?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » Romance http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Critique : L’Ecume des jours (Michel Gondry) /critique-lecume-des-jours-michel-gondry/ /critique-lecume-des-jours-michel-gondry/#comments Wed, 24 Apr 2013 06:30:07 +0000 /?p=8063 L'écume des jours - AfficheAujourd’hui, l’on dit souvent que le phénomène d’adaptation rend le cinéma pauvre, et que par conséquent il semble incapable de se construire lui-même autrement que par la littérature. Et pourtant, certains livres semblent encore attendre inlassablement l’instant où les cinéastes qui leurs étaient destinés viendraient à s’arrêter le temps d’un film, sur eux. L’écume des jours de Boris Vian n’était pas de prime abord l’un de ces romans, car un récit hors-normes appelle à être travaillé par un homme hors-normes. C’est ainsi que Michel Gondry c’est annoncé, comme cet homme en marge de la société et pourtant réaliste sur son contenu, et par conséquent capable de mettre en image l’absurde et l’inadaptable.
Le cinéaste qui avait déjà laissé divaguer son imagination à travers La Science des Rêves, nous ouvrant l’hémisphère gauche de son cerveau, revient alors sur un film paradoxalement plus personnel et aboutit que ce dernier. Car L’écume des jours, au-delà de la profondeur de ses ambitions, de son rôle de vilain petit canard du cinéma français, fils bâtard de la performance artistique et du cinéma, s’avère être un film osant prendre son spectateur à rebrousse poil, le mettant dans une position inconfortable afin de mieux le mettre en face de certaines réalités. Que ce soit dans aussi bien dans son image que dans sa composition du cadre, Michel Gondry, laisse place à l’artiste, celui qui, il y a encore peu de temps, divaguait dans les couloirs du centre George Pompidou, celui qui, par une imagerie plastique impénétrable, rend compte de la société qui l’entoure par des substituts humbles et poétiques.
Michel Gondry explore alors le monde tout comme Terry Gilliam avait su le faire il y a presque une trentaine d’années en signant Brazil, et par le même outil que celui-ci, confirme son génie artistique.

L'écume des jours - 1

Les machines à écrire s’élancent, et d’un fil unique se forge l’histoire de Colin, ainsi s’ouvre le film. Alors que Boris Vian s’amusait à imaginer ce que serait notre société, assaisonnée d’un brin de folie, par la plume, Michel Gondry se fait son interprète par l’image et nous offre un constat, sorte de regard précis sur la société qui est née de ces rêves : « ce sont les objets qui changent, pas les gens » ainsi est cité l’auteur.
Michel Gondry s’est toujours amusé à jouer avec les sentiments de son spectateur. Excellant dans l’épuration pour nous prendre à revers, ici le cinéaste français va plus loin, comme dis ci-dessus, le film prend son spectateur à rebrousse poil, il faut ici comprendre que le spectateur ne voit pas sa vie mise en parallèle avec l’aspect mélodramatique de la romance en putréfaction des personnages de Colin et Chloé. Le spectateur assiste tout comme les personnages clés à contrecœur à la disparition involontaire d’un amour pur pour lequel l’un comme l’autre sont capables de se donner entièrement. Mais cet anéantissement,  sorte de descente aux enfers trop brutale, sauvage, jouant toujours sur des artifices « gondryiesque », crée chez lui un sentiment de bouleversement plus que de rapprochement.
Malgré une première impression générale, après réflexion, il ne parait pas nécessaire d’avoir lu le roman de Boris Vian pour comprendre l’étendu du film de Michel Gondry, car le cinéaste va plus loin qu’adapter le roman, il lui offre une nouvelle identité. Ainsi, le sentiment de perte de repères pourrait être même plus fort chez le connaisseur plutôt que chez le néophyte. Le lecteur de l’œuvre de Boris Vian, et c’est l’une des raisons pour lesquelles L’écume des jours était considéré comme inadaptable, s’est amusé durant de nombreuses années à rêver le monde dans lequel progressait ce manifeste romantique.

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Certains diront surement de L’écume des jours que Michel Gondry se contente au final de faire du Michel Gondry, que le résultat qui en découle crée un aspect aseptisé empêchant le spectateur de profiter du récit et des sentiments tels que les offraient librement Boris Vian. L’argument se valide dans sa première partie, sorte de ménagerie robotique où Alain Chabat et Sacha Burdo se croisent, instruments d’une vie fantaisiste. Mais pourtant, cette image n’est que la toile dont Michel Gondry se sert comme support.
Le cinéaste ne fait en réalité que peindre ici une société superficielle, où l’accessoire a plus d’emprise sur la vie que l’humain, où l’objet vous empêche d’avancer - là où chez Gondry ils permettaient d’offrir un nouveau souffle à l’avenir -, où l’on parle d’amour comme de l’achat du nouveau livre d’un auteur à la mode. Cette superficialité est alors paradoxalement amenée à disparaitre avec l’anéantissement de l’espoir, laissant alors au film l’idée vague que tout parait plus triste mais plus vrai dans la vie de tous les jours.
De plus, voir Michel Gondry jouer avec ses pinceaux n’aura jamais rien de désagréable. L’homme de la vielle école, s’amusant avec les outils d’une autre époque, mélangeant pixelation et stop-motion, ne s’arrête jamais dans cet élan créatif plus que bienvenu à une heure où les images de synthèse se vantent d’être la seule solution parmi tant d’autres. Cet aspect est renforcé par le jeu qu’opère le réalisateur sur les différents outils que lui propose naturellement le cinéma. Force est de constater qu’il est bien magicien, et donc en cela qu’il nous éblouit par le biais d’artifices pourtant communs à tous.

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Construit en deux actes, chacun joue à tirer partie de deux sentiments antagonistes naissant dans le cœur du spectateur, L’écume des jours s’avère être un récit plus complexe qu’il n’y parait. Si ces deux parties s’opposent dans un premier temps par un travail des couleurs intelligent, l’overdose sombrant dans la prose monochrome, la folie des couleurs à l’épuration de l’artificiel, la montée en crescendo entre ces dernières nous permet de voir un certain ordre des choses dans cet essor romantique.
Sous cette légèreté, Michel Gondry aborde tout de même de graves sujets, qui mis en scène, nous rappellent fortement qu’au-delà de la joie de vivre éphémère se cache parfois les jeux du hasard de la vie, de la nature. L’addiction - littéraire, presque même religieuse, mais dans cet univers équivalent à une drogue pure - de Chick, l’écrasement perpétuel du microcosme de Colin, sont tant d’exemples d’un monde qui ne fonctionne plus correctement.
Enfin, malgré ce que l’on aurait pu croire, le film, et surtout l’auteur qu’est Michel Gondry, ne disparait pas derrière son casting. Chaque acteur offre une image personnelle et juste de ce monde triste. Romain Duris incarnant Colin, personnage clé imposé par le destin autour duquel gravite chaque protagoniste, évolue constamment à travers le récit. Audrey Tautou ne se contente pas de ressasser le personnage d’Amélie Poulain, pour nous offrir un rôle certes éphémère mais d’une justesse poignante.


L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.


Du film de Michel Gondry, il n’y aura surement pas qu’une lecture universelle, qu’une manière de voir un objet si atypique au sein du paysage français et même international si normé, et alors même qu’il donne une image à l’inadaptable, l’œuvre semble de nouveau nous filer entre les doigts, à travers un somptueux mélange de poésie et de spleen.
Titre Français : L’écume des jours
Réalisateur : Michel Gondry
Acteurs Principaux : Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh
Scénario : Luc Bossi & Michel Gondry d’après l’œuvre de Boris Vian
Photographie : Christophe Beaucarne
Compositeur : Etienne Charry
Genre : Drame
Durée : 2h 05min
Sortie en Salles : : 24 avril 2013

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Héritage : Nos Années Sauvages (Wong Kar-Wai) /heritage-nos-annees-sauvages/ /heritage-nos-annees-sauvages/#comments Sat, 09 Feb 2013 12:37:47 +0000 /?p=7783 afficheSi le cinéma hongkongais était bien plus connu pour son incroyable violence, ou pour le renouveau du Wu Xia Pian par la Shaw Brothers, Wong Kar-Wai fut la nouvelle nuance dans cet océan rouge sang. Seul son premier film, As Tears Go By (1988), s’approcha plus de cet engouement général hongkongais où l’on trouvait, sur une facette, le puissant duo Tsui Hark – John Woo, et sur une autre la tradition représentée par Yuen Woo-Ping et Patrick Tam – producteur du film -. Cette époque fut aussi incarnée par l’apparition d’une nouvelle génération de réalisateurs tels que Ringo Lam ou encore Johnnie To. Mais malgré ce respect pour les codes du cinéma hongkongais, dont il ne se préoccupera de nouveau qu’avec Les Cendres du Temps (1994) cette fois-ci en mettant en œuvre le Wu Xia Pian, Wong Kar-Wai commence dès lors à esquisser une certaine esthétique du montage, du cadre, et surtout du rythme, qu’il ne délaissera alors plus jamais.
Vint ensuite son second film: Nos Années Sauvages (1990). Alors que la même année, John Woo, signa son film le plus noir: Une Balle dans la tête (1990), contrairement à son homologue, Wong Kar-Wai confirma plutôt cette volonté, présente au second plan dans son premier film, à vouloir montrer sa fascination pour la beauté émotionnelle plutôt qu’au sang, quitte à prendre alors le spectateur au dépourvu.
Par ce principe fort, Nos Années Sauvages symbolise le premier volet de cette trilogie chimérique dressée par les spectateurs, complétée plus tard par In the Mood For Love (2000) et enfin 2046 (2004). Malgré son approche déstructurée du récit, entrechoquant histoires et amours, cet acharnement à ne pas identifier l’un de ses personnages comme un, ou une héroïne, à ne pas les faire rentrer dans un quelconque canevas conventionnel, par cette intimité perturbante et éphémère dans laquelle l’anodin devient l’humain, Wong Kar-Wai nous offre une œuvre d’une nostalgie et d’une finesse sans précédent.
Adieu le milieu de la mafia, dans Nos Années Sauvages, Wong Kar-Wai nous met face à un personnage plus ordinaire, modèle du personnage animé par la recherche identitaire : Yuddy, interprété par Leslie Cheung. Elevé par une mère adoptive, il grandit sous le joug d’une éducation stricte. Ce poids incessant va d’autant plus attiser sa curiosité concernant sa vraie mère, mais va aussi développer chez lui un caractère particulier l’empêchant de considérer au jour le jour les qualités d’une femme.

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Par ces simples considérations précédemment relevées, si il est déjà dur de décrire par l’analyse un film par un choix arbitraire de quelques scènes, cette idée est d’autant plus vraie quand il s’agit d’une œuvre telle que Nos Années Sauvages, ou plus simplement, d’un long-métrage de Wong Kar-Wai, où l’approche globale du film justifie chaque scène et lui donne sens. Prenons par exemple cette scène où Tony Leung fait son apparition. Située à la fin du film, seule, elle n’est que la bribe d’une histoire qui peut nous paraître incomplète. Mais, mise en relation avec ce qui l’a précédé, il est alors aisé de comprendre que Wong Kar-Wai, par cette intervention isolée, s’affranchit alors de la limite matérielle universelle de n’importe quel film: sa durée , donnant pour cela l’occasion à une nouvelle histoire de heurter sa fresque.

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Cette fresque, consacrée au hasard de la vie, aux infortunes rencontres, desquelles peuvent naître l’amour, Wong Kar-Wai s’amuse à la nourrir continuellement, nous empêchant d’emettre une opinion à la fois morale et personnelle sur ces personnages qui vont et viennent, se croisant et s’ignorant.
Cette scène, où le personnage de Leung Fung-Ying (Carina Lau) passe sa première nuit avec Yuddy, juste après que Su Lizhen (Maggie Cheung) l’ai quitté est particulièrement illustrative de ce rapport que les personnages portent entre eux, semblable à un manège dans lequel ils ne font qu’échanger leurs places in fine, se croisant sans se connaître, indifférents au fait de possibles amitiés entrecroisées. D’emblée, alors que la bâtisse où vit Leslie Cheung semble imposante, les personnages paraissent confinés, coincés entre deux murs, prédestinés par l’architecture à un contact plus intime. Et pourtant, un inconnu, interprété par Jackie Cheung, entre, il ne se présente pas, il ne fait que briser cette relation encore inexistante avant de repartir de la même manière, et pourtant par cette seule intervention et malgré tout ce que pourra dire Carina Lau, l’on arrive à définir le personnage qui pourtant ne se dévoilera jamais plus. Mais là où Wong Kar-Wai nous prend de nouveau au dépourvu, c’est en nous montrant cette horloge à la fin de la séquence, nous rappelant à quel point le temps est d’une importance capitale ici, et que pourtant, il ne se passe jamais une seconde sans que nous nous demandions l’heure où se déroule l’histoire.

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Mais une œuvre de Wong Kar-Wai ne peut se limiter seulement à une approche scénaristique, aussi brillamment soit-elle tissée. C’est là qu’entre en jeu le travail de Christopher Doyle , directeur de la photographie. Véritable artificier de ce que l’on pourrait appeler la « touche Wong Kar-Wai », son travail a permis de concrétiser la vue si atypique de son réalisateur. Tout spectateur, quel qu’il soit, ne peut rester indifférent face à cet aspect si singulier accompagnant les histoires de Wong Kar-Wai. Qu’il ai aimé ou non, soit resté hermétique ou en admiration par cette composante de son œuvre, cette impression découle du fait, qu’en plus de nous amener à voir un sentiment, une idée, il nous la fait sentir par sa fabrication. C’est cette ingéniosité qui rend l’image aussi émettrice et riche que ses acteurs. Cette logique que Wong Kar-Wai nous force à accepter n’est pas sans conséquence, rendant son long-métrage fascinant ou ennuyant aux yeux d’un spectateur, l’entre-deux n’est pas permis.
On trouvera tout de même différents niveaux d’utilisation de ces procédés. Par exemple, cet aspect nocturne du récit, à première vue simple souci temporel, englobant Nos Années Sauvages n’est pas uniquement utilisé de manière à nous faire ressentir une certaine tristesse contagieuse et omniprésente. En tant que spectateur, en voyant cette nuit infinie coupée brutalement par le rayon du soleil, intuitivement, nous décelons une rupture du récit, quelque chose va changer, nous allons de nouveau bifurquer violemment de cette paix insolente.

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Vient par exemple ce plan-séquence proche de la fin. Celui-ci fait directement écho à une scène précédente où Leslie Cheung se perdait, éloigné de tous dans un repos musical solitaire. Seule scène se déroulant au crépuscule, elle peut aussi être interprétée comme la véritable et unique rupture du récit. Si tout cela se voit avant tout par les évènements que nous donne à interpréter Wong Kar-Wai, seule tache de violence durant ses 90 minutes, c’est aussi par son approche technique qu’il nous prépare à l’anéantissement de cet univers jusqu’alors si pur. Une simple charrette avance, tel un admoniteur et nous invite à suivre le point de vue de la caméra, alors trop fluide et trop rapide pour être image de la vision humaine. Le grand angle et l’absence de limite visuelle, de remparts créés par les artifices du cadre (à l’inverse de la scène précédemment citée), nous amène pour la première fois à observer les personnages avec une certaine distance, loin de l’intimité que Wong Kar-Wai nous imposait continuellement. En parallèle, c’est la musique, malgré ses nuances subtiles, qui prend le relais, dernière ancre inchangé pour le spectateur. Contrastant par sa lenteur, par la brutalité soudaine de son montage : la mafia n’apparaît de manière saccadée, la violence se fait par à-coups, le sang qui ne transparait que sur les gros plans, cette séquence devient alors un enchaînement de plans uniques par rapport au film, au sein d’une durée si courte.

Nos Années Sauvages représente sûrement l’un des travaux les plus épurés de Wong Kar-Wai, et surtout le changement définitif, et déjà accompli de celui-ci, avant qu’il ne commence à utiliser de manière dominante la musique comme nouveau véhicule des sens. C’est ici une fable qui prend forme, où les personnages ne changent jamais mais se découvrent eux-mêmes peu à peu, en se comprenant à l’aide d’un amour candide et éphémère, donnant naissance à ce romantisme qu’il affectionnera tant. Ce contraste si violent explique aussi sans peine l’échec global du film en salles, alors beaucoup trop ambitieux, mais réhabilité à sa juste valeur plus tard . Attendons désormais son retour, avec The Grandmaster, narrant l’histoire de Yip-Man, maître du Wing Chun Kung Fu (déjà mise en scène par Wilson Yip il y a quelques années) et traitant par ailleurs la période dans laquelle il a vu le jour.
Ce nouveau film signe aussi le retour d’un chorégraphe dans son équipe: le grand Yuen Woo-Ping et nous rappelle aussi l’attente interminable des dix années qui ont suivi son dernier film.


Titre Français : Nos Années Sauvages
Titre Original : A Fei jing juen (阿飛正傳)
Réalisation : Wong Kar-Wai
Acteurs Principaux : Leslie Cheung, Jacky Cheung, Maggie Cheung
Durée du film : 01h33minutes
Scénario : Wong Kar-Wai
Musique : Xavier Cugat
Photographie : Christopher Doyle
Date de Sortie Française : 6 mars 1996

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[CRITIQUE] Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare /critique-jusqua-ce-que-la-fin-du-monde-nous-separe/ /critique-jusqua-ce-que-la-fin-du-monde-nous-separe/#comments Sun, 05 Aug 2012 14:11:56 +0000 /?p=5707 Les films traitant de la fin du monde sont le faire valoir de beaucoups ces derniers temps, en particulier ceux mettant en pratique la fin apocalyptique du monde. S’exerçant de manières plus ou moins grandiose sur le sujet, plus souvent s’écrasant de la même manière que leurs idées, différents noms s’y sont succédés, grands comme débutants. On peut ainsi désormais lier aux films apocalyptiques des noms comme Roland Emmerich, Lars Von Trier, Abel Ferrara, ou plus récemment d’une certaine manière Christopher Nolan. Si certains de ces réalisateurs plutôt atypiques sont liés à ce genre, c’est bien parce qu’il leur permet de faire clairement ce qu’ils veulent, et d’aborder le sujet de n’importe quelle manière. Film grand spectacle, blockbuster, ou récit intimiste, c’est dans la dernière catégorie que Lorene Scafaria décide de réaliser et scénariser son premier film. Avec autant d’ambition, c’est dans un pari risqué qu’elle se lance avec Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare. D’une part, le genre est largement connoté péjorativement aujourd’hui, source d’innombrables navets au scénario digne d’un bon vieux Steven Seagal. D’autre part, il est clair que percer dans ce genre, trouver un scénario puissant, orignal, n’est pas non plus une mince affaire. Mais visiblement, Lorene Scafaria semble avoir l’appui de certains, croyant en son film, les noms de Steve Carell et Keira Knightley étant loin d’être inconnus sur la scène internationale. Et il s’avère que le pari est visiblement tenu, Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare est une très bonne surprise, d’une fraicheur intrigante et bourré d’une multitude de sentiments.

Mal vendu, le film n’a pratiquement rien d’une comédie, on est bien plus proche d’une tragédie, ou le comique est simplement un facteur humain naturel. Que ferions nous si le monde venait à s’éteindre? Si ce n’était pas dans une apocalypse progressive et destructive nous menant à l’anarchie? Mais plutôt de la manière dont l’ont posé Trier ou Ferrara, que le monde venait simplement à disparaitre violemment et naturellement? Mais à l’inverse Lorene Scafaria décide de ne pas sombrer dans une expérience visuelle ou dans un récit beaucoup trop refermé, là où 4:44 Last Day on Earth (d’Abel Ferrara) devenait dur à suivre, mais s’oriente plutôt vers la fresque humaine. La réalisatrice fait donc aussi le choix de réaliser un film intimiste, en passant bien sur par d’innombrables gros plans, mais aussi une mise en scène intelligente nous cloisonnant dans leur espace. Il n’est pas question donc de sketch empirique, d’un humour qui serait rapidement devenu lourd, c’est un véritable voyage, ou pèlerinage comme certains l’appelle. Chaque personnage que ce faux couple est amené à croiser est l’image d’un choix, choix répondant à la question ci-dessus, certains se tournent vers la famille, d’autres vers l’ordre, certains vers la mort, et d’autres vers l’anarchie, mais reste que le choix semble toujours possible. Il est tenu à l’homme de choisir ce qu’il peut faire dans le temps qu’il possède. Surtout que ce temps, n’est qu’un principe relatif, et qu’à tout moment, il peut soudain diminuer, il n’est qu’un facteur n’ayant aucune attache. En se basant sur ce principe, Lorene Scafaria n’hésite pas à être radicale et choisit d’aborder son film avec le plus de réalisme possible. Pas d’échappatoire magique, de génie venant les sauver, les choses sont ce qu’elles sont, ce qui doit arriver arrivera, et c’est par cette ligne directrice que la réalisatrice réussi à jouer avec nos sentiments.

Bien sur le comique est présent, Steve Carrel a le charisme pour faire naitre le rire presque instantanément, mais encore une fois, c’est durant les occasions cocasses et plausibles que l’on se permet ce rire. Keira Knightley est bien loin du rôle hystérique et impressionnant qu’elle campait dans A Dangerous Method de David Cronenberg. Dans Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare, beaucoup plus calme, vivant avec une épée de Damocles improbable au dessus de la tête – s’il lui arrive de s’endormir, ce n’est pas pour quelques heures, mais pour plusieurs dizaines d’heures -, plaie anecdotique devenant meurtrière, son personnage de Penelope Lockhart devient un véritable vecteur d’émotion, auquel on s’attache sans aucune difficulté et dans lequel on ne peut que croire. A eux deux, Steve Carell et Keira Knightley forme un couple psychologique et physique indéniable, si leur relation se pose comme prévisible, c’est sur sa richesse et son devenir qu’elle fascine. Mais le film est loin d’être parfait, la mise en scène n’a rien d’extraordinaire et n’est intéressante que lorsqu’il est question des deux protagonistes principaux, les autres personnages sont rapidement survolés et l’image qu’ils représentent est souvent incomplète. Alors que c’est de la fin du monde dont il est question, Lorene Scafaria, n’arrive malheureusement pas à faire naître une ambiance spéciale, atypique, que l’on ne pourrait connaitre qu’à ce genre d’occasion. A contrario, son aspect lent lorsqu’il est question du duo paraitra induire un côté prévisible pour certains, outil à l’ambiance partiellement dépressive du film. Lorene Scafaria n’a pas encore la main sur son entreprise.


Un homme est assis dans sa voiture avec sa femme lorsqu’il apprend à la radio que la dernière tentative de destruction de l’astéroïde a échoué. Ensuite sa femme s’enfuit, le quitte. Alors que tout semble perdu, sa voisine lui donne une lettre, postée chez elle par erreur, lettre écrite par son amour de jeunesse qui souhaite passer ces dernières heures avec lui. La voisine lui propose alors de l’emmener chez cette femme et, sur le chemin, ils nouent une relation particulière.


Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare s’avère être bien plus intriguant que la plupart des films apocalyptique à gros budget, plus accessible, moins perfectionniste et surtout d’une ambition plus claire. Si défauts il y a, c’est tout de même avec un certain plaisir que l’on découvre le film, tout du moins une fois que l’on arrive à rentrer et à appréhender le récit et son rythme en dent de scie, sinon ce sont les bras de Morphée qui s’ouvrent à vous.

Titre Français : Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare
Titre Original : Seeking a Friend for the End of the World
Réalisation : Melanie Lynskey
Acteurs Principaux : Steve Carell, Keira Knightley, Melanie Lynskey
Durée du film : 1h 40min
Scénario : Lorene Scafaria
Musique : Jonathan Sadoff et Rob Simonsen
Photographie : Tim Orr
Date de Sortie Française : 8 Août 2012
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[CRITIQUE] Titanic 3D /critique-titanic-3d/ /critique-titanic-3d/#comments Sun, 01 Apr 2012 20:51:58 +0000 /?p=3677 James Cameron est un homme de défis. Derrière ses talents de réalisateur se cache quelqu’un de passionné par ce qu’il fait, à tel point qu’il a réussi à révolutionner en de nombreux points le cinéma. Avatar en est l’exemple le plus exploité, d’une part par le fait qu’il ait réussi à devenir le plus gros succès du box office mondial, mais surtout car il a porté la technique de la motion capture au goût du jour.
Mais il y a quinze ans déjà, Cameron réalisait ce qui est devenu un autre phénomène d’une ampleur tout aussi incroyable, à savoir Titanic.

On entend déjà venir de loin les faux puristes et leurs gros sabots, défendant un cinéma soit-disant authentique, et crachant tout leur venin sur ce qu’ils estiment n’être qu’une ressortie purement commerciale. Abaisser la ressortie en 3D de ce chef d’oeuvre à une démarche exclusivement marchande est une erreur, car même s’il y a forcément un peu de ça, le réalisateur confie d’ailleurs lui-même que Titanic était destiné à être converti et que ce n’était qu’une question de temps. Son défi est donc avant tout un challenge artistique qui n’est pas exempt de risques : comment respecter l’oeuvre d’origine tout en lui apportant une nouvelle dimension, qui doit être de qualité pour être efficace ?
Bien plus qu’une simple conversion, les moyens ont été mis pour obtenir ce qu’il voulait. Le passage à un master numérique semblait obligatoire, une remasterisation étant indispensable à la qualité voulue pour la 3D, et c’est une totale réussite, que l’on ressent dans la version finale, car il ne faut pas oublier que l’on parle d’un film vieux de quinze ans.

A la vision du film, ce qui est étonnant est que, tout en sachant la date de sortie initiale du film, on est transporté par l’accomplissement technique, tant et si bien que l’on se croirait devant une production toute récente. Mais la véritable réussite réside dans le fait que la conversion en 3D de Titanic arrive au niveau d’un film directement tourné sous cette forme aujourd’hui. Le film est donc une nouvelle perle rare guidant nos yeux émerveillés au milieu de tous les produits mercantiles et sans aucun intérêt qui envahissent de plus en plus nos écrans (Lucas pour ne citer que lui, son “travail” sur La Menace Fantôme se rapprochant de celui de Cameron sur le seul point qui est que ces deux films ne sont pas récents). Car en voulant convertir son film, James Cameron a pris des risques (d’autant plus qu’il a très vite acquis son satut mérité de film culte, voire même phénomène) à l’heure où la quasi totalité des conversions en 3D en post-production s’avèrent être des catastrophes plus qu’autre chose. Et finalement, l’impression qui s’en dégage nous force a croire à juste raison que Titanic a été tourné en 3D, et ce sans qu’il n’ait pris une ride en quinze ans
Le réalisateur s’est impliqué de bout en bout sur la conversion, après tout, quoi de mieux que son regard pour diriger les travaux, et on le ressent tout du long de la vision du film. Titanic 3D, c’est des chiffres aussi hallucinants que ceux qu’il a engendré à sa sortie : 60 semaines de travail, 300 personnes actives, un  budget de presque 20 millions de dollars pour en arriver au résultat final. Et ce dernier est incroyable : c’est à ce moment là que l’on ressent les effets du nettoyage du film afin de le rendre totalement compatible à l’abordage d’une nouvelle dimension : la profondeur, préservée, est impressionnante de réalisme et favorise d’autant plus l’immersion et le sentiment de grandeur qui en découle. Les contrastes, parfois poussés, sont gardés, sublimés, et ne perdent en aucun cas en éclat. Les sombres restent sombres, sans changement, et les séquences plus exposées vont de même, il n’y a aucun assombrissement à déplorer comme on a la mauvaise habitude d’en voir dans des conversions ratées.
Tout dans le film paraît on ne peut plus naturel, l’immersion est parfaite. On plonge dans le film, on prend place sur le navire, on se prend clairement au jeu en ayant l’impression de faire partie du voyage inaugural de ce paquebot déclaré insubmersible, de cohabiter avec tous ces personnages, et c’est la que la 3D remplit entièrement son contrat, à savoir se faire oublier sans pour autant qu’elle disparaisse, et fait passer les trois longues heures et quart du film à une vitesse incroyable.

Les émotions sont ainsi décuplées. Si la musique apporte énormément sur ce film, les séquences intimistes dans des lieux resserrés, aux couleurs chaudes, offrent un ressentit d’autant plus réconfortant et privé avec du relief. Les détails gagnent en ampleur, rien n’est laissé au hasard, et ce sont ces petites attentions qui démontrent à chaque plan la grandeur du projet.
Titanic 3D va définitivement devenir l’exemple a suivre en termes de reconversion, ce qui pourrait bien devenir assez vite a la mode connaissant l’industrie cinématographique et ses changements actuels.
Cela permet de (re)découvrir le film en salles, et surtout dans une nouvelle dimension qui n’est absolument pas négligeable. Amusant lorsque l’on sait que la dernière ultime expérience visuelle sur grand écran remonte au dernier film en date du bonhomme, comme quoi…

Quant au film en lui-même, il n’a évidemment pas changé. Ce grand classique hollywoodien comme il n’en existe plus renaît totalement. Tout en contrastes, Cameron met en parallèle un Jack certes pauvre mais libre de faire ce dont il a envie, et une Rose issue d’une bonne famille, mais destinée à rester dans son “clan”. Des soirées intellectuelles de la bourgeoisie aux danses irlandaises enflammées, les parallélismes permettent de renforcer l’aspect impossible de leur amour. Et lorsque les deux se mélangent, cela aboutit à l’une des plus belles histoires passionnelles que l’on ait pu voir au cinéma, d’une fausse niaiserie dans ce qu’il y a de plus noble. Cette rencontre impossible est émotionnellement poignante et devient le point central du récit dans un décor de rêve, presque surréaliste, ce monde flottant où Jack se voit “maître du monde”. Pour rendre le duo d’autant plus attachant, les scènes intimes s’enchaînent, certaines devenant même gênantes, à la limite du voyeurisme; aspect d’ailleurs parfaitement renforcé par la 3D. La liberté dont va jouir ce couple naissant va permettre de ne rendre que plus efficace le final, redouté mais malheureusement inévitable, sommet d’émotion.

Le mélange entre la catastrophe qui n’épargne personne et l’histoire d’amour qui se développe entre deux personnages antagonistes, ajouté au postulat de base qui oppose sèchement deux mondes totalement différents , qui même dans cet espace confiné qu’est le paquebot vont devoir se côtoyer,c’est cela qui fait tout le charme de Titanic, et en fait un grand film classique.
Car même après toutes ces années, il garde toujours autant de sa superbe, l’émotion y est toujours aussi puissante. Ce qui paraissait extraordinaire en termes techniques à l’époque l’est encore quinze ans plus tard, même certains effets spéciaux vieillissants gardent de leur charme.
Titanic fait partie de ces films qu’on ne se lasse pas de revoir lorsqu’on les apprécie. Et ici, avec cette nouvelle dimension,  jamais on ne s’est senti aussi proche du couple. Le sentiment de modestie que l’on éprouve face à l’immensité du paquebot est plus que jamais renforcée, les couloirs n’ont jamais parus aussi longs que lorsque Kate les parcoure dans le navire sombrant, on se sent plus que jamais aussi gêné que Jack lorsqu’il s’essaie à dessiner sa promise. Et ce sont toutes ces petites choses là, assemblées bout à bout, qui font de Titanic un grand film, et de la conversion un atout majeur et indispensable.

James Cameron continue à émerveiller en convertissant en une 3D absolument parfaite son film phénomène. Titanic devient donc le pionnier de la conversion et servira à coup sûr de cas d’école. Courez le voir, c’est une merveille.
Titre Français : Titanic
Titre Original : Titanic
Réalisation : James Cameron
Acteurs Principaux : Kate Winslet, Leonardo Dicaprio, Billy Zane
Durée du film : 3h14
Scénario : James Cameron
Musique : James Horner
Photographie : Russell Carpenter
Date de Sortie Française : 7 janvier 1998 / 4 avril 2012 (version 3D)
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[CRITIQUE] Target /critique-target/ /critique-target/#comments Sun, 18 Mar 2012 16:56:34 +0000 /?p=3517 McG sait s’y faire en matière de réalisation de films dits « grands publics ». Après s’être fait une renommée de réalisateur assumant son côté fun et déjanté avec sa revisite en deux volets de la série des Drôles de Dames, il a depuis tracé son chemin avecle décrié Terminator Renaissance en 2009. Pas toujours adulé, mais pourtant certainement doué dans ce qu’il fait, ses films s’assument totalement, et ce jusque dans les castings, où l’on retrouve toujours de grands noms. En confiant les plantureuses Cameron Diaz, Drew Barrymore et Lucy Liu au mystérieux Charlie, puis en propulsant Christian Bale et Sam Worthington dans son Terminator, il ne déroge pas à la règle avec Target.
Mais cela réussit-il à faire de ce film un divertissement de sa trempe, comme un retour aux sources ? Réponse avec beaucoup de oui et un peu de non.

Target se résume comme l’histoire de deux agents secrets opérant ensemble, et se trouvant être meilleurs amis à la ville. A priori, rien ne semble pouvoir les séparer l’un de l’autre, jusqu’au jour où ils découvrent qu’ils fréquentent et séduisent la même femme, Lauren. Et c’est sur ce postulat que repose et que va se développer le film. Ce qui semblait être un problème pour les hommes, à savoir faire des choix qui pourront briser leur amitié, va s’avérer en être aussi un pour Lauren, qui va elle aussi se trouver face à un dilemme.
Target est le prototype même du film de pur divertissement qui s’assume. Pour attirer un large panel de public, il se trouve être un mélange d’action avec ces deux héros qui vont déployer tout un arsenal de plus en plus improbable pour arriver à leurs fins, et de comédie romantique avec la fameuse « prétendante » dont la vie sentimentale semble être une catastrophe, et qui se voit obligée de demander des conseils peu avisés à son amie nymphomane.
Tuck et FDR, les deux protagonistes qui avaient tout en commun, vont petit à petit mêler vie privée et vie professionnelle afin d’atteindre leur but, à savoir conquérir cette femme. L’évolution des rapports entre eux deux est intéressante, car tout en restant enfantine tout du long, l’ambiance va passer de la confrontation bon-enfant à une guerre sans merci. Après tout, McG filme ici un rêve de gosse, celui de devenir un agent secret et de pouvoir faire tout ce qui n’est pas permis en temps normal, avec en plus tout un tas de gros jouets à disposition. C’est donc logiquement que l’on se retrouve à regarder la surenchère dans les moyens de persuasion déployés avec des yeux d’enfant, et même si certains raccourcis scénaristiques sont parfois un peu faciles, le tout remplit parfaitement sa fonction de divertissement.

Même si la plupart des situations donnent dans une démesure graduelle au fur et à mesure que l’histoire avance, l’ensemble reste assez crédible et cohérent, connaissant les moyens extraordinaires qui sont mis à disposition des deux agents. Ainsi, même si leur métier leur impose de ne montrer aucune faiblesse, McG tente de s’intéresser au côté plus « humain » de ses personnages, de découvrir leurs faiblesses. Si cette  idée a déjà été vue et revue sur le papier, elle s’avère tout de même efficace, et convient parfaitement à l’image purement divertissante du film.
Target est aussi un simple mais efficace mélange de film d’action et de comédie romantique, dans lequel chacun des personnages s’apparente à un genre, même lorsque ceux-ci se rencontrent. Après un démarrage un peu poussif et réchauffé, Target se lance enfin et réussit, sans que ce soit révolutionnaire, à ne pas s’enfermer dans un seul des deux genres qu’il cherche à explorer, et le mélange des deux se trouve être assez maîtrisé.
Dans l’optique de la distraction poussée à bout, McG a su s’entourer d’un casting millimétré, avec un groupe de stars en poupe et reconnues pas le public. On retrouve ainsi un trio d’acteurs au physique parfait en toutes conditions, ainsi que Tom Hardy dans un nouveau registre qui lui colle bien à la peau car, comme les autres, il ne se prend pas au sérieux, s’amusent à tourner leurs scènes et cascades, ce qui donne un peu plus d’énergie au film.
Mais quitte à vouloir assumer l’aspect cool du film jusqu’au bout, autant voir les choses en grand. Et lorsque l’on parle de McG, il y a de quoi s’attendre à de l’osé et du loufoque, et c’est malheureusement là que Target rate le coche. Le spectacle est certes assuré, mais pas assez pour un réalisateur dont on sait qu’il est capable de bien mieux, et cela rend le film agréable, mais trop vite oubliable.

Target est un divertissement tout ce qu’il y a de plus classique, sans être inoubliable. On entre très vite dans le jeu de la surenchère grâce à un casting de pitres même si le tout manque parfois de cohérence. Connaissant la filmographie de McG, on peut déplorer que Target n’ose pas plus et se contente de n’être qu’un gentillet parfois bébête moment de cinéma qui s’oublie bien trop vite.
Titre Français : Target
Titre Original : This Means War
Réalisation : McG
Acteurs Principaux : Reese Witherspoon, Tom Hardy, Chris Pine
Durée du film : 01h40
Scénario : Timothy Dowling, Simon Kinberg
Musique : Christophe Beck
Photographie : Russell Carpenter
Date de Sortie Française : 21 mars 2012
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[CRITIQUE] The Artist /critique-the-artist/ /critique-the-artist/#comments Fri, 16 Sep 2011 15:45:03 +0000 /?p=1714 La confiance. C’est sûrement ce qui est à la base de tout ce film, sans celle-ci,  The Artist n’aurait pas vu le jour. Quel producteur pourrait oser, en 2011 à l’heure où cinéma rime bien trop souvent avec effets spéciaux et 3D à foison, collaborer à l’élaboration d’un film français en noir et blanc et muet ? Et bien Thomas Langmann a cru à ce projet. Comme il le dit lui même, il a financé ce film car il a cru au potentiel artistique de Michel Hazanavicius, qui avait déja fait ses preuves avec les précédents OSS 117, comédies complètement décalées de ce que l’on pouvait voir en France jusqu’à pésent.
The Artist raconte suit donc George Valentin, star du cinéma muet de la fin des années 1920, et qui va très vite sombrer dans l’oubli avec l’arrivée du cinéma parlant. Peppy Miller fait partie de ces nouvelles étoiles montantes, et son chemin va croiser celui de l’ancienne star déchue. Une romance entre les deux va ainsi s’installer…

Le film est ce que l’on appelle un pari fou. L’envie de renouer avec les origines du septième art, Hazanavicius aime cette idée et on le ressent. Il a voulu s’essayer à un genre “disparu” depuis longtemps, aujourd’hui remplacé par l’utilisation souvent excessive des nouvelles technologies. On va donc voir ce film avant tout car il attise notre curiosité, on veut savoir si ce pari risqué est tenu, et on en ressort finalement conquis ! The Artist en tant qu’oeuvre est la preuve que l’anticonformisme peut avoir du bon, il n’y a pas plus plaisant que de découvrir quelque chose qui se trouve aux antipodes de ce qui tend actuellement à se standardiser de plus en plus en matière cinématographique.

Le réalisateur maîtrise vraiment son art, il l’aime au point de hisser son film bien au dessus d’un simple hommage. Même si ça ne sera probablement pas exploité, il signe presque un renouveau du genre, puisqu’il s’ancre tout de même dans notre temps. Il reprend parfaitement les bases de ce qui faisait le charmes de ces films : un noir et blanc superbement maîtrisé par le directeur de la photographie Guillaume Schiffman, et qui s’épargne les défauts de pellicule si courants à l’époque sans pour autant en perdre la grâce; l’absence de dialogues oblige à une présence quasiment constante de musique, elle aussi brillante puisqu’elle colle au mieux au ressenti des personnages, et le spectateur sait du coup immédiatement où se placer. De plus, les cartons sont évidemment présents et font parfois véritablement partie de la mise en scène plus que de la simple explication écrite. Il y a même quelques passages sonorisés, subtilement incrustés, qui témoignent de la déchéance de l’acteur face à l’arrivée du parlant. A ces fondements est ajouté tout ce qui a pu être appris, maîtrisé depuis cette époque pour en tirer le meilleur possible.

The Artist est aussi une intéressante mise en abîme, du cinéma dans le cinéma. Cet un exercice qui peut être risqué, encore plus dans un film exempt de paroles. Et une fois de plus, cette pratique est dompté. Ainsi, on arrive à différencier exactement les scènes ou les acteurs jouent dans le film de leurs personnages, et celles où ils tournent uniquement face à la vraie caméra. Et cela se vérifie aussi pour les deux cas en même temps.
En ayant pris l’habitude de tourner des films comme tout le monde le fait aujourd’hui, on imagine qu’il a pu être difficile de renouer avec ce qui faisait autrefois le charme des films muets, à savoir entre autres le jeu d’acteur. Et ici, ce dernier est l’une des grandes forces de ce film. Ils ont réussi à capter la subtilité qu’il faut savoir fournir lorsque les paroles sont absentes, et donc par moments surjouer pour faire passer les émotions par des expressions.

Le personnage incarné par Jean Dujardin est au début adulé, remarqué comme la grande star du muet, mais il est très vite marginalisé lorsque le cinéma parlant fait ses débuts. Il va devoir laisser place à de nouvelles recrues, ces dernières devant savoir fournir un jeu moins gestuel, moins caricatural vu que la parole est possible. On sent que le passé de comique de cet acteur n’est pas si loin, ce qui l’a probablement aidé à trouver les bonnes mimiques et gestuelles à adopter, car son personnage peut passer sans encombre du comique au tragique.
Berenice Béjo quand à elle diffuse une classe superbe, elle éblouit vraiment tout lorsqu’elle passe devant la caméra. On les croit tous deux vraiment sortis directement des années 1920/1930 tant ils sont imposants et émettent une classe à l’ancienne dans ce noir et blanc.
La déchéance du principal protagoniste est appuyée par la mise en scène qui le montrait droit et parfait au début, puis au fur et à mesure de sa décadence, la caméra bascule et filme certaines de ses scènes de travers. Quand sa carrière va mal, sa vie en va de même : sa romance avec Peppy Miller va lui faire perdre sa femme, sa seule réelle attache restant son chien. Ainsi, il va subitement passer de l’éblouissance des projecteurs, à l’ombre, souvent évoquée dans la mise en scène, jusqu’au final salvateur.

Plus qu’un simple hommage au cinéma muet, The Artist est une oeuvre complète qui mélange habilement romance, comédie et drame pour toucher le grand public. Doté d’une esthétique bluffante de beauté (un noir et blanc à la fois neuf et ancien), le film est aussi et surtout porté par le duo en tête d’affiche, Jean Dujardin et Bérénice Béjo sont incroyables de justesse et diffusent une classe rétro comme on en voit plus. Pari risqué mais remporté haut la main par Michel Hazanavicius.

 

Titre Français : The Artist
Titre Original : The Artist
Réalisation : Michel Hazanavicius
Acteurs Principaux : Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman
Durée du film : 01H40
Scénario : Michel Hazanavicius
Musique : Ludovic Bource
Photographie : Guillaume Schiffman
Date de Sortie Française : 12 octobre 2011
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[CRITIQUE] Sortilège /critique-sortilege/ /critique-sortilege/#comments Tue, 02 Aug 2011 16:08:00 +0000 /wordpress/?p=71 Je me demande très franchement pourquoi j’ai regardé Sortilège.. Tout est pourtant en faveur de l’oubli le concernant, les acteurs, les…. heu…. tout le reste!
Rien ne joue en sa faveur, et pourtant, je l’ai regardé… Et c’est là où je devrais vous avouer en fait que c’était une bombe, une éclate totale, si on suit mon cheminement. Mais non ce n’est pas le cas, pas du tout.

A la manière de Numéro 4 (dont l’acteur principal est de nouveau là) ce film est ouvertement destiné à un public en voie de croissance, ne se sentant pas à sa place.
Alors oui le message que tente de véhiculer Daniel Barnz à une valeur, sauf que celui-ci n’est peu voire carrément pas mis en avant.

« What can I say, I’m substance over style. »

Dans une université ordinaire, un jeune garçon, Kyle, est un véritable “icon”. Il a réussi à convaincre toute son école qu’une seule chose fait la vie : la beauté. Quelqu’un qualifié de “moche”, de “grassouillet” est donc voué à rater sa vie.
Mais une personne se dresse contre lui, une fille, que tout le monde qualifie de sorcière, nommée Kendra. Voyant que celui-ci n’évolue pas et va continuer à propager son idéal superficiel, elle décide de lui asséner un sortilège. Il se transforme alors et devient ce qu’il a toujours détesté, et seul le véritable amour l’en sortira…

Bon alors très franchement, j’aimerais vraiment savoir comment était le scénario de base (celui du livre), parce que là, certes, c’est plein de beaux mots, mais les dialogues sont plats, non-instructifs et atteignent une linéarité sans pareille !
Il ne se passe rien du tout, les personnages non aucun charisme, n’ont pas de but ni de caractères propres, ils ne sont presque pas normaux. Ils sont censés représenter les pires archétypes que connaissent les ados afin de pouvoir se représenter à leur place… Mais là.. C’est d’un certain niveau.

« I went to this dance and an emo chick gave me a dark hex. »

C’est vraiment dommage, je ne dis pas que l’on aurait pu avoir un film extraordinaire, mais le simple fait de mieux véhiculer son message aurait pu rendre ce film meilleur.
Je veux dire par là, il est clairement inspiré de la Belle et la Bête, mais on y retrouve seulement 1% du charme qui unit ceux-ci. Et pourquoi donc ? En partie à cause de notre couple en fait, Vanessa Hudgens et Alex Pettyfer, tous deux font preuve d’une joie si folle de connaître l’amour et de faire la paire que l’écran en exploserait presque…

Je m’acharne sur lui.. mais Alex Pettyfer (Kyle Kingson) est réellement impassible quelle que soit la situation, lui et les sentiments, les émotions, c’est presque ses ennemis intimes… Vanessa Hudgens (Lindy Taylor), voilà quoi… non… Son rôle se limite encore et toujours à ce qu’elle a fait dans *bip* (non, je ne parlerais pas de cette chose dans un seul de mes articles) à savoir jouer de la manière la plus niaise possible.
Seul Neil Patrick Harris (Will l’aveugle) et Mary-Kate Olsen (Kendra) arrivent à réhausser un peu le niveau, ils offrent une touche plus… humoristique et paradoxalement surtout plus vivante!

« I’m worthy of you. »

Mais parlons d’un point primordial de Sortilège, le fait que le personnage principal soit défiguré durant une grosse partie du film. Outre le coté niais qui accompagne certaines scènes du film entre Kyle et son maléfice, c‘est surtout le coté… cheap du maquillage qui m’a déconcerté.
On a l’impression qu’avec une petite pichenette le tout s’envole, même lui hésite à y toucher durant tout le film. (mais où sont les 17M de budget?.. Pas dans les 40 jours de tournage.)

Il y aussi la fantastique bande son, qui nous fait comprendre que n’importe qui peut être compositeur tant que l’on sait choisir les musiques qui vont au public (je n’ai pas l’impression d’avoir entendu, une seule musique originale), enfin pour ce film tout du moins.
Oui je sais, je suis loin d’avoir été objectif, mais les choses sont ce qu’elles sont, un mauvais film reste un mauvais film…

En gros? A ne pas regarder… quelque soit le prétexte, si au moins ça avait été marrant, mais non même pas. C’en est juste navrant. En fait, allez vous procurer la Belle et la Bête, là au moins, vous passerez un bon moment.


Titre Français : Sortilège
Titre Original : Beastly
Réalisation : Daniel Barnz
Acteurs Principaux : Vanessa Hudgens, Alex Pettyfer, Mary-Kate Olsen, Neil Patrick Harris
Durée du film : 01H23
Scénario : Daniel Barnz d’après l’oeuvre de Alex Flinn
Musique : Marcelo Zarvos
Photographie : Mandy Walker
Date de Sortie Française : 6 Juillet 2011
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[CRITIQUE] Never Let Me Go /critique-never-let-me-go/ /critique-never-let-me-go/#comments Thu, 10 Mar 2011 06:28:00 +0000 /wordpress/?p=87 Lorsque j’ai vu quelques bandes-annonce de ce film, je n’y ai pas du tout prêté attention. A tel point que je ne me suis pas du tout renseigné sur le scénario. Vous vous demandez sûrement : “mais pourquoi il l’a vu alors?”. Je vais être honnête avec vous, le simple fait que Keira Knightley joue dedans m’a suffit. o/
Never Let Me Go est un film adapté d’un roman (Auprès de moi toujours), écrit par Kazuo Ishiguro, auteur britannique. Le tout est réalisé par Mark Romanek, un autre de ces réalisateurs venu du monde du clip musical (entre autres : NIN et RHCP).
Mais qu’est donc réellement Never Let Me Go alors ? Une romance à deux sous? Ou un film beaucoup plus renversant et étonnant?

“You have to know who you are, and what you are.”

Never Let Me Go nous place dans un univers totalement utopique, mais en s’intéressant paradoxalement au côté dystopique du sujet. Ainsi, on suit l’histoire de Ruth, Katty et Tommy, trois enfants élevés dans un internant totalement coupé du monde extérieur. Mais nous ne sommes pas ici dans un monde idyllique où ils finiraient leurs études et se retrouveraient à vivre leurs vies. Non. Ces enfants ne sont voués qu’à une seule chose : le don d’organe.
La société qui les entoure les utilisent tels des outils afin de guérir les maladies, vivre plus longtemps, profiter de soi-même.

C’est ainsi que l’on comprend que le film trouve sa force dans sa globalité. La chronologie du film nous fait vivre cette vie si courte dont il sont dotés médicalement et qui leurs est reprise de la même manière. La vie de ces gens est un droit chemin tracé vers la mort. Ainsi on les suit enfants, puis adolescents, et enfin jeunes adultes découvrant le monde réel qui les entoure, un monde dont ils ne profiterons jamais. Un monde où certaines personnes ne sont pas mieux considérées qu’un élevage.
Leur liberté est alors illusoire, à chaque tournant, à chaque espoir une route tracé droit devant eux les réalignent sur le chemin qui leur est destiné.

C’est une thématique risquée, montrant l’atrocité que pourrait être la vie si de tels systèmes étaient mis en place. On voit un film auquel on ne s’attend pas, une véritable oeuvre éprouvante. On regrettera seulement que certains points soient négligés.

“It’s the only way to lead decent lives.”

Pour un film comme celui ci, pour une histoire aussi forte, il faut de bons acteurs. Chaque acteur est poussé dans ses derniers retranchements. Keira nous étonne dans son rôle, elle casse son image, elle est démunie physiquement, faible et totalement perdue.
Carey Mulligan est somptueuse dans son rôle de fille éprouvée, brisée, mais qui tente de survivre par tous les moyens.
Enfin, j’avais vu Andrew Garfield dans L’imaginarium du Docteur Parnassus, et ici, c’est un tout autre personnage, simple, combatif mais toujours pris au dépourvu… comme tous les autres.

Mais malgré tout cela, ils cherchent tout de même à survivre, à profiter du peu qu’ils possèdent… Pas de bête triangle amoureux quand votre espérance de vie ne dépasse pas la trentaine, un seul acte égoïste, un seul choix, et tout se perd.
La mise en avant des sentiments est constamment sur une corde, prête à rompre, et c’est ça qui en fait son charme.
Mais cet prise de risque dangereuse fait que, de temps en temps, les sentiments ont tendance à devenir artificiels sur quelques passages.

“We all complete.”

Certain penseraient rapidement à The Island. Mais ici tout est plus noir, sombre, triste, mais surtout réfléchit et vrai, sur des points où The Island ne fait que montrer une face joyeuse et peu recherchée, simplement là pour nous divertir.
Tout cela grâce à M.Romanek, qui réalise dans Never Let Me Go une mise en scène et des cadrages certes, simple, mais d’une cohérence et d’une précision intelligente.
Il est impossible de prévoir quoi que ce soit durant tout le film. Chaque petit détail compte. Chaque action, même insignifiante, a son importance dans la vie d’une personne qui ne vit que moins d’un tiers de l’espérance de vie d’un être humain normal, et qui en a conscience.
On ressort du film éprouvé, avec un sentiment de pré-culpabilité pour ces personnages qui n’ont aucune identité, pas de noms de famille, rien les caractérisant réellement, à part leur espoir.

Je finirais sur la bande son du film, qui participe aussi beaucoup à sa réussite!

Never Let Me Go est un très belle surprise, un véritable conte qui trouvera son publique. Prenons le temps de nous asseoir et réfléchissons à nos actes.

Titre Français : Never Let Me Go
Titre Original : Never Let Me Go
Réalisation : Mark Romanek
Acteurs Principaux : Keira Knightley, Carey Mulligan, Andrew Garfield, Charlotte Rampling
Durée du film : 1h43
Scénario : Alex Garland
Musique : Rachel Portman
Photographie : Adam Kimmel
Date de Sortie Française : 2 Mars 2011
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