?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » Western http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Critique : Les Amants du Texas (David Lowery) /critique-les-amants-du-texas-david-lowery/ /critique-les-amants-du-texas-david-lowery/#comments Wed, 18 Sep 2013 20:15:04 +0000 /?p=8727 [one_third last="no"]Deauville[/one_third][two_third last="yes"]

FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE

Edition 2013

COMPETITION

[/two_third]

Il y a quelque chose d’assez fascinant qui tend à se dégager de cette nouvelle vague (si l’on peut nommer ainsi cette tendance récente) de jeunes réalisateurs américains indépendants. Outre le fait qu’ils se démarquent d’Hollywood par des productions indépendantes et souvent à petit budget, mais aussi par un passage apparemment baptistaire au festival de Sundance, ces cinéastes ont en commun une manière de filmer si particulière un pan plus ou moins profond du Sud des Etats-Unis d’Amérique. En effet, des réalisateurs comme Jeff Nichols, Benh Zeitlin, Andrew Dominik ou encore David Gordon-Green détiennent une vision âpre, violente et même parfois mélancolique des régions dans lesquelles ils tournent ; et, de l’humidité du bayou aux vastes champs texans à la chaleur pesante, ils parviennent tous sans exception non seulement à donner corps à ces décors déjà fabuleux naturellement, mais ils s’aventurent aussi à les ancrer dans leurs histoires de manière à ce que les environnements deviennent des personnages à part entière. Les films de ces cinéastes dégagent ainsi une puissance souvent enfouie, qui explose parfois, la nature reflétant les états d’âme des personnages. Et cela, David Lowery l’a très bien compris et mène avec Les Amants du Texas une œuvre héritière d’une certaine idée d’un cinéma américain à travers une superbe histoire d’amour assez étonnante dans son traitement par correspondances.

Les Amants du Texas - 1

Le film est assez surprenant dans la façon dont il va aborder le couple amoureux tout au long du récit. En effet, les premières minutes du film seront quasiment les seules où l’on verra Bob et Ruth ensemble à l’écran. Un braquage qui tourne mal va mettre fin à leur idylle : Bob est arrêté, Ruth laissée en liberté, mais elle est enceinte. Cette dernière le lui souffle, et il jurera de s’évader pour rejoindre cette famille en construction. C’est cette promesse d’un futur qu’ils passeront tous ensemble qui va motiver le pouls du film. Le temps passe, Ruth accouche, seule, Bob l’apprend en prison. Lowery prend le parti de garder le point de vue de Ruth : en se dégageant du mari, il délaisse ce qui aurait pu être un récit à suspense par un tempo tout autre, lent et pesant, mais toujours plein d’espoir. En voyant Ruth élever son enfant seule, l’on comprend le thème du film : Les Amants du Texas est finalement l’histoire d’une attente, celle d’une femme aimante, peu importe que son mari soit un truand, elle sait que sa promesse de revenir les chercher et de s’enfuir vers un avenir meilleur que leur passé déjà vécu n’est pas une parole en l’air.
Cet amour qui était évident lorsque le couple était uni physiquement va désormais devoir se faire ressentir par interpositions. La passion dans chacun des personnages est présente par l’absence de l’autre, et David Lowery a compris que cette séparation forcée par la loi va aboutir à un travail sur l’ambiance et l’atmosphère qui devront régner autour de la maison de Ruth, qui s’impose comme sa prison à elle.

Les Amants du Texas - 2

Le réalisateur, avec l’aide de son directeur de la photographie Bradford Young (qui signe ici un travail des lumières tout bonnement stupéfiant de naturel), joue donc avec la richesse sans fin des décors texans pour créer un climat propice à un ton brûlant, languissant. Ainsi, même si le film lui est propre, il y a des échos criants (volontaires ou non, l’on ne cherchera pas à savoir si ces influences le sont vraiment ou si elles ne sont pas préméditées), d’une part au travail des réalisateurs cités en début d’article, et d’autre part à la filmographie de Terrence Malick, et plus particulièrement à La Balade Sauvage et aux Moissons du Ciel. Le soleil est pesant, le visage impassible de la si belle Rooney Mara laisse deviner une chaleur difficilement supportable qui viendrait s’ajouter à son embarras préexistant. Cette région isolée abrite un microcosme de personnages dont le centre d’attention va vite devenir Ruth, mais aussi Bob dont on commence à se douter de la volonté de s’échapper de prison. Le shérif –celui qui a été blessé par Bob lors du braquage et qui lui a valu la prison- cherche d’ailleurs à attendrir Ruth pour se l’accaparer, faisant douter cette dernière. Car l’attente devient longue, pénible, d’un côté comme de l’autre. Lui veut fonder sa famille loin de son passé, elle a peur de mêler leur fille à une histoire de banditisme qui les suivra à vie.
Si la chose la plus importante rattachant Bob à la vie est de retrouver sa famille, l’histoire du couple s’écrit à travers des lettres qu’ils s’envoient, et dont la voix-off (encore un lointain écho à Terrence Malick) se fait porteuse. Ce sont ces correspondances qui rythment le récit, porteuses des nouvelles de l’être aimé et rendant l’attente encore plus insoutenable. David Lowery joue ainsi tout du long sur la notion du temps qui passe
En ne les ayant montré ensemble que lors de l’ouverture du film, le réalisateur a pris le risque de faire vivre la romance par interpositions, et c’est probablement la direction d’acteurs qui lui a donné ce souffle lyrique si éblouissant. Ce rythme à la fois paisible et troublé, bien que ponctué par quelques événements qui viennent ajouter de l’intensité au récit, est entièrement porté d’une part par Rooney Mara, impassible, qui tout en retenue va faire ressentir cette attente entre l’éducation de sa fille et les moments d’angoisse quant à la situation de son mari ; et d’autre part par un Casey Affleck majestueux, apportant au film toute la fièvre et l’agitation qui viennent précipiter les événements. Rien que dans l’intonation de sa voix, rocailleuse, presque cassée, toute sa personnalité ressort : c’est un personnage cassé par la vie, fatigué de jouer avec la mort, et malgré tout fou amoureux et déterminé à retrouver sa famille. Son absence lui pèse autant qu’à sa femme, c’est lui qui se fait du mal, malgré lui, et qui fait souffrir Ruth, mais elle ne peut pas lui en vouloir. Finalement, même si c’est lui que l’on voit le moins, Les Amants du Texas est mû par des charismes aussi puissants que discrets, aussi beaux que dramatiques.


Bien plus qu’un énième film de southern gothic, Les Amants du Texas joue sur l’ambiance si particulière et propice au drame amoureux de cette région des Etats-Unis. Lowery, probablement conscient de l’exploitation passée des terres sur lesquelles il s’engage, s’impose néanmoins comme un nouvel auteur fiévreux qui, espérons-le, n’a pas fini de se servir de la richesse des décors pour servir au mieux de nouvelles histoires.


    ]]>
    /critique-les-amants-du-texas-david-lowery/feed/ 0
    Critique : The Retrieval (Chris Eska) /critique-the-retrieval-chris-eska/ /critique-the-retrieval-chris-eska/#comments Sat, 07 Sep 2013 20:02:12 +0000 /?p=8698 [one_third last="no"]Deauville[/one_third][two_third last="yes"]

    FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE

    Edition 2013

    COMPETITION

    [/two_third]

    Enfant noir pendant la guerre de Sécession, Will a pourtant une vision du monde déjà adulte, façonnée par tout ce qu’il subit et fait subir pour survivre au quotidien. Le début du film est d’une violence psychologique assez crue et sans concessions : à la solde d’une troupe de chasseurs de primes, Will et son oncle traquent les humains recherchés ou ayant une valeur marchande suffisamment élevée pour rassasier le gang. Le jeune héros est envoyé chez une fermière cachant des réfugiés chez elle, et cette dernière l’envoie dormir dans une grange ou trois autres personnes sont logées : son butin est là, à portée de main. Mais Will n’est qu’un enfant, et lorsqu’une des femmes lui tend à manger, elle qui semble si faible, il est déstabilisé. En une scène, l’on tient le principal argument que The Retrieval va développer tout au long du film : l’attachement du personnage principal à des êtres dont le destin est scellé par ces chasseurs de primes.
Les personnages principaux ont beau vivre en plein milieu de la guerre civile, cette dernière n’est qu’un prétexte pour raconter l’histoire de ce jeune garçon confronté à des choix vitaux. Ainsi, il n’y aura qu’une unique scène de bataille, permettant de restituer le contexte, Chris Eska préférant concentrer le récit sur les relations entre Will, son oncle et Nate, l’homme qu’ils doivent ramener au gang. Le réalisateur guide ses personnages et leur secret à travers l’épaisseur de forêts un peu trop balisées, même si le parcours peut-être pas initiatique mais au moins formateur du héros a le mérite de tirailler une psychologie et d’ainsi éviter tout manichéisme.

    www.indiewire

    L’on ressent d’ailleurs tout au long du métrage cette volonté dans l’écriture de ne pas tomber dans le piège facile des bons d’un côté et des méchants de l’autre. Le sujet du film étant la Guerre de Sécession, on aurait pu s’attendre à une opposition entre les camps du Nord et du Sud, mais c’est ici autour des blancs et des noirs qu’Eska cherche à faire évoluer les pensées dans diverses directions. Peu importe la couleur de peau, le crédo des personnages de l’époque telle qu’elle est représentée est d’agir non pas selon leur conscience, mais par intérêt, ce qui implicite la survie. Will et son oncle vont ainsi accepter la mission du gang qui est de leur ramener un hors-la-loi en faisant croire à ce dernier que son frère est mourant. Faire croire aux victimes de ces coups-montés que sa venue vers eux est sans risques, Will en a l’habitude. L’ouverture du film, minutieuse et semblant être réglée au détail près, confirme le triste professionnalisme du jeune garçon. Le rythme est d’ailleurs lent du début à la fin, The Retrieval se composant surtout de travellings en forêt, allant à la vitesse des personnages, pas spécialement pressés mais toujours à l’affut du moindre danger pouvant surgir de tous les côtés. Ce tempo lancinant permet de mieux sonder la façon dont vont évoluer les trois protagonistes principaux les uns par rapport aux autres.
Le mode opératoire mis en place pour livrer les victimes vivantes au gang est vicieux, et le fait qu’un enfant en soit le relai rend d’autant plus détestable les moyens employés par cette troupe. Appâter les victimes en faisant croire à sa propre innocence et son envie de trouver refuge auprès des autres dans un pays en guerre, voilà comment il avait gagné la confiance de la femme dans la grange, et c’est de la même manière qu’il devra procéder pour arriver à amener Nate, le hors-la-loi, aux chasseurs de primes. Tout le dessein du film est de retracer ce parcours en analysant la façon dont Will va réagir face à un personnage auquel il ment quant à ses intentions et auquel il s’attache trop rapidement pour n’éprouver aucun remords. Tout lui avouer et prendre le risque de se faire tuer par les membres du gang, ou bien porter sa mission à terme et avoir la mort d’un homme qui l’a protégé sur la conscience : le dilemme est lourd et amène tout un lot de tiraillements au garçon, mais le fait de l’étirer tout au long du récit s’avère finalement assez léger, voire même répétitif. C’est d’ailleurs pour cela que Chris Eska l’étoffe en parallèle avec l’espoir de son personnage principal de pouvoir aller retrouver un jour son père, qu’il espère vivant.
Cette recherche de la figure paternelle va amener tout doucement à l’émancipation de Will face à toutes ces personnes qui balisent ses choix grâce au personnage de Nate, qu’il va voir comme un être remplaçant son père, il éprouvera même de la peine envers lui à cause de ce qu’il lui fait subir sans qu’il ne s’en rende compte. Ce transfert va se faire au fur et à mesure que le récit avance, Nate étant présenté au début comme un homme renfermé et sans scrupules, qui mériterait presque le sort qui lui est réservé. Ce doute quant à la confiance qu’on pourrait lui accorder sera balayé pour ensuite faire place à un esprit protecteur envers Will, qui pourrait être son fils. La transformation de la psychologie des personnages va effacer l’anti-manichéisme mis en place au début du film, et si les ficelles paraissent parfois trop grossières, l’efficacité de l’histoire est bien présente jusque dans son final attendu mais suivant la logique mise en place auparavant.


    Le dilemme d’un jeune garçon face au sort d’un homme dont la vie tient entre ses mains, et la recherche d’une figure paternelle de substitution sont les deux thèmes principaux que Chris Eska cherche à croiser dans The Retrieval. Parfois facile, le récit minimaliste a pourtant le mérite d’explorer la psychologie d’un enfant déjà adulte de part ce que la guerre lui fait vivre.


      ]]>
      /critique-the-retrieval-chris-eska/feed/ 0
      Critique : Sherif Jackson (Logan & Noah Miller) /critique-sherif-jackson-logan-noah-miller/ /critique-sherif-jackson-logan-noah-miller/#comments Wed, 04 Sep 2013 18:30:02 +0000 /?p=8650 [one_third last="no"]Deauville[/one_third][two_third last="yes"]

      FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE

      Edition 2013

      COMPETITION

      [/two_third]
      Logan et Noah Miller, les deux frères jumeaux à l’origine de Shérif Jackson, aiment le western, c’est certain, et essaient à travers leur film de rendre hommage à ce genre aux codes bien spécifiques, tout en y ajoutant ce que l’on pourrait appeler leur patte personnelle. Le problème réside dans le fait qu’ils ne savent pas du tout comment faire pour honorer un film de genre, et la volonté de vouloir le rendre original afin de le démarquer termine définitivement d’enterrer une oeuvre qui aurait pu être absolument folle lorsque l’on voit les germes d’idées extravagantes qui parsèment tout le film.
      En effet, le film s’ouvre sur deux scènes complètement fantasmées qui introduisent deux des personnages principaux : l’un est Shérif Jackson, hurlant comme un loup et chantant au crépuscule sur une colline désertique, paysage de western par excellence, l’autre est le Prophète Josiah, brisant le quatrième mur en récitant des paroles bibliques dans un vaste vide noir d’où naissent d’immenses croix blanches. Des images de paradis ou d’enfer, on ne sait pas trop, mais quoi qu’il en soit, les images sont d’une provocation graphique impressionnante. En quelque plans, les deux frères signent ici la promesse d’un film original et apportant une fantaisie hallucinée manquant parfois cruellement à un western habitué à être terre-à-terre.

      Shérif Jackson 1

      Mais très vite, la désillusion prend le dessus sur l’émerveillement procuré par l’ouverture du film. En se mettant en scène immédiatement après cette dernière dans les rôles de deux personnages pathétiques qui seront d’ailleurs réutilisés plus tard dans le métrage sous la forme d’un prétexte à peine utilisé, les cinéastes sèment des indices quant à la tournure que va prendre le ton du film. La césure entre l’épouvante des premières images et l’humour décalé de cette scène laisse doucement la parodie pointer son nez. Sauf que pour envisager de parodier un genre si particulier que le western, il faut déjà en maîtriser les codes afin de mieux les détourner. Et c’est ici que la réalisation de Shérif Jackson pêche complètement et plombe totalement le film jusqu’à la fin. Les frères Miller semblent eux-même avoir du mal à tenir les rennes de leurs ambitions, le non savoir-faire se ressent au fur et à mesure que se déroulent les aventures de la galerie de personnages plus absurdes les uns que les autres. Du coup, ils n’ont d’autre choix que de bifurquer sur un autre terrain, celui de l’attirance des yeux par des jeux de couleurs et de lumières agréables, et par des gags de bas étage.
      Le western, genre si attrayant rien qu’au niveau visuel, est ici totalement inexploité, et c’est dans ce sens que la parodie n’aboutit jamais. Il aurait fallu un environnement assez puissant de bout en bout pour pouvoir ensuite en détacher un regard amusé sur des personnages ou des situations typiques de ce genre de films, mais au bout du conte, rien n’est exploité comme il le faudrait. Les paysages désertiques ne sont plus qu’un prétexte pour y apposer des personnages qui auraient pu évoluer dans n’importe quel autre décor, leur mise en scène comme les simples choix de cadrages font qu’ils ne sont utilisés au mieux de manière hasardeuse, au pire pas du tout. Il en va de même pour les villages typiques implantés en plein milieu du désert et bien souvent victimes des règlements de compte entre figures burinées : ici, les grands rues ne sont à peine filmées et toujours cantonnées à une pincée de boutiques, qu’on ne voit en plus quasiment que de l’intérieur (aucun armurier par exemple, ni même de saloon). Les Miller préfèrent régler le passage inévitable du face-à-face final dans un enclos à moutons, et si en soit l’idée n’est pas si stupide qu’elle aurait pu en avoir l’air, le résultat est ridicule car encore une fois les mauvais choix en termes d’utilisation des espaces sont faits.

      Shérif Jackson 2

      L’on peut au moins saluer dans Shérif Jackson l’absence de manichéisme dans les personnages, les rapprochant un minimum de ce que Sergio Leone avait su imposer magistralement. Tous ont un passé, des convictions, des états d’âme qui peuvent varier en fonction des événements et au final les rendre attachants ou méprisables. Mais cela ne va malheureusement pas plus loin, car ils se perdent tous dans un récit totalement disparate, les Miller ne sachant pas comment faire avancer, puis terminer une histoire à peine lancée. Ainsi, le pitch parle de Sarah comme l’héroïne devant venger la mort de son mari, mais dans les faits, il n’y a pas qu’un personnage principal, mais trois avec le shérif et le prophète. Encore une fois, cela aurait pu aboutir à des situations donnant des ressources à la parodie, mais ici le comique triangulaire s’effondre à cause d’un melting-pot d’intrigues sans queue ni tête. D’un but principal, le récit s’éloigne vers quelque chose de secondaire qui va finalement reprendre la place de fil rouge tandis que l’histoire première ne sera jamais résolue. Ils se contentent de ne prendre que ce qui leur paraît le plus intéressant dans chaque personnage, sans pour autant faire interagir ces forces comme il se doit pour qu’un intérêt ou un élan quelconques s’en dégagent. Et c’est ainsi pendant tout le film, la caméra ne sait pas où aller, quand s’arrêter, à quel moment laisser des pauses. Car en essayant de citer les Coen ou Tarantino, Logan et Noah Miller s’attaquent à des monstres de rythmes, et vont en faire un des nouveaux défauts principaux de Shérif Jackson. L’accumulation d’intrigues et la volonté de créer un rythme soutenu et haletant ne se mélangent pas comme prévu et cela aboutit à une bouillie de ce qui aurait pu être harmonieux.
      S’il faut avouer la fadeur du jeu de January Jones en veuve vengeresse, le Prophète Josiah interprété par Jason Isaacs et Ed Harris en shérif ont tout de personnages de cinéma au potentiel déflagrateur. Ces deux gueules ont beau ne pas être optimisées pour pousser le film vers de plus hautes ambitions, ils sont néanmoins la preuve que les deux réalisateurs ont eu de la suite dans les idées, ne serait-ce que dans ce que les acteurs dégagent visuellement au milieu d’une galerie de personnages sans grande saveur. En tant que méchant attitré, puisqu’apparemment il faut en désigner un, le Prophète bénéficie d’un charisme et d’un travail soigné dans la voix, mais l’acteur grime trop ses gestes pour convaincre d’une noirceur profonde qui motiverait ses actes. Lui faire réciter des prières à la gloire de Dieu tout en commettant des pêchés peut être amusant sur le coup, mais l’ambition comique du film s’arrête là. Le ton est pénible, toujours dans l’excès sans pour autant maîtriser tout ce qui devrait aller avec, du moment que l’aspect graphique du film soit attirant. On ne peut pas dire que les Miller manquent de passion pour leur sujet, mais plutôt d’un manque cruel de moyens artistiques pour faire passer leur vision de Shérif Jackson.


      Shérif Jackson est un triste exemple de cinéma arbitraire de bout en bout. Il faut connaître un minimum le western lorsque l’on essaie de s’atteler à la dure tâche d’en emprunter les décors et les personnages pour en faire un film décalé. Les frères Miller ne semblent pas maîtriser ces codes si spécifiques et le film aboutit à un résultat final non pas catastrophique, mais surtout à un immense gâchis en vue de certaines idées fulgurantes du duo de réalisateurs, qui dirigent leur petit monde dans un hasardeux et joyeux bordel.


        ]]> /critique-sherif-jackson-logan-noah-miller/feed/ 0 Critique : Lone Ranger (Gore Verbinski) /critique-lone-ranger-gore-verbinski/ /critique-lone-ranger-gore-verbinski/#comments Thu, 04 Jul 2013 08:00:19 +0000 /?p=8412 Affiche2Gore Verbinski est un être étrange, autant se montre-t-il capable de donner un nouveau souffle à tout un genre, autant semble-t-il enclin à la défaillance du système de production hollywoodien. Pirates des Caraïbes premier du nom avait été le film qui avait su remettre au gout du jour la piraterie au cinéma. Ses suites, qu’ils cautionnera jusqu’au troisième épisode avant de quitter à son tour le navire, furent les exemples types de ce dont le cinéma se passerait bien aujourd’hui. Mais loin de s’avouer vaincu, le réalisateur décida d’utiliser à bon escient le budget qui lui a désormais été possible d’investir dans un film. Ainsi il réalisa Rango, pur film de western en image de synthèses, sur-référencé, mais doté d’un charme particulier propre à l’Ouest sauvage. Il y avait donc tout à craindre de Lone Ranger : un second film sur un terrain déjà visité, une mise en chantier catastrophique, mais surtout sa retrouvaille avec Johnny Depp. L’acteur américain ne cesse aujourd’hui de désespérer son public, constamment en roue libre, il ne parvient plus à nous surprendre tout comme autrefois. Trop présent sur les écrans, il semblait logique d’imaginer y voir un nouveau Jack Sparrow sans plus d’originalité. Mais pourtant, malgré ces auspices les plus sombres, s’il n’est pas un chef-d’œuvre car accumulant certaines faiblesses scénaristiques, Lone Ranger s’avère être un divertissement efficace, effaçant au possible ses défauts derrière une mise en scène léchée et habile.

        Lone Ranger 1

        Tout du moins, avant de réellement s’attarder sur l’œuvre de Gore Verbinski, une vraie question se pose à travers tout le film aux yeux du spectateur (amateur ou non de celui-ci) : quelle est la visée du film ? Quel public cherche-t-il avant tout à toucher ? La signature Disney nous dirige tout d’abord vers le film familial tout public, comme avaient été calibrés les différents films de la saga Pirates des Caraïbes. Mais pourtant, son esthétique et son entrain pour une violence pure au western, où la naturelle loi du sang fait gage avant toutes celles dictées par l’homme, nous amènent à nous demander si un conflit n’a pas lieu au sein même de la production-design du film. Après Rango, Lone Ranger est le second film que Gore Verbinski coproduit lui même de sa poche. Mais au vu du budget nécessaire, il est aisé de se dire qu’un compromis étrange a été fait entre les deux parties afin de faire cohabiter tout au long du film deux esthétiques si antagonistes. L’autre problème majeur de Lone Ranger vient de sa morale, des idées qu’un personnage créé entre deux guerres peut aujourd’hui véhiculer auprès d’un public bien différent. Sur ce point, il semblerait qu’une transposition bête et méchante ait eu lieu. S’il est pourtant clair que le public visé est relativement jeune, le film véhicule tout de même une morale assez déstabilisante pour nous, public non américain. Je ne peux pas assurer qu’il s’agisse d’une idée originale à ce film par rapport à la série originale (après sa création, le Lone Ranger a écumé radio, télévision, comic books..) mais reste que le film transmet une vision totalement nihiliste de la justice. D’un cran au-dessus du récit de vigilante habituel, il annonce clairement que la justice humaine ne peux rien faire, si ce n’est devenir et copier son propre ennemi. Ainsi à l’image même, l’enfant jusqu’alors vecteur de fantaisie, devient à travers une conclusion logique le nouveau vecteur de cette justice sauvage, justice qu’il devra exercer sans doute quelques années plus tard au cours de la Seconde Guerre mondiale. Car au-delà de sa morale, le film utilise constamment le vecteur de l’enfance pour mettre en scène son histoire et son héritage. L’enfance devient le support de toute l’histoire, seul ce dernier est capable d’admirer la fantaisie d’une histoire sous un angle candide et simple. Ainsi c’est par l’enfant que le conte se développe, et par l’enfant une nouvelle fois que l’étrangeté de Tonto devient quasi spirituelle. Et pourtant une nouvelle fois, Lone Ranger s’avère ambiguë sur son sujet, car le film utilise, et va même jusqu’à mettre à mal la figure du conte qu’il pose intelligemment au cours du film. Positionnant son histoire en 1933, pour ensuite repartir en 1869, il met habilement en place son récit sous l’angle d’un récit vécu et narré. L’histoire devient alors mythe, conte, celui d’un vieux gourou indien nommé Tonto.

        Lone Ranger 2

        Cette idée scénaristique brillante aux yeux du jeune public deviendra aussi son vrai défaut. Les trois scénaristes ayant travaillé sur le projet : Ted Elliot, Terry Rossio (auxquels l’ont doit les Pirates) et Justin Haythe (Infiltrés) se reposent trop sur l’idée que toute l’histoire est un conte, s’autorisant alors certaines faiblesses, des facilités, ou l’apparition de trous scénaristiques. Ainsi, les rares baisses de rythme dont accuse le film sont souvent dues à des instants de faiblesses en terme d’écriture. Les repères historiques sont mal amenés, d’autant plus que l’enjeu même du film n’a finalement que faire de ceux-ci. Les massacres de sioux, la perfidie humaine, sont tant de sujets qui passeront au-dessus d’enfants se replongeant à travers cette conquête du Far West. Aussi mal habile est celui qui tente d’introduire un personnage secondaire au bout de 2h de film sans être un génie. Car en terme de découpage, le film fait rarement fausse route. S’il se perd sur quelques plans visiblement entièrement shootés en CGI, son montage, supervisé par James Haygood, le monteur de Fight Club et Panic Room, s’avère étonnement clair, même au sein de scènes d’actions d’aspect difficilement lisibles. Alors que le vrai récit se lance, Gore Verbinski parvient à merveille à introduire ses différents personnages, autant par de subtils jeux de cadre que par des concours de circonstance fortuits. Car même si le scénario se perd parfois, il parvient en revanche à rester clair et efficace lorsqu’il est question de la persona de ses personnages. Par de petites phrases, glissées ça et là, Gore Verbinski donne à un personnage secondaire une profondeur, même illusoire. Verbinski assisté de Bojan Bazelli éclaire à merveille chaque plan du film, que seuls de nombreux défauts de CGI viennent gâcher. L’on dit souvent qu’il est dur de peindre les ombres dans le désert, et pourtant, les deux y arrivent sans mal. À l’aide d’idées de cadres qu’il a su mettre en pratique après les différentes réflexions spatiales auxquelles il s’était confronté sur Rango, Verbinski parvient à capter l’espace de certains plans l’âme de l’Ouest à travers des chevauchés entrainées dans des élans dynamiques et d’une fluidité frissonnante. Il multiplie ensuite les idées de cadres, pas toujours fructueuses, parfois perdus dans un espace qu’il ne parvient pas à aborder, mais offrant des passages rêvés par tout spectateur. Verbinski va encore plus loin pour montrer l’image de la fable qu’il cherche à donner à son film. Il s’amuse ainsi à mélanger objets et vocabulaire, à faire apparaitre une chose qui ne devrait pas être là où elle se trouve. Malheureusement, ces quelques idées sont rapidement submergées par un scénario profitant beaucoup trop de cette liberté, pour créer un comique de situation à outrance. Ainsi, si certaines scènes sont bien amenées, d’autres ne sont que redondantes. C’est finalement sa propre fantasmagorie qu’il met en scène, parfois pulpeuse, parfois sanglante.

        Lone Ranger 3

        Ainsi Lone Ranger est aussi un récit sur-référencé, renvoyant par exemple, involontairement peut-être, au film Vorace (Antonia Bird), par le Windigo, thématique traitée de manière aussi chimérique dans l’un que dans l’autre. Il était tout aussi évident de voir le film nous renvoyer à la filmographie de Sergio Leone, et particulièrement au film Le Bon, la Brute et le Truand. Plus étonnant encore, et cette fois-ci mal amené, une idée de cadre est inspirée du Seigneur des Anneaux, idée qu’il ne fera que réutiliser sans se l’approprier. La musique qui a hanté toute une génération de jeunes américains revient au galop. William Tell, composé par Rossini et passé dans l’imaginaire collectif par le biais de la première série du vigilante masqué, accompagne la nouvelle génération au cours de son final impressionnant. Hans Zimmer parvient étonnamment à renouveler son répertoire musical. Si les premières notes nous renvoient très rapidement à son passif, il se dépêche de crée une ambiance propre au western, en rendant à sa manière hommage aux plus grands. Et puis enfin, il y a Johnny Depp, un Johnny Depp étonnement convenu. Là où l’on aurait pu attendre de lui un jeu en roue libre, l’acteur se calme, et fait preuve d’un over-playing dont il n’a pas fait preuve depuis plusieurs années, nous renvoyant notamment à The Dead Man. Ainsi, même s’il reste évident sur certains plans que des relents de Pirates de Caraïbes se font ressentir, profitant d’un comique de situation évident, il garde un jeu honnête en finesse. C’est plutôt à travers le personnage incarné par William Fichtner, Butch Cavendish, que l’on voit une vraie folie absurde, donnant à son personnage une étrangeté inquiétante. Si l’acteur principal Armie Hammer ne transparait pas tout de suite, une certaine iconisation se forme autour du personnage à l’aide d’une construction logique. Ainsi, même si l’acteur en lui même est vite dépendant de Johnny Depp, ainsi que de leur némésis interprété par un William Fichtner au sommet de sa forme, le Lone Ranger reste la figure de proue d’une odyssée sauvage sans règle. Personnage de comédie comme personnage dramatique, il rend hommage au vigilante du Far West.


        Lone Ranger est loin d’être parfait, mais à sa manière, à travers cette vision globale du western, il pourrait bien, tels True Grit ou Django Unchained -mais sur un aspect plus grand public et moins cinématographique- relancer auprès d’un public inintéressé le genre qui prédominât toute une période du cinéma américain. Une fois élancé dans cette épopée sauvage, ses 2h30 ne se ressentent même plus, preuve une nouvelle fois d’une certaine efficacité.


          ]]>
          /critique-lone-ranger-gore-verbinski/feed/ 0
          Critique : Django Unchained (Quentin Tarantino) /critique-django-unchained-quentin-tarantino/ /critique-django-unchained-quentin-tarantino/#comments Fri, 15 Mar 2013 21:10:37 +0000 /?p=7987 Django - AfficheLorsque que Tarantino l’a annoncée, la nouvelle n’a surpris personne. En effet, proclamer que son prochain film serait un western, de surcroit spaghetti, n’était que le prolongement de ce qu’avait entamé le cinéaste avec Kill Bill puis, de manière plus flagrante encore, Inglourious Basterds. Il faut dire que si ces deux films rendaient chacun hommage a un genre bien spécifique (le film d’art martiaux période Shaw Brothers pour le(s) premier(s) et le film de guerre made-in Hollywood pour le second) bien distincts du western spaghetti, le résultat, passé à la moulinette Tarantino, en avait pourtant le goût et l’odeur : nombreux emprunts référencés à Sergio Leone, omniprésence des musiques d’Ennio Morricone dans la B.O, esthétique et cadrage de western à l’italienne appliqués à d’autre genres, thématique de la vengeance sous influence transalpine, goût de la satire et de l’ironie mordante … La liste est longue et parfaitement représentative de l’amour que voue Tarantino au genre. Ainsi, la promesse faite par ce dernier de s’attaquer enfin de manière frontale au genre qu’il détourne depuis tant d’années ne pouvait manquer d’attiser la curiosité, que ce soit des simples cinéphiles, de ses fans acharnés ou bien encore des passionnés du western « all’ italiana ». De plus, la décision prise par Tarantino de traiter de l’esclavage, sujet toujours très sensible aux États-Unis, rendait le projet ambitieux mais risqué et paradoxalement laissait penser que seul un cinéaste disposant de sa liberté de ton et d’action était à même d’en éviter les écueils majeurs.
          En effet, au regard du résultat final, il est aisé de constater que la thématique de l’esclavage s’inscrit de manière idéale dans les cadres du western spaghetti et du « revenge movie », formes que Tarantino affectionne tant. Loin des visions volontairement naïves et  romantiques (rares de surcroît ) véhiculées par Hollywood durant les années 30 à 60 avec des films comme Autant en Emporte le Vent (1939), le récit de Django Unchained en prend le contrepied, nous narrant l’histoire d’esclaves tellement humiliés et persécutés qu’ils ont soif de vengeance encore plus que de liberté. Cette idée est d’ailleurs mise en avant dès les premières minutes du métrage, lorsque des esclaves ayant un de leurs bourreaux à leur merci commencent par aller le tuer avant même de penser à lui prendre les clés de leurs fers. Le message est alors clair  et double : le concept de liberté pour les esclaves est encore loin d’être acquis et l’histoire à laquelle nous allons assister est le récit d’une vengeance. Ce choix narratif est une belle prise de risque pour Tarantino, qui a comme intention clairement affichée de marquer les esprits et de faire s’interroger un pays sur la naissance de son multiculturalisme. Le résultat débouche sur un film acerbe, tranchant comme une lame de rasoir et qui refuse de manière radicale le politiquement correct et la compassion bienveillante.

          Django 1

          Avec Inglorious Basterds, en 2010, Quentin Tarantino avait abordé un nouveau tournant dans sa filmographie : terminé l’éclatement du récit et la déconstruction de la narration. De ce jeu, de cette manie scénaristique ne subsistait encore qu’un découpage en chapitres au service d’un récit qui s’inscrivait dans une continuité narrative mais pas temporelle. Dans Django Unchained, Tarantino est définitivement passé a un récit purement linéaire et sans fragmentation, tout du moins apparente. Car si il a choisi d’épurer sa narration afin de s’effacer devant son sujet, on peut néanmoins constater que le métrage peut se diviser en trois parties : trois parties thématiques représentant l’évolution du personnage de Django mais également trois parties représentant trois influences cinématographiques différentes.
          Ainsi la première, la plus classique, tant dans sa représentation que dans son récit, sert d’exposition  au récit puis nous présente, comme dans beaucoup de western de l’époque classique, l’entraînement du personnage par son mentor (ici Django et le Dr Schultz). Si ce n’est l’apparition de la traite des noirs aux États-unis comme moteur du récit, elle fait directement référence au western américain de l’âge d’or d’Hollywood, que ce soit dans les péripéties ou bien dans l’esthétique présentée : bourgade typique avec son saloon, chevauchées à travers des paysages volontairement stéréotypés, plan sur un coucher de soleil devant lequel les silhouettes des protagonistes se détachent… autant d’éléments que n’auraient pas renié John Ford ou Howard Hawks. Dans la deuxième partie on entre enfin dans le vif du sujet : on nous présente l’intrigue principale et le chemin vers sa (presque) résolution. C’est à ce moment que Tarantino choisit d’utiliser le western spaghetti ; les clins d’oeil nostalgiques laissent progressivement la place à la vision de l’ouest à l’italienne : ton satirique, cynisme, humour noir, violence … sans oublier les personnages, tout droit sortis de l’iconographie transalpine. On peut d’ailleurs observer que même si Tarantino se réclame d’avoir pour maitre Sergio Leone, c’est à un autre pilier du western spaghetti qu’il rend ici hommage.  En effet, le film est truffé de références au deuxième Sergio du western italien : Sergio Corbucci (le troisième et dernier étant Sergio Sollima) ! Il a notamment réalisé Django (1966), auquel le titre du film de Tarantino ainsi que sa chanson d’ouverture (le thème du film original) sont un clin d’œil. On retrouve également de nombreuses références à d’autres de ses films emblématiques comme Le grand silence (1968), avec la séquence où Django et le Dr Schultz exercent le métier de chasseurs de primes dans des paysages enneigée, ou El Mercenario (1968), dont le personnage central Sergei Kowalski dit « le Polack », mercenaire/chasseur de prime polonais, partage beaucoup de points communs (notamment au niveau du comportement et de l’apparence) avec celui du Dr King Schultz, dentiste d’origine allemande. On peut également y noter un sympathique caméo de Franco Nero, interprète du Django original qui nous prouve qu’à 71 ans il est toujours la classe incarnée avec un chapeau !
          Enfin, la troisième partie nous apporte ce que le film nous promet depuis le début : l’accomplissement de la vengeance de Django. Cette ultime partie, volontairement percutante de par la rupture qu’elle introduit dans le rythme du récit, lorgne cette fois du côté de la blacksploitation, en raison de son extrême violence et de sa focalisation sur le personnage de Django et son désir de vengeance. Néanmoins, là où Django Unchained, à l’instar d’Inglorious Basterds, diffère des autres films de Tarantino, c’est dans le fait que ces trois influences principales, même si elle possèdent chacune leur partie dédiée, se fondent avec une alchimie remarquable tout au long du métrage  pour finalement atteindre une symbiose parfaite. On assiste ainsi  à un spectacle  d’une vraie cohérence qui évite le coté « patchwork de pièces rapportées », principal défaut de certaines des œuvres précédentes de Tarantino, et qui contribue à la mise en valeur du propos.

          Django 2

          Il serait dommage de parler de Django Unchained sans parler de tout le soin apporté à d’autres points du métrage. Que ce soit par l’image ou bien par le son, Tarantino veut que le spectateur se souvienne de son film et il ne fait pas les choses à moitié. Ainsi il nous gratifie d’une des plus belles et des plus originales scène de gunfight de ces dernières années. À l’aide d’un design sonore parfaitement maitrisé, d’un découpage d’une rare précision et de ralentis magnifiques, il met en scène une séquence d’une pure folie visuelle qui nous immerge complètement dans la scène qui se déroule sous nos yeux incrédules : les balles sifflent et ricochent, traversant les corps et les murs de manière irréaliste, les armes crachent du feu et de la poudre sans discontinuer, tout le monde tire sur tout le monde et beaucoup tirent sur personne, le sang gicle à en repeindre les murs, ça beugle, ça jure, ça s’agite dans tous les sens avec une bonne dose d’humour noir en prime, bref ça vous cloue à votre siège jusqu’à ce que la folie retombe.
          Ces qualités de mise en scène on les retrouve d’ailleurs tout au long du métrage avec notamment un découpage ultra-perfectionné, des cadrages aux petits oignons (dont beaucoup nous renvoie à l’iconographie propre aux westerns spaghettis) et une poignée de zooms bien sentis et de ralentis « juste-ce-qu’il-faut » qui donnent un cachet sublime à l’action. Toute ces qualités sont enveloppées dans la photographie magnifique de Robert Richardson, directeur photo attitré de Tarantino, qui rend les couleurs éclatantes et sublime les costumes, les décors et les paysages magnifiques présentés tout au long du périple.
          Il faut également ajouter un travail de grande qualité sur le son, parfaitement adapté au sujet : les fers bruissent, les claquements de fouets, leitmotivs sonores du film, résonnent tel des détonations et les coups de feu sont volontairement sur-mixés dans le but de les rendre plus percutants et de restituer la violence des affrontements. De plus on ne peut que louer le génie de Tarantino en ce qui concerne le choix de ses musiques : Ennio Morricone, Luis Bacalov, Riz Ortolani, Jerry Goldsmith… tant de compositeurs de renoms dont il a été chercher les pépites musicales plus ou moins connues pour donner à son métrage une ampleur émotionnelle rarement atteinte au cinéma. Il est amusant de noter qu’avec Django Unchained, il a enfin pu concrétiser un rêve de gosse qu’il poursuit depuis longtemps, à savoir d’inclure dans sa bande-son une musique originale que Ennio Morricone aurait composé spécialement pour l’occasion. C’est désormais chose faite avec la magnifique chanson intitulé Ancora Qui (chantée par une chanteuse italienne du nom de Elisa) que l’on peut entendre lors d’une scène où les domestiques de Calvin Candie dressent la table pour les invités de leur maître.

          Django 3

          Enfin, si le récit de Tarantino a autant d’ampleur et de crédibilité cela repose en grande partie sur une belle brochette d’acteurs très talentueux. Christoph Waltz est parfait en chasseur de prime facétieux et livre une interprétation tout en subtilité d’un homme délicat et cultivé, brisé par le fait d’être entouré d’individu aussi violents, racistes et pervers. Sa facilité d’élocution naturelle et son accent germanique précis sont d’ailleurs parfaitement mis à profit par Tarantino pour renforcer le côté fantasque du personnage, donnant lieu à plusieurs reprises à des gags hilarants. Leonardo DiCaprio trouve un rôle de composition à sa mesure et incarne avec un naturel glaçant toute la folie et la perversité d’un esclavagiste convaincu du bienfondé scientifique de ses thèses racistes. Enfin, Jamie Foxx et Samuel L. Jackson montrent tous les deux un talent certain, notamment dans l’interprétation schizophrène (mais pas pour les mêmes raisons) de leur personnages respectifs. C’est d’autant plus méritoire que leur rôles sont les plus durs, notamment en raison des thématiques qu’ils abordent. Toujours est-il que tout ce petit monde prend à malin plaisir à faire vivre ces personnages sur l’écran et fait preuve d’une complicité évidente.


          En 1858, dans le Sud des États-Unis, quelque temps avant la guerre de Sécession, un ancien dentiste allemand reconverti en chasseur de primes, le Dr King Schultz, libère Django, un esclave, et le forme afin de lui permettre de l’assister dans sa tâche, puis pour le remercier décide de l’aider à libérer sa femme des mains de Calvin Candie, un riche et impitoyable propriétaire terrien du Mississippi.


          Avec Django Unchained, Quentin Tarantino délaisse le cinéma potache pour une œuvre plus mature, plus réfléchie. Porté par l’ingéniosité de son scénario, la puissance de sa mise en scène, les performances incroyables de ses acteurs et l’amour inconditionnel qu’il voue au western spaghetti, il réalise ici un de ses meilleurs films tout en portant un regard très intéressant sur l’un des plus grand tabous de la société américaine. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Tarantino se met lui même en scène à la fin de son film, se faisant tuer de manière frontale par Django. Le message est clair : même si il garde sa personnalité, il choisit de s’effacer devant la puissance de son récit et laisse évoluer son personnage car, après tout, qui de mieux placé que Django pour donner une conclusion digne à sa propre histoire ?
          Titre Français : Django Unchained
          Titre Original : Django Unchained
          Réalisateur : Quentin Tarantino
          Acteurs Principaux : Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio
          Scénario : Quentin Tarantino
          Photographie : Robert Richardson
          Compositeur : Divers
          Durée : 02h44
          Sortie en Salles : : 16 Janvier 2013

          ]]>
          /critique-django-unchained-quentin-tarantino/feed/ 0
          [CRITIQUE] Le Banni /critique-le-banni/ /critique-le-banni/#comments Thu, 13 Sep 2012 21:50:48 +0000 /?p=6116

          © DR – Droits Réservés

          ÉtrangeFestival 2012 – Catégorie « Carte blanche Kenneth Anger »

          Lorsque l’on s’appelle Howard Hughes et que l’on est milliardaire, on cède facilement à tous ses caprices. Sa personnalité totalement atypique attirera d’ailleurs l’œil de Martin Scorsese, qui lui consacrera un biopic avec Aviator en 2004. Déjà producteur de nombreux films dès la fin des années 1920, l’homme à l’époque le plus riche des Etats-Unis n’est passé que seulement deux fois derrière la caméra en tant que réalisateur, mais en attirant à chaque fois de grandes controverses. La première intervient avec Hell’s Angels, film qui s’inscrit dans sa logique de passionné d’aviation, et qui, s’il était impressionnant dans les moyens déboursés et ses scènes de haut voltige, faisait tâche suite au décès de plusieurs aviateurs lors du tournage.
          En 1940, Hughes s’attelle à un western mettant en scène le déjà fameux Billy the Kid et ses aventures avec Pat Garrett et Doc Holiday, deux personnages typiques du genre. Mais foncièrement, l’histoire en elle-même intéresse moins le réalisateur que l’actrice qu’il allait choisir de porter à l’écran, car c’est lui qui fit découvrir Jane Russell. Sa réputation d’homme à femmes se confirmait d’autant plus ici que toute la publicité faite pour le film tournait autour de la poitrine, il est vrai proéminente, de l’actrice alors encore toute jeune. Provocation ou alors pure passion de cet homme excentrique pour les femmes (il a conquis le cœur de dizaines et dizaines de stars à la renommée aujourd’hui internationale), cela a valu au film d’être interdit de diffusion pendant 2 ans, ne pouvant être montré qu’à partir de 1943.
          Et s’il est vrai que la caméra s’attarde énormément sur les atouts de l’actrice, le film est un sympathique divertissement, même sans être très intelligent.

          Le Banni ayant donc été vendu comme une sorte de fantasme tabou pour l’époque, on est en droit de s’attendre à une histoire sulfureuse, portée par des personnages aux personnalités fortes, à la limite de la perversion. Mais il n’en est rien, bien au contraire. Si Billy the Kid est admis dès le début avec sa réputation déjà forgée, le personnage n’est pas inquiétant une seconde. Et finalement, on doute que ce soit là le but recherché par Hughes. Restreint dans sa galerie de personnages, il satisfait son caprice derrière la caméra, comme si tout cela n’était qu’un jeu. En sort alors un film au ton très léger, voir même enjoué, jouant au jeu du chat et de la souris entre les différents protagonistes. A partir d’une stupide histoire de vol du cheval de Doc par Billy, l’histoire se construit sur la confiance puis la méfiance dans une amitié de longue date entre le héros volé et Pat Garrett. Tout le long du film, les relations vont évoluer, s’inverser et revenir au point de départ sans aucune raison crédible, mais toujours avec ce côté malin, presque irrésistible.
          Cependant, le réalisateur fantasque ne pouvait se contenter d’un trio masculin pour jouer avec, son égo et son amour pour la gente féminine lui ordonnent de tendre les bras à Jane Russell. Véritable atout s’il en est pour promouvoir le film, son traitement dans le récit du Banni est tristement pathétique, et ferait crier de rage les féministes d’aujourd’hui. Introduite  brutalement comme l’ennemie jurée du Kid pour des raisons qui semblent se tenir, un concours de circonstances va brusquement la faire changer de bord du jour au lendemain. Mais pourtant, si Hughes semble être en adoration devant la beauté de la jeune femme, il lui attribue ici un rôle dégradant. A la limite de son traitement en tant que femme objet, elle sera tout le temps reléguée au second plan, lui faire faire la vaisselle et autres tâches ménagères semble lui être plus utile que de prendre part aux aventures masculines. Pourtant, on ne peut pas en vouloir au réalisateur, sa fascination est touchante, et même si toutes les apparitions de Jane Russell s’attardent sur son décolleté plus qu’osé pour l’époque, ces erreurs filent sur le compte de la maladresse. Preuve en est de ce qu’il choisit de faire de ce personnage à la fin, redorant un tant soit peu son blason.

          S’embourbant dans des longueurs inutiles, Le Banni parvient tout de même à capter notre attention grâce à ses retournements de situations qui amusent et renouvellent la répartition des rôles, même si les variations de tempérament des personnages sont parfois risibles et improbables.
          Et c’est ainsi tout le long du film, l’histoire des cow-boys n’est donc pas une aventure entre gros durs du Far-West, mais tend plus vers une romance. En effet, Hughes ne lésine pas sur les sous-entendus sexuels entre ce trio d’hommes, regards en coin et autres allusions homosexuelles prêtant à rire. D’ailleurs, la Jane ne semble pas éveiller leurs instincts plus que ça, elle se contente d’apparaître et de disparaître au bon gré d’Howard Hughes. Et c’est surement pour cela que les trois cow-boys se battent plus pour savoir à qui revient un cheval que la jeune femme.
          Jack Buetel, jouant Le Kid, se prête bien à ces scènes, son visage presque juvénile le disposant plus à apparaître dans des comédies que dans ce genre de films. Les visages plus marqués d’Hutson (le Doc) et Mitchell (Pat Garrett) tranchent d’autant plus avec ce dernier, et même si aucun de ces acteurs ne semble avoir sa place ici, ils contribuent tous à faire du film un joyeux bordel somme toute rafraîchissant.

          Le Banni est un caprice de milliardaire excentrique, souvent maladroit et très hasardeux dans son scénario, mais reste touchant dans sa naïveté. Howard Hughes s’amuse et réalise ici ses fantasmes, et si le film traîne en longueur, ce semblant de western demeure étonnamment très divertissant.
          Titre Français : Le Banni
          Titre Original : The Outlaw
          Réalisation : Howard Hughes
          Acteurs Principaux : Jack Buetel, Jane Russell, Thomas Mitchell
          Durée du film : 01h43
          Scénario : Jules Furthman, Ben Hecht, Howard Hawks
          Musique : Victor Young
          Photographie : Gregg Toland
          Date de Sortie Française : 1 Janvier 2012 (en DVD)
          ]]>
          /critique-le-banni/feed/ 0
          [CRITIQUE] Des Hommes sans Loi /critique-des-hommes-sans-loi/ /critique-des-hommes-sans-loi/#comments Sat, 01 Sep 2012 12:10:42 +0000 /?p=5997 Véritable enfant terrible du festival cannois 2012, Des Hommes sans Loi fut la surprise de l’événement. Sa présence seule, intrigante lorsque que l’on connait les critères drastiques de la sélection et son engouement naissant au sein du public l’on propulsé non sans inconvénients sur le devant de la scène dès son annonce. Réalisé par l’australien John Hillcoat, a qui l’on doit entre autres La Route, récit apocalyptique mal-aimé, et scénarisé par nul autre que son confrère Nick Cave avec lequel il forme un duo depuis déjà une petite suite de film, il part donc avec le maximum d’atouts possibles. Des Hommes sans Loi est le second western du réalisateur après The Proposition, quand on sait que ce denier a su trouver son public; en plus d’avoir simplement fait parler de lui, y a-t-il encore a douter de ce second film ? Mais, entre celui-ci et ce nouvel essai sont passés les frères Coen, insufflant au genre plus qu’une simple lueur avec True Grit. Le duo australien ne peut donc se contenter simplement d’appliquer la même recette, il leur faudra faire plus, tout en ne tombant pas dans la facilité du déjà-vu, surtout qu’on l’on est en position de faire le rapprochement entre Nick Cave et le chef-d’œuvre qu’est L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Le choix de l’époque, celle de la Prohibition, parait donc approprié. Mais visiblement, la tache ne fut pas de tout repos, car c’est droit dedans que Des Hommes sans Loi se dirige, un récit simple et des personnages semblant évoluer dans différents univers en même temps; sont ce qui finalement en découle.

          Le travail effectué pour s’approcher au plus près des règles du genre, de l’ancrer au plus profond du classicisme dont seul le western sait faire preuve, est indéniable. John Hillcoat procède à une véritable iconographie d’une époque, reconstituant fidèlement ce qu’est le western, trop même. Allant jusqu’à passer par Tom Hardy pour nous le rappeler de nouveau « ce n’est pas une histoire d’argent » : la vengeance est l’épée de Damoclès présente au dessus du fil narratif, allant même jusqu’à s’additionner continuellement, empiriquement, offrant un certain aspect irréel au récit pourtant illustré de la manière la plus violente et réaliste de notre monde. Mais malgré toute cette finesse d’écriture, que certains passages improbables pourront passer sur le compte d’un roman, écrit par le petit fils Matt Bondurant, adaptant les faits par manque de ressource, le travail des personnages lui, s’avère bien inhabituel et pour le moins déroutant. Le plus flagrant étant Tom Hardy, souffrant involontairement du tournage de The Dark Knight Rises que le bonhomme était déjà en cours de préparation, forçant ainsi le changement du personnage de Forrest Bondurant en cours de route. C’est sans doute pour cela que l’on trouve en lui un déphasage impressionnant par rapport aux autres personnages, et se trouve alors difficile à appréhender. C’est seulement en le replaçant dans son contexte qu’il peut s’expliquer un tant soit peu, simple, fort dans ses convictions, ayant le petit quelque chose d’un animal de foire, portant toutes ses étiquettes tel une profession de foi, c’est avec ce recul que l’on comprend la puissance du personnage bâti derrière par Nick Cave et John Hillcoat. A ses côtés, c’est à Shia LaBoeuf qu’il est permis d’avoir un rôle complet, en évolution constante, par ailleurs méconnaissable, non pas physiquement mais qualitativement, il devient alors clairement le personnage principal et le plus profond au détriment des autres.

          Jessica Chastain semble être la première à souffrir de ces priorités, alors que son rôle à jouer est indéniable au sein du film, de la vie même de Forrest Bondurant, c’est face à un cliché type du personnage féminin de western, et du cinéma en général qu’elle se retrouve mise à pied. Son seul rôle est de devenir la quelconque compagne d’un homme qui fut un peu plus qu’un simple brigand. C’est d’autant plus frustrant quand l’on voit la qualité apportée à la mise en scène de cette histoire, même si certains passages sont non sans rappeler ceux de Jesse James et le traitement du récit ayant un petit quelque chose de There Will be Blood de PT. Anderson, le film porte tout de même un ersatz d’une identité stylistique, c’est continuellement oppressé entre les personnage que l’on évolue au fil du récit, portant son dévolu à travers de nombreux gros plans introduisant une fluidité du récit impressionnante. La photo apporte aussi un contraste évident avec la violence portée à l’écran. Mais voilà, le film s’avère au final trop facile à comprendre, sans prise de risque aucune, le récit avançant à tâtons, ne prenant jamais vraiment de bifurcation imprévisible ou proposant une approche plus atypique du genre. Surtout en choisissant une telle époque, marquant la mise à pied du banditisme à petite échelle, une période sans loi, ne faisant pas bon vivre, où entre les malfrats et justiciers la distinction était encore plus floue, on était en droit de s’attendre à quelque chose de plus cru quand l’on voit le souci de réalisme donné à Des Hommes sans Loi.


          1931. Au coeur de l’Amérique en pleine prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires : Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha… Howard, le cadet, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser… Forrest, l’aîné, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.


          Un classique, c’est ce qu’aurait pu devenir Des Hommes sans Loi si le film avait été plus qu’un simple mise en scène de ce qui a et fera toujours le western au cinéma. Car malgré son manque de surprise, une réelle force se dégage de nombreuses scènes et de la diversité des quelques personnages approfondis au long du récit, cet état des lieux est tout aussi éprouvant à relever quand on se dit alors que tous les autres personnages auraient pu l’être aussi.

          Titre Français : Des Hommes sans Loi
          Titre Original : Lawless
          Réalisation : John Hillcoat
          Acteurs Principaux : Tom Hardy, Shia LaBoeuf, Guy Pearce
          Durée du film : 1h55min
          Scénario : Nick Cave
          Musique : Warren Ellis & Nick Cave
          Photographie : Benoît Delhomme
          Date de Sortie Française : 12 septembre 2012
          ]]>
          /critique-des-hommes-sans-loi/feed/ 0
          [CRITIQUE] TRUE GRIT /critique-true-grit/ /critique-true-grit/#comments Fri, 18 Feb 2011 13:04:00 +0000 /wordpress/?p=116 Les Westerns se font plutôt rares ces temps-ci (même si une grosse vague arrive avec des films comme Cowboys & Aliens). Alors en voir un de temps en temps ne nous fait pas de mal, d’autant plus si ce sont les frères Coen qui tirent les rennes. TRUE GRIT , ou si vous voulez en français “vrai cran”.

          Il s’agit avant tout d’un roman, adapté au cinéma une première fois avec John Wayne (et qui lui valut son seul Oscar), portant le doux nom de “Cent dollars pour un shérif”, puis une seconde fois sous le nom de TRUE GRIT (simplement).
          Le roman nous narre l’épopée de la jeune Mattie Ross, prête à tout pour venger la mort de son père, tué par Tom Chaney pour une quelconque et obscure histoire. Ainsi Mattie va recruter, grâce à ses talents de persuasion, le Marshal Cogburn pour traquer le tueur. Mais voilà, en même temps, Walker Texas Ranger aka laBoeuf traque le dénommé Chaney pour meurtre de sénateur. Ils n’auront comme seule solution que de travailler ensemble…

          “A Methodist and a son of a bitch!”

          Parlons acteurs tout d’abord, les valeurs sûres: : Jeff Bridges. On dirait qu’il a été ivrogne toute sa vie avec sa voix plus roque que jamais, mais le costume de Marshal lui va à la perfection! Quel que soit le rôle, il sait y faire! Et TRUE GRIT
          symbolise les retrouvailles avec les frères depuis le dégénéré The Big Lebowski. Puis il y a Matt Damon dans le rôle de LaBoeuf, un Texas Ranger vu de manière complètement dérisoire, mais attention, il montre des expressions! C’est un miracle! Serait-ce à cause du noeud qu’il s’est trimbalé sur la langue pendant la moitié du tournage ?
          Mais celle qui à le plus de mérite ici, c’est Hailee Steinfeld (Mattie Ross): pour son premier vrai film, elle assure! Elle s’est mise à 100% dans la peau de son personnage et a suivi tous les conseils des deux frères. Ce que l’on a au final, c’est une vraie révélation!

          On a à côté d’eux, une épopée forte dans un no man’s land où chaque rencontre à son importance (la rencontre avec le vieux et sa peau d’ours est simplement énorme). Qui bien sur est teintée de l’humour bien noir des deux frères toujours au rendez vous!

          La mise en scène, faut-il seulement en parler? Les frères Coen, on les connaît depuis le temps et on sait de quoi ils sont capables. A l’aide de leurs plans, de leurs choix d’angles, c’est une histoire qui prend vie et qui se démarque que l’on a face à nous.
          Les décors y sont aussi pour quelque chose, entre les grandes étendues désertiques et la ville de Fort Smith entièrement reconstruite pour le tournage, tout est favorable à notre bonheur!

          Autre point interéssant à relever, pour un western on n’y retrouve aucun.. cliché du genre (pas un saloon!). Tout est centré ici sur les personnages et leurs unicités.

          “Well, you’ll have to clamber up and look. I’m too old and too fat.”

          Dur de trouver de vrais points négatifs pour un film comme celui-ci… On peut dire que certains passages cassent le rythme narratif, quelques uns ont tendance à condenser beaucoup trop d’évènements par rapport au reste du récit.
          Après, comme beaucoup, j’ai du mettre trop d’attente dans ce film, c’est certes un très bon film, un très bon western, mais pas le meilleur Coen.

          Un très bon western! Mais pas le meilleur Coen, espérons que d’autres réalisateurs prennent exemple et relance le western et que H.Steinfeld continue sur sa lancée!

           

           

          Titre Français : True Grit
          Titre Original : True Grit
          Réalisation : Joel et Ethan Coen
          Acteurs Principaux : Jeff Bridges, Hailee Steinfeld, Matt Damon, Josh Brolin
          Durée du film : 1h50
          Scénario : Joel et Ethan Coen d’après le roman de Charles Portis
          Musique : Carter Burwell
          Photographie : Roger Deakins
          Date de Sortie Française : 23 Février 2011
          ]]>
          /critique-true-grit/feed/ 1