Bunraku ? Kezako ? Avant de rentrer dans ce petit délire visuel qu’est le film, il est peut être important de savoir ce qu’est le Bunraku. Oui, car il s’agit avant tout de quelque chose, d’un certain style théâtral.
Comme Someday était un hommage au Kabuki, Bunraku est lui, plus qu’un hommage, une oeuvre totalement inspirée, à la fois du format et du style théâtral éponyme. Ce style puise dans le théâtre de marionnettes ou un seul narrateur crée toute la force du récit.
Guy Moshe, réalisateur ne s’étant essayé qu’une seule fois au long-métrage s’attaque donc à son second film et visiblement sans aller dans la dentelle. En gros, ça passe, ou ça casse. Un tel parti pris est un véritable risque, et je m’étonne encore à voir que des producteurs ont accepté de jouer à pile ou face.

Dans un univers complètement psychédélique arrive d’un coté un étrange vagabond à la recherche d’un but inconnu, et d’un autre, un samouraï japonais nommé Yoshi.
Cette ville où les clans règnent est déchirée par la criminalité et la volonté d’accéder au pouvoir. Mais dans ce milieu sombre, une personne semble plus sage et posée que les autres, un étrange barman, ce dernier ne voit qu’un seul moyen de vaincre et d’achever Nicola dit le bûcheron qui règne d’une main de fer sur cette ville : réunir les compétences des deux guerriers.

Il ne faut pas chercher loin, le scénario est super minime, mais plutôt que de se compliquer la vie avec un scénario compliqué et qui aurait écrasé tout l’univers du film, le choix d’un pitch basique est une bonne chose. Avec ce petit détail, c’est sur tout le reste que l’équipe peut miser, et surtout, se permettre toutes les folies entièrement assumées qui n’auraient eu aucun sens dans un film complexe.
La narration est impossible à maîtriser, on a l’impression qu’elle nous entraîne contre notre gré tellement elle fait preuve d’un dynamisme soudain. Une fois lancé, impossible d’arrêter ces deux heures.

Le film est bourré de clins d’œils, et cela du début à la fin, que ce soit par des scènes librement inspirées de jeux-vidéo (jusqu’au son !) ou encore par son coté totalement décalé.
Le casting de Bunraku n’a rien à envier à d’autres films du genre, notamment ceux de Rodriguez. Si habituellement délire cinématographique rime avec casting pauvre et acteurs méconnus, on retrouve avec plaisir des acteurs comme Woody Harrelson, célébré dans Tueurs Nés, ou encore notre bon Ron Perlman, le désingueur de démons en tout genre de Hellboy avec à sa botte Kevin McKidd, l’un des acteurs principaux de la bonne série Rome, qui brille par sa démarche et son jeu assumé.

La vraie grosse surprise du coté des acteurs principaux réside notamment dans le personnage du samouraï Yoshi… qui se trouve être Gackt, le chanteur de J-Rock à succès. Face à lui on trouve Joshua Hartnett, qui n’en est pas à son premier film, on l’a notamment vu dans le dernier film de De Palma, Le Dahlia Noir ou plus récemment dans le surprenant 30 jours de Nuit. Les deux se complètent avec brio, même s’il reste bizarre de voir un chanteur dans le rôle d’un samouraï prêt à tout pour accomplir sa mission, ce qui le rend parfois un peu superficiel dans son jeu. Hartnett lui, accompli son rôle sans broncher, insufflant au personnage un coté attachant et pourtant distant, efficace dans ce qu’il cherche, et qui, sans avoir d’histoires, se place dans le récit avec merveille.

Il faut tout de même rappeler, que dans son principe même, Bunraku est un hommage direct au théâtre japonais nommé de la même manière. Entre film d’arts martiaux tirés de la tradition asiatique, et d’action comme les films récents américains, le film n’a jamais le besoin de nous indiquer dans quel genre il va s’immiscer, il se contente de nous emmener, de le joindre l’espace de ces deux heures.
Tous les détails sont pensés afin de nous y renvoyer, notamment la présentation des « tueurs », à chacune de leurs première apparition, une petite pancarte en carton vient s’attacher au personnage, l’introduisant tout de suite dans l’histoire et en le différenciant des autres « ennemis » lambda.

Bunraku a un style visuel particulier, une sorte de gros délire visuel basé entièrement sur les BD 3D, ainsi on y trouve un peu, et je dis bien un peu, le style visuel de Caligula, très proche d’une pièce de théâtre, d’où l’hommage.
Les jeux de lumières sont… pour ainsi dire, atomiques, le changement des teintes de couleurs, leurs contrastes, tout cela crée de nouveau une force narrative impressionnante et surtout une ambiance unique et dingue. Jamais elle ne transparaissent comme erreurs visuelles, leurs transitions, leurs choix et surtout leurs cohérences sont osés mais nécessaire à un univers aussi décalé et se voulant théâtral.

Il ne faut pas regarder Bunraku avec un oeil sérieux et strict, avant et durant ce petit instant de laisser aller, il faut déconnecter son cerveau un instant afin de profiter pleinement de ce trip visuel et scénaristique.

Titre Français : Bunraku
Titre Original : Bunraku
Réalisation : Guy Moshe
Acteurs Principaux : Joshua Hartnett, Gackt, Woody Harrelson
Durée du film : 02h04minutes
Scénario : Guy Moshe
Musique : David Torn
Photographie : Juan Ruiz Anchia
Date de Sortie Française : DTD : 1 Décembre 2011

A propos de l'auteur

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011. Raconte des bêtises sur @noxkuro

2 Responses

  1. FredMJG

    Woody dans Bunraku ? rien que de prononcer cette phrase me met en joie.
    PS. ça va pas non de faire multiplier les lendemains de fête?

    Répondre

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