[CRITIQUE] La Dame en Noir

La Hammer fait partie de ces studios qui, malgré une participation titanesque à l’histoire du cinéma, ne sont désormais seulement qu’une ombre dans cette même histoire. Quand on y pense, de la même manière que Ray Harryhausen, ce studio était souvent plus connu que le réalisateur lui même. Seuls les acteurs de chacun de leurs films pouvaient rivaliser avec ce succès, avec des noms tels que Christopher Lee, Peter Cushin, des acteurs qui ont baignés dans cette culture et qui en ont fait leur fer de lance.
Alors savoir que la Hammer cherche à renouveler son nom et cela avec un acteur qu’ils veulent élever au même rang que d’autres, on ne peut que le saluer, surtout après un petit soubresaut que l’on avait senti en 2010 avec Laisse-moi entrer, mais qui ne tenait pas véritablement de l’héritage Hammer. Car au milieu du maigre leg du cinéma d’épouvante, rapidement flouté par celui d’horreur, un petit retour aux sources pourrait bien être la seule chose à faire pour la Hammer.
Si ils se tiennent à ce qu’ils ont toujours fait, cela voudrait dire que cette génération repose sur Daniel Radcliffe, mais soyons franc avec nous même, le studio prend déjà le risque de l’époque dans laquelle se déroule le film, alors en plus garder le même acteur à l’heure où le changement est récurrent? Il y a un choix à faire.

L’histoire qui nous est racontée est celle d’un père de famille, campé par Daniel Radcliffe, qui vit dans le deuil inlassable de la perte de sa femme. Perdu, seul, c’est sur cette base qu’il doit s’occuper de son fils de manière peut être un peu rude, ne comprenant pas ce qu’est le travail au foyer. Mais afin de partir d’un nouveau pied, le jeune homme doit accomplir une dernière mission professionnelle: se rendre dans un petit village pour régler quelques soucis de paperasse dûs à la mort de l’ancienne locataire. Et c’est sur ces quelques lignes que l’on est sûr d’avoir à faire à une vraie production Hammer, fantômes et sursauts suggestifs seront de la partie.

Comme dit plus haut concernant l’époque, histoire de ne pas louper son coup, la base de notre histoire est de nouveau tirée de la littérature britannique, source de leurs plus grands succès, avec le roman nommé logiquement : La Dame en Noir.
Mais il ne suffit pas de prendre ces éléments de confiances pour être assuré de la réussite totale de l’oeuvre, La Dame en Noir en fait malheureusement les frais, et cela dans l’un des piliers que James Watkin, réalisateur du frissonnant Eden Lake, essaye de nous refourguer, oui carrément. Ce pilier nommé Daniel Radcliffe. Et le défaut ne vient pas de sa prestation, le défaut vient plus en amont, sur le fait que ce soit lui qui incarne le personnage principal.
Tout au long du film, il fait tout son possible pour rendre le personnage de Arthur Kipps crédible, mais le petit Radcliffe sort tout juste de son adolescence, cherchant encore à se défaire de cette ombre néfaste collée sur son front, et le voilà à incarner un père de famille éprouvé par la vie. L’aurait-il encore incarné dans une dizaine d’année, le rôle n’aurait connu alors aucune faille, il aurait eu le temps de vieillir naturellement et de quitter se sourit hébété que lui seul sait arborer.

Il retrouve à ses cotés notamment Ciarán Hinds, Alberforth Dumbledore, qui enchaîne tristement les seconds rôles depuis longtemps déjà, vu récemment dans Ghost Rider : L’Esprit de Vengeance et John Carter, mais quand est-ce que l’on rendra son dû à César ? Mystère.

La Dame en Noir souffre aussi de ce qui a fait la perte du cinéma d’épouvante: cette volonté d’être prévisible, au-delà de quelques sursauts, la tension n’est jamais vraiment palpable, et pourtant quand on se tourne vers son film précédemment cité, James Watkins nous avait prouvé qu’il avait toutes les cartes en main pour transmettre cette peur viscérale qu’il avait si bien su nous conter dans Eden Lake à cette ambiance gothique et lugubre.
Mais ne tergiversons pas sur ce petit détail, après tout le cinéma d’épouvante repose à la base sur cette prévisibilité naïve qui adroitement usée peut, de manière même subjective,  nous effrayer plus que  quoi que ce soit.

Car il est clair que la Hammer savait ce qu’elle faisait en confiant ce film à Watkins, la mise en scène de cet espace finalement assez restreint, quelques pièces d’un manoir et une parcelle de village, est peaufinée dans le moindre détail, donnant vie à cette maison isolée de tout. Enfin la seule vue de la scène d’introduction devrait vous convaincre de voir le film. Si ce n’est pas le cas, mais presque, on peut dire qu’elle est le film condensé en un peu moins de deux minutes, un mal être permanent, travail de symbolique et de timing hors-norme avec en parallèle une symphonie simple et lugubre composée par Marco Beltrami, nous hantant sur tout le film.

La Dame en noir n’est peut-être pas le film qui va relancer la Hammer, mais elle est la bouffée d’air que l’on attendait dans le genre. Espérons que le film serve au moins de tremplin à Radcliffe. Et amateurs de happy end, passez votre chemin…
Titre Français : La Dame en Noir
Titre Original : The Woman in Black
Réalisation : James Watkins
Acteurs Principaux : Daniel Radcliffe, Ciarán Hinds, Janet McTeer
Durée du film : 01h35min
Scénario : Jane Goldman d’après l’oeuvre de Susan Hill
Musique : Marco Beltrami
Photographie : Tim Maurice-Jones
Date de Sortie Française : 14 Mars 2012
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1 commentaire

  1. Oulaaa comment j’ai eu du mal avec la Captcha ^^.
    Pour en revenir au film, je l’ai vu Dimanche et j’ai pas du tout accroché, je trouve que Daniel Radcliffe manque de charisme, c’est surement dut à son image de sorcier mais le voir en pére de famille ne lui va pas du tout surtout aussi mélancolique,.

    Il y a bien quelques bons sursauts mais au global, je me suis pas mal ennuyé durant la séance, mais ca ne reste que mon humble avis ^^.
    Très bonne critique soit dit-en passant ;)

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