?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » Twentieth Century Fox http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Critique : The Sessions (Ben Lewin) /critique-the-sessions-ben-lewin/ /critique-the-sessions-ben-lewin/#comments Tue, 05 Mar 2013 19:16:24 +0000 /?p=7878 The Sessions - Affiche

Deuxième film de Ben Lewin, après la réalisation d’un court-métrage tourné à Paris il y a plus de vingt ans et mettant en scène notamment Jeff Goldblum et Jacques Villeret, puis d’un passage à la télévision, The Sessions, s’il ne fait pas énormément parler de lui en France, a visiblement conquis à la quasi-unanimité la critique américaine. En effet, il fait partie de ces films qui font beaucoup parler d’eux : multi nominé et notamment récompensé du prix du jury à Sundance, il était forcément attendu au tournant, avec tout de même cette méfiance qui accompagne ces œuvres glorifiées de partout. Adapté de l’histoire vraie de Mark O’Brien (ou plutôt de l’un des essais de ce dernier, intitulé « On Seeing a Sex Surrogate »), The Sessions s’infiltre dans la vie de cet homme condamné à vivre le restant de ses jours allongé en permanence, car paralysé par la polio. Le film ayant un potentiel mélodramatique intense, le réalisateur prend à contrepied son sujet en donnant à son personnage un objectif précis : se dépuceler. C’est ainsi que le ton vire immédiatement vers la comédie dramatique, et si ce choix est plutôt intéressant sur le papier, le résultat final manque clairement de relief et en devient finalement plus insignifiant que touchant.
Si le film s’ouvre sur des archives vidéo montrant le vrai Mark O’Brien, ce n’est pas un hasard. On le voit sur son « lit roulant », on l’entend parler, on comprend que seul son cou peut s’articuler. En faisant cela, Ben Lewin permet de justifier le jeu de John Hawkes, certes incroyablement juste, mais qui va jusqu’à imiter sa propre voix, ce qui pourra paraître pénible à la longue. Le ton est d’ailleurs immédiatement donné par le personnage, car c’est évidemment lui qui dirige tout le récit. Au lieu d’avoir une personne s’apitoyant sur son sort, Mark est un homme qui joue énormément sur l’humour et l’autodérision, comme pour échapper à son irrévocable quotidien. Et c’est là que demeure tout le problème de The Sessions : prendre un personnage en contre-emploi est une bonne idée en soi, mais il faut que le reste du film soit dans le même registre. Ici, l’intention de Ben Lewin se sent instantanément, il veut à tout prix éviter de tomber dans le mélodrame tire-larmes. Mais cette démarche est-elle si honnête que cela ? Difficile d’y répondre, car le film est constamment le cul entre deux chaises. Touchant, il l’est forcément, une histoire comme celle-ci ne pouvant pas laisser de marbre, même en évitant à tout prix le pathos. Mais il finit irrémédiablement par tomber dedans, et ce par petites touches dispersées discrètement tout le long du récit, que ce soit par la musique ou par une mise en scène plus appuyée que la normale.
L’équilibre entre humour et émotion est rarement trouvé, faute à un choix définitif du réalisateur de savoir ce qu’il désire comme sensation finale pour le spectateur.

The Sessions 1

The Sessions est somme toute assez minimaliste dans ses effets. Le réalisateur a pris le parti de dépeindre un monde finalement assez simple, à l’image du film, se contentant d’une poignée de décors, meublés et décorés du strict minimum, afin de laisser toute la place à ses personnages. Il s’enferme ainsi dans un univers qui à l’image semble protecteur et confortable, appuyé par une lumière qui paraît très naturelle, parfois tamisée, le tout dans des saisons réconfortantes qui prennent le meilleur du printemps et de l’automne. Mais ce microcosme nuit au développement des personnages, qui restent certes peu nombreux, mais dont la plupart sont réduits à de simples bouche-trous qui font irruption lorsque le récit a besoin de reprendre de l’ampleur. Même Mark n’est en définitive pas si ample qu’il le laisse paraître : son objectif ne va que peu changer au cours du film, et lorsque son esprit va s’attarder sur de nouveaux éléments (en l’occurrence, éprouver des sentiments pour son assistante sexuelle), ce sera quelque chose de déjà attendu et deviné plus tôt. Seuls deux personnages arrivent avec peine à produire réellement de la profondeur à une histoire plutôt faible. D’une part Cheryll, l’assistante de Mark, dont l’ambition et les pensées envers Mark vont évoluer en fonction de ce dernier, demeure intéressante car c’est finalement elle l’élément déclencheur d’un tout qui va mener l’aventure à son terme. D’autre part, l’utilisation à contre-emploi du prêtre s’avère plutôt maligne ; son look plutôt rocker qu’homme d’église lui confère de manière inconsciente la légitimité de devenir le confident le plus précieux du protagoniste principal.

The Sessions 2

C’est d’ailleurs à travers ces deux personnages que le film arrive à devenir un objet curieux, et ce un peu malgré lui, car il soulève des questions taboues. En effet, Ben Lewin a lui-même déclaré ne pas avoir voulu faire réfléchir son spectateur à des thèmes sociétaux, mais avant tout à raconter une histoire, et faire le spectateur s’attacher aux personnages. Le prêtre tout d’abord, en plus d’être amusant dans son image totalement détachée et improbable du rôle, s’impose tranquillement comme un vent de nouveauté au sein d’une Institution vieillissante et conservatrice. Sa relation avec Mark l’oblige en quelque sorte par acquis de conscience à voir plus loin que les règles et à agir selon sa bonne volonté. Il en est de même pour Cheryll, l’assistante sexuelle, qui relève en délicatesse le voile très trouble qu’il peut y avoir entre son métier et la simple prostitution. En aidant Mark à son éveil sexuel, elle endosse une responsabilité énorme d’un point de vue moral qui fait de sa profession quelque chose d’unique.
The Sessions se veut sans tabou vis-à-vis de la nudité : en effet, on y voit à plusieurs reprises Helen Hunt complètement nue, et sur ce point-là le film se veut mature car abordant un corps nu sans aucune fioriture, il est presque montré comme un objet divin mais pas sexuel. Et c’est aussi la limite et la maladresse d’écriture de The Sessions : il veut prouver que montrer un corps féminin n’est pas un problème au cinéma, mais n’en fait pas de même pour celui de John Hawkes. En effet, et ce paradoxalement, sous réserve du handicap, le corps de Mark n’est jamais entièrement dévoilé. Non pas qu’on ait forcément envie qu’il le soit, mais cela démontre la non-prise de risque de cette histoire certes intime, mais finalement assez insignifiante dans sa globalité.


Mark fait paraître une petite annonce : « Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenades sur la plage s’abstenir… »
L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, « comme tout le monde ».


A trop vouloir prendre ses distances avec le mélodrame, The Sessions n’arrive pas à trouver la bonne justesse de ton pour nous toucher. Il est d’autant plus dommage que les quelques questions intéressantes que le réalisateur soulève ne soient pas l’un des objectifs principaux du film, ce qui le rend globalement insignifiant.
Titre Français : The Sessions
Titre Original : The Sessions
Réalisation : Ben Lewin
Acteurs Principaux : John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy
Durée du film : 1h35
Scénario : Ben Lewin
Musique : Marco Beltrami
Photographie : Geoffrey Simpson
Date de Sortie Française : 6 Mars 2013

]]>
/critique-the-sessions-ben-lewin/feed/ 0
Critique : Lincoln (Steven Spielberg) /critique-lincoln-steven-spielberg/ /critique-lincoln-steven-spielberg/#comments Mon, 28 Jan 2013 21:00:13 +0000 /?p=7745 Lincoln - afficheLe personnage d’Abraham Lincoln a toujours fasciné bon nombre de réalisateurs : De David W. Griffith à John Ford pour ne citer que les talentueux, c’est cette fois-ci au tour de Steven Spielberg de s’approprier le 16e président des Etats-Unis d’Amérique. Les films calibrés pour les Oscars ayant tendance à décevoir, faut-il en attendre de même pour Lincoln ? Evidemment que non. L’un des plus grands réalisateurs américains qui s’attèle à l’un des mythes fondateurs des Etats-Unis, ce dernier campé par Daniel Day-Lewis, l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération, il y a matière à faire rêver.
Habitué à traiter des sujets historiques qui lui tiennent à cœur, Spielberg n’y va cette fois-ci pas de main morte : il nous offre avec Lincoln une véritable leçon d’histoire de 2h30, temps nécessaire pour brasser les quatre derniers mois de la vie du 16e président des USA.
L’époque choisie pour le film s’étalant en pleine guerre de Sécession, il était logique de s’attendre à un film de guerre, avec une grande présence de la caméra sur divers champs de bataille, ce qu’avait fait Spielberg dernièrement avec Cheval de Guerre. Et pourtant, le réalisateur donne un ton radicalement différent à son film. Ici, il n’y aura pas de batailles, la guerre physique ne sera qu’un contrechamp invisible, pour mieux saisir ce qui se passe derrière les batailles : les débats politiques.
En s’attaquant à un biopic de cette ampleur, il s’abstient d’une part d’imaginaire présente dans la plupart de ses autres films, pour ne s’occuper que de la réalité historique, ce qui est forcément passionnant, mais rebutera les plus réticents à ce cinéma.
Dès sa première apparition, l’iconisation de Lincoln est évidente. Assis sur une petite estrade au milieu d’un camp de soldats, l’homme bouge peu. Par l’immense jeu de Daniel Day-Lewis, tout en retenue, mais aussi grâce au travail de la lumière, terriblement bien sculptée, l’on a affaire à un mythe, ce président semble déjà immortel, tel une statue de marbre. Mais là où il aurait logiquement pu avoir une position condescendante et transcendée d’une entité dominant les hommes, cette scène exprime toute l’essence de ce que veut nous montrer le film : Lincoln est avant tout un homme, qui a été dressé par la suite en un mythe fondateur. Et Spielberg va nous expliquer tout au long de son récit la raison de l’acquisition de cette stature. Ce sont ces premiers plans qui posent toute la réflexion attendue : bien que déjà érigé comme personnage clé, il est pourtant au niveau des soldats. Et même mieux, il leur parle, discute et rigole avec eux comme s’il parlait avec des amis de longue date. Si le ton reste tout de même solennel et les mots réservés, le président est surtout près de son peuple, à leur écoute.

Lincoln 1

Spielberg  fait du président un homme aux faiblesses évidentes, il ose rabaisser un mythe à un niveau humain. Pourtant, il en fait un personnage très difficile à cerner dans son traitement : le propos étant assez considérable, le film se permet de jouer sur l’humour inattendu des personnages. Si  dans l’image, Lincoln est dans l’iconisation constante à chaque plan, tandis que dans ses paroles et ses actes, c’est n’est «qu’un» homme, droit, tiraillé par le pouvoir qui l’oblige à faire des choix, il est aussi identifiable comme le simili-grand-père de toute une nation lorsqu’il raconte histoires et anecdotes à ses compatriotes en besoin d’assurance.
Finalement, on en vient à se demander ce que Lincoln aurait été sans les gens qui l’entourent, car c’est grâce à eux qu’il est capable de grandes choses, il n’est rien sans le peuple à ses côtés.

Très bavard mais toujours passionnant, le film cherche à étudier en profondeur les rouages politiques qui permettront en épilogue que le 13e amendement soit finalement voté. Pas toujours évident à suivre (contrainte de temps oblige), le système d’alors montre les sacrifices à essuyer pour pouvoir arriver tant bien que mal à adopter un texte de loi qui changera à jamais le cours de l’Histoire. Mais il démontre aussi d’un autre côté le conservatisme primaire de certains politiciens, freins à un progrès indispensable dont tant de gens sont morts pour qu’il arrive un jour. Ce ne sera finalement pas tant l’esclavage qui poussera certains démocrates à adopter le XIIIe amendement, que la volonté de mettre un terme à une guerre qui n’a que trop durée. Si Lincoln a eu un rôle primordial dans ce pan de l’Histoire, il n’aura tout de même pas pu changer certaines mentalités.
Spielberg montre très peu la guerre sur les champs de bataille : il s’intéresse surtout à la politique et aux rouages du déroulement de la guerre et de l’adoption du 13e amendement, il n’y a donc ici pas de moments s’attardant sur la condition des esclaves. Ce n’est pas ce qui intéresse Spielberg (le sujet ayant déjà été traité en 1997 avec Amistad),  et l’on ne peut pas dire que ce soit une bonne idée où non, le film étant un témoignage des manigances d’un système.

Avec un casting presque exclusivement masculin, Lincoln dépeint une époque d’hommes, et que si le problème de l’esclavage va être réglé, il restera encore beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre un semblant d’égalité. Seule Sally Field se détache en tant que femme, et pourtant la femme du président apparaît comme quelqu’un d’extrêmement névrosée, comme un obstacle dans le parcours de son mari, qui pourtant lui porte un amour évident.

Lincon 02

Là où le film perd malheureusement en grandeur, c’est dans son manque d’émotions portées à l’écran. Spielberg, à défaut de casser le mythe, veut rendre son personnage avant tout humain, montré sous un angle plus sombre et parfois moins glorifié. En faisant des scènes intimes une bascule dans un récit qu’il a peur de rendre trop mou, les scènes  se voulant être chargées en émotion sont souvent beaucoup trop appuyées pour qu’elles apportent un véritable émoi. On regrette ainsi qu’il ne s’attache pas plus que cela à la cellule familiale du héros, car c’est pourtant une partie de ce qui fait la grandeur de son cinéma. On ne retrouve que quelques fragments de ces rapports, le fer de lance du cinéma de Spielberg, comme par exemple les relations père/fils difficiles, une femme aimante mais tiraillée, ne sont que survolés. Si le personnage de Lincoln, totalement occupé par son statut, n’a peut-être pas pu être assez présent pour ses proches, le scénario ne va pas forcément dans la bonne direction en adaptant ceci sur l’écran : les personnages familiaux sont distanciés du récit, les apparitions des membres de sa proche famille, trop courtes, sont là pour accentuer son rapprochement avec le peuple, mais ces scènes n’apportent pas énormément de choses en soi au récit.

Très mature et extrêmement travaillé dans ses détails, le film est jugé académique, à tort : tout est parfait techniquement, à chaque instant la mise en scène est présente pour appuyer le propos. Ainsi, la collaboration entre Spielberg et le chef opérateur Janusz Kaminski (c’est leur 13e coopération) atteint ici des sommets, la photographie est élevée au rang de chef-d’œuvre grâce à un travail tout en clair-obscur. Les personnages, tout comme les décors, semblent peints à même l’écran, la dualité des lumières transpose l’idée de tiraillement constant dans des décisions à prendre toujours plus difficiles. L’espoir est aussi au cœur des réflexions, Lincoln, même dans ses moments de faiblesse, ne s’avouera jamais vaincu, et c’est ainsi qu’un banal rayon de lumière traversant une fenêtre, ou encore une simple bougie allumée, illuminant un endroit clos et isolé de la lumière, donne tout son sens à des pointes de chaleur dans une image volontairement « poussiéreuse ». Ces lumières épousent toujours parfaitement les traits de Daniel Day-Lewis, lui-même étant probablement le choix parfait pour incarner un tel personnage. D’un charisme écrasant, l’acteur cherche avant tout à faire de Lincoln un homme présent, car même lorsqu’il se pose dans un coin du cadre, c’est avant tout son incroyable aura que l’on ressent.
La thématique du regard, toujours présente chez Spielberg, est dans Lincoln non pas synonyme d’émerveillement de l’extérieur, mais il est ici présent comme mouvement introspectif. Lincoln regarde en lui et pas seulement en face de lui, il est constamment amené à se poser des questions. Peu bavard, ses paroles sont pesées, jamais vaines.  C’est peut-être ce regard, qui paraît vide au premier abord, mais qui s’avère extrêmement puissant et lourd de sens, qui amène le personnage à méditer ses mots, à tout faire passer par sa pensée.


Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage. Cet homme doté d’une détermination et d’un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.


Spielberg surprend avec Lincoln : ici, la guerre n’est que prétexte à analyser un système politique déjà corrompu, mais pour la bonne cause. Le film, très friand en dialogues explicatifs, prend son temps afin de nous dépeindre le Président comme un homme certes puissant et important, mais qui a lui aussi ses faiblesses et sa part d’ombre. Servi par une photographie à tomber, il est par contre regrettable qu’à trop vouloir insister sur la véracité des faits, le film perd finalement en émotion.
Titre Français : Lincoln
Titre Original : Lincoln
Réalisation : Steven Spielberg
Acteurs Principaux : Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strathairn, Tommy Lee Jones
Durée du film : 2h29
Scénario : Tony Kushner, d’après l’œuvre de Doris Kearns Goodwin
Musique : John Williams
Photographie : Janusz Kaminski
Date de Sortie Française : 30 Janvier 2013

]]>
/critique-lincoln-steven-spielberg/feed/ 1
[CRITIQUE] L’Âge de Glace 4 : La Dérive des Continents /critique-lage-de-glace-la-derive-des-continents/ /critique-lage-de-glace-la-derive-des-continents/#comments Tue, 12 Jun 2012 09:03:11 +0000 /?p=5055 Certaines séries à rallonge ne font que s’enfoncer peu à peu dans un principe d’idées prolongées sans grand intérêt, le tout étant de trouver simplement une nouvelle histoire un tant soit peu crédible pour relancer un nouveau public sur une franchise qui fonctionne déjà. Mais heureusement, après deux volets franchement peu entrainants, et un dernier ne laissant de bons souvenirs que sur notre cher Scrat et un personnage secondaire, L’Âge de Glace 4 : la Dérive des Continents se rattrape avec brio là où beaucoup se seraient écrasé avec majesté. Alors oui, ce volet n’est pas exempt de défauts, loin de là, mais il a le mérite d’apporter une incroyable fraicheur après les aléas maladifs du troisième épisode. Afin de partir avec le plus de chance possible sur cet épisode, on recommence tout et on change l’équipe, les producteurs de la série (Carlos Saldanha entre autres, qui était aux commandes des deux précédentes aventures) ont eu la bonne idée de faire appel à deux nouveaux réalisateurs : James Palumbo et Mike Thurmeier, respectivement réalisateur et directeur de l’anim sur Horton, les deux se connaissent déjà donc, et ne sont pas étrangers au monde de L’Age de Glace, le second ayant co-réalisé l’épisode précédent et scénarisé le premier. On trouve aussi avec un peu plus d’étonnement David Ian Salter, monteur ayant contribué sur des films tels que Toy Story 2 ou encore Némo.

Le scénario part sur une base habituelle, qui a fait la patte de la saga : revisiter un événement préhistorique tout en accusant Scrat d’en être la cause, comme d’accoutumé. Cette fois-ci c’est de la dérive des continents qu’il s’agit - comme son titre l’insinue avec subtilité - un scénario somme toute plutôt banal, mais qui apparemment n’a pas été infranchissable pour nos deux réalisateurs qui semblent avoir eu plus d’ambition que leurs prédécesseurs.

A partir de cette petite histoire, Palumbo et Thurmeier nous amènent loin, bien plus loin que tous les autres épisodes. Loin de prendre la grosse tête, ces derniers entament leur épisode de la même manière que l’ont toujours été fait les autres, Scrat est introduit, et c’est l’hécatombe. Certes, ils ne peuvent empêcher l’existence de personnages secondaires totalement inutiles et surtout totalement dispensables, ainsi que les scènes qui en découlent, notamment toute la première partie du film où l’on retrouve Manny et sa fille (l’introduction même du personnage de Louis ne s’explique pas tout au long du film, les rares instants où le personnage semble prendre un ersatz d’importance sont bien trop brefs pour être appréciés). Mais cela n’empêche pas nos deux réalisateurs de nous offrir de véritables scènes de bravoure, grâce à un parti pris stylistique et une volonté de rattraper les lacunes de mise en scène qu’avaient transportés les précédents épisodes. Là où une mise en scène sobre était de mise, nous voilà face à une œuvre clairement sevrée par le cinéma pop-corn mais aussi moins récent, une certaine référence d’un certain film avec Mel Gibson est loin de passer inaperçue, alors qu’au même instant divers autres hommages sont dévolus aux genres cinématographiques qu’ils abordent.

Et le reste de l’équipe a fait un travail remarquable pour appuyer cette réalisation, mettant de coté plus ou moins volontairement les personnages cités plus hauts, de base voués à une existence quelconque – les beaufs à crête mammouth – ils s’investissent d’avantage dans des personnages avec un plus grand potentiel humoristique dans ce véritable chaos. L’apparition du personnage de la grand mère de Sid, doublé originellement par Wanda Sykes, et de Gutt le primate pirate doublé par Peter Dinklage, sont de véritables trouvailles approfondies à travers des passages et des instants qui leurs sont propres.

L’Âge de Glace 4 : La Dérive des Continents ne s’arrête pas là, après toutes ces bonnes choses, c’est le travail de David Ian Salter qui prend place peu à peu au fil du récit, si il est évident qu’un tel travail de mise en scène peu facilement amener un fil narratif brouillon et peu clair, son travail sur le rythme et la cohérence des plans est affolant. Nous sommes pris de part et d’autre du récit sans un instant de répit, du délire par ci, du délire par là, encore une fois coupé par quelques scènes dont on se serait habilement passé, la crise d’ado n’est, ici, pas ce qui aurait du être mis en parallèle à la trame principale. Tout au contraire, Scrat prend et gagne en présence, bien sûr toujours au second plan, mais constamment présent, et au final, véritable ancre du récit, car si pour la troupe principale l’histoire prend vite la forme d’une survie en haute mer, pour Scrat il s’agira d’une odyssée l’amenant à croiser des canons de l’art et du cinéma.

Loin de se présenter comme un message d’espoir humaniste comme avait pu le faire Happy Feet 2, il n’empêche qu’une joie de vivre certaine et inéluctable déteint sur nous au fil du récit, semblerait-il que les films d’animations se soit passés le mot. Non pas au tour de l’amitié et du travail en équipe, étrangement peu présents tout long du film, mais sous la forme d’une petite ode en l’espoir, et celui qui nous l’introduit est paradoxalement Sid, qui, de manière candide et naïve dit : - Ma mère m’a dit une fois que les mauvaises nouvelles étaient simplement de bonnes nouvelles déguisées -. Il est évidement inutile de revenir sur l’humour du film, totalement maitrisé et contribuant constamment à dresser notre sourire sur le coin de la figure.

L’Âge de Glace 4 : La Dérive des Continents s’en sort donc avec brio, loin de se plonger dans une énième suite comme on aurait pu s’y attendre, ce quatrième opus nous propose une solution plus que viable, qui in fine, malgré de sérieux défauts de scénario, amène cet épisode en première place face à tous ceux qui l’on précédé.
Titre Français : L’Age de Glace 4 : La Dérive des Continents
Titre Original : Ice Age 4 : Continental Drift
Réalisation : Steve Martino, Mike Thurmeier
Acteurs Principaux : Ray Romano, Denis Leary, John Leguizamo
Durée du film : 01h34min
Scénario : Michael Berg, Mike Reiss, Jason Fuchs
Musique : John Powell
Date de Sortie Française : 27 Juin 2012
]]>
/critique-lage-de-glace-la-derive-des-continents/feed/ 1
[CRITIQUE] Prometheus /critique-prometheus/ /critique-prometheus/#comments Wed, 30 May 2012 16:05:42 +0000 /?p=4786 Prometheus, l’un des films les plus attendus de cette année 2012, avait placé les attentes très haut. Et pour cause, il annonçait le retour de Ridley Scott d’une part à l’univers d’Alien, et d’autre part son rattachement à la science-fiction, genre qu’il avait mis de côté il y a maintenant une trentaine d’années avec Blade Runner. Mais plus que le fait de renouer avec ce que le réalisateur faisait si bien, l’excitation des spectateurs venait surtout du fait que le film a été bombardé d’événements marketing tels que des bandes annonces amples et intenses qui laissaient présager de grandes choses. Mais ce teasing incroyable laissait tout de même craindre un résultat final en deçà, et ce qui était finalement à craindre est arrivé.
Même si les déceptions sont en partie dues à la forte attente des spectateurs, le film possède quand même certains défauts, surtout du point de vue de sa position : suite, prequel, reboot, nouvelle mythologie dans le même univers qu’Alien ?

Après une introduction à la fois distante et absolument grandiose, qui commence déjà à soulever un premier mystère et prête à remettre en cause la théorie de l’évolution, le film démarre lentement en essayant de mettre en place l’univers et ses personnages. C’est donc sur les origines de la vie sur Terre que va s’instaurer l’intrigue. Embauché par la mystérieuse société Weyland, l’équipage se rend sur une planète inconnue pour « répondre » à l’invitation ancestrale d’une civilisation inconnue, recomposée suite à de nombreuses découvertes archéologiques sur terre.
Prometheus, traitant de l’immensité de l’univers, va pourtant se trouver spatialement partagé entre deux lieux clos et non distants. S’il y a une ambiance pesante et inquiétante tout le long du film, celle-ci semble malheureusement ne jamais aboutir. Le calibrage choisit pour surprendre semble ne pas avoir été le bon, et même dans un semblant de huis-clos, on met du temps avant de craindre réellement le futur des personnages.

Avec entre autres Damon Lindelof au scénario, Prometheus souffre avant tout de certaines lacunes d’écriture. Ouvrant trop de pistes dès le début, tout en en résolvant d’anciennes dans un même temps, il n’y a finalement pas cette impression d’avancement dans l’histoire. Et en instaurant systématiquement de nouveaux mystères (il ne semble pas s’être remis de son passage sur la série Lost), il en oublie ses personnages. L’entrée en matière du vaisseau annonce 17 membres d’équipage, l’espace confiné du film laisse la possibilité de tous les montrer, mais seulement la moitié d’entre eux apparaît à l’écran. Et finalement, très peu de ces personnages sont suffisamment développés, hormis Noomi Rapace qui, si elle n’aura pas l’envergure et la symbolique que pouvait avoir Sigourney Weaver à l’époque, offre un jeu subtil entre passion et violence incroyable, notamment dans une stupéfiante scène clé du film.
En introduisant aussi un androïde dans l’équipage (troublant Michael Fassbender, dans la continuité de Bishop et Ash), Ridley Scott esquisse sa vacillation entre une nouvelle saga s’affranchissant des codes antérieurs, et l’univers d’Alien qu’il semble somme toute ne pas vouloir lâcher, le robot étant devenu au fil du temps un des emblèmes de la saga.

Annoncé probablement à tort comme un prequel à l’Alien de 1979, le résultat final est quelque peu déconcertant. En effet, ce qui aurait pu passer pour de l’hybride se révèle être une véritable hésitation : même si les enjeux ne sont pas les mêmes, Prometheus adopte un schéma narratif semblable.
Mais comparer ces deux films pour autre chose que des repères spatio-temporels, même si cela semble inévitable, serait maladroit. Si le film a effectivement injustement été vendu comme une véritable fondation des origines du mythe (le réalisateur n’a pas voulu que son film soit jugé comme tel), ce dernier nous offre un spectacle incertain de bout en bout quant à son but recherché. Le scénario ne sachant pas quel parti prendre, on n’arrivera jamais à vraiment distinguer le vrai du faux, à savoir si la volonté de Scott et Lindelof est de se détacher réellement du film qui a lancé la mythologie ou non.

Si l’indécision scénaristique se fait malheureusement grandement ressentir, le travail de Ridley Scott sur la mythologie massive qu’il avait instaurée il y a déjà plus de 30 ans reste bluffant, les travaux de Giger s’expriment ici totalement, même si ne fois de plus, la symbolique y est moins forte.
Du point de vue de la technologie, le film se passant avant Alien, géré la chose est très bien gérée puisque sont mises au point des machines bien moins évoluées que celles que l’on voit dans le film de 1979, il y a des dysfonctionnements qui présagent les progrès futurs. Mais cela reste dans un même temps paradoxal, car on se souvient du Nostromo comme étant un vaisseau à la fois monumental et pourtant sale, retapé de partout avec les moyens du bord. Ici, le vaisseau Prometheus, s’il est certes assez superbe, est beaucoup trop léché, presque trop parfait pour une époque censée être antérieure.

Mais ne gâchons pas notre plaisir, tout en étant décevant, le film reste tout de même un superbe film de science-fiction, abstraction faite du package « Alien » qu’il traînera forcément derrière lui.
Ridley Scott a toujours soigné l’esthétique de ses films, y prêtant parfois plus attention qu’à ses acteurs, et il ne déroge pas à la règle. L’identité visuelle, sublime, est très marquée. Le travail du directeur de la photographie est mémorable car il parvient à utiliser dans la pénombre dominante des teintes de couleurs incroyables, variant du rouge au vert, en passant par le bleu, tout en étant justifié à chaque fois.
Les effets spéciaux, prépondérants dans le film, et contribuant énormément à l’effet visuel du genre que touche Prometheus, relèvent presque de la démonstration technique tant ils en mettent plein la vue, ce qui finalement est assez rare pour être souligné.

S’il est parfois maladroit sur ce terrain-là, le film reste néanmoins captivant lorsqu’il se met à se poser des questions universelles telles que les origines de la vie et des relations humaines. Cela mène forcément à quelques immenses séquences de science-fiction, effrayantes dans les thèmes et les conséquences qu’elles soulèvent.
En tous les cas, si toutes les questions soulevées n’ont pas été suffisamment abordées, Prometheus ouvre de nouvelles pistes qui seront probablement plus fouillées dans une suite qui, espérons-le, se targuera d’avoir un univers visuel et fantastique aussi riche que celui-ci.

S’il ne sera forcément pas le choc espéré par beaucoup, Prometheus est finalement à double tranchant : Ridley Scott divague et hésite systématiquement à en faire une nouvelle saga, ou bien de le destiner à être un prolongement de cet univers fascinant qu’il avait lui-même instauré.
Abstraction faite de la mythologie qu’il laisse derrière lui, le film ne transcende rien, mais reste tout de même un spectaculaire voyage de science-fiction au milieu d’un cadre à l’esthétique saisissante et soignée.

Prometheus – Bande-Annonce VOST by PixAgain
Titre Français : Prometheus
Titre Original : Prometheus
Réalisation : Ridley Scott
Acteurs Principaux : Michael Fassbender, Noomi Rapace, Charlize Theron, Idris Elba
Durée du film : 02h03min
Scénario : Damon Lindelof, Ridley Scott, Jon Spaihts
Musique : Marc Streitenfeld
Photographie : Dariusz Wolski
Date de Sortie Française : 30 mai 2012
]]>
/critique-prometheus/feed/ 0
[CRITIQUE] Nouveau Départ /critique-nouveau-depart/ /critique-nouveau-depart/#comments Tue, 17 Apr 2012 21:57:52 +0000 /?p=3971 Nouveau Départ est typiquement le genre de film qui risque de ne pas être apprécié ni jugé à sa juste valeur à sa sortie. Pourquoi ? Parce que si l’on va le voir avec ne serait-ce qu’une once de cynisme, il est certain de ne pas être touché par l’histoire. Mais cela va sans prendre ne compte le fait que Cameron Crowe se trouve derrière la caméra, car celui-ci s’impose comme un formidable conteur. En effet, le film ne s’apprécie qu’en acceptant le postulat de base : un père, chargé de ses deux enfants, est en deuil après avoir perdu sa femme. N’arrivant pas à passer à autre chose, il décide de quitter son quartier pour racheter un zoo d’apparence minable.
Adapté d’un roman lui-même inspiré d’une histoire vraie, ce pitch, assez improbable, va malheureusement rebuter les plus terre-à-terre, mais à partir du moment où l’on adhère à l’histoire telle qu’elle est, il n’y a aucune raison de ne pas être transporté par la force émotionnelle du  pan de vie de cette famille, parfois difficile, et qui va tout mettre en œuvre pour se reconstruire.

Nouveau Départ fait partie de ces films qui, au lieu d’être d’un dramatisme absolu, jouent la carte du feelin’ good, et parviennent à émouvoir tout en nous laissant le sourire aux lèvres.
Alors oui, le film n’est certainement pas exempt de défauts : il est pavé de bons sentiments, de stéréotypes tels que la romance chez un adolescent qui ne trouve pas sa place dans sa famille, la perte d’une figure maternelle, le père qui s’en veut, etc… Mais ces défauts évidents font aussi paradoxalement la force du film, et n’en sont finalement plus, tant Crowe les retourne en sa faveur. On les oublierait presque, pour peu que l’on joue le jeu.

Le film dessine, autour d’une histoire difficile à vivre pour ses personnages, une sorte de monde en quelque sorte « parfait » dans le sens où tout est vu du bon côté de la chose, de manière sans cesse optimiste. Ce monde s’apparenterait presque à du fantastique, et la présence d’animaux aidant fortement à renforcer le sentiment de bonne humeur. Même dans la douleur, on se sent quelque part avec les personnages, ils se sentent bien malgré leurs souffrances face à la nature qui les entoure, et finalement, peu importe que le dénouement se dessine vite.
Si Cameron Crowe sort ses énormes sabots à coups de gros plans aussi bien sur ses acteurs que sur les animaux du zoo, son tour de force réside dans le fait qu’il assume complètement son côté guimauve. Ainsi, il maîtrise parfaitement son mélo car, même avec des ficelles plus qu’énormes il parvient à émouvoir et à rendre son récit palpitant, même s’il n’est pas spécialement subtil. Les défauts du film en font donc aussi sa force, et si certains n’y verrons que de la niaiserie de bas-étage, d’autres la verrons transcendée.

Toujours proche de ses personnages, le réalisateur inspecte leurs ressentis, mais sans toujours le montrer. Il prend comme protagoniste principal un père souffrant énormément de la perte de sa femme, et dont ses motivations sont assez floues tout du long. Il est implicitement montré qu’il tente d’oublier sa vie passée, en tirant un trait dessus pour en recommencer une nouvelle. Mais est-ce qu’acheter un zoo était finalement une bonne idée pour lui ? Crowe y répond en mêlant tout aussi bien du courage que de l’ignorance et de la folie dans les décisions de cet homme. A travers lui, Nouveau Départ traite habilement du deuil et de ce qu’il peut entraîner comme agissements chez les personnes touchées par la perte d’un être cher. En abordant le thème de la seconde chance, il va faire prendre un « nouveau départ » à son personnage, en le faisant se reconstruire comme il va reconstruire son zoo.

Accompagné d’un casting somptueux, avec notamment des enfants craquants, Matt Damon confirme son talent. Il s’avère être impressionnant de justesse dans ce rôle de père de famille bouleversé de l’intérieur. Ce qui aurait pu être un type banal est transcendé par l’acteur en un homme doté d’un courage hors du commun qui donne au film un souffle de joie et d’émotion incroyable.
Aidé par une des plus belles et entêtantes BO de ce début d’année, celle qui met la boule à la gorge tant elle épouse merveilleusement bien le récit, le réalisateur en rajoute une couche avec les animaux. On y découvre ce concept étrange qui fait que lorsque les humains sont proches des animaux, on se retrouve presque face à des scènes intimes où un acteur va se retrouver à parler à une bête, et va tout de suite se sentir mieux. Il les dresse même au rang de personnage à part entière en mettant en parallèle l’acceptation d’un animal malade en fin de vie, à la perte de la femme du héros, et au fait qu’il doive tirer un trait dessus, passer à autre chose.
Enfin, en parlant de la femme du héros tout du long du film s’en jamais vraiment s’y attarder volontairement, Cameron Crowe nous assène un coup fatal dans son dénouement où tout prend son sens, et l’on aura beau cracher sur sa soi-disant mièvrerie, il parvient à nous arracher tout de même une petite larme, avec le sourire en prime.

Cameron Crowe aime ses personnages un peu maladroits, mais agréables : il se dégage ainsi de Nouveau Départ l’impression qu’il veuille les aider, tout plein de bonnes intention qu’il est. Il joue donc avec eux comme avec des poupées, les fait se rencontrer, et à travers ses yeux naît une belle histoire, qui, si elle montre quelques petits défauts, sait clairement se faire apprécier et s’avère terriblement efficace émotionnellement parlant. Un petit bijou qui se dévore avec grand plaisir tant il fait chaud au cœur.
Titre Français : Nouveau Départ
Titre Original : We Bought a Zoo
Réalisation : Cameron Crowe
Acteurs Principaux : Matt Damon, Scarlett Johansson, Elle Fanning, Thomas Haden Church
Durée du film : 02h03min
Scénario : Cameron Crowe et Aline Brosh McKenna, d’après l’oeuvre de Benjamin Mee
Musique : Jonsi
Photographie : Rodrigo Prieto
Date de Sortie Française : 18 avril 2012
]]>
/critique-nouveau-depart/feed/ 2
[PREVIEW] Présentation Prometheus /preview-presentation-prometheus/ /preview-presentation-prometheus/#comments Fri, 13 Apr 2012 00:34:15 +0000 /?p=3897 Étaient présents ce mercredi 11 avril Ridley Scott, Charlize Theron, Michael Fassbender et Noomi Rapace à Paris pour la présentation d’extraits d’une quinzaine de minutes de Prometheus.
Il est toujours difficile d’accepter de visionner des extraits d’un film attendu, d’une part car l’attente sera encore plus longue avant de pouvoir regarder le produit final, et d’autre part car cela gâche forcément l’effet de surprise et de découverte d’un film dans son intégralité. Mais la question ne s’est pas posée lorsque l’on a su qu’était invitée l’équipe du film : pouvoir rencontrer et débattre avec ces grands du cinéma est en quelque sorte l’aboutissement d’un rêve.
Prometheus
, qui arrive le 30 mai sur nos écrans, est sans aucun doute l’un des films les plus attendus de cette année. Et cela, l’équipe marketing l’a bien compris : le film profite d’un teasing carrément incroyable et habilement mené qui fait trépigner d’impatience tous les fans.
Les extraits présentés, en 3D, n’étaient pas de simples rushs montés à la va-vite, mais bel et bien un véritable montage de 17 minutes orchestré et validé par Sir Ridley Scott lui-même. Cela a permis de se faire une idée de ce que le réalisateur veut ou non dévoiler, et il faut avouer que l’aperçu est véritablement impressionnant, et donne on ne peut plus envie de voir le film en intégralité. Le choix du teasing est assumé jusqu’au bout, et même si le mystère reste entier, ceux qui veulent rester neutre de tout avis peuvent arrêter la lecture, quelques petits détails pouvant être dévoilés.

On rappelle que Prometheus sera un prequel à Alien premier du nom, et que cette fois-ci le film aura une première partie se déroulant sur Terre. En effet, on apprend que tout débute par une série de découvertes archéologiques qui vont aboutir à l’envoi sur la planète LV-223 d’une équipe de 17 personnes. Et, pure hypothèse en connaissant la saga, on imagine bien que tous ne vont pas s’en sortir vivants. Le voyage dans l’espace, pont entre la Terre et la fameuse planète inconnue, semble aussi occuper une place importante du film, tout comme il l’était dans Le Huitième Passager. Et finalement, le schéma de Prometheus semble assez similaire au film de 1979 dans le périple que vivent les scientifiques, mais qui réserve sans aucun doute son lot de surprises qui pourraient en faire un nouveau grand film de science-fiction.

Par exemple, les phases de réveil après une période extrêmement longue de sommeil ressemblent à celles que l’on connaît déjà, à la différence près qu’elles sont beaucoup plus difficiles physiquement, puisque l’épisode se passe avant, et que la technologie est forcément moins avancée. Ce sont sur des petits détails comme celui-ci que le film va prouver que la mythologie créée par Ridley Scott est travaillée de fond en comble et que rien ne sera laissé au hasard. Du détail, passons au grandiose, avec enfin de véritables images du vaisseau, qui est tout bonnement impressionnant, tout en apparaissant paradoxalement ridicule dans l’immensité de l’espace, puis en reprenant de l’ampleur lorsqu’il se pose sur la planète encore jamais foulée par les humains.

Du côté des acteurs, on apprend très tôt que Michael Fassbender est un androïde : Scott dit lui-même qu’il n’a pas voulu en faire un mystère, et qu’il le dévoile dès ses premières apparitions dans le film, lors d’une scène avec un Guy Pearce vielli. Et effectivement, on s’en rend vite compte en le voyant marcher, presque mécaniquement, dans les couloirs du vaisseau, le visage à la fois étrangement inexpressif et ouvert. Charlize Theron quant à elle incarne une nouvelle (ancienne ?) femme forte dans cet univers ayant déjà connu la formidable Ellen Ripley. Son caractère apparemment impulsif promet surement des moments de tension.
Mais Prometheus est tout de même un film à part entière, même s’il évolue dans l’univers d’Alien. Le réalisateur confie ne pas avoir pleinement apprécié les 3 autres volets d’Alien, car ils ne répondaient pas à la question pourtant primordiale qui est celle de savoir les origines du Space Jockey. Encore une piste et un mystère de plus qui en disent long sur les idées qu’il a en tête.

Pour sa première fois, Ridley Scott a choisi de tourner son film directement en 3D, et on le ressent à travers le quart d’heure de claque visuelle qu’il nous a mis. Que ce soit dans les paysages montagneux terrestres, l’immensité de l’espace, ou les grandes étendues de LV-223, la profondeur est incroyable, la qualité d’image absolument parfaite, sans pour autant qu’elle ne soit assombrie, bien au contraire.
Le réalisateur sait exactement ce qu’il veut, joue avec nos nerfs comme jamais grâce à un teasing de folie, et si le film s’avère être à l’image de la puissance de ces extraits, Prometheus promet d’être un très grand film.

]]>
/preview-presentation-prometheus/feed/ 0
[CRITIQUE] Titanic 3D /critique-titanic-3d/ /critique-titanic-3d/#comments Sun, 01 Apr 2012 20:51:58 +0000 /?p=3677 James Cameron est un homme de défis. Derrière ses talents de réalisateur se cache quelqu’un de passionné par ce qu’il fait, à tel point qu’il a réussi à révolutionner en de nombreux points le cinéma. Avatar en est l’exemple le plus exploité, d’une part par le fait qu’il ait réussi à devenir le plus gros succès du box office mondial, mais surtout car il a porté la technique de la motion capture au goût du jour.
Mais il y a quinze ans déjà, Cameron réalisait ce qui est devenu un autre phénomène d’une ampleur tout aussi incroyable, à savoir Titanic.

On entend déjà venir de loin les faux puristes et leurs gros sabots, défendant un cinéma soit-disant authentique, et crachant tout leur venin sur ce qu’ils estiment n’être qu’une ressortie purement commerciale. Abaisser la ressortie en 3D de ce chef d’oeuvre à une démarche exclusivement marchande est une erreur, car même s’il y a forcément un peu de ça, le réalisateur confie d’ailleurs lui-même que Titanic était destiné à être converti et que ce n’était qu’une question de temps. Son défi est donc avant tout un challenge artistique qui n’est pas exempt de risques : comment respecter l’oeuvre d’origine tout en lui apportant une nouvelle dimension, qui doit être de qualité pour être efficace ?
Bien plus qu’une simple conversion, les moyens ont été mis pour obtenir ce qu’il voulait. Le passage à un master numérique semblait obligatoire, une remasterisation étant indispensable à la qualité voulue pour la 3D, et c’est une totale réussite, que l’on ressent dans la version finale, car il ne faut pas oublier que l’on parle d’un film vieux de quinze ans.

A la vision du film, ce qui est étonnant est que, tout en sachant la date de sortie initiale du film, on est transporté par l’accomplissement technique, tant et si bien que l’on se croirait devant une production toute récente. Mais la véritable réussite réside dans le fait que la conversion en 3D de Titanic arrive au niveau d’un film directement tourné sous cette forme aujourd’hui. Le film est donc une nouvelle perle rare guidant nos yeux émerveillés au milieu de tous les produits mercantiles et sans aucun intérêt qui envahissent de plus en plus nos écrans (Lucas pour ne citer que lui, son “travail” sur La Menace Fantôme se rapprochant de celui de Cameron sur le seul point qui est que ces deux films ne sont pas récents). Car en voulant convertir son film, James Cameron a pris des risques (d’autant plus qu’il a très vite acquis son satut mérité de film culte, voire même phénomène) à l’heure où la quasi totalité des conversions en 3D en post-production s’avèrent être des catastrophes plus qu’autre chose. Et finalement, l’impression qui s’en dégage nous force a croire à juste raison que Titanic a été tourné en 3D, et ce sans qu’il n’ait pris une ride en quinze ans
Le réalisateur s’est impliqué de bout en bout sur la conversion, après tout, quoi de mieux que son regard pour diriger les travaux, et on le ressent tout du long de la vision du film. Titanic 3D, c’est des chiffres aussi hallucinants que ceux qu’il a engendré à sa sortie : 60 semaines de travail, 300 personnes actives, un  budget de presque 20 millions de dollars pour en arriver au résultat final. Et ce dernier est incroyable : c’est à ce moment là que l’on ressent les effets du nettoyage du film afin de le rendre totalement compatible à l’abordage d’une nouvelle dimension : la profondeur, préservée, est impressionnante de réalisme et favorise d’autant plus l’immersion et le sentiment de grandeur qui en découle. Les contrastes, parfois poussés, sont gardés, sublimés, et ne perdent en aucun cas en éclat. Les sombres restent sombres, sans changement, et les séquences plus exposées vont de même, il n’y a aucun assombrissement à déplorer comme on a la mauvaise habitude d’en voir dans des conversions ratées.
Tout dans le film paraît on ne peut plus naturel, l’immersion est parfaite. On plonge dans le film, on prend place sur le navire, on se prend clairement au jeu en ayant l’impression de faire partie du voyage inaugural de ce paquebot déclaré insubmersible, de cohabiter avec tous ces personnages, et c’est la que la 3D remplit entièrement son contrat, à savoir se faire oublier sans pour autant qu’elle disparaisse, et fait passer les trois longues heures et quart du film à une vitesse incroyable.

Les émotions sont ainsi décuplées. Si la musique apporte énormément sur ce film, les séquences intimistes dans des lieux resserrés, aux couleurs chaudes, offrent un ressentit d’autant plus réconfortant et privé avec du relief. Les détails gagnent en ampleur, rien n’est laissé au hasard, et ce sont ces petites attentions qui démontrent à chaque plan la grandeur du projet.
Titanic 3D va définitivement devenir l’exemple a suivre en termes de reconversion, ce qui pourrait bien devenir assez vite a la mode connaissant l’industrie cinématographique et ses changements actuels.
Cela permet de (re)découvrir le film en salles, et surtout dans une nouvelle dimension qui n’est absolument pas négligeable. Amusant lorsque l’on sait que la dernière ultime expérience visuelle sur grand écran remonte au dernier film en date du bonhomme, comme quoi…

Quant au film en lui-même, il n’a évidemment pas changé. Ce grand classique hollywoodien comme il n’en existe plus renaît totalement. Tout en contrastes, Cameron met en parallèle un Jack certes pauvre mais libre de faire ce dont il a envie, et une Rose issue d’une bonne famille, mais destinée à rester dans son “clan”. Des soirées intellectuelles de la bourgeoisie aux danses irlandaises enflammées, les parallélismes permettent de renforcer l’aspect impossible de leur amour. Et lorsque les deux se mélangent, cela aboutit à l’une des plus belles histoires passionnelles que l’on ait pu voir au cinéma, d’une fausse niaiserie dans ce qu’il y a de plus noble. Cette rencontre impossible est émotionnellement poignante et devient le point central du récit dans un décor de rêve, presque surréaliste, ce monde flottant où Jack se voit “maître du monde”. Pour rendre le duo d’autant plus attachant, les scènes intimes s’enchaînent, certaines devenant même gênantes, à la limite du voyeurisme; aspect d’ailleurs parfaitement renforcé par la 3D. La liberté dont va jouir ce couple naissant va permettre de ne rendre que plus efficace le final, redouté mais malheureusement inévitable, sommet d’émotion.

Le mélange entre la catastrophe qui n’épargne personne et l’histoire d’amour qui se développe entre deux personnages antagonistes, ajouté au postulat de base qui oppose sèchement deux mondes totalement différents , qui même dans cet espace confiné qu’est le paquebot vont devoir se côtoyer,c’est cela qui fait tout le charme de Titanic, et en fait un grand film classique.
Car même après toutes ces années, il garde toujours autant de sa superbe, l’émotion y est toujours aussi puissante. Ce qui paraissait extraordinaire en termes techniques à l’époque l’est encore quinze ans plus tard, même certains effets spéciaux vieillissants gardent de leur charme.
Titanic fait partie de ces films qu’on ne se lasse pas de revoir lorsqu’on les apprécie. Et ici, avec cette nouvelle dimension,  jamais on ne s’est senti aussi proche du couple. Le sentiment de modestie que l’on éprouve face à l’immensité du paquebot est plus que jamais renforcée, les couloirs n’ont jamais parus aussi longs que lorsque Kate les parcoure dans le navire sombrant, on se sent plus que jamais aussi gêné que Jack lorsqu’il s’essaie à dessiner sa promise. Et ce sont toutes ces petites choses là, assemblées bout à bout, qui font de Titanic un grand film, et de la conversion un atout majeur et indispensable.

James Cameron continue à émerveiller en convertissant en une 3D absolument parfaite son film phénomène. Titanic devient donc le pionnier de la conversion et servira à coup sûr de cas d’école. Courez le voir, c’est une merveille.
Titre Français : Titanic
Titre Original : Titanic
Réalisation : James Cameron
Acteurs Principaux : Kate Winslet, Leonardo Dicaprio, Billy Zane
Durée du film : 3h14
Scénario : James Cameron
Musique : James Horner
Photographie : Russell Carpenter
Date de Sortie Française : 7 janvier 1998 / 4 avril 2012 (version 3D)
]]>
/critique-titanic-3d/feed/ 3
[CRITIQUE] Target /critique-target/ /critique-target/#comments Sun, 18 Mar 2012 16:56:34 +0000 /?p=3517 McG sait s’y faire en matière de réalisation de films dits « grands publics ». Après s’être fait une renommée de réalisateur assumant son côté fun et déjanté avec sa revisite en deux volets de la série des Drôles de Dames, il a depuis tracé son chemin avecle décrié Terminator Renaissance en 2009. Pas toujours adulé, mais pourtant certainement doué dans ce qu’il fait, ses films s’assument totalement, et ce jusque dans les castings, où l’on retrouve toujours de grands noms. En confiant les plantureuses Cameron Diaz, Drew Barrymore et Lucy Liu au mystérieux Charlie, puis en propulsant Christian Bale et Sam Worthington dans son Terminator, il ne déroge pas à la règle avec Target.
Mais cela réussit-il à faire de ce film un divertissement de sa trempe, comme un retour aux sources ? Réponse avec beaucoup de oui et un peu de non.

Target se résume comme l’histoire de deux agents secrets opérant ensemble, et se trouvant être meilleurs amis à la ville. A priori, rien ne semble pouvoir les séparer l’un de l’autre, jusqu’au jour où ils découvrent qu’ils fréquentent et séduisent la même femme, Lauren. Et c’est sur ce postulat que repose et que va se développer le film. Ce qui semblait être un problème pour les hommes, à savoir faire des choix qui pourront briser leur amitié, va s’avérer en être aussi un pour Lauren, qui va elle aussi se trouver face à un dilemme.
Target est le prototype même du film de pur divertissement qui s’assume. Pour attirer un large panel de public, il se trouve être un mélange d’action avec ces deux héros qui vont déployer tout un arsenal de plus en plus improbable pour arriver à leurs fins, et de comédie romantique avec la fameuse « prétendante » dont la vie sentimentale semble être une catastrophe, et qui se voit obligée de demander des conseils peu avisés à son amie nymphomane.
Tuck et FDR, les deux protagonistes qui avaient tout en commun, vont petit à petit mêler vie privée et vie professionnelle afin d’atteindre leur but, à savoir conquérir cette femme. L’évolution des rapports entre eux deux est intéressante, car tout en restant enfantine tout du long, l’ambiance va passer de la confrontation bon-enfant à une guerre sans merci. Après tout, McG filme ici un rêve de gosse, celui de devenir un agent secret et de pouvoir faire tout ce qui n’est pas permis en temps normal, avec en plus tout un tas de gros jouets à disposition. C’est donc logiquement que l’on se retrouve à regarder la surenchère dans les moyens de persuasion déployés avec des yeux d’enfant, et même si certains raccourcis scénaristiques sont parfois un peu faciles, le tout remplit parfaitement sa fonction de divertissement.

Même si la plupart des situations donnent dans une démesure graduelle au fur et à mesure que l’histoire avance, l’ensemble reste assez crédible et cohérent, connaissant les moyens extraordinaires qui sont mis à disposition des deux agents. Ainsi, même si leur métier leur impose de ne montrer aucune faiblesse, McG tente de s’intéresser au côté plus « humain » de ses personnages, de découvrir leurs faiblesses. Si cette  idée a déjà été vue et revue sur le papier, elle s’avère tout de même efficace, et convient parfaitement à l’image purement divertissante du film.
Target est aussi un simple mais efficace mélange de film d’action et de comédie romantique, dans lequel chacun des personnages s’apparente à un genre, même lorsque ceux-ci se rencontrent. Après un démarrage un peu poussif et réchauffé, Target se lance enfin et réussit, sans que ce soit révolutionnaire, à ne pas s’enfermer dans un seul des deux genres qu’il cherche à explorer, et le mélange des deux se trouve être assez maîtrisé.
Dans l’optique de la distraction poussée à bout, McG a su s’entourer d’un casting millimétré, avec un groupe de stars en poupe et reconnues pas le public. On retrouve ainsi un trio d’acteurs au physique parfait en toutes conditions, ainsi que Tom Hardy dans un nouveau registre qui lui colle bien à la peau car, comme les autres, il ne se prend pas au sérieux, s’amusent à tourner leurs scènes et cascades, ce qui donne un peu plus d’énergie au film.
Mais quitte à vouloir assumer l’aspect cool du film jusqu’au bout, autant voir les choses en grand. Et lorsque l’on parle de McG, il y a de quoi s’attendre à de l’osé et du loufoque, et c’est malheureusement là que Target rate le coche. Le spectacle est certes assuré, mais pas assez pour un réalisateur dont on sait qu’il est capable de bien mieux, et cela rend le film agréable, mais trop vite oubliable.

Target est un divertissement tout ce qu’il y a de plus classique, sans être inoubliable. On entre très vite dans le jeu de la surenchère grâce à un casting de pitres même si le tout manque parfois de cohérence. Connaissant la filmographie de McG, on peut déplorer que Target n’ose pas plus et se contente de n’être qu’un gentillet parfois bébête moment de cinéma qui s’oublie bien trop vite.
Titre Français : Target
Titre Original : This Means War
Réalisation : McG
Acteurs Principaux : Reese Witherspoon, Tom Hardy, Chris Pine
Durée du film : 01h40
Scénario : Timothy Dowling, Simon Kinberg
Musique : Christophe Beck
Photographie : Russell Carpenter
Date de Sortie Française : 21 mars 2012
]]>
/critique-target/feed/ 0
[CRITIQUE] Martha Marcy May Marlene /critique-martha-marcy-may-marlene/ /critique-martha-marcy-may-marlene/#comments Sat, 11 Feb 2012 23:23:27 +0000 /?p=3237 En ce début d’année, l’immense Take Shelter nous avait déjà replongé dans une ambiance paranoïaque qui ne manquait pas de nous rappeler la psychose omniprésente dans le Shining de Kubrick. Rebelote donc avec Martha Marcy May Marlene, premier long métrage du jeune et extrêmement talentueux Sean Durkin, qu’il va dorénavant falloir suivre de très près.
On le sait, l’exercice de la réalisation d’un premier film est difficile, et s’avère plus souvent être un essai pour ne pas répéter certaines erreurs à l’avenir plutôt qu’un coup de maître prématuré. Et pourtant, avec comme seule véritable expérience un court métrage estampillé Sundance, Mary Last Seen, le réalisateur livre ici un film indépendant s’échappant brillamment de l’étiquette que beaucoup de films se collent après ce festival, à savoir des oeuvres aux ressemblances parfois grossières.

Martha Marcy May Marlène dresse donc le portrait d’une jeune femme, Martha (Elizabeth Olsen) tout juste échappée d’une secte, et qui est recueillie par sa soeur et son beau-frère, avec qui elle avait coupé les ponts depuis des années. Elle va ainsi tenter de faire table rase du passé, oublier ce qu’elle a vécu en le cachant à ses proches. Mais tenter de faire comme si rien d’anormal ne s’était passé ne va pas l’aider, bien au contraire.
Dès le début du film, un premier constat dérangeant est engagé lorsque l’on découvre que Martha s’enfuit de la ferme où la secte prenait place, car personne ne l’a empêchée de partir. Cela permet ainsi de mettre en évidence l’influence et l’emprise psychologique que va faire jouer le groupe sur elle, le fait qu’ils n’agissent pas comme elle aurait pu le croire va la rendre dépendante d’eux, et on trouve ici la parfaite justification de sa paranoïa, qui s’accentuera de plus en plus par la suite. Si la vie au sein de cette organisation était pour elle un cauchemar ingénieusement maquillé en vie meilleure par tous les autres membres, sa vie de “l’après” ne va pas s’en trouver plus rassurante.
Au fil du temps, Martha va perdre le sens des réalités qui l’entourent, la notion de temps s’échappe lorsqu’elle s’endort à tout moment. Elle semble complètement déphasée, psychologiquement ruinée, mais pourtant ses troubles ne sont pas exprimés physiquement, et c’est la toute l’ingéniosité du film,  la souffrance de ce personnage à fleur de peau est plus souvent évoquée que montrée. Son seul lien de rattache, minimal, reste sa soeur, qui, avec l’aide de son mari, va essayer de comprendre, en vain, son problème et tenter de l’aider à retrouver une vie normale. Mais à cette famille, elle ne dévoilera rien de tout ce qui a pu se passer auparavant, et c’est précisément ce qui la plongera dans son renfermement. Jamais Martha ne tiendra quiconque au courant de sa vie passée, sa paranoïa la rongeant jusqu’au bout et la paralysant.

Et même pire, le pouvoir magnétique et séductif des membres de la secte vont faire d’elle une “entremetteuse” inconsciente et machinale de leur parole, qui va la suivre dans le présent, ses propos reprendront des principes parfois intolérables qui lui ont été inculqués.
Dans ce rôle, Elizabeth Olsen, la “soeur de”, s’est trouvée un passeport des plus aguichants vers le cinéma, pour son premier long métrage a elle aussi. Son passage du petit au grand écran s’avère plus que prolifique, le personnage est parfaitement maîtrisé et sa beauté innocente collent on ne peut mieux au rôle torturé de cette femme.

Pour un premier film, Martha Marcy May Marlene est un projet ambitieux, mais frappe par la maîtrise incroyable de Sean Durkin sur son sujet. Au lieu de se focaliser uniquement du pont de vue de Martha, il apporte une véritable intérêt à son récit en s’attardant aussi sur ceux de la famille, ainsi que des membres de la secte. Cette multiplicité de positions permet ainsi de mieux cerner le personnage principal, de comprendre et retranscrire le plus fidèlement possible ses souffrances et son incompréhension.
Le fond, déjà volontairement  trouble à la base, accouplé à la forme, permet à Sean Durkin d’accentuer la complexité et l’ambiguïté de son personnage. A-t-elle réellement vécu ce qu’il nous offre lors des flash-back, ou est-elle tout simplement schizophrène ? Il prend un malin plaisir à instaurer ce doute, cette question résonne d’ailleurs dans un ton crescendo, et ce jusqu’à la toute fin du film.
D’un autre côté, le montage aussi montre une fois de plus la suprématie impressionnante du jeune réalisateur à l’égard de son oeuvre. Ici, il n’y a pas de structure linéaire, il fait se croiser le passé dans des scènes évoquant la vie du groupe dans la ferme, et le présent pour mieux accentuer la perdition temporelle de la fille, afin que l’on comprenne mieux ses agissements. Les retours en arrière vont ainsi révéler peu à peu ce que Martha a vécu, sans pour autant que sa propre famille s’en rende compte, à cause de son mutisme par rapport à cette situation passée. Ce montage, et plus particulièrement les transitions, partent du point de vue de Martha, et permet de voir ces flash-back comme elle pourrait se remémorer ses souvenirs.
Sean Durkin n’hésite pas sur les partis pris de plans et de lumières, en exécutant des gros plans sur les visages, afin de capter au mieux les émotions de ses personnages, chose primordiale dans ce film. Il n’a pas non peur d’utiliser une photographie qui peut paraître vieillotte et faussement granuleuse au premier abord, mais qui se révèle finalement sublime car en adéquation avec le fond, comme ces noirs osés utilisés comme symboles psychiques de Martha. La paranoïa de cette dernière connaît une montée en puissance qui se dévoile très lentement et tout en subtilité, mais qui s’avère au final extrêmement angoissante.

Martha Marcy May Marlene est aussi un film d’atmosphères, qui sont une fois de plus extrêmement bien travaillées. Cela commence par le terrain, car l’on retrouve finalement peu de différences dans la constitution des lieux, la ferme communautaire et la maison familiale sont somme toute assez semblables car reculées de tout, mais les lieux de tournage sont bien trouvés car les décors sont accueillants, mais la façon dont ils sont filmés couplée à l’ambiance de fond, presque claustrophobe, permet de les transcender en localités inquiétantes.
Les musiques, faisant corps avec les images, renforcent ce côté hypnotique et manipulateur de la secte lorsqu’un bourdonnement de plus en plus importun imprègne les scènes de flash-back et instaurent un malaise saisissant et terrifiant.
Sean Durkin en profite ainsi pour démontrer et dénoncer habilement le pouvoir destructeur que peuvent avoir ces organisations. En filmant en décalage les gens qui y vivent, il parvient à y dégager une atmosphère extrêmement malsaine, mais démontre en même temps l’impuissance des individus face à un leader au charme intriguant. Tout est question de psychologie, il fait perdre petit à petit toute humanité aux membres du groupe, mais de manière méthodique. De ce fait, ils ne peuvent s’en rendent compte, et finissent par adhérer aveuglément aux idées et propos que cet homme leur murmure à l’oreille. Ainsi, un plan fixe sur ce leader, interprété par le brillant John Hawkes, qui dure le temps d’une chanson, se trouve être l’image parfaite de l’hypnose dont Martha est victime, tout comme elle, le spectateur se laisse prendre au jeu aussi, et cette perte d’identité, justifiée par l’amalgame de prénoms dans le titre, prend tout son sens au fur et a mesure du déroulement du récit.

Pour son premier long métrage, Sean Durkin nous assène une claque magistrale tant il maîtrise son sujet, tout comme sa caméra. Le récit lent et déstructuré prend peu à peu forme dans une angoisse permanente et de plus en plus intense pour instaurer le doute chez le spectateur. Glaçant dans sa façon d’insinuer subtilement les choses, il parvient à nous hypnotiser autant qu’à nous pétrifier, et fait ainsi de lui un réalisateur à ne plus lâcher.

 

Titre Français : Martha Marcy May Marlene
Titre Original : Martha Marcy May Marlene
Réalisation : Sean Durkin
Acteurs Principaux : Elizabeth Olsen, John Hawkes, Brady Corbet, Sarah Paulson, Julia Garner
Durée du film : 01h41
Scénario : Sean Durkin
Musique : Saunder Jurriaans, Daniel Bensi
Photographie : Jody Lee Lipes
Date de Sortie Française : 29 février 2012
]]> /critique-martha-marcy-may-marlene/feed/ 2 [CRITIQUE] Time Out /critique-time-out/ /critique-time-out/#comments Sat, 29 Oct 2011 22:57:10 +0000 /?p=2064 Dans un monde ou les gens naissent avec une sorte de décompte lumineux sur l’avant-bras, ils voient leur apparence physique se figer définitivement le jour de leur 25 ans, gardant celle-ci pour toujours.. Ainsi, sans vieillir physiquement, ils vivent en fonction du temps restant ancré en eux. Quand ce temps s’est écoulé, ils meurent; et ce même temps est devenu monnaie courante, au sens littéral du terme : le travail est rémunéré avec du temps de vie en plus, toutes les dépenses se font moyennant de la vie en moins, etc…Les moins débrouillards et chanceux risquent donc de mourir à tout moment, alors que certains pourront flirter avec l’immortalité.
On s’attarde sur le personnage de Will Salas (Justin Timberlake), qui, sur un malentendu, se voit accusé de meurtre et de vol du temps de vie d’un individu par les “time-keepers”, ces policiers d’un genre nouveau. Il va ainsi s’infiltrer dans la région la plus sûre de son pays et prendre en otage la fille de l’homme qui s’apparente à un  trésorier du temps, Sylvia Weis (Amanda Seyfried).
Résumer ceci reviendrait donc à confirmer qu’ici, l’expression “le temps, c’est de l’argent” prend tout son sens et son ampleur.

La base de Time Out, c’est donc tout notre monde capitaliste actuel qui est revu et corrigé afin que l’argent ne soit plus de la monnaie telle que nous la connaissons actuellement, mais le temps. C’est aussi  le monde vu d’un angle géographique qui est aussi revu, puisqu’il est hiérarchisé en quartiers, qui démarrent du ghetto, ou la survie est de mise et ou tout est permis pour se procurer du temps en plus; pour arriver à New Greenwich, lieu central riche et influent.

Autant le dire tout de suite, Time Out est une réelle déception car il était tout à fait légitime d’attendre le meilleur de ce film. En effet, l’idée de base prenant le temps comme monnaie d’échange standardisée est géniale, ce thème peut être d’une richesse incroyable si celui qui le manie sait s’y prendre. Cela aurait pu aboutir à quelque chose de vraiment magnifique cinématographiquement parlant, mais voilà, le film accumule trop de défauts pour qu’il en arrive au résultat espéré.
Le réalisateur, Andrew Niccol (précédemment vu à l’oeuvre sur Bienvenue à Gattaca et Lord of War), accomplit donc son film avec comme notion centrale le temps, mais sans pour autant qu’il ne respecte lui-même à certains moments cette idée à travers les images qu’il nous transmet. En débouchent plusieurs incohérences, que ce soit de temps (comme certains compteurs que les personnages ont sur l’avant-bras qui ne respectent pas la continuité temporelle de l’histoire) ou d’espace, ce qui en devient moins crédible, et donc plus dérangeant (de bêtes problèmes d’évaluations de distance qui viennent pourtant gâcher de probables bonnes idées).

On assiste dès le début à des scènes dramatiques dans le genre, ce qui nous fait donc imaginer ce que pourrait être le ton donné dans la suite, mais la tournure ne tiens pas la route sur la longueur et déroute plus qu’autre chose. Il en va de même pour les personnages, ils s’avèrent être plutôt plats, et les artifices parfois grossiers et souvent sans explications ne détachent qu’encore plus le spectateur du récit. Will s’avère pourtant un homme plus ambiguë qu’il n’y paraît, confirmé par Timberlake qui porte tout de même son rôle sur les épaules. A noter d’ailleurs le parallélisme intéressant entre les personnages d’Olivia Wilde (la mère de Will) et d’Amanda Seyfield, que ce soit tant au niveau de l’apparence physique que dans leur mise en scène, et qui expliquerait que le héros ressente en cette dernière une sorte de présence presque maternelle, encore plus logique puisque la notion d’âge est faussée dans le film.
Il est aussi regrettable de voir des “bad guys” sans réelle portée, ni puissance, malgré une fois de plus un Cillian Murphy convaincant à la tête des Time-keepers.

Et s’est ainsi que se déroule tout ce qui fait que l’on se sent presque coupable inconsciemment de l’échec du développement de Time Out, car on n’arrive jamais à réellement rentrer dans le film, il y a ce sentiment désagréable que l’on ne fait que survoler la chose, qu’il n’y a pas d’immersion totale. Il se dégage donc une impression d”inachevé malgré la bonne volonté que l’on met à essayer de s’attacher à ces personnages et à leurs vies.
La volonté d’y croire est là, mais il arrive malheureusement un moment où l’on décroche, il n’est plus possible de s’intéresser à ce qu’il se passe et ce qu’il va se passer car le manque de profondeur se fait grandement ressentir.

Le scénario joue d’ailleurs beaucoup sur un rêve que beaucoup aujourd’hui aimeraient réaliser, qui est celui de ne plus vieillir, et se permet ainsi une réflexion plus profonde en rapport avec l’intérêt réel de vouloir devenir immortel, qui est nul. A quoi bon vivre éternellement après tout, puisque cela apporte plus de peines qu’autre chose…
Même si le film aurait vraiment mérité d’être bien plus travaillé, le directeur de la photographie Roger Deakins (qui travaille avec les frères Coen, ceci explique cela) nous offre certains plans et certaines scènes superbes, appuyées tantôt par des jeux de lumières jaune perçant, reflétant la précarité et la méfiance ambiante des divisions les plus pauvres, tantôt par des plans élégants et épurés des hauts lieux du monde.

Avec comme idée de base celle de remplacer toute monnaie existante par du temps de vie, Niccol réforme tout un système existant, et Time Out aurai pu aboutir à un formidable film de science-fiction. Malheureusement, le manque de profondeur du récit et des personnages, ainsi que des erreurs dans le développement et l’évolution de l’histoire nous empêche de se plonger dans le film et de l’apprécier à la valeur qu’on aurait aimé qu’il possède. Probablement la plus grosse déception de cette année 2011, car le potentiel du film était absolument énorme.


Titre Français : Time Out
Titre Original : In Time
Réalisation : Andrew Niccol
Acteurs Principaux : Justin Timberlake, Amanda Seyfield
Durée du film : 01h49
Scénario : Andrew Niccol
Musique : Craig Armstrong
Photographie : Roger Deakins
Date de Sortie Française : 23 novembre 201
]]>
/critique-time-out/feed/ 0