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Tokyo, touché de plein fouet par un tsunami, voit une de ses rames de métro engloutie sous les eaux. Un petit groupe de survivants bloqué sous terre va tenter de s’extirper en utilisant un signal de détresse connu des pompiers à la surface. C’est sur ce pitch, qui n’a même pas réussi à être retranscrit en français correct sur la jaquette du DVD, que Code 252 se base. C’est dire la confiance des distributeurs français en ce film, qui ne semblent pas y croire en ne prêtant pas attention à ce genre de détails. Si certains films sortant directement en vidéo méritent amplement une sortie dans les salles de cinéma, ce n’est absolument pas le cas de Code 252, un film d’une bêtise à la hauteur de la catastrophe qu’il décrit.
Dès le début, le réalisateur nous vend Code 252 comme un grand film catastrophe. Il essaye ainsi d’instaurer des personnages qu’il va rendre totalement impuissants face à un désastre censé être sans précédent. Le problème est que la seule scène dudit événement climatique est extrêmement longue et volontairement larmoyante : les ralentis totalement excessifs sur les protagonistes sont plus pénibles que dramatiques. Et cela va durer jusqu’à la conclusion du film, paroxysme de tout le pathétique mélodrame mis en avant précédemment.
En effet, le sujet est introduit de manière barbare. Ce qui devait être un grand film catastrophe n’est qu’une vaste escroquerie, digne d’un téléfilm. Le cataclysme, censé être l’élément central, le fil conducteur de tout le récit, est uniquement montré quelques petites minutes, le temps qu’un tsunami à la vitesse de propagation surréelle engloutisse une ville entière. Les origines, ainsi que les dégâts matériels qui en découlent ne sont même pas mentionnés, l’intérêt porté y est tout simplement nul.
Le genre étiqueté « film catastrophe » étant passé complètement à la trappe, Nobuo Mizuta se rabat malheureusement sur un thème plus dramatique, mais le fait est qu’il n’a absolument aucune idée de comment capter l’émotion. Le dramatisme, non content d’être ridicule et on ne peut plus cliché, est porté par des acteurs en surjeu total et aux expressions se limitant à deux grimaces ridicules. Les personnages, allant du père indigne à la petite fille muette, et passant par une femme pas très futée, ne sont qu’un entassement de stéréotypes censés faire passer plus facilement la pilule du tragique de la situation.
Il en va de même pour la réalisation. Du fait du manque de scènes catastrophes, le film souffre d’un manque d’ampleur conséquent, aussi bien dans le traitement de ses personnages que dans ses angles de caméra. Celle-ci est presque toujours statique, ce qui ne semble finalement pas plus mal lorsque l’on voit les quelques travellings non maîtrisés et complètement saccadés lors des tentatives d’exposition des dégâts.
Si Code 252 est complètement détaché de son sujet, l’impression d’avoir affaire à une piètre production télévisée est renforcée d’une part par l’absence totale d’identité visuelle, avec une photographie sombrant à chaque plan un peu plus dans le néant artistique (les lumières, tout comme les décors en carton-pâte, sonnent faux), et d’autre part des effets-spéciaux en retard d’une décennie, alors qu’ils sont décrits comme étant « à couper le souffle ».
Si le scénario, inexistant, est ponctué de coïncidences à peine croyables tant elles sont énormes, le film devient finalement un tant soit peu rythmé dans son dernier tiers après l’instauration d’une sorte de compte à rebours inhérent à un événement du récit. L’urgence que l’on doit normalement ressentir lors d’un film catastrophe n’arrive qu’à ce moment-là, mais même ici l’idée n’est exploitée que quelques secondes et tombe finalement directement à l’eau. C’est à se demander s’il y avait réellement quelqu’un derrière tout ce projet.
Tout ici laisse à penser que Code 252 n’est qu’un téléfilm beaucoup trop long et ambitieux. Le réalisateur passe totalement à côté de son sujet, et le soi-disant film catastrophe ne s’avère être qu’un très mauvais huis-clos en roue libre. | |
Titre Français : Code 252 : Signal de Détresse Titre Original : 252 : Seizonsha ari Réalisation : Nobuo Mizuta Acteurs Principaux : Hideaki Ito, Masaaki Uchino, Takayuki Yamada Durée du film : 02h08 Scénario : Nobuo Mizuta, Yoichi Komori, Hiroshi Saitô Musique : Tarô Iwashiro Photographie : Jun’ichirô Hayashi Date de Sortie Française : 18 Juillet 2012 (en DVD) |
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Caractéristiques techniques :
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Image :Difficile de dire si l’image rend honneur à la photographie immonde du film. En tout cas, elle ne la rend pas pire que ce qu’elle est et reste relativement propre malgré une profondeur de champ absente et un léger piqué. |
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Son :Probablement le seul point fort de cette galette. Le 5.1 (disponible en VO et en VF) s’avère immersif, il est presque regrettable de ne pas avoir eu plus de scènes « catastrophe » pour en profiter pleinement. |
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Bonus :Absolument rien, le néant total, si ce n’est une pauvre bande-annonce. Mais finalement, après avoir vu la qualité du film, on se passe aisément d’un quelconque contenu additionnel. |
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L’année 2011 semblait voguer sous l’égide du cinéma manifeste, tourné avant tout vers le réel, voir l’historique cinématographique, notamment avec des films tels que Hugo Cabret ou encore The Tree of Life où l’on a pu voir Brad Pitt la même année. Mais avec Le Stratège, on s’attaque à un sujet qui risque d’avoir du mal à passer dans nos contrées : le Baseball. Car on aura beau dire ce que l’on veut, on a face à un nous l’un des sports les plus prisés aux States ou encore au Japon, mais par chez nous, c’est le véritable néant. Son arrivée en France est donc à souligner, et qu’il ait même le droit à son Blu-Ray, surtout grâce à Brad Pitt il ne faut pas se mentir, est un véritable plaisir. Surtout que sa sortie aurait pu être très vite remise en question vu les maigres chiffres que la version en salle a réussi à atteindre, seulement un peu plus d’une centaine de milliers de personnes (le mauvais Hell Driver en avait le double). Et pourtant, même si il est vrai que la barrière du sport est un véritable problème récurent de ce film, son sujet étant le baseball mais aussi ce qui se trame derrière dans les loges et ce qui a permis à Billy Beane et son club des Oakland Athletics de se démarquer de cet univers, on ne peut amputer à ce film toutes ses qualités qui en font une œuvre à ne pas manquer.
On peut tout de même émettre un petit bémol sur l’aspect scénaristique du film, car ce dernier à l’inverse d’autres, nous prend tous pour des amateurs, au moins du dimanche, de baseball. Ce qui encore une fois par chez nous est bien loin d’être une évidence. Je ne peux donc que vous conseiller avant visionnage, non pas de chercher l’histoire de ce personnage, mais de simplement vous abreuver des termes techniques qui foisonnent dans ce sport et du coté mercantile qui l’englobe. Dans mon cas, si ce sport ne m’intéresse pas plus qu’un autre, et que donc je n’y connaissais rien, tout l’aspect fort du film, à savoir le rapport de force entre deux équipes, à réussi à me tenir en haleine durant sa globalité. Car c’est ici l’histoire d’une petite équipe, se reposant sur des moyens plus scientifiques, donnant une chance aux marginaux de ce sport, face à une grande équipe où les sportifs sont payés en millions, qui nous est racontée.
Alors qu’il s’agit d’un film traitant d’un sport fondamentalement américain, Le Stratège s’éloigne habilement de tous les clichés qui auraient pu lui retomber dessus, d’autant plus que ce dernier n’est pas d’un avis totalement objectif sur le sujet, puisqu’il s’agit avant tout du récit d’un homme, d’un manager, qui a voulu changer ce qu’était le baseball grâce auquel il vivait. C’est donc avec une certaine joie que l’on voit évoluer peu à peu le duo Billy Beane (Brad Pitt) et Peter Brand (Jonah Hill) face à un univers finalement assez proche de jeux de pouvoir pas si méconnus. Parlons en de ce duo, duo que jamais on aurait pu croire possible, et qui pourtant fait mouche ! Brad Pitt offre une véritable profondeur au personnage en lui rendant hommage du mieux possible, Jonah Hill que l’on connaissait plus pour ses comédies plus lourdes qu’autre chose change véritablement du tout au tout pour camper un personnage candide et qui par le biais de petits soubresauts nerveux rend le personnage indispensable et livre surement son meilleur rôle.
Bennet Miller nous fait ressentir grâce à ce duo l’intérêt fondamental du film, la dénonciation d’un système archaïque reposant sur des idées obsolètes où l’argent réduit à néant le réel intérêt de ce sport : la véritable capacité d’un joueur. On s’étonne donc d’entendre dès le début du film des recruteurs parler d’engager de nouveaux joueurs simplement en se basant sur leurs physiques où leurs petites amis ! Et quand notre duo, l’un ancien du milieu, rare manageur qui a foulé le terrain, l’autre un petit bureaucrate emplit d’une foi différente du sport, arrivent face à ce système : on entre dans une véritable guerre d’usure, où ce sont les seuls à en baver. On ressent tout ça surtout à travers deux scènes, l’une où les coups de téléphones filent, que les joueurs perdent tout humanisme, et l’autre bien sûr où l’on sent la tension monter quand cette petite équipe côtoie à sa manière les plus grandes.
Notons tout de même que Bennet Miller n’a habilement fait que survoler la relation père fille qui aurait rapidement pu devenir ennuyante et monopolisante. A la place elle n’est que brièvement abordée, juste dans son strict nécessaire, suffisamment pour nous émouvoir jusqu’à la dernière scène. N’oublions pas que l’on a au scénario Steven Zaillian, notamment connu pour son travail sur La Liste de Schindler ou plus récemment le Millenium de Fincher.
Donc ce film serait tout beau ? Sans défaut (en mettant de côté le sujet)? Et bien non il reste un léger petit défaut. Ce dernier se trouve dans la réalisation technique. Soyons clair, la majeur partie du film est à tomber, les jeux de lumières sont naturels et on a le droit à des angles de caméras magnifiques et d’une ingéniosité affolante pour un sujet qui s’en serait facilement passé, surtout dans les phases de sports pur sur le terrain. Mais à coté de ces moments grandioses, il est dur de ne pas noter quelques passages parfois trop vite expédiés, se rapprochant du tournage petit budget d’une série, on essayera de justifier ces passages par leur clarté nécessaire à la compréhension global d’une trame complexe.
Le Stratège, même si ils sont deux ici, est un véritable récit héroïque de deux personnes se battant jusqu’au bout pour leurs idées face à un système qui n’en a que faire, cet enjeux somme toute banal prend ici une force admirable prouvant qu’il faut aller jusqu’au bout de ses idées. |
Titre Français : Le Stratège Titre Original : Moneyball Réalisation : Bennet Miller Acteurs Principaux : Brad Pitt, Jonah Hill, Philip Seymour Hoffman Durée du film : 02h13min Scénario : Seven Zaillian et Aaron Sorkin d’après l’oeuvre de Michael Lewis Musique : Mychael Danna Photographie : Wally Pfister Date de Sortie Française : 16 novembre 2011 |
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Caractéristiques techniques :
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Image :Difficile de ne pas tomber amoureux de ce travail hors-norme rendant hommage au travail de Wally Pfister. L’image est d’une qualité constante, les contrastes sont parfaitement équilibrés et les noirs d’une profondeur magistrale. On regrettera peut être certaines scènes (l’affaire de quelques secondes) abusant d’un grain artificiel parfois trop violent. Autrement on est face à du travail d’orfèvre pour un Blu-Ray calculé au millimètre près. |
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Son :Après test de la version française, puis heureusement de la version originale, on peut dire que l’on a une adaptation de qualité assez équivalente à l’original. Le tout est très bien équilibré, ce n’est pas un opéra, la totalité de votre installation n’est donc pas utilisée sauf de manière ponctuelle, notamment durant les matchs. Mais les dialogues en sont d’autant plus mis en avant par cette disposition. |
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Bonus :
Le gros bonus sortant du lot est le bêtisier, pourquoi? Parce qu’il s’agit d’une seule et unique scène où l’on voit Mister Pitt se marrer pendant un peu plus de 3 minutes, et ça, c’est cool. Ensuit il y a les coulisses du tournage, où l’on voit tout le mal que s’est donné l’équipe du film pour rendre le tout réaliste. Si le stade des A’s est l’original, les vestiaires de l’équipe ont été entièrement reproduis en studio. On voit aussi qu’il y a un véritable amour pour ce sport aux states. En revanche on se passera très facilement des scènes coupés, plus qu’anodines qui ne sont au final que les erreurs de tournage intelligemment coupés. |
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