?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » Epouvante-horreur http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Critique : Silent Hill : Révélation 3D (Michael J. Bassett) /critique-silent-hill-revelation-3d-michael-j-bassett/ /critique-silent-hill-revelation-3d-michael-j-bassett/#comments Mon, 07 Jan 2013 18:30:18 +0000 /?p=7288 La saga Sillent Hill a surement été l’une des plus remarquables existantes dans l’univers vidéo ludique. Lorsque le premier volet est arrivé sur grand écran en 2006, réalisé par Christophe Gans, la même peur générique a consommé les fans de la série ou tout simplement les cinéphiles : l’adaptation d’un jeu-vidéo. Paul W.S Anderson avait déjà eu le temps de nous purger à deux reprises avec Resident Evil, et Uwe Boll commençait à se faire son petit nom de prêcheur du mauvais goût en finalisant son ridicule BloodRayne. Mais Christophe Gans est quand même celui qui nous a pondu les loin d’être mauvais Crying Freeman et Le Pacte des Loups. Alors finalement pourquoi pas, et ce fut une véritable surprise. Certes le film était doté de sacrés défauts, mais il avait au moins le mérite de constituer un véritable objet représentant ce que pouvait être une véritable adaptation d’un medium si différent.
Alors il fallait bien s’attendre à une suite, l’idée que Roger Avary écrive le scénario de la suite représentait aussi une marque d’espoir. Mais voilà, la production - surtout Samuel Hadida -, ne voulait pas d’un film de genre. Ce qu’elle voulait fut bien un bon gros film gras pour teenagers. Le premier scénario est ainsi parti à la poubelle. Le nouveau a été écrit par le réalisateur lui-même - exercice déjà difficile en temps normal -, l’incroyable Michael J Bassett, qui nous a massacré il n’y a pas si longtemps Solomon Kane. En somme, Silent Hill Révélation 3D s’annonce bien comme la purge que l’on avait redoutée.

Là où le travail de Christophe Gans sur la conception de la ville qu’est Silent Hill, de sa personnification, était le point fort du premier volet, Michael J.Bassett ne s’attarde pas une seule seconde dessus. Il se contente d’enchaîner l’action vainement sous un trait directeur sans aucune nuance. Il nous raconte ainsi à sa manière Silent Hill, hors de Silent Hill. Une bonne partie se déroulant en dehors de la ville. Les choses ne s’arrangent pas en y entrant. C’est un beau bordel qui nous attend une fois dedans, bordel monstrueux qui n’est finalement pas plus représentatif de cette ville. Ainsi le film n’est déjà pas une seule seconde oppressant, son ambiance est proche de l’inexistence. Incroyablement prévisible, après une demi-heure de temps, l’on commence à comprendre que la seule existence de certains personnages n’est justifiée que pour annoncer un “cliffhanger” à venir, retirant toute profondeur tragique à ces derniers. Cette absence totale de véritables enjeux scénaristiques à travers les protagonistes principaux nous donne l’impression qu’eux-mêmes se perdent peu à peu dans les longs couloirs vides du scénario. Silent Hill : Révélation 3D est à la saga ce qu’est Hellraiser deuxième du nom à la sienne, en poussant un peu plus le ridicule : le coup de poignard dans le dos. Tout ce qui représente une suite mercantile y est trouvable. Personnages principaux encore en pleine crise d’adolescence, rebelles et incompris, changement de vie, bref de beaux clichés. Et pourtant, la direction artistique présente en filigrane est au départ la bonne, jusqu’à ce que le réalisateur l’éclate de part en part sous une montagne d’idiotie, de plans tout simplement improbables dignes des pires séries TV pour ado, et de séquences auxquelles on aurait préféré se crever les yeux plutôt qu’assister. Ces choix artistiques, même si l’on pourra vite leur reprocher d’accentuer tristement sur les habituels contrastes de tons banals, s’appauvrissent au fils du récit, comme si un bras de fer entre l’idée et la pauvreté du marketing se déroulait en temps réel face à nous. Mais un tel combat ne peut pas être éternel, dès que le bon côté succombe, il est alors réutilisé et devient l’outil de banalités astronomiques qui n’ont au final rien à faire ici. Histoire d’enfoncer un peu plus le clou, Michael J.Bassett s’autorise en plus la petite quenelle, montrant que Silent Hill, ça le connait. On passera d’ailleurs outre l’idée saugrenue de changer les noms des personnages principaux simplement pour leur faire porter l’image des personnages du jeu-vidéo (Da Silva devenant Mason).

Le manque d’idée, et surtout de références, du réalisateur se fait sentir lorsqu’il fait intervenir de manière totalement improbable un personnage de la saga nommé Travis Grady. Il nous vient de l’épisode nommé Origins, sans s’étaler sur le sujet, il s’agit là de l’un des épisodes les moins appréciés, voir même détesté de la saga. Et histoire de montrer qu’il s’agit bien d’une suite au premier opus, au-delà des quelques premières minutes, interviennent certains acteurs du premier volet dans des caméos inutiles et nous rappelant de nouveau ô combien ce volet ne nous réserve aucune surprise. Ce n’est pas non plus l’apparition du grand Malcom Macdowell qui va rattraper la donne, à peine apparait-il qu’il disparait quelques minutes après dans un artifice scénaristique aussi fou que le nom de l’objet qu’il transmet à notre héroïne : le Métatron - que j’avais personnellement compris “Mégatron”, ce qui aurait pu nous offrir un magnifique crossover tant qu’on y est -. Et Alessa dans tout ça ? Et bien la petite est déportée au rang de rôle quasi secondaire, elle ne serait pas apparue que l’on en aurait pas fait la différence, pourtant personnage principal du précédent film. Son apparition, encore plus brève que Mr.Macdowell, symbolise à peu près la totalité du film : l’anéantissements de tout ce qu’il y avait de bon. Histoire de parfaire la chose, la direction artistique commerciale, emboitant le pas à la première, s’amuse à extraire des personnages de l’univers de Del Toro. Autant rapprocher le film à Hellraiser 2 est léger, tenant du simple outil de comparaison - quoi que certaines scènes, et surtout les costumes de nos “méchants” nous rappellent fortement l’univers de Barker - cette dernière semble totalement assumé et risible. Enfin, le Pyramid Head bien glauque du premier volet revient, mais cette fois… attention au choc, il représente le salut de Heather Mason, en tant qu’ami, et devient le gardien protecteur de notre héroïne face à un monstre sorti des Power Rangers interprété par la pauvre Carrie-Anne Moss ! Oublions aussi sa nouvelle faculté de téléportation lui permettant d’être à mille endroits à la fois. Après avoir été aussi saignant sur le film, faut-il revenir sur la particule “3D” du titre ? Celle-ci se résume à des arbustes en premier plan histoire de bien gâcher les cadres - pas forcément extraordinaires -, et à une lampe torche qui deviendra vite l’ennemi juré de vos yeux si ils ne décèdent pas avant la fin du film.


Depuis son plus jeune âge, Heather Mason a l’habitude de changer d’adresse très souvent avec son père. Sans vraiment savoir pourquoi, elle fuit. Pourtant, cette fois, elle est piégée. Pour sauver celui qui avait toujours réussi à la protéger et découvrir qui elle est vraiment, Heather va devoir affronter un cauchemar qui devient de plus en plus réel… Silent Hill.


Après tant de mauvais goût, d’idées pauvres et finalement le parfait massacre de l’une des rares sagas vidéo ludique, si ce n’est la seule, qui pouvait se vanter d’avoir un film honorable, et bien il ne reste plus grand chose. Tout cela n’aura finalement pour effet que d’attiser notre curiosité tout au long du film sur la forme du scénario original, seul héritage amputé à cet épisode et qui aurait bien pu le sauver.
Titre Français : Silent Hill : Révélation 3D
Titre Original : Silent Hill : Revelation
Réalisation : Michael J. Bassett
Acteurs Principaux : Adelaide Clemens, Sean Bean, Kit Harington
Durée du film : 1h 34min
Scénario : Michael J. Bassett
Musique : Jeff Danna
Photographie : Maxime Alexandre
Date de Sortie Française : 28 novembre 2012

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[CRITIQUE] Berberian Sound Studio /critique-berberian-sound-studio/ /critique-berberian-sound-studio/#comments Sat, 22 Sep 2012 11:23:19 +0000 /?p=6278 Étrange Festival 2012 – Catégorie « Compétition Nouveau Genre »

Au sein même de l’Etrange Festival, déjà assez barré dans son ensemble, on trouve un certain lot d’ovnis, souvent classés soit dans la catégorie « Nouveau Genre », soit compris dans les différentes nuits du festival, telles que la nuit Zombie (où nous n’avons pas eu la chance d’aller) avec des Zombies Ass, O Zombie et autres folies. Mais à travers ces différents ovnis, on en trouve facilement de toutes sortes, certains poétiques, certains macabres, d’autres totalement décalés. Berberian Sound Studio lui, s’avère être un ovni, parmi les ovnis.
Ce film réalisé par l’anglais Peter Strickland, a qui l’on doit Katalin Varga, notamment remarqué pour sa bande son à Berlin, nous marque de la manière la plus étrange possible, à première vue, le film s’avère assez hermétique, dur à suivre, voir même absurde par son travail constant sur la mécanique du son plutôt que de l’action. Mais au fur et à mesure que le récit avance, il se positionne de manière de plus en plus violente et étrange sur sa référence majeure qu’est celle du giallo, genre italien survivant aujourd’hui avec difficulté.
Le film tourné devient le film vécu, l’image qui nous est interdite nous envahit par son compagnon sonore, et le monteur sonore devient l’ingénieur de son propre cauchemar. Tous nos repères disparaissent pour nous faire vivre l’horreur par son support le plus pur : celui du son.

© DR

Gilderoy est un ingénieur du son un peu dupe, sans grandes ambitions et même trop simplet pour assumer l’importance de son rôle au sein du film auquel il est invité à travailler. Incarné par Toby Jones, récemment vu dans La Taupe, cet ingénieur débarquant tout juste dans le Berberian Sound Studio en Italie découvre le monde du giallo avec curiosité et incertitude à travers ce film sur lequel il travaille: The Equestrian Vortex.
Si à son introduction ce film, dont l’on ne voit que le générique, pourrait s’apparenter à une quelconque réalisation délirante de série B, il devient rapidement évident que nous avons affaire à une œuvre de volonté bien moins naïve. Et c’est avec la même curiosité dont fait preuve le personnage, que nous abordons son propre travail. Intrigué par ce film étrange où il est question de viol, de mutilation, de fer rouge introduit dans certaines parties anatomiques et autres choses dont la seule vue nous dégoûterait à jamais de l’humanité, c’est justement avec étonnement qu’il n’est jamais question pour Peter Strickland de mettre en abîme  la vision de ce film, par un face à face brutal, afin de nous choquer pour simplement nous choquer. Nous n’abordons ce film dans le film qu’avec la mécanique de fabrication du son, dans ce lieu littéralement comme psychologiquement coupé du monde où nous ne trouvons jamais notre place, par ces prises de son s’accroissant dans leur brutalité.
Entre critique morale d’un genre cinématographique en perdition via le personnage de Giancarlo Santini ne pouvant s’empêcher de préciser avec sincérité  que ces images sont la réalité de notre monde, et étude fascinante d’un héritage italien qu’est celui du son, Strickland nous prend constamment à revers en nous empêchant de nous appuyer sur le moindre élément réconfortant. Chaque personnage est détestable, ou voué à disparaitre, le personnage de Gilderoy devenant lui même acteur du studio, nous abandonnant et nous laissant comme seul témoin du Berberian Sound Studio. Mais ce n’est pas pour autant que Strickland dresse un portrait final sans aucun doute possible sur les nouvelles convictions de son personnage. Ce personnage qui a son arrivée était éperdu d’une psychologie candide, encore attaché à sa mère, vivant dans un monde où les choses ne sont que positives aurait-il pu simplement devenir adulte?

© DR

Toby Jones profite de sa liberté totale afin de signer ici sa meilleure performance actuelle, incarnant avec autant d’ambiguïté que son sujet le personnage de Gilderoy. Son travail et celui de Peter Strickland permettent de mettre en valeur l’autre atout incroyable du film, sa photographie impressionnante. Le travail de Nick Knowland, s’apparente ici à une véritable œuvre d’art. Nous renvoyant constamment à un clair-obscure digne du Caravaggio dans ses heures les plus noires vers la fin de sa vie, le travail effectué sur Berberian Sound Studio s’apparente assez vite alors à une fresque psychédélique où sa beauté nous tiendrait en haleine de bout en bout. Allant même jusqu’à devenir peinture sur certains plans fixes. Car si il y a bien une chose que tout le monde se doit d’accepter malgré toutes les méfiances possibles scénaristiques, c’est que sur le plan, évidement sonore, et visuel Berberian Sound Studio est parfait. Sa mise en scène d’une atmosphère, empruntant à Dario Argento, au jeune Polanski de Repulsion ou encore au Voyeur de Powell par cet emprunt d’un lieu et d’une ambiance similaire au labo de Mark, excelle sur tous les plans.
Où alors Berberian Sound Studio expose ses faiblesses ? Surement dans son scénario à répétition dans le premier tiers du film, où alors sa complexité, entremêlant fantaisies et réalités, osant le parie de nous perdre en transformant soudainement son personnage principal et en rendant la lecture de son récit encore plus absurde et dur à déchiffrer. Le film de Peter Strickland dérange fondamentalement et le voir plusieurs fois aidera surement à faciliter sa compréhension.


Dans des studios italiens spécialisés dans les films d’horreur, le travail d’un ingénieur du son prend un tournure de plus en plus inquiétante…


On pourra affirmer sans l’ombre d’un doute que Peter Strickland est l’un des réalisateurs britanniques contemporains à suivre de prêt de cette vague du « Nouveau Genre ». Mais avec la même franchise, on pourra aussi affirmer que son cinéma n’est pas destiné à un grand public, qu’il faut savoir être patient, et surtout accepter la sensation plutôt que la vision.
Titre Français : Berberian Sound Studio
Titre Original : Berberian Sound Studio
Réalisation : Peter Strickland
Acteurs Principaux : Toby Jones, Tonia Sotiropoulou et Susanna Cappellaro
Durée du film : 01h32min
Scénario : Peter Strickland
Photographie : Jennifer Kernke
Date de Sortie Française : n/c
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[CRITIQUE] Insensibles /critique-insensibles/ /critique-insensibles/#comments Fri, 14 Sep 2012 22:48:45 +0000 /?p=6123 Étrange Festival 2012 – Catégorie « Compétition Nouveau Genre »

Insensibles nous a été présenté ni plus ni moins comme « le film de l’année », étant un « chef d’œuvre absolu ». Sur le coup, ça calme. Et ça met aussi la pression, pour nous comme pour l’équipe du film.
Le film est le fruit d’un travail en amont de plus de 6 ans. D’abord engagé comme une production française, le manque de fonds sur le territoire obligea l’équipe à migrer en Espagne, où la majeure partie du film  a vu le jour. Le réalisateur franco-espagnol Juan Carlos Medina signe donc ici son premier film, somme toute plus espagnol qu’autre chose dans son traitement. Brutal, dérangeant, Insensibles a tout pour mettre le spectateur dans une position inconfortable. Et c’est encore plus prenant lorsque le film est maîtrisé de bout en bout.
Il y traite habilement de thèmes souvent casse-gueule, en particulier celui du secret et autres mystères enfouis que son héros va tenter d’élucider. Habile car il y appose en filigrane un pan de l’Histoire que son pays n’arrive pas à oublier, à savoir le franquisme. La Seconde Guerre Mondiale et le régime totalitaire sont mis en parallèle avec le traitement des enfants « anormaux », et tente de définir la notion de monstre ainsi que d’y apposer un visage. Concrètement, ce monstre va successivement passer d’une personne à une autre au fur et à mesure de l’avancement du film, permettant de changer à la fois le ton du récit et l’empathie du spectateur pour les personnages, malgré le malaise ambiant.

© Distrib Films

En introduisant son film en double récit, le réalisateur instaure son fil directeur qu’il gardera du début à la fin. D’un côté il entre brusquement dans la vie d’un chirurgien, David Martel, à notre époque. Un accident de voiture va changer sa vie : il perd sa femme, et apprend durant son hospitalisation qu’il est atteint d’une maladie qui peut lui être fatal. En parallèle, la seconde intrigue se tient à l’aube du XXe siècle, mettant en scène des enfants insensibles à la douleur, et qui vont être enfermés à vie, les médecins d’alors pensant qu’ils peuvent être extrêmement dangereux. Arrachés des bras de leurs parents, le ton est donné : la cruauté est bien présente, et instaure une ambiance extrêmement malsaine. Pour mieux procurer ce sentiment, Juan Carlos Medina s’attarde sur deux de ces enfants, rendant ainsi le choc du traitement encore plus puissant. Le pouvoir de destruction de ces gamins, finalement fondamentalement innocents, puis des adultes, qui eux sont conscients de leurs actes, instaure une atmosphère lugubre. Les rapports de forces sont terriblement injustes, et le réalisateur joue justement avec nos nerfs jusqu’à contrebalancer de manière plutôt attendue ces positions de domination.
Tout le long du film, ces deux récits vont s’alterner, et l’on se doute assez vite des différents liens narratifs entre eux, et qui aboutira d’ailleurs à une rencontre assez bluffante en guise de conclusion. Parfois pénible et poussive, la construction reste tout de même foncièrement efficace, les genres se brouillant facilement, nous faisant perdre nos repères et garder cette dimension précaire et pesante. En usant d’un contexte historique difficile à traiter (de surplus pour un premier film) pour mettre en place toute son histoire, qui relève presque de l’anecdotique à cette échelle, Medina ne manque pas d’ambition. Il octroie à chacun de ses personnages une quête, un objectif comme une lueur d’espoir dans l’univers sombre dans lequel ils vivent. Une mélancolie se dégage même de cet acte, car on sait ces personnes perdues, leur existence est scellée, quelle que soit la cause de leur mal.
Le travail effectué sur la photographie est tout aussi mémorable, elle épouse le récit, souvent très sombre, et dégage une mélancolie presque fantastique, laissant transparaître dans ses plans quelques brins de lumière, lueur d’espoir pour les personnages, dont c’est la seule espérance dans leurs vies de condamnés.

© Distrib Films

Insensibles se pose la question de la monstruosité, surtout au moment de l’internement des enfants : ces derniers sont-ils la véritable manifestation du Mal, par leurs caractéristiques physiques hors-normes, ou alors sont-ce les médecins, qui gardent ces enfants enfermés pour toujours dans cet hôpital-prison, dans des conditions empêchant forcément leur développement ? Tout laisse à supposer que les adultes sont ici les coupables, ne sachant que faire face à une situation comme celle-ci. En effet, le spectateur est placé du point de vue des enfants insensibles, ce qui permet de créer une empathie directe envers eux, et donc de diriger notre regard vers ceux qui vont finalement être vu comme étant « insensibles », mais cette fois non pas de manière physique, mais morale. Et pourtant, le film brille de ce côté par ce qu’il fait de ce statut attribué à chacun, les positions de chacun vont changer, voir s’inverser, les causes étant l’arrivée de nouveaux personnages dans le récit, ainsi que le contexte historique.
Juan Carlos Medina, s’il signe ici son premier film, s’inscrit tout de même directement dans la catégorie des films de genre ibériques ayant pour toile de fond  la Seconde Guerre Mondiale et l’Espagne franquiste. A la manière d’un Guillermo del Toro, il démontre ici un pays qui n’arrive toujours pas à tirer un trait sur son passé, et si le propos est parfois un peu lourd, même si toujours juste, il s’en sert brillamment pour faire avancer son récit. Encore une fois, l’influence, notamment, de del Toro se fait ressentir, notamment en comparaison avec Le Labyrinthe de Pan. Insensibles lorgne à sa manière vers le fantastique, les enfants sont ici présentés comme dans un conte noir, et la grande part de mystère qui réside dans le film contribue à l’atmosphère ambiante surnaturelle.
Du drame au film d’horreur atmosphérique, en passant par le thriller, Insensibles oscille entre les genres, parfois péniblement, mais avec tout de même un certain brio dans la continuité. Et d’ailleurs, le film ne trouvera finalement jamais sa voie. Le drame au début chez Martel, qui tendra de plus en plus vers le thriller, va petit à petit se mélanger à l’horreur de la prison où sont gardés les enfants, pour que le film finisse dans un élan surnaturel, presque fantastique. La scène finale, même si elle verse un petit peu dans le trop plein d’effets, reste scotchante et prouve que pour un premier long-métrage, le réalisateur fait preuve d’une sagesse et d’une maîtrise assez impressionnantes.

Pour son premier film, Juan Carlos Medina signe une œuvre extrêmement bien maîtrisée, malgré la lourdeur ponctuelle de l’alternance entre les deux récits et leurs connexions mutuelles. Dans la lignée de grands réalisateurs hispaniques, il multiplie les genres traités ainsi que les fausses pistes sur fond d’Espagne franquiste et entre donc dans la lignée des réalisateurs à suivre de très près dans les années à venir.
Titre Français : Insensibles
Titre Original : Insensibles
Réalisation : Juan Carlos Medina
Acteurs Principaux : Alex Brendemühl, Tomas Lemarquis, Juan Diego
Durée du film : 01h45
Scénario : Luis Berdejo, Juan Carlos Medina
Musique : Johan Söderqvist
Photographie : Alejandro Martinez
Date de Sortie Française : 10 Octobre 2012
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[CRITIQUE] The Secret /critique-the-secret/ /critique-the-secret/#comments Tue, 04 Sep 2012 09:17:32 +0000 /?p=6084 En France, si ce n’est une romance, c’est à l’autre extrême que l’on a souvent à faire. Pascal Laugier, se réclamant de ce nouveau genre, l’avait souligné avec son précédent film titré Martyrs, film qui avait su faire parler de lui par son approche très crue et primitive de ce que l’on appellera couramment un mythe urbain. The Secret, ou The Tall Man, son nouveau film, inexactement sous-titré et comparé avec Sixième Sens par son approche et sa construction autour d’un twist violent, s’attaque de nouveau à ce qui pourrait être l’une de ces sombres histoires sordides de l’Amérique profonde. Son récit se voulant avant tout dérangeant et d’une ambiguité certaine, utilise alors ce twist non pas pour nous déranger, mais pour mettre à jour les véritables fondements de son histoire.  Malheureusement, The Secret ne va pas plus loin qu’un pseudo film d’épouvante, ne tenant pas longtemps les rares bribes d’ambiances, tenant elles du thriller, allant se perdre totalement sur un final revenant rajouter une couche inutile sur une concept devenu déjà évident à ce moment du film. Nous sommes bien loin du principe de base prévu par Pascal Laugier, surement trop ambitieux, trop jusqu’au-boutiste, ce ton final présent tout au long du film semble désuet et inadapté au message, devenant parfois trop évident. Là où The Secret aurait pu devenir une magnifique fable noire, car matière il y a, son intrigue trop évidente, à peine cachée, fait que la sauce ne prend pas, et de peu.

Toute la première partie du film est là pour nous induire dans une certaine ambiance, nous préparer habilement au twist à venir, car dépassant le simple récit d’épouvante, l’histoire commence peu à peu à se construire et à enfin se montrer sous un jour plus intriguant. Cette histoire, totalement plausible, se retrouve malheureusement engendrée par un évènement dont la simple existence découle d’une coïncidence plus qu’aberrante et sans le moindre sens quelconque, que par de nombreuses manières elle était dispensable ou corrigeable. Ce passage montre que Pascal Laugier, malgré son perfectionnisme tournant autour de du récit, semble ne pas se préoccuper de ce qui soutient la partie la plus importante de son histoire, élément visiblement trop quelconque. Ce souci de logique devient réellement intriguant lorsqu’on en arrive justement à ce qui découle de cette partie : la fin est là elle aussi pour nous secouer, volontairement ambiguë sur la morale de l’histoire, de ses personnages, et surtout de leurs choix. Principe constamment mis en avant, le réalisateur cherche à nous faire réfléchir sur ce qui définit nos actes, faut il agir, ou rester de marbre face à ce qui nous dégoute, quitte à mettre un pied dans un univers haït de tous. Pour cela, non content de la seule présence de son twist, Pascal Laugier nous laisse en plan à la fin du film, fin totalement ouverte, non sur le déroulement des évènements futurs, mais sur son jugement. Si maladresse il y a, c’est qu’au final si nous autres spectateurs sommes amenés à prendre parti, le réalisateur dit assumer une approche totalement neutre. S’il n’est clairement pas le fondateur d’un nouveau concept, le cinéma nous a montré que ce genre de fin pouvait tenir la route, quand il y a matière pour orienter la réflexion, ce qui n’est pas la cas dans The Secret. Tout au contraire, cette fin ne fait finalement que nous embrouiller un peu plus, nous persuadant alors justement du contraire, que Pascal Laugier a un message. C’est donc sans difficulté que l’on peut rester bloquer à la moitié du récit, le film changeant soudain de bord, soit l’on reste coincé sur ce point, la suite du film se rapprochant d’une belle blague fade, soit l’on accepte de jouer le jeu, de voir où l’on veut nous emmener, de se fondre ou non dans le récit, et c’est sur ce point que le film joue alors avec brio.

Car le film est loin d’être sans qualités, si les dernières minutes du film et la manière dont la seconde partie sont clairement amenée de manière maladroite, il reste évident qu’entre les deux reste une situation mettant en avant l’ambiguïté de son scénario et de ses personnages. Il est impossible de déceler au départ la véritable thématique du film, lorsque tout s’effondre, de déceler qui est le bon, qui est le mauvais, qui dans cette population est le boogie man, le « Tall Man », ce mangeur d’enfants, et la population devient une sorte de famille dégénérée. Qui finalement est celui qui provoque la peur dans cette petite ville ? C’est avec ce sentiment d’angoisse que Pascal Laugier porte son film de manière équivoque et dérangeante. La voix off portée par Jodelle Ferland que l’on a pu voir notamment chez Christopher Gans dans Silent Hill, permet à la fois de fluidifier le récit et d’appuyer son atmosphère, mais aussi d’échapper de justesse à de beaux clichés. Pour ce film, le réalisateur se permet une tête d’affiche : Jessica Biel. Malgré son départ en retraite anticipée vers des seconds rôles quelconques menant peu à peu à sa disparition totale, l’actrice que l’on avait pu apercevoir dernièrement dans L’Agence Tout Risques prend son rôle à cœur. Julia Denning semble totalement habitée par l’ambiguité du récit, notre jugement face à ce personnage candide, pourtant amené à l’extrême en temps que mère, fini par ne plus rien représenter, ne plus prendre aucun sens. Les laissés pour compte en revanche sont paradoxalement les enfants, ici placés dans un état proche du point zéro de l’intelligence humaine et pourtant centre même de notre histoire. Alors que ces êtres sont le centre même de l’histoire, Pascal Laugier les balaie de nouveau d’un geste de la main, devenant simples outils au récit, et ne faisant naitre ainsi aucune once d’inquiétude ou de sentiments pour eux. Le travail de Kamul Derkaoui est au final peut être la seule vrai surprise, même si l’étalonnage n’est pas toujours agréable, particulièrement brut, la photo permet à certains plans de disposer d’une véritable existence, et d’être dotée d’une signification forte. Scènes par lesquelles le récit avance au final par lui même, ne nécessitant aucun dialogue accessoire pour nous en faire comprendre ses enjeux.


Chaque année 750 000 enfants disparaissent aux Etats-Unis. La plupart d’entre eux sont retrouvés dans l’heure ou les jours qui suivent. En revanche, 0.3% d’entre eux disparaissent à jamais sans laisser de trace. A Cold Rock, petite ville minière isolée, plusieurs disparitions suspectes ont été répertoriées ces dernières années. Chaque habitant semble avoir sa théorie sur le sujet mais pour Julia, qui fait office de médecin dans cette ville sinistrée, ce ne sont que des légendes urbaines. Une nuit, son fils de 5 ans est enlevé sous ses yeux par un individu mystérieux. Elle se lance à sa poursuite sachant que si elle le perd de vue, elle ne reverra jamais son enfant.


Avec The Secret, c’est au final non pas un film d’épouvante que tente de nous signer Pascal Laugier, mais bien un thriller dans les règles. Posant son révolu sur une ambiguïté morale et scénaristique, le récit n’arrive pourtant pas à décoller et à nous mettre dans un état de tension continue, car à trop vouloir en faire, il ne fini que par trop nous en dire, et la fin se dévoile alors bien trop tôt.
Titre Français : The Secret
Titre Original : The Tall Man
Réalisation : Pascal Laugier
Acteurs Principaux : Jessica Biel, Stephen McHattie, William B. Davis
Durée du film : 1h45min
Scénario : Pascal Laugier
Musique : Todd Bryanton
Photographie : Kamal Derkaoui
Date de Sortie Française : 5 Septembre 2012
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[CRITIQUE] Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires /critique-abraham-lincoln-chasseur-de-vampires/ /critique-abraham-lincoln-chasseur-de-vampires/#comments Thu, 05 Jul 2012 16:26:29 +0000 /?p=5278 Seth Grahame-Smith, en écrivant le roman Abraham Lincoln : Chasseur de vampires, avait surement eu l’une des meilleures idées qui soit : mélanger deux mythes. La finesse de l’écriture du roman avait permis une véritable symbiose entre le fait et l’imagination, l’auteur avait su totalement s’approprier l’histoire et l’agrémenter du nécessaire syndical et un peu plus pour réaliser sa propre version du politicien.
Le sachant au scénario de l’adaptation réalisée par ce cher Timur Bekmambetov, notamment réalisateur de Night Watch et Day Watch, véritables perles du cinéma russe contemporain, malgré la faiblesse des visuels présentés jusqu’à présent, une petite lueur d’espoir continuait à nous faire espérer qu’une once de bon goût pouvait naitre de ce film. Mais non, il n’en est rien, Abraham Lincoln : Chasseur de vampires est une véritable purge. Et avec une certaine perfection, sur tout les niveaux. Car avec la dernière réalisation de Tim Burton, Grahame-Smith avait démontré qu’il n’avait pas la même finesse lorsqu’il s’agissait de narrer un récit trop condensé pour son imagination.

Véritable représentation d’un mauvais gout visuel indéniable, doté d’une 3D à vous faire exploser la rétine par son exagération, tourné avec un matériel datant surement d’une époque bien lointaine, il n’y a dans Abraham Lincoln : Vampire Hunter rien de bon.  On est en droit de se demander où est parti la totalité du budget dépassant les 50 millions de dollars, tout cela venant de la poche de Tim Burton.

Alors que d’habitude nous serions plus enclin à insister sur le fait que résumer la vie d’un homme en un film d’un peu moins de deux heures est de base, impossible, ici, c’est avec un remerciement sincère que nous acclamons ce format et jetons des fleurs à la production, car quelques dizaines de minutes de plus n’aurait fait, au final, qu’assoir un peu plus la nullité scéanaristique dont fait preuve Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires. Le film fait preuve d’une niaiserie indéniable, tant son scénario repose sur une suite de coïncidences aberrantes rendant caduques chaque ersatz d’argument mis en avant. L’amourette pas crédible pour un sous, n’est ici que le cadet de nos soucis, car si une fascination peut naitre, c’est bien dans le don dont ce cher Lincoln semble être doté: celui de faire que son arrivé à un endroit déclenche automatiquement la suite des évènements.

Et ce n’est pas en nous re-fourgant un faux Liam Neeson en la personne de Benjamin Walker, qu’une quelconque magie risque d’opérer. Abraham Lincoln était peut être un homme de mot, mais il était aussi un homme de charisme, chose que notre ami semble ne pas avoir une seconde mis en application, les rares passages de tirades semblant n’avoir de rôle que celui de bouche-trou, sans le moindre intérêt. Car le personnage de Lincoln est constamment déchiré en deux le rendant totalement invraisemblable. En quelques secondes, il devient le père d’une nation, puis le vieux bûcheron dont les moulinets inutiles ne forcent ni le respect, ni l’admiration, mais bien la pitié.

Car c’est bien son manque de leitmotiv qui nous empêche de croire une seule seconde au personnage, et il est bien sur inutile de préciser que tout les autres personnages ne sont que de vulgaires carcasses sans le moindre intérêt. On se demande constamment si le réalisateur prend véritablement au sérieux le récit qu’il raconte. Si le fait d’assumer ce côté délirant peut paraitre normal avec le bonhomme qu’est Timur Bekmambetov, et encore, ces dernières sont trop « propres » et artificielles afin d’éviter de saborder une partie de son public potentiel par une classification trop sévère, les scènes pseudo-passives ne sont que l’ombre de ce qui aurait pu être fait à partir de l’œuvre originale.

Il est bien triste de voir que là où Bekmambetov avait su démontrer sa véritable folie sur les deux premiers épisodes de la saga Watch, à savoir sur un aspect visuel totalement délirant, kitsch à souhait, ce dernier se perd totalement sur Abraham Lincoln : Chasseur de vampires. Véritable fouilli visuel bien trop bordélique pour être lisible, si la scène du train arrive à convaincre un tant soit peu le spectateur par sa décomposition, nullement par sa crédibilité, il s’agit bien là de la seule exception. Tout le reste n’est que brume et particules venant rendre l’action encore plus incompréhensible.
Il n’y a plus qu’à espérer - même si cela ne fait aucun doute - que l’adaptation de la vie du personnage par Spielberg sera bien glorieuse, le tout porté par un Daniel-Day Lewis qui n’aura lui surement aucune difficulté à incarner avec charisme le personnage.

Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires pourrait bien sonner le glas pour ce réalisateur russe plein d’ambition qui comptait percer dans l’industrie américaine. A la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour lui, cette opportunité pourrait lui permettre de revenir dans sa mère patrie et de refaire ce qui rendait son cinéma aussi original et unique.
Titre Français : Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires
Titre Original : Abraham Lincoln : Vampire Hunter
Réalisation : Timur Bekmambetov
Acteurs Principaux : Benjamin Walker, Dominic Cooper, Anthony Mackie
Durée du film : 01h45min
Scénario : Seth Grahame-Smith d’après son œuvre.
Musique : Henry Jackman
Photographie : Caleb Deschanel
Date de Sortie Française : Sortie le 8 Août 2012
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[CRITIQUE] La Cabane dans les Bois /critique-la-cabane-dans-les-bois/ /critique-la-cabane-dans-les-bois/#comments Tue, 01 May 2012 14:47:05 +0000 /?p=4291 Ce serait mentir que se dire que les slashers ont tous aujourd’hui la même fraîcheur qu’antan, qu’ils ont toujours ce petit quelqueschose qui les rendent si intrigants et déroutants. Aujourd’hui, ce genre se perd peu à peu, en enchaînant des films tous aussi peu originaux les uns que les autres, un peu comme dans une spirale sombrant sur des intrigues basiques et souvent identiques, ou alors en devenant peu à peu ce qui fait le cinéma d’épouvante d’aujourd’hui, basé sur du torture-porn en rafale. Le petit groupe d’ado partant dans la forêts tombant nez-à-nez avec une quelconque entité humaine ou démoniaque, on en bouffe encore et toujours. Carpenter, le maitre de l’horreur, lui même nous l’a prouvé il y a peu avec son très moyen The Ward, film d’épouvante qui, au final, se trouve être un gros patchwork de ce qui a fait l’excellence de deux générations entre lesquelles il se trouve, et surtout se perd.

Mais au-delà de cet engouement à l’épuisement d’un genre, quelques petites lueurs scintillent depuis peu. Pas de la même manière que certains auraient pu le prévoir, car au lieu de simplement révolutionner ce genre, c’est de manière détournée, non-conventionnelle, et en utilisant habillement ces codes tant critiqués, que certains films font leurs chemins et prouvent qu’il est tout a fait possible, avec un minimum de volonté de nous offrir différentes solutions à ce manque.

La Cabane dans les Bois de Drew Goddard, qui travaille ici sur son premier long métrage après son travail de scénariste sur des séries comme Lost, et co-écrit par Joss Whedon à qui ont doit le récent Avengers, se place directement dans cette lignée, dans laquelle l’on peut aussi compter le récent Tucker & Dale. Sur le fond, tout débute comme ces slashers sans intérêt : un groupe de jeune décide de partir en vacances, il rencontre le type inquiétant qui va leur annoncer que le lieu est maudit, malsain, que faire demi-tour est leur seule solution viable. Et à-partir de là, on ne peut plus parler de ce film, et en faire l’éloge, sans « spoiler » un peu la trame (ce qui est un grand mot, vu que l’on comprend tout ce dont je vais vous parler dès les premières minutes ou à travers les trailers). Donc si vous voulez profiter totalement du film, arrêtez-vous ici, allez le voir, puis revenez nous lire.

Car c’est là où La Cabane dans les Bois prend tout son intérêt, Goddard et Whedon nous mettent dans une situation dans laquelle nous avons l’habitude, pour ensuite la renverser totalement, pour s’intéresser à ce qui se passe derrière le décors. Car la véritable thématique du film est loin celle de nous offrir une histoire quelconque digne des plus gros navets du genre, mais plutôt dans un sens de nous expliquer leur existence. Car à travers un scénario doté d’un fond et d’idées intéressantes, et surtout assumés constamment du début à la fin du récit, c’est bien la fabrication et les rouages d’une société productrice de slashers qui nous est dépeint.

L’utilisation des clichés, la composition même du groupe de jeune, leus situation, tout cela est clairement un outil de fabrication, la société est le réalisateur, et la mort de ces jeunes le show offert à son public.
Rien n’est laissé au hasard, les ficelles du genres sont habilement tendues au moment où nous l’attendons le moins, créant une lecture au récit bien plus intéressante que ce pour quoi nous allons voir un film comme celui-là.  Car sur son final, ce n’est pas seulement au cinéma d’épouvante que le film rend hommage à différents genres et différents monuments du cinéma, les allusions à Shining sont évidentes et la concept de The Truman Show n’est absolument pas réfutable.

Mais nous ne sommes pas seulement face à une utilisation bête et méchante de ces éléments, il ne s’agit pas d’un puzzle où l’on aurait enchâssé toute l’excellence d’autres récits, La Cabane dans les Bois est doté d’une vrai écriture qui lui est unique, d’une efficacité incroyable qui arrive même à instaurer un humour à travers certaines scènes incroyablement bien placées. Qui plus est, ce scénario est incroyablement bien porté par notre groupe d’acteurs, car la tache pour eux n’est pas facile, ils ne doivent pas donner dans un premier temps un jeu unique, ils ne peuvent pas donner une âme à leurs personnages durant le récit, car chacun d’eux est la représentation d’un cliché du genre : la blonde idiote, le baraqué sans peur, l’abruti, etc… Mais malgré cela, il nous est impossible de ne pas succomber devant Kristen Connolly interprétant Danna, ou de se prendre d’affection et de rigoler devant Fran Krantz alias Marty le démembreur.

La Cabane dans Bois nous invite constamment à observer les deux faces de ce genre, à jouer le rôle d’arbitre. Car on pourrait résumer de manière barbare que ce film est l’envers du décors, le making-of des films du genre. Le duo Goddard & Whedon maîtrise les sujets qu’ils abordent  pour nous maintenir en tension tout le long du film de manière intelligente. Surement l’une des meilleures solutions pour réussir à surprendre tous les amateurs du genre, même ceux l’ayant abandonné pour chercher des sensations fortes ailleurs. 
Titre Français : La Cabane dans les Bois
Titre Original : The Cabin in the Woods
Réalisation : Drew Goddard
Acteurs Principaux : Kristen Connolly, Chris Hemswort, Fran Kranz
Durée du film : 01h35min
Scénario : Drew Goddard & Joss Whedon
Musique : David Julyan
Photographie : Peter Deming
Date de Sortie Française : 2 Mai 2012
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Critique : La Dame en Noir (James Watkin) /critique-la-dame-en-noir/ /critique-la-dame-en-noir/#comments Mon, 19 Mar 2012 10:36:38 +0000 /?p=3393 dame_en_noir_afficheLa Hammer fait partie de ces studios qui, malgré une participation titanesque à l’histoire du cinéma, ne sont désormais seulement qu’une ombre dans cette même histoire. Quand on y pense, de la même manière que Ray Harryhausen, ce studio était souvent plus connu que le réalisateur lui même. Seuls les acteurs de chacun de leurs films pouvaient rivaliser avec ce succès, avec des noms tels que Christopher Lee, Peter Cushin, des acteurs qui ont baignés dans cette culture et qui en ont fait leur fer de lance.
Alors savoir que la Hammer cherche à renouveler son nom et cela avec un acteur qu’ils veulent élever au même rang que d’autres, on ne peut que le saluer, surtout après un petit soubresaut que l’on avait senti en 2010 avec Laisse-moi entrer, mais qui ne tenait pas véritablement de l’héritage Hammer. Car au milieu du maigre leg du cinéma d’épouvante, rapidement flouté par celui d’horreur, un petit retour aux sources pourrait bien être la seule chose à faire pour la Hammer.
Si ils se tiennent à ce qu’ils ont toujours fait, cela voudrait dire que cette génération repose sur Daniel Radcliffe, mais soyons franc avec nous même, le studio prend déjà le risque de l’époque dans laquelle se déroule le film, alors en plus garder le même acteur à l’heure où le changement est récurrent? Il y a un choix à faire.

L’histoire qui nous est racontée est celle d’un père de famille, campé par Daniel Radcliffe, qui vit dans le deuil inlassable de la perte de sa femme. Perdu, seul, c’est sur cette base qu’il doit s’occuper de son fils de manière peut être un peu rude, ne comprenant pas ce qu’est le travail au foyer. Mais afin de partir d’un nouveau pied, le jeune homme doit accomplir une dernière mission professionnelle: se rendre dans un petit village pour régler quelques soucis de paperasse dûs à la mort de l’ancienne locataire. Et c’est sur ces quelques lignes que l’on est sûr d’avoir à faire à une vraie production Hammer, fantômes et sursauts suggestifs seront de la partie.

Comme dit plus haut concernant l’époque, histoire de ne pas louper son coup, la base de notre histoire est de nouveau tirée de la littérature britannique, source de leurs plus grands succès, avec le roman nommé logiquement : La Dame en Noir.
Mais il ne suffit pas de prendre ces éléments de confiances pour être assuré de la réussite totale de l’oeuvre, La Dame en Noir en fait malheureusement les frais, et cela dans l’un des piliers que James Watkin, réalisateur du frissonnant Eden Lake, essaye de nous refourguer, oui carrément. Ce pilier nommé Daniel Radcliffe. Et le défaut ne vient pas de sa prestation, le défaut vient plus en amont, sur le fait que ce soit lui qui incarne le personnage principal.
Tout au long du film, il fait tout son possible pour rendre le personnage de Arthur Kipps crédible, mais le petit Radcliffe sort tout juste de son adolescence, cherchant encore à se défaire de cette ombre néfaste collée sur son front, et le voilà à incarner un père de famille éprouvé par la vie. L’aurait-il encore incarné dans une dizaine d’année, le rôle n’aurait connu alors aucune faille, il aurait eu le temps de vieillir naturellement et de quitter se sourit hébété que lui seul sait arborer.

Il retrouve à ses cotés notamment Ciarán Hinds, Alberforth Dumbledore, qui enchaîne tristement les seconds rôles depuis longtemps déjà, vu récemment dans Ghost Rider : L’Esprit de Vengeance et John Carter, mais quand est-ce que l’on rendra son dû à César ? Mystère.

La Dame en Noir souffre aussi de ce qui a fait la perte du cinéma d’épouvante: cette volonté d’être prévisible, au-delà de quelques sursauts, la tension n’est jamais vraiment palpable, et pourtant quand on se tourne vers son film précédemment cité, James Watkins nous avait prouvé qu’il avait toutes les cartes en main pour transmettre cette peur viscérale qu’il avait si bien su nous conter dans Eden Lake à cette ambiance gothique et lugubre.
Mais ne tergiversons pas sur ce petit détail, après tout le cinéma d’épouvante repose à la base sur cette prévisibilité naïve qui adroitement usée peut, de manière même subjective,  nous effrayer plus que  quoi que ce soit.

Car il est clair que la Hammer savait ce qu’elle faisait en confiant ce film à Watkins, la mise en scène de cet espace finalement assez restreint, quelques pièces d’un manoir et une parcelle de village, est peaufinée dans le moindre détail, donnant vie à cette maison isolée de tout. Enfin la seule vue de la scène d’introduction devrait vous convaincre de voir le film. Si ce n’est pas le cas, mais presque, on peut dire qu’elle est le film condensé en un peu moins de deux minutes, un mal être permanent, travail de symbolique et de timing hors-norme avec en parallèle une symphonie simple et lugubre composée par Marco Beltrami, nous hantant sur tout le film.

La Dame en noir n’est peut-être pas le film qui va relancer la Hammer, mais elle est la bouffée d’air que l’on attendait dans le genre. Espérons que le film serve au moins de tremplin à Radcliffe. Et amateurs de happy end, passez votre chemin…
Titre Français : La Dame en Noir
Titre Original : The Woman in Black
Réalisation : James Watkins
Acteurs Principaux : Daniel Radcliffe, Ciarán Hinds, Janet McTeer
Durée du film : 01h35min
Scénario : Jane Goldman d’après l’oeuvre de Susan Hill
Musique : Marco Beltrami
Photographie : Tim Maurice-Jones
Date de Sortie Française : 14 Mars 2012
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