?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » KINOTAYO http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 [Kinotayo 2011] Into the White Night / Cold Fish /kinotayo-2011-into-the-white-night-cold-fish/ /kinotayo-2011-into-the-white-night-cold-fish/#comments Wed, 11 Apr 2012 18:36:50 +0000 /?p=2484 Byakuyako, roman de Keigo Higashino, a déjà connu deux autres adaptations avant celle dont nous allons parler ici : une première fois au Japon en 2006, puis en 2009 en Corée du Sud. Cette fois- ci, le best-seller bénéficie d’un deuxième traitement japonais, mais il est en l’occurrence réalisé par Yoshihiro Fukagawa, et a même été présenté au 61e Festival international du film de Berlin.
L’introduction nous plonge dans le Japon du début des années 1980, un crime a été commis sur un prêteur sur gage, ce dernier ayant été retrouvé mort dans un entrepôt.
Voilà le pitch initial, qui s’apparente on ne peut plus clairement à celui d’un polar classique, et qui se vérifie d’ailleurs très vite. En effet, tous les éléments s’y retrouvent, à commencer par cette ambiance particulière, presque morose, qui est appuyée par des plans alternativement larges et serrés, de lents mouvements de caméra sous une pluie battante, une photographie sobre et grise qui met en avant cette atmosphère glauque.

Il nous est ainsi donné de suivre dans une première partie les enquêteurs, selon une trame classique et linéaire, pas forcément redoutable, mais quand même un minimum efficace et intéressante, malgré son rythme lent et pesant. On apprend vite par la suite qu’une liste de suspects est dressée, et c’est à partir de cette deuxième partie que les choses se gâtent pour le spectateur. D’une part, le déroulement du récit n’est plus linéaire, et si l’on rate une date qui apparaît en sous-titre, on perd très vite le fil entre les ellipses et les flashbacks. D’autre part, dès l’introduction des suspects, une flopée de personnages est amenée, et, ajoutés aux changements spatio-temporels, ils nous enfoncent peu à peu dans un abîme d’incompréhension.

Il faut ainsi tant bien que mal comprendre que l’enquête a été classée, mais que finalement 19 ans plus tard, le policier en charge du dossier à l’époque décide de le rouvrir. Cette fois, les éléments centraux du film sont Ryôji, le fils de l’homme assassiné, et Yukiho, la fille de la principale suspecte. Ces deux personnages étaient âgés d’une dizaine d’années lors du drame, et l’action va donc prendre place autour d’eux. Mais voilà, en plus des noms asiatiques difficiles à retenir en une courte période, le traitement des personnages est trop morcelé, et l’on perd du coup très vite l’avancée de l’histoire. A cela s’ajoutent d’autres éléments qui s’introduisent sans forcément être expliqués, pour repartir sans que l’on soit plus éclairci, ce qui a pour résultat final de nous embrouiller complètement, donc de s’ennuyer et d’avoir l’impression que le film s’éternise et ne finira jamais.
Et pourtant, l’action continue à prendre place, l’intrigue semble avancer sans pour autant que l’on y comprenne quelque chose, car elle ne développe plus l’enquête policière, mais plutôt la vie de ces adolescents, sans qu’on ne comprenne leurs liens avec le meurtre de base.
Mais finalement, ce décalage entre le policier qui s’acharne à résoudre ce meurtre et les deux jeunes adultes ne se comprend que lors d’un final assez tragique et inattendu, mais c’est enfin à ce moment que tout s’éclairci, les liens entre les personnages, mais surtout leur histoire, se découvrent. Et même si l’on arrive enfin à dénouer tous les nœuds qui s’étaient créés dans notre esprit suite à un gros charabia au niveau du développement, le dénouement reste lourd car trop démonstratif.

Une entrée en matière sobre et réussie, mais qui tombe vite dans un récit déstructuré. L’abondance de personnages et les ellipses/ flashbacks trop nombreux finissent par ennuyer et rendent le film à la fois incompréhensible et interminable.
Titre Français : Into the White Night
Titre Original : 白夜行
Réalisation : Yoshihiro Fukagawa
Acteurs Principaux : Maki Horikita, Kengo Kôra, Keiko Toda
Durée du film : 02h29
Scénario : Yoshihiro Fukagawa, inspiré de oeuvre de Keigo Higashino
Musique : Mamiko Hirai
Photographie : Namiko Iwaki
Date de Sortie Française : inconnue

Après Love Exposure, et avant le chef d’œuvre Guilty of Romance, Sion Sono a signé le deuxième volet de ce qu’il appelle la «trilogie de la haine» : Cold Fish.

Shamamoto tient une boutique de poissons avec sa nouvelle femme. Sa fille, Mitsuko, ne supportant pas cette dernière, se rebelle et est prise un jour en flagrant délit de vol. Son père est appelé sur place pour la récupérer, et ils vont ainsi faire connaissance et se lier d’amitié avec le patron, qui tient lui aussi un énorme magasin animalier. Il propose même à la jeune fille de se racheter en allant travailler pour lui dans sa boutique, ou il n’y a étrangement que des jeunes filles dans la même situation que Mitsuko. Mais ce soudain intérêt de l’homme pour cette famille cache forcément quelque chose…

S’inspirant d’un fait divers particulièrement atroce s’étant réellement passé au japon, Sono Sion s’attaque au projet en lui conférant comme à son habitude une dimension sociale. Sous le label du Sushi Typhoon, on imagine aisément le ton qui sera donné dans le film, et accouplé à un réalisateur tel que Sono Sion, le résultat devient explosif. En ressortant ce dossier pour en faire un film, il a à coup sûr frappé un grand coup, et Cold Fish ne laisse personne indifférent. En effet, l’auteur a un goût prononcé pour la violence et la provocation, et il se permet ainsi toutes les libertés : petit à petit, le film prend un chemin dont on sait qu’aucun des personnages ne ressortira indemne.
On retrouve chez Sion cette volonté de défaire les codes familiaux encrés dans la culture nippone contemporaine. Pour cela, il parvient dans un premier temps à ridiculiser ses personnages, enfermés dans une vie de famille monotone, presque pathétique, puis ensuite en les articulant au fur et à mesure de façon hystérique, les poussant dans leurs derniers retranchements, jusqu’à ce qu’ils ne deviennent d’une certaine façon plus que des bêtes aux instincts primitifs. Le réalisateur a le don de pousser ses personnages d’un extrême à l’autre, les faisant passer du calme et de la routine quotidienne d’une existence parfois amère, à une violence extrême.
Ainsi, il utilise comme pantin son protagoniste principal pour illustrer une descente aux enfers incroyable, dû à l’humiliation que lui fait subir son rival et ami.
Le réalisateur a le don de pousser ses personnages d’un extrême à l’autre, les faisant passer du calme et de la routine quotidienne d’une existence parfois amère, à une violence extrême.
Même si Cold Fish contient énormément de scènes gores et trashs, parfois à la limite du soutenable (et c’est ce qui fait de Sono Sion un cinéaste controversé), c’est avant tout une comédie noire reposant sur ses personnages qui ont beau être torturés, mais qui n’en restent pas moins terriblement ambigus et intéressants, voir même attachants.

Cold Fish est l’illustration du cinema de Sono Sion, un mélange de genres, une pique lancée à la culture conservatrice des familles nippones. Du cinema intelligent et jouissif à la fois, qui n’hésite pas à donner dans l’excès, sans pour autant être ridicule.
Titre Français : Cold Fish
Titre Original : Tsumetai Nettaigyo
Réalisation : Sion Sono
Acteurs Principaux : Mitsuru Fukikoshi, Asuka Kurosawa, Megumi Kagurazaka
Durée du film : 2h14min
Scénario : Sion Sono, Yoshiki Takahashi
Musique : Tomohide Harada
Photographie : Shinya Kimura
Date de Sortie Française : inconnue
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[Kinotayo 2011] Someday / Le Labyrinthe d’Herbes /kinotayo-2011-someday-le-labyrinthe-dherbes/ /kinotayo-2011-someday-le-labyrinthe-dherbes/#comments Mon, 28 Nov 2011 21:44:11 +0000 /?p=2418

Someday

Someday nous raconte l’histoire de Zen, un acteur de Kabuki (danse traditionnelle japonaise) et gérant d’un restaurant où la viande de cerf est le met principal. 18 ans plus tôt, il a perdu la femme qu’il aimait, Takako, et non pas de manière tragique ! Cette dernière s’est contentée de partir avec son ami d’enfance, Osamu. Alors que les choses se sont tassées, que la prochaine représentation du festival de Kabuki a lieu au village et que Zen a même enfin trouvé un employé pour son restaurant, les deux compères débarquent soudainement de nul part. Mais il y a une raison à cela, il se trouve que Takako est malade, atteinte d’une démence apparemment incurable. Zen décide de faire comme si de rien n’était, de s’occuper de sa tendre et de son ancien ami, mais il se rend vite compte que cette nouvelle vie lui semble insoutenable…

Vous l’aurez compris, le principe de l’histoire et de passer par le Kabuki pour guérir Takako, mais le problème, c’est que ce dernier n’est pas expliqué une seule fois. Ainsi pour nous autres occidentaux, c’est le flou total durant près de la moitié du film, si au moins, les rôles des différents personnages principaux étaient abordés, expliqués, même grossièrement, on aurait évité un ennui dû à l’incompréhension durant ces scènes. Sont-ils mariés ? Pourquoi ce contexte ? Rien n’est expliqué.

Et c’est de ce principal défaut que naissent tous les autres défauts de Someday, des étourderies, des lenteurs, tout cela car le film repose sur un principe de cause à effet et sur beaucoup trop de coïncidences.

Et pourtant, il cache derrière ces défauts, dans les débris de son scénario d’origine, de très bonnes idées et surtout un parti pris assez rare au Japon ou la plupart dramas & cie ne font qu’embellir l’image d’un Japon très bisounours. Particulièrement son envie d’aborder les tabous de cette société en n’hésitant pas à emprunter différents chemins atypique tels que l’absurde. Ainsi l’idée de base cherche à mettre en relation les coutumes et les traditions avec ces “problèmes” qui, en fait, n’ont pas lieu d’être car certaines de ces pratiques les ont toujours mis en valeur ou au contraire les ont résolus. Sur le papier avouons le, ça ne peut présager que du bon ! Et malheureusement rien ne va plus loin.
Le Kabuki semble donc avoir la force de se battre à leur coté. De là, on a de nombreuses scènes dotés d’un dramatisme plus que rare qui naissent, notamment une magnifique séquence se déroulant sous la pluie. D’autres sont atteintes de lenteurs qui les empêche d’aboutir.
On a notamment un long passage de Kabuki sur la fin du film qui est abordée d’une manière très graphique, mais beaucoup de moments sont sautés et on n’y comprend au final peu de choses, même la scène importante qui en découle nous semble floue.

Mais Someday s’aborde aussi sur une autre facette, plus comique, servant bien sûr au dramatique de certaines scènes, mais qui deviennent parfois envahissantes. Elles en deviennent même absurdes, nous rigolons de faits graves, mais la manière dont ceux-ci sont représentés… Il est dur de s’en retenir !
Car il faut se rappeler qu’il s’agit là de la vie de tous les jours qui nous est illustrée, rien de plus.

Et cela grâce à, il faut le dire, de très bon acteurs, et particulièrement Yoshio Harada qui campe le rôle de Zen avec brio, le rendant aussi humain que possible et d’une justesse habile. Les autres rôles, entre autres Osamu, joué par Ittoku Kishibe que l’on peut apercevoir dans Zatoichi de Kitano, sont le plus naturel possible, et c’est ça qui nous touche le plus lorsque les événements tristes arrivent où sont résolus.

Derrière tous ces défauts, on sent tout de même que Someday part d’une idée juste, d’une idée honnête, mais son manque d’explications vont le faire indéniablement s’effondrer face à un publique occidental et peut être même asiatique.
Titre Français : Someday
Titre Original: 大鹿村騒動記
Réalisation
: Junji Sakamoto
Acteurs Principaux : Yoshio Harada, Michiyo Okusu
Durée du film : 01h34
Scénario : Haruhiko Arai
Musique : Goro Yasukawa
Photographie : Norimichi Kasamatsu
Date de Sortie Française : inconnue

Le Labyrinthe d'Herbes

Adapté à la base d’un roman de Kyôka Izumi, Le Labyrinthe d’Herbes est un moyen-métrage réalisé par Shûji Terayama et sorti en 1979. Réalisé dans le cadre d’une production franco-japonaise, ce film d’une durée de 40 minutes évoque un adolescent, Akira, recherchant les paroles d’une comptine qui lui évoquait le bonheur.
Je ne vais dresser ici qu’un avis purement personnel au niveau de mon ressenti, car pourtant méconnu, le film est considéré comme une œuvre phare du cinéma japonais.

Le Labyrinthe d’Herbes laisse clairement l’impression d’être passé à côté de quelque chose. En effet,
on ressent tout du long le fait que le réalisateur regorgeait d’idées au niveau de son scénario, qu’il voulait clairement nous faire comprendre quelque chose, faire passer un message. Mais le film bénéficie de plusieurs niveaux de lecture et mêle des scènes réelles à des scènes visitant le subconscient et les rêves du jeune homme. Cela avait peut-être pour but recherché de perdre le spectateur dans le récit en ne suivant pas quelque chose de chronologique, et de ce fait, si l’on ne s’accroche pas dès les premières scènes, on sera tout de suite perdu dans ce récit déstructuré entremêlant le présent, les flashbacks et l’inconscient.

Néanmoins, même si il a visuellement vieilli après plus d’une trentaine d’années, le film bénéficie d’un belle esthétique, d’une mise en scène intelligente quoique parfois surchargée. Les jeux de lumière sont utilisés de telle façon à éclairer le spectateur pour différencier les niveaux de lecture. On remarque des éléments redondants, sans pour autant véritablement réussir à créer un lien avec l’histoire, comme les ballons qui réapparaissent tout du long.
Certains passages paraîtront vraiment étranges pour ceux qui n’auront pas suivi tout le déroulement temporel du récit, et pourtant un érotisme malsain se dégage à l’apparition de cette jeune fille enfermée par la mère d’Akira, devenant par la suite nymphomane et diffuse une impression de voyeurisme.

Le Labyrinthe d’Herbes est considéré comme une œuvre majeure du cinéma japonais. Il regorge en effet d’idées, que ce soit au niveau du scénario comme de la mise en scène, mais l’œuvre reste pourtant très difficilement accessible, et à moins de s’accrocher dès le début, on peut aussi n’y voir qu’une suite de scènes incohérentes et plus qu’étranges.
Titre Français : Le Labyrinthe d’Herbes
Titre Original : 草迷宮
Réalisation : Shûji Terayama
Acteurs Principaux : Hiroshi Mikami, Takeshi Wakamatsu
Durée du film : 00h40
Scénario : NC
Musique : NC
Photographie : NC
Date de Sortie Française : /
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[Kinotayo 2011] BOX-The Hakamada Case /kinotayo-2011-box-the-hakamada-case/ /kinotayo-2011-box-the-hakamada-case/#comments Sat, 26 Nov 2011 19:05:57 +0000 /?p=2345 Déjà récompensé l’année dernière au festival Kinotayo, BOX – The Hakamada Case repasse cette année dans la catégorie « Hommages ».
Le film retrace l’histoire vraie d’une célèbre affaire judiciaire japonaise, celle du cas Hakamada.
Ce dernier est un boxeur professionnel dont la carrière ne décolle pas. Il troque alors les gants de boxe contre un travail dans une fabrique de miso. Le 30 juin 1966, un incendie se déclare dans l’atelier, et le patron, sa femme et ses deux enfants sont retrouvés poignardés. Iwao Hakamada est vite désigné comme étant le suspect principal, des rumeurs courant sur lui disaient qu’il était endetté, ce qui l’aurait poussé à massacrer la famille.
Cependant, malgré le fait que les preuves manquaient et que le suspect clamait son innocence, la police l’a poussé à avouer.
Lors de son procès, le juge Kumamoto va remettre en doute les aveux d’Hakamada et va  désespérément prendre son parti, quitte à perdre son travail, afin de dénoncer ce système judiciaire.
Malgré tous les recours possibles, le suspect a été condamné à mort. Il est aujourd’hui , plus de quarante ans après le verdict, encore dans le couloir de la mort, attendant son exécution.

Indépendamment des contraintes judiciaires en vigueur, le réalisateur, Banmei Takahashi aurait pu faire de Box un documentaire. Au lieu de cela, il a décidé de tourner son film sous un angle fictionnel, dans ce qui s’apparente le plus à un thriller, et ce n’est malheureusement peut-être pas le meilleur choix qui ait été fait. En effet, si cette affaire est restée si longtemps dans l’esprit des japonais, c’est par le biais du combat de ce Kumamoto, le juge qui a tout fait pour protéger l’accusé.
D’ailleurs, paradoxalement, le cinéaste ne va pas se placer du point de vue de Hakamada, mais plutôt de cet homme qui va prendre sa défense. Le film commence sur des images d’archives en noir et blanc des enfances croisées du futur juge et du futur ex-boxeur, les deux étant nés la même année, ce qui peut aider à comprendre le parti pris de Kumamoto.
Box aurait pu être un film fort au propos engagé et subtil, mais ce n’est finalement pas le cas ; Takahashi veut que le propos soit lourd, percutant, mais finalement, c’est le film entier qui se révèle être lourd, au mauvais sens du terme. En effet, son avis sur l’affaire est beaucoup trop évident, il présente sa version des faits au spectateur brutalement, sans artifices, de façon à nous essayer de nous faire comprendre qu’il a raison. L’absence quasi-totale d’objectivité bouffe finalement tout, et ne laisse plus de place à notre propre opinion.

Ce combat est pourtant légitime et respectable, il veut tout d’abord dénoncer les méthodes violentes et souvent controversées de la police au Japon, qui fait subir des sévices autant physiques que moraux pour arriver à ses fins, ici son but étant de pousser Hakamada à avouer un crime atroce qu’il n’a apparemment pas commis, à partir de la seule idée que selon le chef de police, il est persuadé de la culpabilité de l’ancien boxeur.
Mais d’un autre côté, le réalisateur, souhaitant à tout prix démontrer l’innocence de l’accusé et ainsi faire exploser l’injustice dont ce dernier est victime sur l’écran, rend son œuvre trop partisane d’un point de vue purement cinématographique (son intention première étant une fois de plus louable).
Du coup, il se perd autant qu’il perd le spectateur, et le tout devient ennuyeux.
Malgré cela, les acteurs donnent une certaine puissance au film, notamment Masato Agiwara (le juge Kumamoto), qui va se donner corps et âme pour prouver l’innocence du suspect en dénonçant les pratiques parfois déshumanisantes de la police, quitte à sacrifier sa vie de famille et à perdre son travail.
Mais, même s’il est audacieux de la part du réalisateur de ne pas se focaliser principalement sur la personne au centre du sujet ici traité, il jongle plutôt maladroitement entre chaque être, certainement car sa volonté de condenser et de montrer trop de choses fait déborder la linéarité du récit.

Adapter un fait divers marquant est une idée intéressante s’il est bien exploité. Ici, le parti pris du réalisateur et sa volonté d’exposer son idée en dénonçant le système rend le film ennuyeux, sans qu’on puisse se forger notre propre opinion sur le sujet. Dommage, car les acteurs donnaient un aspect intéressant aux personnages, aujourd’hui encore touchés par cette affaire.
Titre Français : BOX – The Hakamada Case
Titre Original : BOX – The Hakamada Case
Réalisation : Banmei Takahashi
Acteurs Principaux : Masato Hagiwara, Hirofumi Arai
Durée du film : 01h58
Scénario : Banmei Takahashi, Tatsunori Natsui
Musique : Yusuke Hayashi
Photographie : inconnue
Date de Sortie Française : inconnue
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[Kinotayo 2011] Guilty of Romance /kinotayo-2011-guilty-of-romance/ /kinotayo-2011-guilty-of-romance/#comments Mon, 14 Nov 2011 23:53:51 +0000 /?p=2231 Après les films Love Exposure en 2008 et Cold Fish en 2010, Sion Sono a clôturé cette année sa « Trilogie de la Haine » avec Guilty of Romance. Egalement poète de son métier, les gens qui connaissent un tant soit peu  l’œuvre cinématographique générale du réalisateur savent à quoi s’attendre, car il sait brillamment s’éloigner des sentiers battus du cinéma japonais en offrant des films bien souvent controversés.Et il faut dire qu’il ne déroge pas à la règle ici avec ce nouveau chef-d’œuvre. Déjà probablement inédit en France, hors-festivals, il existe deux versions de Guilty of Romance : une courte de 112 minutes, et pour les plus chanceux qui l’ont vu, une longue avoisinant les 2h30 et qui s’avère un pur plaisir de cinéma. Il est certain que tout le monde n’y trouvera pas son compte, mais le film est si fort qu’il scotchera plus d’un spectateur sur son siège tout du long.

Izumi est une femme mariée à un célèbre écrivain, mais sa vie est tout sauf trépidante, et romantique. Elle est un jour abordée par une femme qui lui propose de poser nue moyennant rémunération. Commence alors pour elle une double vie, celle de femme au foyer, et celle qu’elle va vivre en dehors. En parallèle se développe une enquête policière suite à un meurtre macabre dans le quartier des « love hôtels »…

Il semble impossible de  classer Guilty of Romance dans un genre bien défini tant  il en manipule : que ce soit le drame, le thriller, la romance, voire même certains aspects comiques, tout est fait pour brouiller les pistes. Cela s’accentue par le fait que le film est découpé en 5 chapitres bien distincts, mais qui ne s’avèrent finalement qu’une mise en forme factice car le réalisateur va s’amuser à décaler les éléments censés être chronologiques et donc donner une dimension encore plus folle à son récit.

L’ introduction est brutale. Le spectateur est tout de suite plongé dans ce que sera l’ambiance de ce qui va suivre par un crime abominable où un corps a été découpé et recollé en partie sur un mannequin. Ce début a tout d’un thriller ultra sombre et violent, mais peu à peu le film va se révéler être bien plus que cela.

Car suite à ce préambule débute le premier chapitre, qui se montre finalement assez calme et intimiste, on s’intéresse cette fois à Izumi, cette femme au foyer grâce à qui l’ambiance redevient paisible, mais pas pour longtemps. Cette sérénité n’est en fait qu’un faux-semblant, une façade ainsi présentée  pour n’être que mieux démontée par la suite. Sono Sion fouille la société japonaise, la décrit (et décrie) à travers ce couple de telle façon à rendre laide la routine inébranlable de la femme, totalement ancrée dans la tradition. Son mari à une emprise totale sur elle, mais toujours avec un ton très paisible, jamais violent, ce qui renforce l’empathie qui peut être éprouvée à son égard. Le propos est donc discret, mais cherche à piquer en plein cœur les intéressés en dénonçant cette société traditionnelle renfermée sur elle-même, et c’est peut-être pour cela que le réalisateur est critiqué au Japon, car ce grief va être sublimé au fur et à mesure que le film avance, notamment avec provocation.

Le basculement s’effectue à partir du moment où Izumi se met à travailler (avec évidemment l’accord de son mari en amont), puis, par une rencontre, féminine encore, elle va petit à petit s’émanciper à travers un objectif de photographe. D’abord réticente, elle tomber finalement dans un cercle sombre et infernal aussi bien sexuellement que psychologiquement. Sono va pousser son personnage d’un extrême absolu à l’autre pour un résultat aussi fascinant à l’écran que dérangeant pour l’esprit, et qui donne à l’œuvre tout son côté presque malsain, sans pourtant jamais vraiment l’être.

On ressent clairement un message féministe, mais pas celui dont on entend actuellement parler à tout bout de champ, non, celui-ci est réellement « illustre » dans le sens où les femmes ont leur place, et quel que soit le sens où elles sont, le plus cruel soit-il, elles sont mises en avant et totalement sublimées. Le réalisateur laisse d’ailleurs percevoir cette formidable attirance pour les corps de femmes, il les filme beaucoup, les nus ne sont pas  du tout censurés. Les actrices y sont pour beaucoup, absolument impeccables et assumées dans leurs rôles, elles ne peuvent nous empêcher d’éprouver une admiration hypnotique ainsi qu’une sorte de frayeur indescriptible tant elles paraissent insaisissables émotionnellement parlant  La sexualité est du reste évoquée aussi bien au niveau de l’intimité d’un couple que dans la plus grande froideur de la prostitution, symbole aussi de l’ambiguïté des personnages.
Ces femmes mystérieuses et imprévisibles, qui vivent selon le principe que tout rapport doit être facturé à partir du moment où l’amour n’est pas présent, rendent paradoxalement le désir comme quelque chose de malsain, et la sexualité comme pervertie et dérangeante.

Mais tout cela ne serait pas aussi éprouvant (dans le bon sens du terme) sans des scènes, des dialogues et des interactions très crues entre les personnages, notamment un certain rapport mère/fille à glacer le sang ; mais surtout sans cette ambiance parfois à la limite du surréaliste tant le récit devient un trip dingue.
Celle-ci est d’autant plus appuyée grâce à une photographie très spéciale, voir étrange, limite punk avec des lumières tantôt vraiment sobres et sombres, tantôt ultra flashies et provocantes.
Le cercle vicieux dans lequel tombe la protagoniste principale entraîne aussi irrémédiablement le spectateur dans des scènes non censurées ou ce qui doit être trash ne fait pas seulement figure de suggestion.

L’enquête policière n’est pas pour autant laissée de côté, elle vient s’entrechoquer, elle vient ponctuellement couper les divagations des personnages troublés. On remarque vite que les destins se croiseront, entourés de sexe et de violence, jusqu’à paroxysme qui livrera un final dérangeant éclatant de puissance.

Pour le dernier film de sa trilogie de la haine, Sono Sion nous livre une œuvre puissante, un trip hypnotique absolument fou qui en rebutera très certainement plus d’un par sa provocation et ses passages parfois très crus, mais qui marquera à coup sûr les esprits par son intensité et sa tension allant crescendo.

Titre Français : Guilty of Romance
Titre Original : Koi no Tsumi (恋の罪)
Réalisation : Sono Sion
Acteurs Principaux : Megumi Kagurazaka, Makoto Togashi, Miki Mizuno
Durée du film : 2h23
Scénario : Sono Sion
Musique : Yasuhiro Morinaga
Photographie : Sôhei Tanikawa
Date de Sortie Française : inconnue
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