rôle qui changera sa vie : celui de Gollum.
    Dès lors, une étincelle s’allume entre le réalisateur et l’acteur, une étincelle légitime, car Andy Serkis bluffe tout le monde par sa performance, offrant un personnage profond, et peut être l’un des plus intéressants sur le plan émotionnel et psychologique de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
    Mais si Andy Serkis joue si bien son rôle et qu’il enchaînera peu après la trilogie sur le rôle de Kong (et parallèlement du malheureux cuistot Lumpy) de nouveau aux cotés de Peter Jackson, c’est sûrement grâce à son humilité et son intelligence qu’il continua à nous épater par le jeu naturel de cette bête, car comme il le dit si bien, son rôle permet simplement de créer l’émotion, comme si le vrai gorille devenait acteur et que la relation entre ses interlocuteurs et lui devenait crédible afin qu’elle fonctionne normalement.

    S’en suivent alors divers petit rôles, parfois totalement anecdotiques et inutiles tels que dans Alex Rider ou encore Inkheart, deux films dont il aurait pu s’abstenir, et enfin un rôle le mettant paradoxalement dans sa propre peau, le rendant acteur dans Cadavres à la Pelle aux côtés de Simon Pegg, film que je n’ai pas encore vu malheureusement.
    Mais c’est avec Tintin et La Planète des Singes (dont vous parlera MrLichi plus bas) qu’il refait surface, qui mieux que lui pourrait faire face à cette marche supérieure de la motion-capture qu’est la performance-capture ?
    De nouveau il se retrouve plus moins directement aux cotés de Peter Jackson, mais surtout de sa société WETA. Il y incarne le personnage du bon vieux Haddock, l’un des soûlards les plus connus de la « ligne claire », certains y ont vu un pastiche sans goût, j’ai préféré y voir une incarnation unique et atypique du personnage. Le vieux loup de mer prend véritablement vie et nous entraîne tout le long du film à ses cotés éclipsant parfois le personnage de Tintin incarné par Jamie Bell encore jeune dans cette technique.
    Mais ce rôle lui permet de rajouter une nouvelle corde à son arc, sa première incarnation d’un personnage véritablement humain, mais ce n’est pour autant que ce dernier se reposera sur cette facilité, tout au contraire !

    Considéré dorénavant comme maître dans l’art du déguisement virtuel, c’est tout naturellement vers lui que s’est orienté le choix d’endosser la peau de César dans La Planète des Singes : Les Origines, de Ruper Wyatt. Une fois de plus grâce au travail exceptionnel de la WETA, probablement l’un des plus aboutis, l’acteur arrive à donner vie à un animal , qui plus est un chimpanzé, qui se raprroche déjà par nature de l’homme. Mais plus que ça, et c’est en cela que le film est puissant, il parvient à transmettre des émotions par le visage, prouvant que la technologie est capable de grandes choses. Il permet ainsi d’apporter une dimension humaniste à César, ce qui le rend inévitablement d’autant plus attachant, surtout lorsque l’on voit à quel point ses mouvements sont fluides et proches de la réalité.

    Mais sa vraie consécration arrive de nouveau avec son ami de toujours, Peter Jackson, car ne se contenant pas de renouveler sa performance en tant que Gollum dans le film The Hobbit, car il s’occupe aussi de la réalisation au sein de la seconde équipe comme on a pu le voir à travers les nombreux journaux de bords, il semble plus impliqué, voyons ce qui en découlera !

    Et voici l’indice concernant le prochain dossier, qui lui, arrivera à l’heure :

    « Deux personnalités ne font qu’une »

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    [DOSSIER DU MOIS] Quand cinéma et jeux-video ne font pas bon ménage… /dossier-du-mois-quand-cinema-et-jeux-video-ne-font-pas-bon-menage/ /dossier-du-mois-quand-cinema-et-jeux-video-ne-font-pas-bon-menage/#comments Mon, 16 Jan 2012 10:01:03 +0000 /?p=2315 Ce mois-ci, on s’attaque à un sujet qui fâche cinéphiles comme gamers. Cinéphiles car pour eux il s’agit souvent de daubes infâmes, et gamers car il s’agit simplement de véritables hontes nuisant à l’image du jeux-vidéo.
    Sujet peut-être facile, on dit souvent qu’il ne faut pas se moquer des handicapés, mais il faut avouer que l’on a tout de même de belles bouses qui ont ruinées pour de nombreuses personnes l’idée qu’ils se faisaient du jeux-vidéo. Si ces temps-çi on semble en trouver de plus en plus, il ne s’agit pas d’un fait récent, loin de là. Notamment depuis un certain Mario… Dont MrLichi vous expliquera les détails plus bas si vous avez loupé cette atrocité, qu’il faut à mon avis avoir vue au moins une fois dans sa vie.
    Au menu autrement ? Nous ferons un tour du côté du roi du Bullet Time et l’agent au code barre.
    Mais je vous laisse pour l’instant avec celui dont je vous ai fait part un peu plus haut… It’s a me, Mario !

    Nox

    Selon MrLichi

    Impossible de compléter ce dossier sans évoquer Super Mario Bros. Ce film de 1992 est historiquement parlant la première adaptation cinématographique d’un jeu-vidéo, mais aussi historiquement mauvais et stupide.

    Il faut dire qu’au départ, le jeu est un véritable monument, Mario étant probablement l’un des héros les plus connus du monde du jeu-vidéo. Tout joueur a forcément passé des heures et des heures à contrôler le plombier moustachu dans son univers de plateformes, entouré autant d’amis que d’ennemis pour libérer la princesse Peach.
    L’univers que l’on retrouve dans le jeu est particulier et donc forcément difficile à transcrire sur grand écran, avec des acteurs et qui plus est à cette époque où les effets spéciaux de qualité n’étaient pas à la portée de tous.
    Et même avec plusieurs réalisateurs aux manettes, Super Mario Bros est tout sauf ce que l’on pourrait appeler un film tant il est horrible. L’action prend place à Brooklyn (normal…), pour vite emmener Mario et son frère Luigi dans une ville parallèle, à la fois d’époque et futuriste.

    On sait d’ailleurs dès le début que les quelques 100 minutes restantes vont être longues et éprouvantes : il suffit de voir les personnages pour le comprendre. Les deux héros n’ont absolument rien d’attachant, le seul point commun qu’ils partagent avec le jeu-vidéo étant la moustache. Ils deviennent très vite antipathiques au point de vouloir les jeter contre le mur pour l’affront qu’ils font aux personnages de base.
    Bien pire qu’un simple nanar, ce truc est porté par un scénario ultra simpliste (qui certes à pour « légitimité » de reprendre dans les grandes lignes l’histoire du jeu, à savoir sauver la princesse), mais qui a bénéficié d’un montage absolument foireux, c’est à dire que l’on passe d’une situation à une autre sans aucune explication ou artifice plausible, tout est décousu et fait que suivre le cheminement devient horriblement chiant et énervant.
    Même la volonté de vouloir jouer sur le terrain de la comédie est ratée, chaque tentative de « blague » tombe à l’eau, et il y en a beaucoup, trop même, du coup cela rend le film encore plus insupportable.
    On retrouve pourtant la plupart des personnages de l’univers originel, mais ils ont été massacrés d’une manière si pitoyable pour certains que s’en est risible : sans parler de Mario et Luigi qui sont cons et niais au possible, Yoshi est un dinosaure tout ce qu’il y a de plus débile, les Koopas sont des humains transformés en reptiles en costard de 2 mètres, le Roi Koopa campé par Denis Hooper, que fout-il sur ce film bordel ?! Le jeu des acteurs est d’ailleurs carrément mauvais, mais la palme revient à John Leguizamo qui irriterait le type le plus calme au monde tellement il paraît niais.

    En clair Super Mario Bros est une énorme bouse, une honte, un gros doigt d’honneur au Cinéma tant il est mauvais. Impossible de ne pas se sentir offusqué en le regardant, que l’on soit fan du Mario sur console ou non, les 1h40 sont une torture interminable, l’ambiance kitsch et les effets spéciaux piquent les yeux, et l’idiotie du tout finit très vite par énerver. En somme, du très grand what the fuck, au sens le plus méprisable du terme, et le regarder en entier relève du défi.

    • • •

    Selon Nox

    J’aurais aussi pu vous parler de BloodRayne. Une de ces abominations faites par Uwe Boll, mais voilà ce n’est pas gentil de se moquer de lui, il s’en prend tellement dans la face à chaque film (de manière tout à fait légitime et justifiée). Il faut juste faire un rappel concernant ce film : on y trouve Ben Kingsley et Michael Madsen, bon ok, le deuxième a son lot de nanar
    Mais j’ai préféré me tourner vers un film pas si vieux, mais qui surtout s’attaquait à une légende du TPS et du jeu d’action: Max Payne.

    Je ne m’attarderais pas sur les nombreuses, non les multiples et incessantes incohérences avec le jeu-vidéo ( a dire vrai, je n’ai jamais vraiment joué à Max Payne, je ne connais que les grandes lignes du jeu).
    Mais surtout sur le fait que ce Max Payne cinématographique n’a, pour ainsi dire, aucun rapport avec le Max Payne d’origine. Scénaristiquement comme fondamentalement le film de John Moore aurait pu porter n’importe quel autre titre au final.

    Le fait est que, d’un coté, on avait l’un des plus grands jeux TPS qu’il n’y ait jamais eu en la présence de Max Payne, qui n’est pas moins que l’un des premiers à utiliser de manière habile et épique le principe du Bullet Time, qui était doté d’une ambiance folle et d’un scénario simplement dantesque, et de l’autre, ce film, ternissant à la fois le cinéma, et même le genre des séries B, ainsi que le monde du jeux-vidéo.
    Il n’y a rien de vraiment bon qui sorte de ce film, le gros défaut étant bien sûr l’interprétation du personnage charismatique, campé par Wahlberg qui, comme à son habitude, est d’une inexpressivité déconcertante, rendant le personnage de Max Payne aussi efficace qu’une loutre dans la savane.
    L’autre gros soucis, est bien que le film se prend beaucoup trop au sérieux et cela en alignant un scénario et des dialogues d’une faiblesse déconcertante, si on ne maîtrise pas un tel univers, que l’on souhaite l’aborder d’une manière totalement enfantine et anodine, pourquoi se lancer dedans?

    Et pourtant, il a été fait, John Moore nous as offert un bel étron réduisant à néant la réputation de ce personnage pour tout ceux qui n’eurent pas l’occasion de se plonger dans cet univers auparavant. Et pourtant certaines scènes, certes peu nombreuses nous donnent tout de même espoir, abordant une certaine graphie et des visuels intéressants (je ne parle pas des jeux de lumière désolants, se contentant de deuxcouleurs antagonistes choisies avec peu d’inspiration).

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    Selon Redha_Luffy

    J’ai choisi l’adaptation de Hitman. Tout d’abord, parce que je suis un grand fan de cette série qui avait apporté un gameplay nouveau et singulier. Ensuite, parce que le film était vraiment tout pourri…
    Pour commencer, j’aimerais donner le nom de deux responsables de cette chose. Tout d’abord, le réalisateur, Xavier Gens. A l’époque des faits, il n’avait à son actif que deux courts-métrages en tant que réalisateur, ce qui a pourtant suffit à Luc Besson pour lui faire confiance.
    Le deuxième responsable, c’est le scénariste, Skip Woods. Son CV parle de lui-même, avec des productions reconnues pour leurs scénarios : X-Men Origins : Wolverine et G.I. Joe : l’Eveil du Cobra entre autres…
    En effet, j’ai l’impression qu’aucune de ces deux personnes n’a jamais touché, pas même vingt pauvres secondes, à un des jeux Hitman. Comme l’indique le sous-titre du second, Hitman : Silent Assassin, l’agent 47 est discret.

    Sauf que lorsque l’on regarde ce film, on a plus l’impression que sa spécialité est la fusillade. Et ce n’est pas l’unique incohérence par rapport à l’oeuvre originale. L’agent 47 est, dans le film, un orphelin qui a été recueilli par l’Organisation (qui correspond à l’Agence du jeu) et formé pour devenir un assassin, alors que, dans le jeu, il est le résultat d’une expérience génétique combinant l’ADN des cinq plus dangereux criminels du monde. Il y a aussi le fait qu’il semble éprouver des sentiments pour un peu trop de monde, alors qu’à part un prêtre avec qui il devient pote, il vit en solo normalement. Je passe les erreurs qui n’ont rien à voir avec le jeu, telles le gaz lacrymogène qui, comme chacun sait, endort…

    Second point qui m’a dérangé dans ce film, Timothy Olyphant. Alors que le rôle était d’abord prévu pour Vin Diesel qui aurait sûrement très bien interprété ce personnage (je parle du Vin Diesel version Pitch Black, pas celui de Fast&Furious, hein), celui-ci a finalement refusé à cause d’un emploi du temps trop chargé. Le rôle est donc donné à Mr Olyphant, qui n’a pas, soyons honnête, la tête de l’emploi. Mais la véritable question que je me pose, c’est pourquoi ne pas avoir choisi le modèle original de l’agent 47, qui lui prête également sa voix dans le jeu, David Bateson ? Franchement, Olyphant a l’air d’un bisounours à côté des deux autres…

    In fine, le film Hitman est quand même une belle bouse cinématographique qui, en plus d’être un très mauvais film, en profite pour pratiquer des attouchements sur un grand jeu et un grand personnage du jeu-vidéo.

       Timothy Olyphant – Agent 47 – David Bateson

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    Qu’en est-il pour vous ?

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