[L'Acteur du Mois] Novembre – Peter Sellers

Nous voici déjà à notre deuxième dossier concernant l’acteur du mois, et si vous ne l’aviez pas déjà deviné grâce à nos indices, tout est dans le titre de l’article. Pour succéder à Lee Van Cleef, nous avons choisi un acteur tout aussi emblématique, mais lui dans un tout autre registre : Peter Sellers.
Couvrir toute sa filmographie étant beaucoup trop long pour un article, nous ne nous intéresserons qu’à sa collaboration sur certains films avec deux immenses réalisateurs, j’ai nommé messieurs Stanley Kubrick (sur Dr Folamour) et Blake Edwards (la saga de La Panthère Rose).

Pour replacer l’acteur dans son contexte de départ, Peter Sellers commence à se faire connaître via la radio, où il fait déjà ses débuts en comédie dans l’émission appelée le Goon Show. C’est ainsi qu’il commence à se forger une petite réputation, en plus d’être apprécié de l’audience, et il décide ainsi de débuter une carrière dans le milieu cinématographique dès le début des années 1950. Il enchaîne les films, sa renommée se voit renforcée, sans pour autant le propulser sur les devants de la scène . Car cela n’arrivera qu’en 1962, et sa rencontre avec un certain Stanley Kubrick.

Pour cela, il rencontre tout d’abord ce grand personnage le temps du tournage de Lolita où il campe un personnage excentrique répondant au nom de Claire Quilty. Mais c’est surtout avec Docteur Folamour que les choses se sont bousculées. Tourné un an après le premier volet du bijou “rose” il joue dans ce 7e film du réalisateur pas moins de 3 rôles différents, que ce soit à la fois dans le fond, le principe, la morale et même dans l’apparence, en bref trois personnages totalement antagonistes.

Et c’est là que la folie fait œuvre, car comment ne pas être tout simplement bluffé par sa prestance et son…, non, ses jeux ? La première fois que l’on regarde le film, sans connaissance de ce fait, il est presque naturel de ne pas se rendre compte que Sellers occupe par son charisme tout le devant de la scène, on croit simplement en 3 bons acteurs. Que ce soit le docteur encore encré dans d’anciennes valeurs nazi, le président écrasé par tout ces événements qui se succèdent, ou encore le brave colonel prêt à tout pour éviter un conflit destructeur, rien ne lui échappe, chaque personnage deviens unique et doté d’une personnalité propre.

Si l’on connaît tous La Panthère Rose par son dessin-animé et son thème musical si aisément reconnaissable, il est aussi probable que tout le monde ne connaisse pas son origine, pourtant devenu un monument de cinéma comique. Ce bijou rose à la valeur inestimable, qui donne son nom à pléiade de films, les seuls intéressants ayant été réalisés par Blake Edwards, n’est pourtant que le sujet du premier. A la base, rien ne laissait prévoir que Peter Sellers allait en devenir l’emblème et allait être mondialement reconnu pour son rôle. En effet, l’acteur prévu pour jouer l’inspecteur Clouseau s’étant désisté au dernier moment, Edwards n’a eu de choix que de prendre en urgence (1 semaine avant le début du tournage, c’est pour dire !) Peter Sellers. Tout de suite, les deux hommes vont parfaitement s’entendre, et le réalisateur, conscient du potentiel artistique et comique de son nouvel acteur, va même aller jusqu’à remanier son scénario afin de privilégier et donner plus d’importance au personnage de l’inspecteur Clouseau.

Pour faire simple, Blake Edwards a réalisé 7 films mettant en scène le personnage. Les principaux (entendez par ici les plus marquants, intéressants) ont vu leur sortie diffusée sur deux périodes : les 2  premiers lors des années 1960, puis 3 autres à la fin des années 1970. Cette pause d’une dizaine d’année est notamment due à une mésentente (qui ne durera pas plus dès la reprise du troisième film) entre l’acteur et le réalisateur survenue lors du tournage du deuxième film de  la franchise, alors que leur relation professionnelle était jusque-là excellente. Pour preuve, Edwards savait qu’il pouvait compter sur le talent de Sellers, et, tout en ayant une idée très claire de la mise en scène voulue pour chaque passage, il lui laissait souvent carte blanche pour les gags, ce qui aboutissait finalement à de superbes situations comiques.
Car la première chose de laquelle on se souvient lorsque l’on évoque La Panthère Rose, c’est bien le personnage de l’inspecteur. Peter Sellers réussit à lui donner une dimension si spéciale d’antihéros total que l’on se demande qui d’autre que lui aurait pu le camper, tant il est unique et brillamment interprété. Son trait « intime » est bien sûr le fait qu’il soit extrêmement maladroit, c’est ce qui forge sa personnalité, car en plus de l’appui de la mise en scène, Sellers joue sur des situations en les poussant à l’extrême. On est ainsi toujours spectateur de sa malhabileté, qui est parfois excessive mais jamais lourde ou déplaisante, car quitte à se mettre mal à l’aise, il en est conscient, et c’est ce qui rend le personnage excellent. Et il faut l’avouer, la saga n’aurait pas la même dimension qu’elle a aujourd’hui sans Clouseau, car il est devenu un personnage à part entière et une figure emblématique du cinéma comique.

Et puis il faut aussi parler du fait qu’il réussit à évoluer au fil des films, Sellers fait d’autant plus vivre son personnage qu’il le fait gagner en maturité, mais aussi par exemple en modifiant sa voix afin de donner un accent de plus en plus français et incompréhensible à ses textes.

Pour en revenir à l’acteur lui-même, il a quand même souhaité continuer le rôle malgré sa santé de plus en plus défaillante et ce qui pourrait s’apparenter à une dépression. En effet, Peter Sellers semble être un clown triste derrière la caméra, ses rôles lui collent tellement bien à la peau qu’il déclare lui-même n’avoir aucune personnalité propre en dehors de ses interprétations (évoquant sa carrière en général).
2 ans après son décès (en 1980), Blake Edwards souhaite lui rendre un dernier hommage avec un film à titre posthume reprenant des scènes coupées où apparaissaient l’acteur. Malheureusement plutôt maladroit, ce film, intitulé A la Recherche de la Panthère Rose, contient un message du réalisateur en pré-générique, disant « To Peter, the one and unique Inspector Clouseau ». Phrase d’une véracité pure que Shawn Levy aurait dû appliquer en s’abstenant de réaliser il y a quelques années un remake pathétique des aventures de l’inspecteur.

Une phrase à retenir, car Peter Sellers restera tout de même un des plus grands acteurs comique que le cinéma ait connu, et parti bien trop tôt.

 

Et voici le premier indice qui vous aidera peut-être à trouver qui sera l’acteur du mois prochain :

  • « Une lettre lui a été fatale. »

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