?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » Fantastique http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Critique : Le Monde Fantastique d’Oz (Sam Raimi) /critique-le-monde-fantastique-doz-sam-raimi/ /critique-le-monde-fantastique-doz-sam-raimi/#comments Sun, 03 Mar 2013 21:00:59 +0000 /?p=7881 Oz - AfficheIl y a de longues années, Le Magicien d’Oz avait gravé d’une pierre symbolique une nouvelle histoire du cinéma. Illustration du passage en couleurs et d’une partie de la culture américaine lorsque le rêve était autant porteur d’espoir que d’une morale éducative, le film de Victor Fleming était, et restera sans aucun doute la plus belle adaptation possible du roman de Lyman Frank Baum. Si sa suite, Oz, un monde extraordinaire, n’est définitivement pas animée de la même fougue, Sam Raimi lui, ne prétend jamais avoir l’intention d’occulter le chef d’œuvre dont il s’inspire. Car au-delà d’être un simple prequel, Le Monde Fantastique d’Oz n’a jamais l’arrogance de n’être plus qu’un véritable hommage et une simple redescente dans ce monde dans lequel n’importe quel homme rêverait pouvoir s’établir.
Loin d’idées complexes, Le Monde Fantastique d’Oz n’est pourtant pas dénué d’idées morales, écrivant l’histoire de l’homme que l’on résume aujourd’hui par le titre « Magicien d’Oz » : Oscar Zoroaster Phadrig Isaac Norman Henkel Emmannuel Ambroise Diggs ou Oz pour les intimes. Ce magicien de cirque peu scrupuleux, que l’on pourra apparenter sans aucun mal à un charlatan à la recherche du boniment parfait, du tour qui changera sa vie, ne fait que s’échapper constamment de ses obligations, parfait utilitariste dans l’âme.
Oz ne changera pas cette vision du monde qu’a Oscar Diggs, ce sont les rencontres humaines comme étrangères que met en scène Sam Raimi, qui amèneront peu à peu Oscar Diggs sur le chemin du Magicien faiseur de souhaits que l’on connaît aujourd’hui.

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Le travail qu’effectue Sam Raimi est ainsi l’œuvre d’un orfèvre, s’attardant sur chaque instant de son film afin de ne délaisser aucuns moments et personnages. Parsemé de belles envolées scénaristiques, avec des moments de bravoures comme seul sait les manier le réalisateur, l’on retrouve avec plaisir ce traitement si atypique de la narration décalée, basculant ses personnages sur différentes nuances d’humour tout en soulevant divers enjeux dramatiques forts. Sam Raimi, bien loin de s’attaquer uniquement au mythe, offre tout au long de son film une véritable pensée par rapport à la naissance et le contexte de son modèle. Sorte de réflexion artistique à première vue élémentaire, il nous renvoie dès les premières minutes du film à l’architecture du Magicien d’Oz de Victor Fleming. Introduit par une séquence en noir et blanc et suivi d’un univers haut en couleurs, Sam Raimi reprend ce même schéma, comme si il essayait à l’heure du numérique, de nous rappeler l’impact qu’avait ressenti toute une génération face à une telle utilisation du Technicolor. Plus que de simples jeux de couleurs, il se tourne aussi subtilement sur l’héritage même du cinéma aux Etats-Unis. Tous les appareils filmiques, outils de prestidigitations et de foires, dans les mains d’Oscar Diggs, sont bien loin de l’idée que nous, français nous en faisons tels que nous voyons le cinéma sous le règne des frères Lumière. Chez l’Oncle Sam, Thomas Edison, modèle parfait du prestidigitateur qu’Oscar Diggs rêve d’atteindre, est, et restera longtemps, l’inventeur du spectacle cinématographique.
Le récit n’accuse donc aucune grosse baisse de rythme, appuyant une nouvelle fois ses enjeux sur cette envie du spectateur d’en découvrir plus, de ne pas voir cette histoire s’achever si vite. Là est l’handicap d’Oz, malgré ses intentions claires et sa narration scintillante, Sam Raimi nous précipite dans son univers, et enchaîne les péripéties à une trop grande vitesse, nous laissant l’amère impression d’assister à bien trop d’ellipses narratives qui auraient mérité d’être approfondies. Si le personnage d’Oscar Diggs bénéficie d’un travail sans reproche, évoluant de la même manière que la petite Dorothy Gale, découvrant émerveillé ce monde qui lui est offert et découvrant plus qu’il n’aurait pu l’espérer, lui, ne se contente pas de parcourir le chemin de brique jaune. Son ami Finley, le singe volant, fonctionne dès ses premières répliques. En revanche les sorcières, ou bien la petite poupée de porcelaine - malgré une construction scénaristique intéressante - pâtissent du rythme global.

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Néanmoins, si le film s’évertue à garder un trajet dialectique, se voulant explicatif sur les événements du premier film, il réussit tout de même à s’échapper d’un moule trop rigide et refermé pour laisser les choses aller. Une véritable identité née du projet, cette utopie naïve, détruite par les défauts que touchent le commun des mortels, n’a certes pas les même considérations morales et éducative que son original, mais propose tout de même une magnifique identité unique et dynamique, tout en abordant de nouveaux thèmes, mais en gardant cette idée que quiconque vient à Oz se redécouvre et apprend à mieux se connaître. Si la petite Dorothy découvrait avec fascination ce monde, Oz, l’homme de foire, l’homme de prestidigitation, remplace la naïveté candide de cette dernière, par l’amour de ce monde qu’il a toujours rêvé être le sien, afin d’y croire et ne pas se retourner chaque seconde, comme si les ombres de la mort et du délire planaient en réalité sur lui. Car là où l’on ne se posait pas de questions sur la facilité qu’avait une petite fille à imaginer un tel monde, à y croire, pour un homme plus mûr, toute cette idée est fondement du film, un seul doute et tout s’écroule pour le spectateur. Comment faire confiance à un univers dont le protagoniste principal se méfie lui-même?
On pourra pointer du doigt certaines tares visuelles, telles que des soucis d’incrustations, mais au-delà de celles-ci, un tel monde s’illustre que l’on peut facilement les oublier et vivre cette histoire qu’est celle d’Oscar. Ce monde purement féerique, de rêve, où la violence n’a pas sa place ailleurs que dans la nature même de celui-ci, s’avère être une véritable mine d’or, véritable matière à rêver. Il ne faut pas néanmoins déposer sur le film le label « Alice aux Pays des Merveilles », malgré un opportunisme clair de la part du studio référent, et même si les producteurs ne sont pas étrangers à ce soucis, Sam Raimi crée tout un univers cohérent, si bien que l’on aura tendance à voir dans Le Monde Fantastique d’Oz un film amputé de bien d’autres idées et d’architectures. Ces 2 heures ne suffisent clairement pas pour bâtir une chimère si grande que le magicien d’Oz.

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Le film a en revanche un véritable défaut, plus grave que cette envie d’en voir plus, de l’ordre du casting et portant le nom de Mila Kunis. La jeune fille ne convainc jamais - à l’inverse d’un James Franco au sommet de sa forme -, que ce soit dans la première comme la seconde forme de son jeu. Si certains tics du personnage peuvent être intentionnels, son jeu facial, lui, reste bien de l’ordre du surjeu non maitrisé, facilement ébranlable et surtout très pauvre en émotion et seul instant de mauvais goût dans cette peinture jusqu’alors fournie d’idées rendant ce monde concret et fascinant.
Si cette impression nous empêche de profiter pleinement du dernier quart du film, Le Monde Fantastique d’Oz amène si judicieusement son final, que ce dernier équilibre cette tâche indélébile. Tout en mettant ainsi à bas, en détruisant le personnage d’Oz, pour bien recommencer à ses racines, Sam Raimi permet au personnage de réellement exister, d’être bien plus qu’un visage sur un écran de fumée que l’on attend durant deux heures. Car s’attaquer au personnage d’Oz maintient ce risque que le film n’ai pour existence que l’explication des péripéties du film original. Sam Raimi balaye sans difficulté cette peur, et ce par le biais d’artifices aussi concrets que forts, permettant à cette attente de devenir une véritable conséquence de l’heure et demi précédant l’événement, et non pas à une lubie d’un réalisateur quelconque s’attaquant au remake/prequel d’un chef-d’œuvre déjà existant.
Enfin, si l’on remerciera avec un sourire forcé Disney pour l’implication de Mariah Carey dans la promotion du score du film, c’est en revanche avec un sourire honnête que l’on apprécie la réconciliation entre Sam Raimi et Danny Elfman. Après tout, qui d’autre mieux que Danny Elfman aurait pu offrir un score digne de ce nom à un film dans un univers tel que celui d’Oz aujourd’hui ?


Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Théodora, Evanora et Glinda semblent réellement douter de ses compétences… Grâce à ses talents d’illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de sorcellerie, Oscar va très vite se retrouver impliqué malgré lui dans les problèmes qu’affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais si un destin hors du commun ne l’attend pas au bout de la route?


Après 4 années d’absences, Sam Raimi ne déçoit pas. Malgré quelques faiblesses, ce premier voyage à Oz se déroule à merveille, nous amenant à rêver et à retomber en enfance. Sans une once de prétention, il nous offre un univers captivant dans lequel nous aimerions au final passer plus de temps.
Titre Français : Le Monde fantastique d’Oz
Titre Original : Oz: The Great and Powerful
Réalisation : Sam Raimi
Acteurs Principaux : James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz
Durée du film : 2h 7min
Scénario : Mitchell Kapner & David Lindsay-Abaire d’après l’oeuvre de L. Frank Baum
Musique : Danny Elfman
Photographie : Peter Deming
Date de Sortie Française : 13 mars 2013

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Critique : Le Hobbit : Un Voyage Inattendu (Peter Jackson) /critique-le-hobbit-le-voyage-inattendu-peter-jackson/ /critique-le-hobbit-le-voyage-inattendu-peter-jackson/#comments Mon, 10 Dec 2012 11:00:29 +0000 /?p=7289 Il était attendu, et le voilà enfin, ce film qui porte le lourd fardeau qu’est celui de relancer une franchise aujourd’hui, avec l’honnêteté d’un réalisateur qui n’y voit que la chance de retourner en Terre du Milieu et d’y vivre une nouvelle aventure. Le Hobbit : un Voyage Inattendu a lui aussi connu sa petite épopée avant d’atteindre le grand écran. Durant deux années, ce fut Guillermo del Toro qui travailla sur le projet, main dans la main avec Peter Jackson, jusqu’à ce que le premier ait à passer la main au second à grand regret. Si à cause de cela jamais l’on aura la chance de voir la Terre du Milieu sous l’œil du réalisateur mexicain, le retour de Peter Jackson ne pouvait pas être vu comme un mal. Car le néo-zélandais, connu pour son amour de ses terres est bien l’un des mieux placés pour assurer la réussite du diptyque devenu trilogie.
Le Hobbit : un Voyage Inattendu est-il alors un réussite, ou sombre-t-il dans les mêmes défauts que Prometheus, à vouloir trop s’accrocher à une précédente saga ? La réponse est sans appel, l’épopée héroïque du petit Bilbo se lance sans encombre avec la même force dans laquelle la Communauté de l’Anneau avait su nous porter dans son élan homérique lorsqu’il était question de sauver tout un monde.
- Détails sur le HFR en fin d’article - 

Bilbo, parfait hobbit, petit homme de la Comté, est le seul parmi ses confrères à nourrir sa soif d’aventure. Alors lorsque Gandalf le Gris lui propose de le rejoindre, sa compagnie de nains et lui-même dans une longue quête, si la peur le prend un instant, il n’hésite pas plus longtemps à s’y engager.
Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien, roman destiné d’abord aux enfants, est loin de porter les mêmes considérations dramatiques que le Seigneur des Anneaux, il n’est jamais question dans celui-ci de la destruction d’un monde entier face à une menace omnisciente. Mais ce n’était pas sans compter le travail de Peter Jackson, en joie d’offrir à son public une trilogie aussi complète que la précédente, mélangeant avec habileté ses ombres et ses lumières. Ainsi, tout en ouvrant l’histoire même de Bilbo sur un passage qui pour les nostalgiques ne restera pas sans effet, il signe de tout nouveaux enjeux, autres facettes propres à l’héroïc fantasy. N’oubliant jamais que Bilbo le Hobbit est aussi l’histoire de toute une compagnie et non d’un seul hobbit, si on aurait pu avoir peur de la manière dont présageait le traitement des nains vecteurs de ce nouvel objectif, la manière dont il procède à leur introduction balaye cette peur d’un revers de la main. Et dès lors qu’il est question de nature de leur épopée, que le chant de Thorin Écu-de-Chêne retentit, l’effet est immédiat : la quête d’Erebor, de ces nains, de Bilbo et de Gandalf sera elle aussi grandiose.
Car c’est une cause tout aussi juste qui accompagne la Compagnie Écu-de-Chêne, celle du foyer, lieu sacré qui leur a été enlevé par le terrible dragon Smaug. Ce dragon, venu du ciel, attiré par l’avidité des nains, s’abat sur eux sans laisser la moindre âme qui vive, rasant village et royaume, tel une ombre s’étendant sur la majesté d’un peuple qui jusqu’alors se croyait intouchable.
Bien sûr, Peter Jackon fait de nouveau jouer son incroyable habilité à nous masquer les éléments clés de sa trame à venir, nous laissant juste ce qu’il faut pour nous amener à mettre en marche notre imagination. Ainsi Smaug est habilement caché, ne se montrant jamais lors de la grande attaque, pourtant première partie portante de son récit, où l’on n’y aperçoit qu’une queue ou une ombre.

Cette première partie, bien sûr rapidement suivie par les autres événements, nous rappelle à quel point Peter Jackson est maître de son univers, ne laissant jamais rien au hasard. Cette vision, éminemment destructrice appuie sur l’aspect tragique de la situation de ces nains, qui déjà blessés par la perte de leur royaume, se retrouvent en plus aux mains des autres créatures démoniaques, voyant leur nombre diminuer à vue d’œil.
Mais pourtant, Peter Jackson n’hésite pas à montrer ensuite la vraie nature des nains, car le véritable vecteur émotionnel chez le réalisateur néo-zélandais a toujours été le rire, même dans les situations les plus noires, et ce n’est pas parce que l’œuvre d’origine se le permet déjà que lui va s’en interdire. Les nains, même si leurs noms échapperont à tout néophytes, ne changent pas, ne s’adaptent pas, ils sont ce qu’ils sont et vivent leur quête à leur manière, ne changeant rien à leur idée de la vie, tout comme Sam Gamgi ne pouvait s’empêcher de penser à la nourriture. Et cette approche de la vie se voit constamment entrer en collision avec les événements et histoires secondaires accompagnant le récit, ceux-ci venant rajouter une nouvelle couche à un univers déjà bien riche.
Car même si Peter Jackson découpe Le Hobbit - roman finalement assez court - en trois épisodes, sa générosité bien connue lui permet de traiter chaque personnage et événement avec souvent plus d’attention que dans le livre lui-même, traduisant cette aspect épique de l’héroïc fantasy que lui seul sait mettre aussi bien en valeur. Nous lançant de nouveau dans de nouvelles envolés, suivant la Compagnie traversant les landes, Peter Jackson met aux images rêvées des lecteurs de parfaites illustrations et propose à ceux découvrant l’œuvre un univers fascinant. Fondcombe, la ville immortelle, revit de nouveau, les trolls ne déçoivent pas et les créatures proches de l’univers pensé par Guillermo Del Toro, dont la patte se fait sentir, prennent vie avec une force inouïe, notamment au cours d’une scène où l’univers seul semble se détruire sous la violence de l’orage et de la nature.
On excusera à Peter Jackson les plans déjà vus au cours de la quête de l’Anneau, qui plairont aux nostalgiques car peu nombreux et retranscrivant 10 avant, avec brio, le cheminement d’un groupe dans cet univers. Ainsi que son approche assez semblable de cette nouvelle mythologie de Tolkien, rapidement oubliée par la puissance de ce nouveau récit.

Mais ce n’est pas seulement par l’image que Le Hobbit : un Voyage Inattendu existe, même si Erebor permet à Peter Jackson de nous offrir des plans monstrueux, que la photographie est presque sans défauts - avis définitif à venir avec le 48 fps -, et que son montage imposent le respect, c’est aussi par la puissance de ses personnages que le récit s’envole. Si Thorin, incarné par Richard Armitage, est évidemment l’équivalent d’Aragorn dans cette nouvelle trilogie, ce dernier évolue avec bien d’autres considérations. Seul personnage véritablement déchu de l’histoire, beaucoup plus touché par les événements qui ont suivi la chute de son empire, le prince n’a plus d’autre choix pour sauver sa patrie et ses derniers amis que de reconquérir son trône. Face à lui, Peter Jackson installe un némésis : Azog, l’orc pâle. Ecu-de-Chêne doit ainsi se confronter à tous les fronts pour espérer achever son épopée.
C’est avec un grand plaisir que l’on découvre aussi Bilbo. Martin Freeman incarne le personnage avec excellence, véritable aventurier, curieux, n’arrivant pas à tenir en place et pourtant tiraillé par les choix qu’il fait en toute liberté. Car jamais le choix ne lui est imposé, à la grande différence de Frodon, il est celui qui allège le fardeau. Cependant, quand vient le temps de la confrontation entre Gollum et Bilbo, le personnage évolue de nouveau, se rendant compte du destin qui repose désormais sur ses épaules, comme si les paroles prophétiques de Gandalf étaient de nouveau la vérité même. Le personnage de Gollum évolue de nouveau, si les quelques reproches technologiques que l’on pouvait lui adresser il y 10 ans étaient déjà de l’ordre du ridicule, aujourd’hui elles se sont totalement envolés. Alors que la scène n’est qu’un jeu, le personnage affiche, par le travail toujours parfait d’Andy Serkis, des émotions marquantes.
Enfin, Howard Shore signe de nouveau un score d’une puissance incomparable. Renouant habilement avec son précédent travail, dont il parsème le récit, il compose de nouveau un thème principal nous plongeant la tête la première dans cette aventure.


Le HFR est véritablement une ouverture sur une nouvelle dimension du cinéma. Mais avant tout, sachez que l’expérience et le vécu de cette technologie déteignent d’une expérience fondamentalement personnelle. Attendons de la voir (nous l’espérons) se démocratiser avant d’en dicter les règles. Coté préparation, ne vous attendez pas à un coût supplémentaire : il n’y en a pas, là où vous aurez plus de difficulté en revanche, c’est pour trouver une salle qui le diffuse sous ce format (dirigez-vous pour cela vers les salles Gaumont pour l’instant). Vous êtes maintenant prêts à acheter votre ticket. Deux possibilités alors : aller le voir en VF ou en VO. Si d’habitude je prône la VO, sachez que le fait de ne pas avoir à suivre les sous-titre semble aider à l’adaptation visuelle (après avoir arrêté de les lire il m’a fallu quelques instants pour m’adapter, alors que durant toute la première demi-heure où j’ai tenté de suivre les deux, j’ai eu bien plus de mal). Dans ces conditions, votre oeil, plus fixe, prend des repères avec beaucoup plus de facilités. Dans tous les cas, il vous faudra un petit temps d’adaptation, 15 à 20 minutes, maintenant ce temps reste à voir lors d’une seconde projection sous ce format.

Maintenant, dans les faits : que vaut concrètement le HFR, et surtout, à quoi sert-il ? Pour faire simple, on substitue les 24 images par seconde habituelles par le double, soit 48, plus d’images par secondes, c’est donc plus de fluidité. En somme, il s’agit d’une technologie servant dans un premier temps à rendre la 3D beaucoup plus claire, plus profonde et moins distancée par rapport au spectateur. Le décor prend vie et tout un univers s’ouvre face à nous. Avec Le Hobbit : Un Voyage Inattendu, on prend alors un malin plaisir à découvrir tout cet espace où les personnages évoluent, les différentes scènes dynamiques semblent plus intenses, plus « concrètes ».

En revanche cette technologie est un pas de plus que les amateurs de bobines ne supporteront pas. A l’instar de la 3D, le HFR met à mal certains héritages du cinéma, notamment le flou de mouvement. Cet aspect, entre autres, définissant pour certains tout un aspect de l’art cinématographique - pourtant impropre à notre vision du monde réel -, disparait presque totalement, sauf exception avec les longs travellings aériens encore trop rapides.

Sur le plan technique, il s’agit aussi d’une technologie qui reste à être améliorée, mais qui proposera sans aucun doute de très belles perspectives. L’un des éléments méritant notre attention étant évidemment la technique de tournage en elle même. Car paradoxalement, même si ce qui nous est raconté est fait sur la même durée, cette impression étrange que l’on a au départ, qui est celle d’une légère accélération, se ressent sur le montage et différents mouvements de caméra propres au 24fps. C’est donc toute une nouvelle approche qu’il faut peut être tenir, mouvements de caméra plus lents, montage beaucoup plus contemplatif, tant d’approches qui seront encore surement remises en question dans les années à venir. Le jeu de l’acteur lui ne souffre pas de ces problèmes, car il s’avère au final plus naturel, plus « réaliste », mais seulement après le temps d’adaptation.

Faut-il aller voir Le Hobbit : Un Voyage Inattendu en HFR? Oui, même si il est en encore à un stade expérimental, la générosité de Peter Jackson nous invite à regarder tout ce qui se passe autour des personnage. En revanche, si vous n’arrivez pas à vous adapter immédiatement vous risquer de louper de très belles scènes ouvrant le film, notamment toute la partie consacrée à Erebor, qui m’a parue bien plus impressionnante sans le HFR. Pour les puristes de la VO pas forcément bilingue, faut-il aller le voir en HFR la première fois? Pas sûr. Mais il ne faut pas oublier que le film en soit reste assez excellent pour vous inciter à retourner le voir sous ses deux formats distincts.


Les aventures de Bilbon Sacquet, entraîné dans une quête héroïque pour reprendre le Royaume perdu des nains d’Erebor, conquis longtemps auparavant par le dragon Smaug. Abordé à l’improviste par le magicien Gandalf le Gris, Bilbon se retrouve à intégrer une compagnie de 13 nains menée par Thorin Ecu-de-Chêne, guerrier légendaire. Ce voyage les emmènera au Pays sauvage, à travers des territoires dangereux grouillant de gobelins et d’orques, de wargs assassins et d’énormes araignées, de changeurs de peau et de sorciers.


Peter Jackson nous emmène sans aucune difficulté à travers les Terres du Milieu. Dans son approche de celles-ci il ne renouvelle rien, ainsi les gens qui n’ont pas sû apprécier la première trilogie auront surement autant de mal avec celle-ci malgré son démarrage en force. Entre épopée épique et aventure légère, Le Hobbit : un Voyage Inattendu parlera surement à tous.

Titre Français : Le Hobbit : un voyage inattendu
Titre Original : The Hobbit : An Unexpected Journey
Réalisation : Peter Jackson
Acteurs Principaux : Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage
Durée du film : 2h 45min
Scénario : Peter Jackson, Philippa Boyens, Frances Walsh & Guillermo Del Toro
Musique : Howard Shore
Photographie : Andrew Lesnie
Date de Sortie Française : 12 décembre 2012

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Critique : Les Bêtes du Sud Sauvage (Benh Zeitlin) /critique-les-betes-du-sud-sauvage/ /critique-les-betes-du-sud-sauvage/#comments Sun, 25 Nov 2012 23:05:38 +0000 /?p=7218 Véritable révélation, qui s’est d’ailleurs confirmée tout au long de l’année, Les Bêtes du Sud Sauvage a bénéficié d’un très beau parcours. Sundance, Cannes, ou encore Deauville pour ne citer que les plus imposants, il est stupéfiant de voir à quel point ce film a suscité l’intérêt à travers les festivals du monde entier. Pour un premier film, qui plus est indépendant, cette vague de succès est plutôt étonnante. Mais ne nous en plaignons pas, bien au contraire, car il faut avouer que ce bijou à la beauté et à la puissance implacables mérite amplement son succès. Il est impensable d’essayer de classer ce film dans un genre particulier, de même qu’il est difficile d’essayer de le résumer rapidement. Et c’est tout à son honneur, car c’est de là qu’en découle son originalité.
Hushpuppy, petite fille de 6 ans, vit avec son père dans le Bassin, petit coin de Louisiane à la fois extrêmement précaire et paradisiaque. Par un récit atypique entièrement guidé par le regard de l’héroïne, Benh Zeitlin suit leur quotidien, menacé par une inquiétante tempête…
Les Bêtes du Sud Sauvage est un exemple parfait de cinéma sensitif. Son but premier est clairement de nous faire ressentir quelque chose à travers le parcours des personnages, qui n’est pas balisé par une histoire. Même s’il découle du film un ton merveilleux en même temps qu’une sensibilisation à des phénomènes de société contemporains, l’émotion qu’il suscite l’emporte sur tout le reste, du début à la fin.

Ayant choisi de tourner en Louisiane, Zeitlin s’est inspiré de cet endroit atypique pour créer le Bassin, lieu de l’histoire et donc de la vie des personnages. La nature y est un personnage à part entière, qui est d’ailleurs l’un des éléments déclencheurs du périple du père et de sa fille : une tempête approche et menace de dévaster la vie déjà précaire des protagonistes.  Ces personnages ont un rapport très poétique avec la nature : d’un côté ils lui doivent tout car elle leur permet de survivre dans un environnement difficile, et en même temps tentent de la dompter, mais toujours avec un respect palpable. En est l’exemple une très belle scène du film, pendant la tempête, où le père inculque à sa fille comment se battre et faire face aux éléments en sortant sous une pluie torrentielle avec un fusil, et tirant dans le ciel.
Le film amène à réfléchir sur des notions de respect et de sauvegarde. Sans jamais être lourd dans le propos, Zeitlin dresse à travers Hushpuppy le portrait d’une enfant qui sera probablement la dernière au monde à porter la culture que lui a inculqué cette grande famille du bayou. Mais là où il devient vraiment grand, c’est en donnant à ce brin de femme la conscience de la disparition de cette culture, qui sera, on l’imagine, écrasée par la « civilisation » qui se trouve au-delà de ce bassin. A ce moment, elle va tout faire pour en apprendre le plus possible, afin de perdurer ce mode de vie du mieux qu’elle le peut.
La petite est très sensible aux choses qui l’entourent, elle joue beaucoup de ses 5 sens. Le film se risque à capter une notion de découverte de son environnement, de prise de conscience de la préciosité de ce qui l’entoure. Il y arrive par ailleurs avec brio, elle voit l’univers d’un œil naïf, cherche à surprendre les battements de cœur des êtres qui l’entourent, comme pour toucher la Vie, se rendre compte de sa valeur.
Son père lui apprend à être forte, pour se préparer à survivre une fois disparu, puisqu’il se sait condamné. Car finalement, pendant tout le long des Bêtes du Sud Sauvage, le rapport des personnages à leurs sentiments est ambigüe : ils dégagent quelque chose d’extrêmement puissant rien que par la force du regard et des gestes, mais paradoxalement essayent à tout prix de les cacher, de se montrer humble. Et lorsque la fin du film arrive, toutes ces émotions retenues par le duo principal sont finalement extériorisées, et les dernières scènes de ce chef-d’œuvre artisanal sont d’une puissance émotionnelle  écrasante, et ne manquent pas de nous terrasser sous un élan incroyablement puissant de sincérité.
Ce qui reste incroyable dans ce film est qu’il est entièrement donné dans une vision d’enfant, qui va apprendre petit à petit à se construire, parfois malgré elle, parfois emportée par les événements, mais qui se rend compte de sa situation et de ce qu’elle peut en faire. La voix-off d’Hushpuppy est formidablement utilisée pour guider le récit, qui se laisse emporter au gré de l’imagination fluctuante de l’héroïne. Quvenzhané Wallis, 9 ans, actrice non-professionnelle, castée parmi plus de 3000 prétendantes au rôle, est sans conteste la révélation de l’année. Rien que par son regard et sa présence face à la caméra, elle véhicule avec une justesse folle tout ce que porte le film en termes de symbolisme et de messages.
Les Bêtes du Sud Sauvage, fondé par cette vision subjective enfantine divaguant entre conscience et naïveté, se déroule selon un rythme totalement indépendant, voyageant entre réalité concrète et rêveries apocalyptiques, au gré de l’imagination débordante d’Hushpuppy. Les Aurochs, créatures en filigrane de son imaginaire, font écho à sa condition. Animaux directement inspirés des peintures préhistoriques et aujourd’hui disparus, ils lui font face à elle, qui semble impuissante à la vue de l’effacement de sa culture.


Le penchant réaliste du film se tourne très vite vers quelque chose d’assez inexplicable, presque magique. Tout l’univers d’un enfant vu à travers ses yeux verse dans un mélange explosif de choix de registres, force dominante de l’œuvre.
Benh Zeitlin montre l’inverse de ce que l’on aurait tendance à penser en regardant les images du film. Cette vision d’extrême pauvreté, qui aurait eu un impact sacrément pessimiste dans le ton du film, est instantanément balayée par une ode à la liberté. Les habitants du bayou sont transcendés par une joie de vivre dans ce lieu qu’ils ne quitteraient pour rien au monde. Ce qui paraît pauvreté à nos yeux fait pourtant partie de leur quotidien. Ils vivent et se nourrissent de ce qui les entoure, et c’est la nature qui les a fait tomber sous le charme si atypique de ce lieu. La tempête qui arrive, fatale misère, sonne comme un événement final à la désolation déjà routinière des habitants. Sans jamais tomber dans le misérabilisme bas de gamme, le film tire l’une de ses grandes forces dans sa volonté de relever ses personnages. Ces gens à qui il arrive les pires choses qui puissent exister vont se relever, se reconstruire et toujours aller de l’avant. C’est cet élan incroyablement courageux, presque naïf, qui donne aux Bêtes du Sud Sauvage se cachet si particulier.
S’il trouve son originalité dans la façon de montrer la précarité ambiante, Benh Zeitlin n’en est ici qu’à son premier long-métrage, et il tombe facilement dans certaines manies du cinéma indépendant. Ce n’en est pas une critique de la dimension artisanale du film car cela fait aussi partie de son parti pris, mais la caméra constamment instable sur des visages, ou encore de nombreux flous pourront en agacer certains.
Finalement, le film diffuse une joie de vivre d’une puissance phénoménale, car même dans ses moments difficiles, on a l’impression d’en ressortir grandi. En témoigne la séquence finale, absolument terrassante, qui nous est offerte comme l’une des plus belles choses qui soit arrivée au cinéma cette année.


Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père.
Brusquement, la nature s’emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d’aurochs.
Avec la montée des eaux, l’irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.


Fable moderne ou conte onirique, Les Bêtes du Sud Sauvage berce l’imaginaire dans une réalité précaire. Pour son premier film, Benh Zeitlin signe ici une magnifique histoire d’apprentissage à travers des yeux d’enfant, en trouvant toujours le ton le plus juste possible, entre émotion et émerveillement.

 
Titre Français : Les Bêtes du Sud Sauvage
Titre Original : Beasts of the Southern Wild
Réalisation : Benh Zeitlin
Acteurs Principaux : Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Levy Easterly
Durée du film : 01h32
Scénario : Benh Zeitlin, d’après l’oeuvre de Lucy Alibar
Musique : Benh Zeitlin
Photographie : Ben Richardson
Date de Sortie Française : 12 Décembre 2012

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[CRITIQUE] Mortem /critique-mortem/ /critique-mortem/#comments Sun, 23 Sep 2012 12:13:15 +0000 /?p=6582 Intriguant. C’est le premier mot qui nous vient à l’esprit la première fois que l’on entend parler de Mortem. Auréolé de récompenses, 18 en tout, glanées à la suite de plus de 30 nominations dans une flopée de festivals internationaux, on ne sait pourtant pas grand-chose sur le film avant de l’avoir vu. Jusque dans ses trailers qui parviennent à nous transporter encore un peu plus dans le flou, le mystère est complet, à l’image de l’ambiance qui se dégage dans le film.

Comparé par la presse américaine à David Lynch ou encore à Ingmar Bergman, Eric Atlan offre certes à ces réalisateurs un hommage dans ses thématiques abordées, mais tout en gardant une vision très personnelle de ce qu’il écrit et met en scène. Véritable homme à tout faire, le réalisateur enfile aussi la casquette de chef opérateur, et se partage la tâche sur la composition musicale ainsi que sur le scénario. Seuls les dialogues, sur lesquels il s’est entièrement basé, ne viennent pas de lui, mais de sa collaboratrice.
En résulte un film très personnel, aux qualités indéniables et renforcées par son penchant hors-normes, ne se rattachant à aucun genre, où bien à tous les genres.

Dans son ouverture, Mortem semble lorgner vers le film noir d’époque. Une femme à moto et une voiture roulent sur une route qui paraît infinie, mais l’accident que l’on suppose imminent n’arrivera pas, et au lieu de cela, la moto se « dédouble », laissant apparaître une deuxième femme. Cette exposition contribue à une atmosphère posée mais paradoxalement tendue, sans aucune parole mais avec des visages assez expressifs filmés en gros plan pour nous laisser dans le flou. L’ambiance pesante s’épaissit à leur arrivée dans un hôtel lugubre, sans âme qui vive hormis deux inquiétantes jeunes femmes  présentes pour les accueillir. Leur entrée dans ce lieu s’annonce comme un voyage sans retour dès lors qu’elles se retrouvent toutes deux enfermées dans une chambre de cet hôtel.
Une moto, une voiture, une chambre d’hôtel, un lit, un miroir, il n’y a finalement pas plus d’objets que nécessaires dans Mortem, qui se pose d’entrée de jeu comme un huis-clos minimaliste, où les personnages sont la seule clé de l’intrigue. Du film noir d’ouverture, il en restera l’ambiance, car le film est difficilement classable dans un genre défini tant il touche de nombreux thèmes. Du drame il emprunte le code de personnages perdus et qui ont leur destin en main, du thriller il garde le suspense ambiant. Et là où il devient véritablement intéressant et plus profond qu’il ne le laisse suggérer, c’est dans son imbrication dans le fantastique. Grâce à plusieurs twists disséminés le long du récit, Mortem dégage sa piste de réflexion, car il s’agit bien de réflexion ici, autour du vaste thème qu’est la mort
Qui sont ces femmes ? Pourquoi sont-elles ici ? Quel est leur passé, leur liens ? Ce n’est finalement pas le plus important dans l’immédiat, le réalisateur préférant s’intéresser à l’action dans le moment présent, tout en traitant paradoxalement de thèmes qui balayent toute une vie. Le temps d’une soirée, ou d’une nuit on ne sait pas trop, la notion de temps étant logiquement flouée, le spectateur va assister à la lutte de la première femme, Jena, contre sa propre mort. Face à face avec son âme, qui se trouve matérialisée en une femme à la beauté plus que troublante, elle va devoir jouer de ses ressources pour changer son destin. Cette âme justement, porte quelque chose d’ambigüe, tendant presque vers une certaine idée de la tentation : quel est finalement le rapport qu’entretient ce corps immortel avec la mort ?

Cette chambre d’hôtel sert de lieu fantasmé, où, comme dans un rêve, des choses que l’on peut qualifier de surnaturelles se passent. Toujours dans la thématique de brouillage de cette frontière entre la vie et la mort, les corps et les objets se déplacent sans pour autant bouger, en témoigne l’apparition d’un troisième personnage, Aken, qui aura son importance dans le dénouement de l’intrigue.
Saluons l’audace du réalisateur, qui livre ici une œuvre refusant les normes de production actuelles, ce qui aboutit logiquement à un film qui se vit telle une expérience plus qu’il ne se laisse simplement regarder. Véritable réflexion sur des thèmes tels que le salut de l’âme et la mort, Mortem ne ressemble à aucun autre film, alors qu’il aborde pourtant des sujets qui vont toucher l’humanité entière, tout en reçu différemment selon la culture de chacun. Film de tous les fantasmes, il présente aussi une tension très érotique dans l’ensemble. Eric Atlan aime évidemment ses actrices, et il ne se cache pas de le montrer. De ces deux esprits torturés, il en tire les faiblesses pour les rendre plus vulnérables à nos yeux, et en dégage une beauté insondable. En résulte, comme témoin extrême de volupté, une scène lesbienne hypnotisante, d’une part par la manière dont sont filmés les corps, mais aussi et surtout par les paroles de l’actrice, inattendues et donc assommantes.
La photographie, si elle trouve parfois ses sources assez hasardeusement sur certains plans, offre un splendide noir et blanc, toujours dans l’idée de sublimer ses actrices. Il en va de même pour la bande-son, avec un thème principal qui confine au sublime, et qui s’impose presque comme un nouveau personnage tant sa présence est appuyée. Mortem, se sont donc de nombreux détails mis en place, comme des dialogues à peine audibles et prêtant à confusion, toujours dans l’optique de brouiller la frontière entre la vie et la mort. Si certains partis-pris sont par moments maladroits, on aime surtout ce film car il ose quelque chose de différent, et reste d’un envoutement assez formidable.

Mortem se démarque clairement de la grande majorité des productions françaises actuelles. Eric Atlan ose des partis-pris risqués, et même si ces derniers ne sont pas toujours parfaits, le résultat final est une expérience intense qui ne ressemble à aucun autre film. Réflexion sur les états humains, les rapports entre les corps, le film magnifie ses personnages pour une oeuvre marquante et bluffante.
Titre Français : Mortem
Titre Original : Mortem
Réalisation : Eric Atlan
Acteurs Principaux : Daria Panchenko, Diana Rudychenko, Stany Coppet
Durée du film : 01h34
Scénario : Marie-Claude Dazun, Eric Atlan
Musique : Eric Atlan et Marc Bercovitz
Photographie : Eric Atlan
Date de Sortie Française : 3 Octobre 2012
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[CRITIQUE] Insensibles /critique-insensibles/ /critique-insensibles/#comments Fri, 14 Sep 2012 22:48:45 +0000 /?p=6123 Étrange Festival 2012 – Catégorie « Compétition Nouveau Genre »

Insensibles nous a été présenté ni plus ni moins comme « le film de l’année », étant un « chef d’œuvre absolu ». Sur le coup, ça calme. Et ça met aussi la pression, pour nous comme pour l’équipe du film.
Le film est le fruit d’un travail en amont de plus de 6 ans. D’abord engagé comme une production française, le manque de fonds sur le territoire obligea l’équipe à migrer en Espagne, où la majeure partie du film  a vu le jour. Le réalisateur franco-espagnol Juan Carlos Medina signe donc ici son premier film, somme toute plus espagnol qu’autre chose dans son traitement. Brutal, dérangeant, Insensibles a tout pour mettre le spectateur dans une position inconfortable. Et c’est encore plus prenant lorsque le film est maîtrisé de bout en bout.
Il y traite habilement de thèmes souvent casse-gueule, en particulier celui du secret et autres mystères enfouis que son héros va tenter d’élucider. Habile car il y appose en filigrane un pan de l’Histoire que son pays n’arrive pas à oublier, à savoir le franquisme. La Seconde Guerre Mondiale et le régime totalitaire sont mis en parallèle avec le traitement des enfants « anormaux », et tente de définir la notion de monstre ainsi que d’y apposer un visage. Concrètement, ce monstre va successivement passer d’une personne à une autre au fur et à mesure de l’avancement du film, permettant de changer à la fois le ton du récit et l’empathie du spectateur pour les personnages, malgré le malaise ambiant.

© Distrib Films

En introduisant son film en double récit, le réalisateur instaure son fil directeur qu’il gardera du début à la fin. D’un côté il entre brusquement dans la vie d’un chirurgien, David Martel, à notre époque. Un accident de voiture va changer sa vie : il perd sa femme, et apprend durant son hospitalisation qu’il est atteint d’une maladie qui peut lui être fatal. En parallèle, la seconde intrigue se tient à l’aube du XXe siècle, mettant en scène des enfants insensibles à la douleur, et qui vont être enfermés à vie, les médecins d’alors pensant qu’ils peuvent être extrêmement dangereux. Arrachés des bras de leurs parents, le ton est donné : la cruauté est bien présente, et instaure une ambiance extrêmement malsaine. Pour mieux procurer ce sentiment, Juan Carlos Medina s’attarde sur deux de ces enfants, rendant ainsi le choc du traitement encore plus puissant. Le pouvoir de destruction de ces gamins, finalement fondamentalement innocents, puis des adultes, qui eux sont conscients de leurs actes, instaure une atmosphère lugubre. Les rapports de forces sont terriblement injustes, et le réalisateur joue justement avec nos nerfs jusqu’à contrebalancer de manière plutôt attendue ces positions de domination.
Tout le long du film, ces deux récits vont s’alterner, et l’on se doute assez vite des différents liens narratifs entre eux, et qui aboutira d’ailleurs à une rencontre assez bluffante en guise de conclusion. Parfois pénible et poussive, la construction reste tout de même foncièrement efficace, les genres se brouillant facilement, nous faisant perdre nos repères et garder cette dimension précaire et pesante. En usant d’un contexte historique difficile à traiter (de surplus pour un premier film) pour mettre en place toute son histoire, qui relève presque de l’anecdotique à cette échelle, Medina ne manque pas d’ambition. Il octroie à chacun de ses personnages une quête, un objectif comme une lueur d’espoir dans l’univers sombre dans lequel ils vivent. Une mélancolie se dégage même de cet acte, car on sait ces personnes perdues, leur existence est scellée, quelle que soit la cause de leur mal.
Le travail effectué sur la photographie est tout aussi mémorable, elle épouse le récit, souvent très sombre, et dégage une mélancolie presque fantastique, laissant transparaître dans ses plans quelques brins de lumière, lueur d’espoir pour les personnages, dont c’est la seule espérance dans leurs vies de condamnés.

© Distrib Films

Insensibles se pose la question de la monstruosité, surtout au moment de l’internement des enfants : ces derniers sont-ils la véritable manifestation du Mal, par leurs caractéristiques physiques hors-normes, ou alors sont-ce les médecins, qui gardent ces enfants enfermés pour toujours dans cet hôpital-prison, dans des conditions empêchant forcément leur développement ? Tout laisse à supposer que les adultes sont ici les coupables, ne sachant que faire face à une situation comme celle-ci. En effet, le spectateur est placé du point de vue des enfants insensibles, ce qui permet de créer une empathie directe envers eux, et donc de diriger notre regard vers ceux qui vont finalement être vu comme étant « insensibles », mais cette fois non pas de manière physique, mais morale. Et pourtant, le film brille de ce côté par ce qu’il fait de ce statut attribué à chacun, les positions de chacun vont changer, voir s’inverser, les causes étant l’arrivée de nouveaux personnages dans le récit, ainsi que le contexte historique.
Juan Carlos Medina, s’il signe ici son premier film, s’inscrit tout de même directement dans la catégorie des films de genre ibériques ayant pour toile de fond  la Seconde Guerre Mondiale et l’Espagne franquiste. A la manière d’un Guillermo del Toro, il démontre ici un pays qui n’arrive toujours pas à tirer un trait sur son passé, et si le propos est parfois un peu lourd, même si toujours juste, il s’en sert brillamment pour faire avancer son récit. Encore une fois, l’influence, notamment, de del Toro se fait ressentir, notamment en comparaison avec Le Labyrinthe de Pan. Insensibles lorgne à sa manière vers le fantastique, les enfants sont ici présentés comme dans un conte noir, et la grande part de mystère qui réside dans le film contribue à l’atmosphère ambiante surnaturelle.
Du drame au film d’horreur atmosphérique, en passant par le thriller, Insensibles oscille entre les genres, parfois péniblement, mais avec tout de même un certain brio dans la continuité. Et d’ailleurs, le film ne trouvera finalement jamais sa voie. Le drame au début chez Martel, qui tendra de plus en plus vers le thriller, va petit à petit se mélanger à l’horreur de la prison où sont gardés les enfants, pour que le film finisse dans un élan surnaturel, presque fantastique. La scène finale, même si elle verse un petit peu dans le trop plein d’effets, reste scotchante et prouve que pour un premier long-métrage, le réalisateur fait preuve d’une sagesse et d’une maîtrise assez impressionnantes.

Pour son premier film, Juan Carlos Medina signe une œuvre extrêmement bien maîtrisée, malgré la lourdeur ponctuelle de l’alternance entre les deux récits et leurs connexions mutuelles. Dans la lignée de grands réalisateurs hispaniques, il multiplie les genres traités ainsi que les fausses pistes sur fond d’Espagne franquiste et entre donc dans la lignée des réalisateurs à suivre de très près dans les années à venir.
Titre Français : Insensibles
Titre Original : Insensibles
Réalisation : Juan Carlos Medina
Acteurs Principaux : Alex Brendemühl, Tomas Lemarquis, Juan Diego
Durée du film : 01h45
Scénario : Luis Berdejo, Juan Carlos Medina
Musique : Johan Söderqvist
Photographie : Alejandro Martinez
Date de Sortie Française : 10 Octobre 2012
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[CRITIQUE] Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires /critique-abraham-lincoln-chasseur-de-vampires/ /critique-abraham-lincoln-chasseur-de-vampires/#comments Thu, 05 Jul 2012 16:26:29 +0000 /?p=5278 Seth Grahame-Smith, en écrivant le roman Abraham Lincoln : Chasseur de vampires, avait surement eu l’une des meilleures idées qui soit : mélanger deux mythes. La finesse de l’écriture du roman avait permis une véritable symbiose entre le fait et l’imagination, l’auteur avait su totalement s’approprier l’histoire et l’agrémenter du nécessaire syndical et un peu plus pour réaliser sa propre version du politicien.
Le sachant au scénario de l’adaptation réalisée par ce cher Timur Bekmambetov, notamment réalisateur de Night Watch et Day Watch, véritables perles du cinéma russe contemporain, malgré la faiblesse des visuels présentés jusqu’à présent, une petite lueur d’espoir continuait à nous faire espérer qu’une once de bon goût pouvait naitre de ce film. Mais non, il n’en est rien, Abraham Lincoln : Chasseur de vampires est une véritable purge. Et avec une certaine perfection, sur tout les niveaux. Car avec la dernière réalisation de Tim Burton, Grahame-Smith avait démontré qu’il n’avait pas la même finesse lorsqu’il s’agissait de narrer un récit trop condensé pour son imagination.

Véritable représentation d’un mauvais gout visuel indéniable, doté d’une 3D à vous faire exploser la rétine par son exagération, tourné avec un matériel datant surement d’une époque bien lointaine, il n’y a dans Abraham Lincoln : Vampire Hunter rien de bon.  On est en droit de se demander où est parti la totalité du budget dépassant les 50 millions de dollars, tout cela venant de la poche de Tim Burton.

Alors que d’habitude nous serions plus enclin à insister sur le fait que résumer la vie d’un homme en un film d’un peu moins de deux heures est de base, impossible, ici, c’est avec un remerciement sincère que nous acclamons ce format et jetons des fleurs à la production, car quelques dizaines de minutes de plus n’aurait fait, au final, qu’assoir un peu plus la nullité scéanaristique dont fait preuve Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires. Le film fait preuve d’une niaiserie indéniable, tant son scénario repose sur une suite de coïncidences aberrantes rendant caduques chaque ersatz d’argument mis en avant. L’amourette pas crédible pour un sous, n’est ici que le cadet de nos soucis, car si une fascination peut naitre, c’est bien dans le don dont ce cher Lincoln semble être doté: celui de faire que son arrivé à un endroit déclenche automatiquement la suite des évènements.

Et ce n’est pas en nous re-fourgant un faux Liam Neeson en la personne de Benjamin Walker, qu’une quelconque magie risque d’opérer. Abraham Lincoln était peut être un homme de mot, mais il était aussi un homme de charisme, chose que notre ami semble ne pas avoir une seconde mis en application, les rares passages de tirades semblant n’avoir de rôle que celui de bouche-trou, sans le moindre intérêt. Car le personnage de Lincoln est constamment déchiré en deux le rendant totalement invraisemblable. En quelques secondes, il devient le père d’une nation, puis le vieux bûcheron dont les moulinets inutiles ne forcent ni le respect, ni l’admiration, mais bien la pitié.

Car c’est bien son manque de leitmotiv qui nous empêche de croire une seule seconde au personnage, et il est bien sur inutile de préciser que tout les autres personnages ne sont que de vulgaires carcasses sans le moindre intérêt. On se demande constamment si le réalisateur prend véritablement au sérieux le récit qu’il raconte. Si le fait d’assumer ce côté délirant peut paraitre normal avec le bonhomme qu’est Timur Bekmambetov, et encore, ces dernières sont trop « propres » et artificielles afin d’éviter de saborder une partie de son public potentiel par une classification trop sévère, les scènes pseudo-passives ne sont que l’ombre de ce qui aurait pu être fait à partir de l’œuvre originale.

Il est bien triste de voir que là où Bekmambetov avait su démontrer sa véritable folie sur les deux premiers épisodes de la saga Watch, à savoir sur un aspect visuel totalement délirant, kitsch à souhait, ce dernier se perd totalement sur Abraham Lincoln : Chasseur de vampires. Véritable fouilli visuel bien trop bordélique pour être lisible, si la scène du train arrive à convaincre un tant soit peu le spectateur par sa décomposition, nullement par sa crédibilité, il s’agit bien là de la seule exception. Tout le reste n’est que brume et particules venant rendre l’action encore plus incompréhensible.
Il n’y a plus qu’à espérer - même si cela ne fait aucun doute - que l’adaptation de la vie du personnage par Spielberg sera bien glorieuse, le tout porté par un Daniel-Day Lewis qui n’aura lui surement aucune difficulté à incarner avec charisme le personnage.

Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires pourrait bien sonner le glas pour ce réalisateur russe plein d’ambition qui comptait percer dans l’industrie américaine. A la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour lui, cette opportunité pourrait lui permettre de revenir dans sa mère patrie et de refaire ce qui rendait son cinéma aussi original et unique.
Titre Français : Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires
Titre Original : Abraham Lincoln : Vampire Hunter
Réalisation : Timur Bekmambetov
Acteurs Principaux : Benjamin Walker, Dominic Cooper, Anthony Mackie
Durée du film : 01h45min
Scénario : Seth Grahame-Smith d’après son œuvre.
Musique : Henry Jackman
Photographie : Caleb Deschanel
Date de Sortie Française : Sortie le 8 Août 2012
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[CRITIQUE] Harry Potter et les Reliques de la Mort – Partie 2 /critique-harry-potter-et-les-reliques-de-la-mort-partie-2/ /critique-harry-potter-et-les-reliques-de-la-mort-partie-2/#comments Sat, 10 Sep 2011 16:16:11 +0000 /?p=1638 En 2001 débutait au cinéma l’adaptation des romans de J.K. Rowling. Dix ans et 8 épisodes plus tard, la saga Harry Potter, devenue une énorme franchise, tire sa révérence avec la deuxième partie des Reliques de la Mort. On retrouve ainsi David Yates à la réalisation, aux commandes depuis l’Ordre du Phénix. Il faut quand même rappeler qu’il a dirigé le mauvais Prince de Sang Mêlé et la très bonne première partie de la conclusion de la saga (qui reste à mon humble avis le meilleur épisode, au coude à coude avec le Prisonnier d’Azkaban). N’ayant donc pas totalement fait ses preuves, le réalisateur se devait de finir en beauté ce qui est devenu en l’espace d’une décennie un extraordinaire phénomène mondial.

 

Dans l’épisode précédent, on avait laissé Harry et les autres dans la tourmente et un Voldemort presque tout puissant après avoir trouvé la baguette de Sureau. Le contraste entre la première et la deuxième partie des Reliques de la Mort est flagrant. L’univers devient encore plus sombre, mais le ressenti n’est plus du tout le même, il est fade, sans saveurs.

Only I can live forever.

Le début du film est lent, on sent que tout a du mal à se mettre en place, jusqu’à l’arrivée des sorciers à l’emblématique banque de Gringotts, que l’on découvrait dans le tout premier épisode de la saga, sous un autre jour, beaucoup moins mystérieux. Celle qui était le symbole de la sécurité est aujourd’hui comme la représentation de tout l’univers, c’est à dire à l’abri d‘aucune attaque puisque c’est ici qu’Harry va rencontrer le premier obstacle de son aventure.
Ainsi, on ressent la volonté de Yates de conclure comme il se doit la série en faisant apparaître tous les personnages,  notamment ceux dont on était passé à travers lors du précédent épisode – focalisé avant tout sur le trio Harry, Ron, Hermione. Mais c’est la qu’il pêche et que l’on ressent l’effet bâclé. On aurait pu aisément se passer de nombreuses scènes de ce dernier volet, qui comporte son lot de passages inutiles qui n’agissent que comme du simple remplissage.
Certes, aucun personnage n’est oublié – même si certains ne font qu’une ridicule apparition – mais du coup ceux qui devraient avoir un rôle plus important, voir primordial, sont relégués au rang de personnages dispensables, parfois même à la limite de la figuration. C’est comme cela que Ron et Hermione (pour ne citer qu’eux) sont totalement mis au second plan pour ne laisser place qu’à Harry Potter, ce dernier prenant d’ailleurs la place centrale du film.

Bring him to me.

Alors, oui, cela semble normal, puisqu’il est et reste le héros principal de l’aventure, mais il est tellement mis en avant qu’il grignote le semblant d’espace qu’il restait aux autres personnages. Malgré cela, un des points positifs ressentit au niveau des protagonistes est le fait que l’on s’intéresse et s’attarde enfin sur un, si ce n’est le personnage le plus intéressant et ambiguë de la saga : Severus Rogue. Lors des épisodes précédents, on découvrait ses actes sans pour autant découvrir ses intentions réelles, et son interprète Alan Rickman a fortement contribué à le rendre si spécial et intriguant. On comprend donc ici à travers un flashback (qui prend son temps mais qui est très réussi) son passé et donc ses partis pris qui lui donnent toute son ampleur d’aujourd’hui.
Les personnages censé être de vraies têtes sont donc ainsi mis complètement au second plan, ce qui rend la cohésion de groupe, jusqu’alors un aspect primordial de la saga et véhiculant un message d’amitié fort, totalement inexistante.

 

We can end this.

En une décennie, l’univers d’Harry Potter a bien changé. On se souvient des débuts, ou prononcer le nom de Voldemort était signe de malheur, alors qu’aujourd’hui personne n’hésite à le mentionner, preuve que les sorciers vivent leurs heures les plus sombres. L’autre gage qui annonce une situation critique, mais aussi la fin de l’épopée est Poudlard, qui dans cette deuxième partie devient clairement comme un personnage à part entière.

Tout avait débuté dans ce lieu imprégné de magie probablement le plus identitaire de tout cet univers, et tout va se terminer en ce même endroit. Une grande partie du film s’y déroule, et s’est ici que la perte de protagonistes que l’on suit depuis le début a lieu, et cela en devient chagrinant de voir que la plupart des morts sont plus qu’expédiées, elles sont parfois à peine montrées à l’écran pour ensuite passer à tout autre chose et ne plus revenir dessus. Le manque d’émotions est donc le plus gros défaut de ce dernier volet, le récit n’est pas assez prenant pour que l’on se dise que c’est la dernière fois que l’on verra les héros à l’écran.
Il faut tout de même souligner un point qui est resté un gage de qualité tout au long de la saga : les effets spéciaux. Couplés à une photographie très sombre et réussie, on ne peut pas nier que ce soit une des forces des films Harry Potter, et qui a forgé tout cet univers de magie.

 

Cette conclusion d’une des plus importantes sagas cinématographiques se devait d’être immense et épique. Elle l’est certes sur un niveau technique, mais David Yates rate le reste, les personnages sont plats et font des passages furtifs à l’écran, et le cruel manque d’émotion est absolument décevant. On en ressort avec une triste et mauvaise impression de travail bâclé.

 

 


Titre Français : Harry Potter et les Reliques de la Mort – Partie 2
Titre Original : Harry Potter and the Deathly Hallows – Part 2
Réalisation : David Yates
Acteurs Principaux : Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson
Durée du film : 02H10
Scénario : Anna Worley, d’après l’oeuvre de J.K. Rowling
Musique : Alexandre Desplat
Photographie : Eduardo Serra
Date de Sortie Française : 13 juillet 2011
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[CRITIQUE] Narnia : Le Passeur d’Aurore /critique-narnia-le-passeur-d-aurore/ /critique-narnia-le-passeur-d-aurore/#comments Thu, 18 Aug 2011 11:50:00 +0000 /wordpress/?p=105 Rien n’y fait, malgré le peu de succès de cette saga, les épisodes s’alignent un à un en s’enfonçant peu à peu aussi bien scénaristiquement que techniquement.
Alors que l’on a d’autres sagas certes dans la même rangée “enfant”, mais qui semblaient beaucoup plus prometteuses, comme de “A la croisée des mondes”.
Mais faisons avec, voilà donc le 3 volet de Narnia, une nouvelle épopée, cette fois-ci tendant plus d’une légère odyssée… Va t’elle nous faire rêver? Ou nous faire sombrer dans la folie?

« Aslan, will we ever meet with you in our world? »

Les rois de Narnia sont dimunés, seuls Edmund et Lucy pouront y retourner, les deux aînés sont voués à ne plus revoir le monde merveilleux qu’ils ont connus durant leurs enfance. Alors que nos deux rescapés sont bloqués chez l’un de leurs cousin, ils se retrouvent soudainement hapés vers le monde de Narnia et se atterissent sur le Passeur d’Aurore.
Les deux enfants retrouvent leurs amis, Caspian et Ripitchip, mais Aslan semble absent. Mais le plus étrange est que personne ne semble les avoir appelés comme de coutume. Une tragédie semble fondre sur le monde de Narnia. Dans les iles inconnues de l’Est, toute cette équipe doit s’engager. Ils y rencontreront toutes sortes de créatures étranges, cette odysée va les mettre à mal…

C’est tout simplement mou, tout le budget du film est parti dans 15 minutes du film, tout le reste est d’un ennui total couplé à un coté « mignon » qui vole au ras des pâquerettes par sa niaiserie.
Il ne se passe quasiment rien pour briser notre ennui, à se demander si la production a réellement vu ce film, ou à simplement pensé à la rentrée d’argent qui allait en découler.
Plusieurs scènes ne servent à rien, on voit à tellement de reprises l’extérieur du bateau voguant sous presque toujours le même angle, c’est bon on a compris on est sur un bateau et qu’il s’agit du Passeur d’Aurore, maintenant stop.

« We have nothing if not belief. »

En y repensant, je ne me souviens pas d’ailleurs avoir vu un seul acteur noir durant tout le film. Ahhh nos acteurs, cette belle bande de… de… rien en fait, il n’y a pas un semblant de camaraderie entre eux, on a l’impression qu’ils en sont encore au stade d’étrangers (même en famille). Aucun acteur ne joue réellement, ils ne font que de la présence, et même dans les rôles principaux. Seul Eustache semble… jouer, évoluer, cherchant à s’impliquer dans le film.

Car que ce soit Ben Barnes, le prince Casnoisette, Georgie Henley , cette jeune demoiselle qui fait tout pour tirer vers l’insipide grotesque ou Skandar Keynes, monsieur une expression, nous ne sommes pas gâtés. Aucun de ceux-ci ne semblent être imprégnés de ce qui pourrait faire la magie de Narnia.
Mais Will Poulter , lui évolue en temps qu’acteur et personnage, véritable tête à claque au début du film, il en devient presque attachant sur la fin.

« No fear! No retreat! »

Et pour ne pas arranger cela, le film est bourré de faux raccords parsemés par-ci et par-là. Mais j’en parlais, il y a 15 minutes du film qui sont réellement époustouflantes, je regarderais surement de nouveau ce passage, mais que celui-ci.
Les effets spéciaux sont autrement globalement bien réalisés, surtout les panoramas, mais certains sont franchement dégueulasses (une certaine fumée et une certaine créature volante).

Enfin, le film n’a aucune personnalité visuelle, les tons de couleurs changent tout le temps et le contraste des couleurs en est a gerber. On passe de couleurs chaudes à couleurs froides, en passant par un petit mélange ou par des couleurs complémentaires, on se perd totalement et tout cela a un impact sur la qualité du film.. Notre cerveau n’a aucune attache visuelle, aucune référence unique présente durant tout le film. Et je ne parle pas de tout les faux-raccords qui parsèment le film.

Pour faire simple? Narnia : Le Passeur d’Aurore est un film creux où le cadreur a des pains aux raisins à la place des mains, ou la niaiserie atteint de sacrés niveaux…
Quand est-ce que ça va s’arrêter? Si les 4 autres continuent à plonger ainsi… Alors qu’ils ont tellement de matière à disposition… Une remise à neuf ne serait pas de refus.

Titre Français : Le Monde de Narnia : L’Odysée du passeur d’aurore
Titre Original : The Voyage of the Dawn Treader
Réalisation : Michael Apted
Acteurs Principaux : Georgie Henley,Skandar Keynes,Will Poulter,Ben Barnes,Liam Neeson,Simon Pegg
Durée du film : 1H55
Scénario : d’après le roman de Clive Staples Lewis, Michael Petroni
Musique : David Arnold,Harry Gregson-Williams
Photographie : Dante Spinotti
Date de Sortie Française : 10 décembre 2010
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[CRITIQUE] Sortilège /critique-sortilege/ /critique-sortilege/#comments Tue, 02 Aug 2011 16:08:00 +0000 /wordpress/?p=71 Je me demande très franchement pourquoi j’ai regardé Sortilège.. Tout est pourtant en faveur de l’oubli le concernant, les acteurs, les…. heu…. tout le reste!
Rien ne joue en sa faveur, et pourtant, je l’ai regardé… Et c’est là où je devrais vous avouer en fait que c’était une bombe, une éclate totale, si on suit mon cheminement. Mais non ce n’est pas le cas, pas du tout.

A la manière de Numéro 4 (dont l’acteur principal est de nouveau là) ce film est ouvertement destiné à un public en voie de croissance, ne se sentant pas à sa place.
Alors oui le message que tente de véhiculer Daniel Barnz à une valeur, sauf que celui-ci n’est peu voire carrément pas mis en avant.

« What can I say, I’m substance over style. »

Dans une université ordinaire, un jeune garçon, Kyle, est un véritable “icon”. Il a réussi à convaincre toute son école qu’une seule chose fait la vie : la beauté. Quelqu’un qualifié de “moche”, de “grassouillet” est donc voué à rater sa vie.
Mais une personne se dresse contre lui, une fille, que tout le monde qualifie de sorcière, nommée Kendra. Voyant que celui-ci n’évolue pas et va continuer à propager son idéal superficiel, elle décide de lui asséner un sortilège. Il se transforme alors et devient ce qu’il a toujours détesté, et seul le véritable amour l’en sortira…

Bon alors très franchement, j’aimerais vraiment savoir comment était le scénario de base (celui du livre), parce que là, certes, c’est plein de beaux mots, mais les dialogues sont plats, non-instructifs et atteignent une linéarité sans pareille !
Il ne se passe rien du tout, les personnages non aucun charisme, n’ont pas de but ni de caractères propres, ils ne sont presque pas normaux. Ils sont censés représenter les pires archétypes que connaissent les ados afin de pouvoir se représenter à leur place… Mais là.. C’est d’un certain niveau.

« I went to this dance and an emo chick gave me a dark hex. »

C’est vraiment dommage, je ne dis pas que l’on aurait pu avoir un film extraordinaire, mais le simple fait de mieux véhiculer son message aurait pu rendre ce film meilleur.
Je veux dire par là, il est clairement inspiré de la Belle et la Bête, mais on y retrouve seulement 1% du charme qui unit ceux-ci. Et pourquoi donc ? En partie à cause de notre couple en fait, Vanessa Hudgens et Alex Pettyfer, tous deux font preuve d’une joie si folle de connaître l’amour et de faire la paire que l’écran en exploserait presque…

Je m’acharne sur lui.. mais Alex Pettyfer (Kyle Kingson) est réellement impassible quelle que soit la situation, lui et les sentiments, les émotions, c’est presque ses ennemis intimes… Vanessa Hudgens (Lindy Taylor), voilà quoi… non… Son rôle se limite encore et toujours à ce qu’elle a fait dans *bip* (non, je ne parlerais pas de cette chose dans un seul de mes articles) à savoir jouer de la manière la plus niaise possible.
Seul Neil Patrick Harris (Will l’aveugle) et Mary-Kate Olsen (Kendra) arrivent à réhausser un peu le niveau, ils offrent une touche plus… humoristique et paradoxalement surtout plus vivante!

« I’m worthy of you. »

Mais parlons d’un point primordial de Sortilège, le fait que le personnage principal soit défiguré durant une grosse partie du film. Outre le coté niais qui accompagne certaines scènes du film entre Kyle et son maléfice, c‘est surtout le coté… cheap du maquillage qui m’a déconcerté.
On a l’impression qu’avec une petite pichenette le tout s’envole, même lui hésite à y toucher durant tout le film. (mais où sont les 17M de budget?.. Pas dans les 40 jours de tournage.)

Il y aussi la fantastique bande son, qui nous fait comprendre que n’importe qui peut être compositeur tant que l’on sait choisir les musiques qui vont au public (je n’ai pas l’impression d’avoir entendu, une seule musique originale), enfin pour ce film tout du moins.
Oui je sais, je suis loin d’avoir été objectif, mais les choses sont ce qu’elles sont, un mauvais film reste un mauvais film…

En gros? A ne pas regarder… quelque soit le prétexte, si au moins ça avait été marrant, mais non même pas. C’en est juste navrant. En fait, allez vous procurer la Belle et la Bête, là au moins, vous passerez un bon moment.


Titre Français : Sortilège
Titre Original : Beastly
Réalisation : Daniel Barnz
Acteurs Principaux : Vanessa Hudgens, Alex Pettyfer, Mary-Kate Olsen, Neil Patrick Harris
Durée du film : 01H23
Scénario : Daniel Barnz d’après l’oeuvre de Alex Flinn
Musique : Marcelo Zarvos
Photographie : Mandy Walker
Date de Sortie Française : 6 Juillet 2011
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[CRITIQUE] Triangle /critique-triangle/ /critique-triangle/#comments Fri, 29 Jul 2011 09:22:00 +0000 /wordpress/?p=27 Il y a quelques temps, je vous avais présenté le dernier film de Christopher Smith : Black Death, un direct-to-dvd qui aurait mérité une plus grande attention (et une meilleure affiche française) de part sa qualité. Triangle est le film qui a précédé d’un an ce dernier. Difficile d’y croire en voyant la différence des genres, car avec celui-ci, on tombe droit dans le film d’horreur selon les classifications.
Mais on va plutôt dire qu’il s’agit d’un film mystérieux, très mystérieux, il suffit de penser au titre : Triangle, qui renvoie certes au nom du bateau présent dans le film mais aussi et surtout au Triangle des Bermudes !
Est-ce que ce direct-to-dvd est aussi un franc succès ? Ou explique-t-il le fait que son petit frère l’ai été?

”No I do… I… I… I wanna go”

Jess est une jeune mère vivant seule avec son fils atteint d’une maladie mentale. Elle ne peut se résoudre à le laisser seul quelques heures. Mais un de ses amis lui propose de rejoindre un petit groupe et de voguer en mer.
En plein océan, un orage s’abat violemment sur eux et fait chavirer l’embarcation. Le voilier, retourné, commence à dériver jusqu’à ce qu’il tombe par hasard sur un paquebot.
Une fois le pied posé sur celui-ci, ils commencent à chercher du secours, mais n’y trouvent personne. Soudain un personnage encagoulé commence à abattre un par un les membres des groupes… S’en suit des évènements plus qu’étranges pour la seule survivante, Jess.

Globalement, le film n’est pas réellement fait pour faire peur, il tient plus d’un film à suspens que d’un film d’horreur ou d’épouvante, sans pour autant être un thriller.
Le sans faute est nécessaire pour ce film, vous comprendrez peu à peu pourquoi, mais le soucis est que, malgré un scénario à première vue sans incohérences, il finit par en cumuler quelques unes, certes peu mais assez pour diminuer la “crédibilité” du pitch.

”We don’t have much time. “

A travers ce film, clairement parsemé de diverses inspirations prises par ci et par là, Christopher Smith tente de nous perturber à travers ses personnages. Il cherche à mettre en avant jusqu’où la culpabilité peut nous amener.
Car Jess ne passe pas par quatres chemins durant son séjour sur ce paquebot, elle n’hésite pas à faire ce qui doit être fait afin d’aboutir à la conclusion qui la sauvera, non pas physiquement mais spirituellement.

Le souci c’est que tous les acteurs, à part Melissa George (Jess), semblent n’en avoir rien à cirer et jouent tels un bac à légume.
Il frôle parfois la figuration là où pourtant, ils devraient se surpasser.
Tandis que durant tout le récit qui tourne autour de Melissa George, à part le fait que l’on ne voit pas de réelle évolution physique, elle semble se recroqueviller de plus en plus mentalement pour sombrer peu à peu dans la démence qui a tué ses amis.

Kill them, you have to kill them!

Le film, sans spoil, propose différentes lectures tout au long et principalement sur la scène de fin où l’on comprend peu à peu la raison qui a précédé ces évènements.
Et sans une lecture approfondie de ce film et peut être même d’autres passage devant celui-ci, on a le sentiment qu’il manque quelque chose à la fin.

On se dit que l’on n’est qu’un grand spectateur, que l’on ne fait qu’assister à une chose, sans qu’il y ai derrière une réelle visée, un but. Le résultat est franchement déconcertant, on ne sait pas trop quoi penser, on est légèrement dérangé. Un peu comme Prométhée….
Mais ce qui est sur, c’est que Christopher Smith mérite bien plus, et j’espère qu’il aura ce qu’il mérite pour son prochain film !

Triangle est une perle imparfaite, une perle qui aurait mérité d’être couvée plus longtemps…
Mais ce film reste d’une grande qualité, dans la légion du film SF/épouvante. Il cherche à montrer qu’un scénario intelligent n’est pas la seule propriété des genres qui lui font concurrence.
Titre Français : Triangle
Titre Original : Triangle
Réalisation : Christopher Smith
Acteurs Principaux : Melissa George, Joshua McIvor, Jack Taylor
Durée du film : 01H35
Scénario : Christopher Smith
Musique : Christian Henson
Photographie : Robert Humphreys
Date de Sortie Française : (DVD) 14 Juin 2011
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