Happiness Therapy - afficheLa course aux Oscars repart de plus belle pour David O.Russell. Après son Fighter, qui avait offert en 2011 les statuettes de meilleurs seconds rôles à Christian Bale et Melissa Leo, le réalisateur risque cette année encore de rafler quelques prix, Happiness Therapy ayant reçu pas moins de 8 nominations, dans les catégories les plus prestigieuses. Mais le film mérite-t-il  ce succès ? Dans l’absolu, oui, mais il n’est pas certain qu’il puisse tenir tête à ses sérieux concurrents.
Au premier abord, il a tout d’une de ces comédies romantiques déjà vues mille fois, au scénario téléphoné appuyé par un casting quatre étoiles. Mais cette fois-ci, David O.Russel réussit clairement son coup, s’intéressant particulièrement à deux personnages, Pat et Tiffany. Le premier sort d’un hôpital psychiatrique après avoir vu sa femme le tromper avec un autre homme; quant à la seconde, elle va vite rencontrer son chemin et changer le cours de sa vie monotone. De ce postulat, que l’on pourrait qualifier de basique pour une comédie romantique, va émerger toute une cellule familiale déjantée qui va devenir le cœur du récit et porter le film vers de belles idées.
Bien loin des comédies romantiques aux qualités plus ou moins introuvables et aux succès inexplicables, Happiness Therapy s’impose très vite comme un étonnement de chaque instant. Qu’attendait-on d’un énième film montant en parallèle un homme et une femme faisant face aux mêmes problèmes, tous deux remettant leur identité en question après des ruptures sentimentales ? Si ces dites ruptures sont pour nos deux personnages de source différentes (Pat sort d’un séjour de huit mois en hôpital psychiatrique, alors que Tiffany décante le décès de son mari), le film s’intéresse à eux par le biais d’un sujet bien difficile à traiter au cinéma : la folie.

Happiness Therapy - 1

Le réalisateur s’en empare à merveille et rend tout ce monde extrêmement attachant, alors que le thème aurait pu prêter à quelque chose de bien plus lourd et plus sérieux. La force du film réside probablement dans sa capacité à aborder cette folie de manière extrêmement frontale, sans concession, mais toujours avec beaucoup d’humour. A partir de seulement deux personnages atteints par une démence plutôt mesurée mais toujours présente, le film surprend en premier lieu en ce qu’il fait de son personnage principal un véritable fou. Le postulat de départ semblait l’admettre comme un homme normal que l’on aurait enfermé pour on ne sait quelle raison dans un hôpital psychiatrique (la première séquence confirme le fait qu’il apparaisse comme mentalement stable). Mais très vite, David O. Russell chamboule cette idée en dessinant Pat comme un véritable grand malade. Ses gestes quotidiens sont touchés par sa bipolarité, ce qui fait que toutes ses actions se voient démesurées. Son unique objectif, ce qui le maintien à quelque chose de concret, est de reconquérir sa femme, et il est prêt à tout pour y arriver. De son train de vie va finalement naître un état d’esprit, nommé EXCELSIOR dans le film, qu’il ne manque pas de se rappeler dès qu’il a une baisse de régime.
Très malin dans son scénario, Happiness Therapy distille les informations au fur et à mesure au lieu de tout envoyer d’un coup. Les personnages sont ainsi construits progressivement, notamment dans leurs rapports familiaux. Là où le film devient réellement intelligent, c’est dans son écriture, notamment des personnages secondaires. La famille de Pat explique en effet tut de la situation du fils, celle-c étant aussi atteinte d’une démence quotidienne mais jubilatoire. C’est cette folie ambiante, mais toujours gentille, qui rend tout ce cercle familial attachant, car cette famille, avec ses hauts et ses bas, jouant parfois dans l’exagération, paraît finalement bien réelle. Grâce à ces personnages présents pour soutenir Pat, ce dernier va évoluer, transformer son but maladif qui le hante, et ainsi devenir quelqu’un de bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Happiness Therapy - 2

Ces personnages (on pense aux parents de Pat, savoureux) très caractérisés, sont déclencheurs de beaucoup de scènes hystériques et paradoxalement très versées dans le comique. On en arrive à rire de ces situations de famille ou rien ne semble aller, mais ou pourtant tout va de l’avant. Et c’est ce qui fait la force d’Happiness Therapy, une cellule familiale attachante, qui nous entraîne dans ses péripéties pour le meilleur et pour le pire, tout cela porté par des acteurs au meilleur de leur forme (quel plaisir de voir Bradley Cooper et Jennifer Lawrence tous deux s’emporter de crises de colère en pleine rue).
Pat, versant toujours dans le « ou trop ou pas assez », va pouvoir trouver un équilibre indispensable grâce à Tiffany, plaque tournante du film.  Sur la base d’un échange (Tiffany aide pat à reconquérir sa femme si lui l’aide à gagner un concours de danse), les relations de ce duo vont évoluer, et la romance ne sera qu’un prétexte, une toile de fond exploitée comme il le faut, sans exagération.
De la naissance d’un objectif commun entre les deux personnages principaux va apparaitre un optimisme qui donne toute sa verve au film. A l’image de Pat et Tiffany, l’histoire existe et prend vie grâce à une joie de vivre pilotée par un objectif commun : se redresser et aller de l’avant. C’est ainsi que de tous ces enchaînements de situations comiques naît quelque chose d’émouvant, tout en restant humble dans les effets.
Si le film a beau être étonnamment bien écrit et tenir la route pendant deux heures, on regrettera une fin téléphonée, qui contrebalance brusquement avec toutes les surprises dont le film était truffé.
Il en va de même pour la réalisation, la caméra bancale et toujours en mouvement se voulant volontairement écho des pulsions névrotiques des personnages principaux. L’idée est intéressante dans l’absolu, mais l’exercice  ne se prête clairement pas au jeu dans cette comédie romantique qui aurait peut-être dû garder un point de vue stable.


La vie réserve parfois quelques surprises…
Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents.
Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux, et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.


Happiness Therapy traite avec brio de la folie, thème difficile à aborder au cinéma, qui plus est dans une comédie romantique. Grace à un scénario malin et des personnages aussi dérangés qu’attachants, David O. Russell fait de son film une joyeuse et agréable chronique familiale qui n’en finit pas de nous étonner au fur et à mesure que le récit avance. On regrettera par contre une réalisation dont les intentions sont bonnes, mais qui ne prennent pas une fois à l’écran.

 

 

 

Titre Français : Happiness Therapy
Titre Original : Silver Linings Playbook
Réalisation : David O.Russell
Acteurs Principaux : Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Robert De Niro
Durée du film : 2h02
Scénario : David O. Russell, d’après l’œuvre de Matthew Quick
Musique : Danny Elfman
Photographie : Masanobu Takayanagi
Date de Sortie Française : 30 Janvier 2013

A propos de l'auteur

Rédacteur Ciné

2 Responses

  1. Gaëlle

    J’aime bien ta façon de voir le film. Moi aussi le film m’a surprise à certains égards, même si le scénario est convenu et qu’on s’attend à ce qu’ils finissent ensemble. Mais ça fait du bien un film qui se termine bien, une comédie légère…

    Répondre
    • MrLichi

      C’est marrant, je ne trouve pas le scénario convenu au départ. Certes, il le devient vers la fin et c’est dommage, mais il fait la force du film dans la 1ere partie, il n’arrête pas de nous surprendre.

      Répondre

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